QUATRIÈME PARTIE : L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE EN MATIÈRE D'OBÉSITÉ
I. DE NOMBREUSES INITIATIVES AFIN D'AMÉLIORER LA QUALITÉ DE LA RECHERCHE
A. LE RAPPROCHEMENT DE LA RECHERCHE FONDAMENTALE ET DE LA RECHERCHE CLINIQUE
Joseph John Thomson, le découvreur de l'électron, a donné une définition de la science fondamentale (ou pure) : « Par recherche en science pure, j'entends la recherche menée sans perspective d'application dans le domaine industriel, dans le seul but d'étendre notre connaissance des lois de la Nature. »
Réalisée en laboratoire sur des modèles animaux ou cellulaires, elle se distingue de la recherche clinique qui est en relation directe avec les volontaires sains ou les patients.
La recherche clinique consiste à réaliser les essais de médicaments ou de nouveaux dispositifs médicaux, mais également à comparer les stratégies médicales ou nutritionnelles afin de déterminer celles qui doivent être recommandées pour la prévention ou pour la prise en charge thérapeutique ou diagnostique des patients.
En outre, la recherche clinique vise à développer et évaluer de nouvelles thérapies cellulaires, géniques ou faisant intervenir des technologies de pointe, dans des pathologies où aucun traitement n'existe pour soulager les malades.
Elle permet également d'identifier des mécanismes moléculaires ou cellulaires qui sont impliqués dans des pathologies humaines qui deviendront des cibles plus précises pour développer de nouveaux médicaments ou diagnostics ou proposer des démarches préventives.
Par ailleurs, la recherche clinique épidémiologique consiste à observer des groupes importants de personnes (cohortes qui peuvent compter plusieurs centaines ou milliers de personnes) afin de mieux comprendre la part des facteurs génétiques et environnementaux qui interviennent dans la cause ou les symptômes d'une maladie.
Néanmoins, le rapprochement de la recherche fondamentale et de la recherche clinique est essentiel pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques.
C'est la recherche translationnelle qui assure ce lien, en développant les applications médicales des connaissances les plus récentes. Elle se développe à proximité de l'Homme et vise à transférer et interpréter le plus vite possible les connaissances nouvelles et les nouvelles technologies vers des applications diagnostiques et thérapeutiques, au bénéfice des patients, avec objectif de résultats à 5 ans.
La recherche translationnelle assure un continuum entre recherche et soins, en associant médecins, chercheurs et volontaires sains ou patients et contribue à la mise à disposition rapide des innovations validées en termes de rapport bénéfice/risque.
Conscients de l'enjeu que représente la recherche translationnelle pour le succès des recherches à venir, les grands instituts de recherche ont développé des structures permettant de promouvoir cette dernière.
1. La création des centres de recherche en nutrition humaine (CRNH)
A partir de 1992, l'INRA s'est associé à l'Inserm, à des hôpitaux et à des universités pour créer quatre structures de recherche en nutrition : les centres de recherche en nutrition humaine (CRNH). Ils témoignent de la volonté de regrouper les unités de recherche autour de structures ayant une masse critique suffisante pour créer des équipes plus performantes à travers le développement de l'interdisciplinarité. En outre, chaque CRNH est adossé à un hôpital universitaire, ce qui favorise les interactions entre recherche fondamentale et recherche clinique, permettant également des recherches sur l'homme sain.
Les quatre axes de recherche du CRNH d'Auvergne sont orientés vers la prévention, au cours du vieillissement et des maladies chroniques associées, des altérations des tissus musculaire et osseux ; des processus dégénératifs du système cardiovasculaire ; des pathologies associées au tractus gastrointestinal ; et des cancers hormono-dépendants (sein et prostate).
Le CRNH en Rhône-Alpes a comme principal axe de recherche la prévention et le traitement de la malnutrition (surnutrition et dénutrition) et les propriétés fonctionnelles des aliments (glucides et lipides). Il conduit des travaux de recherche sur les bases physiologiques et moléculaires de l'obésité et du diabète (mécanisme de résistance à l'insuline et adaptation aux changements nutritionnels).
Il se concentre également sur le métabolisme des lipides et des risques vasculaires en mettant l'accent sur des approches expérimentales de la valeur nutritionnelle des acides gras, et en particulier les oméga-3.
Il travaille également sur le cancer et la nutrition en relation avec l'Agence internationale de recherche sur le cancer (CIRC, OMS).
Le CRNH de Nantes se consacre à la mise au point d'une prévention nutritionnelle visant à réduire l'incidence des pathologies de l'appareil digestif (principalement, l'intestin) mais aussi des maladies métaboliques chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, l'obésité ou le diabète de type 2.
Ses activités s'inscrivent dans les quatre axes suivants: nutrition infantile ; nutrition et athérome ; n utrition et système nerveux ; nutrition et cancer .
Quant au CRNH d'Île-de-France, il s'est fixé quatre axes de recherche :
- l'analyse des comportements et des consommations alimentaires ;
- l'étude de leurs déterminants (sociaux, économiques, psychologiques, génétiques, physiologiques,...) ;
- l'étude des conséquences des comportements et de la consommation alimentaire sur l'état nutritionnel et la santé (pathologies, qualité de vie et bien-être) ;
- les stratégies de prévention, communication et éducation en nutrition.
Dans le cadre de l'appel d'offre « infrastructures » des investissements d'avenir, les 4 CRNH se sont regroupés en une infrastructure nationale distribuée (le Nutripole) coordonnée par la directrice du CRNH de Rhône-Alpes, Mme Martine Laville.
Le Nutripole représente ainsi une masse critique de 450 chercheurs en nutrition devenant ainsi le plus gros centre européen de recherche en nutrition humaine.