C. L'INFLUENCE POLITIQUE SUR LES MÉDIAS ET LES JOURNALISTES INDÉPENDANTS
Dans le rapport présenté par M. Stefan Schennach (Autriche - SOC), la commission de la culture, de la science, de l'éducation et des médias s'inquiète du fait que l'éventail des tactiques utilisées pour porter atteinte à la liberté des médias et contraindre les journalistes à l'autocensure s'élargit. Aux violations les plus flagrantes s'ajoutent des multiples formes de violence psychologique, d'intimidation et de harcèlement, y compris sur internet et les réseaux sociaux. Par ailleurs, des changements en profondeur du modèle de fonctionnement des médias mettent en péril la viabilité financière de nombreux opérateurs ; cela intensifie le risque de pressions financières et politiques.
Les autorités nationales devraient agir sur plusieurs fronts, entre autres : la mise en oeuvre effective de la recommandation CM/Rec(2016)4, un examen indépendant des lois et pratiques qui ont, ou pourraient avoir, un effet dissuasif sur la liberté des médias, l'amélioration des dispositions légales concernant la transparence de la propriété des médias, l'indépendance et la transparence du fonctionnement des organes de régulation, la neutralité des procédures de nomination des dirigeants et du personnel des médias de service public (MSP), des systèmes de financement des médias non discriminatoires et un financement des MSP adéquat pour garantir qu'ils puissent s'acquitter convenablement de leur mission dans un environnement médiatique en évolution rapide.
Le Comité des Ministres devrait appeler les États membres à faire preuve d'un engagement plus fort pour contrer les graves menaces pour la liberté des médias recensées sur la Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes. Il devrait également charger les instances intergouvernementales compétentes de promouvoir les bonnes pratiques en matière de gouvernance des médias de service public et d'entreprendre une étude exhaustive des lois et pratiques nationales qui sont utilisées abusivement pour étouffer les critiques des journalistes et des médias indépendants.
Au cours du débat, M. Frédéric Reiss (Bas-Rhin - Les Républicains) a rappelé que le pluralisme et l'indépendance des médias permettent aux citoyens de se former une opinion libre dans la diversité de l'expression des pensées. Or, dans certains pays membres du Conseil de l'Europe, la quasi-totalité des médias audiovisuels est entre les mains d'une seule famille politique, voire d'un seul oligarque. Il a ensuite condamné les pouvoirs politiques qui cherchent à réduire le pluralisme ou exercent des pressions sur les médias, mais également les journalistes qui ne respectent pas le principe de neutralité et qui entretiennent des relations complaisantes avec tel ou tel homme politique ou candidat.
Enfin, il a dénoncé la communication à tout prix, le désir de trouver un scoop ou de faire le « buzz », qui font oublier qu'un journaliste qui se respecte doit vérifier ses informations, recouper les sources et aussi se conformer à la présomption d'innocence. Ce n'est qu'à cette condition que les journalistes gagneront la confiance du public. Il en va de l'avenir de la démocratie.