B. LE POIDS DE LA CRISE ÉCONOMIQUE : LE SOUTIEN DE L'UNION EUROPÉENNE A PERMIS D'ÉVITER LE PIRE
1. La Roumanie
Depuis le début de la crise, la Roumanie ne cesse de fournir des signes de son engagement à respecter les termes de l'aide promise par le FMI et de celle fournie par l'Union européenne. Bucarest a d'abord obtenu 20 milliards d'euros pour la période 2009-2011, puis à nouveau 5 milliards d'euros au prix d'une sévère cure d'austérité.
Pour ce qui concerne les fonds structurels européens, consciente que son taux d'absorption des fonds structurels est bas (7,4 % en 2012, mais 5,5 % en 2011), la Roumanie demande à la Commission une aide pratique pour l'aider à mieux faire dans ce domaine.
Après deux années de croissance record jusqu'à 7,5 % (2007 et 2008), puis deux années de récession et d'austérité (2009 et 2010), la Roumanie semblait avoir renoué avec la croissance en 2011 (2,5 %), mais les conséquences du ralentissement économique en Europe et de la crise de l'euro, dont le resserrement du crédit, ont terni cette embellie : 2012 est une année difficile et la croissance ne devrait pas dépasser 1,1 %. 16 % du secteur bancaire roumain est entre les mains de banques grecques et le reste dépend des banques autrichiennes : ni les unes, ni les autres ne sont prêtes à faciliter le crédit. Les salaires du secteur public sont gelés après avoir été dévalués de 25 % et les soins médicaux ont cessé d'être totalement gratuits. Une contribution sociale sur l'ensemble des revenus a été créée et la TVA a été augmentée jusqu'à 24 %. 200 000 fonctionnaires ont été licenciés. Le chômage culmine à 12 %.
L'économie roumaine est donc dans une phase d'ajustement et pas encore dans une phase de convergence. Cependant, depuis trois ans que le FMI et l'Union européenne soutiennent l'économie roumaine, on voit se confirmer lentement plusieurs acquis positifs.
Tout d'abord, la dette publique roumaine, qui a doublé de 2007 à 2011, reste modeste par rapport au PIB (34,5 % du PIB) et bien en-deçà du plafond de Maastricht (60 %). Le déficit budgétaire s'est établi à 4,4 % en 2011 et devrait atteindre 3 % en 2012. Le taux d'inflation s'est stabilisé à 3,14 % en 2011. Quant au déficit du compte courant, il atteint 4 % du PIB en 2011 contre 13,4 % en 2007 grâce à une forte contraction du déficit commercial, lui-même dû à la chute de la demande intérieure.
Cependant, l'économie roumaine ne présente pas une structure saine et la dépense publique est jugée peu efficace selon les critères européens. Les dépenses publiques pour l'éducation, la recherche et le développement sont faibles par rapport aux moyennes européennes et ne stimulent pas suffisamment la compétitivité. Nos interlocuteurs ont insisté sur l'inadaptation d'une partie de la force de travail et sur le manque de main d'oeuvre spécialisée maîtrisant de vraies connaissances techniques.
D'autre part, la Roumanie fait face à deux phénomènes inquiétants : l'effondrement des investissements étrangers et la fuite des cerveaux.
Enfin jusqu'en 2012, l'absence de priorités dans le domaine des infrastructures de transports a nui à la Roumanie. Aujourd'hui, la Roumanie a défini 100 projets d'investissements prioritaires disposant de leur financement, mais ce sursaut volontariste arrive tard.
C'est pourquoi le bilan économique peut paraître incertain, cinq ans après l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne et plus de vingt ans après le retour à la démocratie et à la liberté d'entreprendre. Il est vrai que certains interlocuteurs se sont risqués à dire que les vingt premières années avaient été utilisées au partage des biens d'État qu'il fallait privatiser...
Cependant, la Roumanie dit vouloir s'engager pleinement dans son destin européen, malgré la crise économique actuelle et malgré l'année électorale qu'elle traverse.