2. Un Moyen-Âge plus fataliste
L'idée de la crue comme punition et fléau divin semble dominer le Moyen-Age.
Il existe peu de moyens de s'en protéger, sauf à obtenir la clémence du ciel. Des messes et processions sont organisées en l'honneur de saints protecteurs des inondations.
Dans son étude susmentionnée sur les crues cévenoles, l'historien Jean-Louis Ponce fait ainsi état de 8 crues remarquables dont il a pu retrouver la trace dans les archives entre 1290 (crue au pont de Lézan dans le Gardon d'Anduze) et le début du XVII ème siècle. Il indique, qu'à cette époque, ces « grands débordements » effraient la population et donnent lieu à des processions « pour faire cesser ces désastres ». À titre d'exemple, peuvent aussi être citées les processions à Saint Antoine de Padoue le 13 juin à Chambéry.
Cette vision du monde se perpétuera inégalement selon les lieux et les pays. Ainsi à Séville, dans la très catholique Espagne, encore au XVII ème siècle Sainte Juste et Sainte Rufine sont réputées protéger la ville contre les débordements du Guadalquivir. Lors de la grande inondation de 1626, la municipalité fit célébrer une neuvaine de messes chantées devant le Saint Sacrement et les reliques supposées des deux saintes. Devant le succès de l'opération (la décrue rapide du fleuve), le conseil de la ville vota une procession annuelle à laquelle s'unirent toutes les institutions civiles et ecclésiastiques 32 ( * ) .
L'urbanisation se poursuit toutefois le long des cours d'eau, comme à Sommières qui s'installe dans le lit majeur du Vidourle entre le XII ème et le XIII ème siècle.
* 32 La propagande hagiographique des villes espagnoles au XVII ème siècle : le cas de Sainte Juste et Sainte Rufine, patronnes de Séville - Cécile Vincent-Cassy - Revue « Mélanges de la Casa de Velazquez » (n° 33-2 - 2003).