Seconde table ronde : Comment se protéger des perturbateurs endocriniens sans bouleverser notre mode de vie ?
I. Mme Patricia Schillinger, co-auteur du rapport « Les perturbateurs endocriniens : un sujet de santé publique »
Je tiens à saluer mon collègue Alain Vasselle, qui a mené la première table ronde de main de maître. Ce colloque est une première, et je remercie toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu y participer.
Les perturbateurs endocriniens semblent bien être la cause du fort développement de nombreuses maladies constaté ces dernières années. Je pense notamment aux cancers du sein et de la prostate, à l'infertilité, à l'obésité ou à l'autisme.
Les pouvoirs publics doivent agir pour limiter l'utilisation des substances identifiées comme perturbateurs endocriniens. À cet égard, une réglementation est nécessaire. Dans le cas des produits phytopharmaceutiques et des biocides, aujourd'hui, une substance reconnue ou présumée être un perturbateur endocrinien ne peut être autorisée. Dès lors, les pouvoirs publics ont pour mission de veiller à l'application du principe de précaution.
Il ne s'agit pas pour autant d'interdire toutes les substances pour lesquelles un doute pourrait se faire jour, mais de prendre en compte l'ensemble des éléments scientifiques à disposition pour évaluer chaque substance et se déterminer de manière objective. Il convient de mener une action responsable et concertée avec les différentes parties prenantes. En effet, qu'elles soient d'ordre réglementaire ou non, les mesures visant à restreindre l'utilisation des perturbateurs endocriniens auront forcément un impact sur la vie quotidienne de nos concitoyens et sur notre économie.
En outre, faire évoluer la réglementation n'est pas exclusif d'agir sur d'autres leviers dont peuvent disposer les pouvoirs publics, telles les incitations fiscales pour réduire l'utilisation des perturbateurs endocriniens. Les pouvoirs publics doivent également faciliter le dialogue en créant les instances nécessaires à cette fin. Les producteurs, les distributeurs et les consommateurs, mais aussi les représentants des associations de protection de l'environnement et de la santé, doivent être en mesure de se concerter en vue du retrait du marché des substances susceptibles d'être dangereuses ou de la restriction de leur utilisation.
Cette seconde table ronde doit nous permettre d'évaluer les mesures prises par l'ensemble des acteurs concernés pour limiter l'impact des perturbateurs endocriniens sur la santé publique. Ce sont là autant de compléments à la réglementation qui peuvent se révéler très efficaces.
À cette fin, sont réunis autour de moi M. Christian Durlin, membre du conseil d'administration de la FNSEA et membre du comité de suivi et orientation de recherche et innovation sur Écophyto, M. François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures, M. Hervé Gomichon, directeur qualité et développement durable chez Carrefour, Mme Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et réglementaires et chargée des relations européennes de la Fédération des entreprises de la beauté, M. Michel Urtizberea, responsable du service homologation chez BASF, M. Claude Huriet, sénateur honoraire et professeur agrégé de médecine, et M. Olivier Andrault, chargé de mission alimentation et nutrition à l'UFC-Que Choisir.
Ces différents intervenants vont prendre la parole pour une durée de cinq minutes. Chacun pourra exposer les actions qu'il met en oeuvre à son échelle pour limiter le risque que représentent les perturbateurs endocriniens.