b) L'absence de solutions adaptées pour le logement des jeunes en alternance
La mission a été particulièrement attentive aux problèmes de logement que rencontrent les jeunes en formation en alternance (apprentis et jeunes en contrats de professionnalisation) qui doivent assumer deux logements : l'un à proximité du centre de formation, l'autre, près de leur lieu de travail.
Les logements et les aides proposés aux jeunes sont à cet égard inadaptés : l'offre de logements pour de courts séjours est rare et les périodes de location inférieures à deux mois sont mal prises en compte par les aides au logement.
Se pose également le problème de la non prise en charge de deux logements par les aides et du préavis de trois mois exigible par le propriétaire avant de quitter le logement.
Les foyers de jeunes travailleurs (FJT) proposent toutefois des solutions adaptées avec la possibilité de faire des courts séjours, pouvant aller d'une semaine à un an, mais le nombre de places disponibles est encore largement insuffisant. Ainsi, le réseau des FJT représente près de 38 000 logements, qui rassemblent 40 000 places, dont 36 000 logements en foyer et 2 000 logements autonomes, 10 % étant situés en habitat diffus. Près de 60 % des logements sont de type T1 ou T1 bis , les 40 % restants étant le plus souvent des chambres simples ou doubles.
Ce réseau permet de loger au total environ 90 000 jeunes chaque année, les chiffres pouvant varier selon la durée des séjours. En dix ans, les créations et réhabilitations de logements ont produit une offre plus diversifiée et mieux adaptée (logements de petite taille et plus indépendants), mais qui demeure encore largement insuffisante.
c) L'insuffisance de logements de petite taille et financièrement accessibles
Le plus souvent seuls et disposant de faibles ressources, les jeunes recherchent des logements de petite taille et financièrement accessibles.
•
Les jeunes décohabitants vivent
majoritairement seuls
Dans plus de 60 % des cas, les ménages dont la personne de référence a moins de 25 ans sont constitués d'une seule personne : 34 % sont des étudiants et 24% des salariés célibataires.
Situation des jeunes de 16-25 ans ayant décohabité |
|
Parmi les jeunes âgés de 16 à 25 ans : |
% |
Étudiants vivant seuls |
34 |
Salariés vivant seuls |
24 |
Salariés en couple sans enfants |
19 |
Salariés en couple avec enfants |
4 |
Chômeurs |
7 |
Autres ménages |
12 |
TOTAL |
100 |
Source : Insee, enquête logement 2002. |
• 90 % des jeunes de moins de 25 ans ne
vivant plus chez leurs parents sont locataires
Parmi eux, 58 % sont logés dans le secteur libre, 16 % dans le parc social et 16 % sont locataires de meublés ou sous-locataires. Seuls 3,3 % sont propriétaires occupants.
Statut d'occupation des jeunes de 16-25 ans ayant décohabité |
|
Parmi les ménages dont la personne de référence a moins de 25 ans |
% |
Propriétaires occupants |
3,3 |
Locataires du parc social |
16,4 |
Locataires du parc privé |
58 |
Autres locataires (meublés, sous-location) |
15,8 |
Logés à titre gratuit |
6,5 |
TOTAL |
100 |
Source : Insee, enquête logement 2002. |
La faible proportion de jeunes locataires dans le parc social s'explique à la fois par le manque de logements de petite taille 77 ( * ) , mais aussi par les longs délais d'attente pour y accéder , en particulier dans certaines zones tendues. Il en résulte une proportion croissante de jeunes locataires dans le parc privé , pourtant accessible à des niveaux de loyers beaucoup plus élevés.
• Les jeunes sont particulièrement
mobiles
La mobilité des jeunes a accentué ce phénomène. Entre 22 et 25 ans, plus de la moitié d'entre eux a déménagé au moins une fois après avoir quitté le domicile familial. Cette mobilité s'explique, selon les cas, par le choix des études, la préférence pour la proximité du lieu de travail lors de la première embauche et, pour les jeunes en alternance, par l'obligation d'avoir plusieurs expériences professionnelles en peu de temps.
Cette forte mobilité rend en particulier problématique l'accès des jeunes au logement social, les délais d'attente pouvant aller, dans certaines zones tendues, de six mois à deux ans.
•
L'effort financier des jeunes en faveur du
logement a augmenté de façon significative
,
bien
que 61 % d'entre eux bénéficient d'une aide au
logement
(contre seulement 18 % de l'ensemble des
ménages). Le taux d'effort net moyen
78
(
*
)
des jeunes ménages locataires dans le parc
privé est passé de 13 % en 1984 à plus de 20 %
en 2002. Pour les locataires du parc social, la hausse est plus
modérée (8 % en 1984, 13 % en 2002).
Près de 80 % des étudiants perçoivent une
aide au logement.
• L' accès aux logements locatifs
privés est de plus en plus contraint
On peut parler d'un véritable « parcours du combattant » pour les jeunes candidats à la location dans le secteur libre, qui ont souvent du mal à répondre aux exigences des propriétaires : un niveau de revenus requis, qui peut s'élever jusqu'à trois fois et demi le montant du loyer, le versement simultané du premier mois de loyer et du dépôt de garantie équivalent désormais à un mois de loyer 79 ( * ) , ainsi que la recherche d'une caution. En conséquence, les coûts élevés d'entrée dans le logement constituent un véritable frein pour les jeunes qui disposent de moyens très modestes.
En réalité, la plupart des jeunes doivent recourir à l'aide de leurs parents pour la caution et l'acquittement du dépôt de garantie, et, très souvent, pour le paiement de la partie de leur loyer non couverte par les aides au logement.
Pour les jeunes qui ne peuvent pas solliciter le soutien financier de leurs proches, l'accès à un logement autonome est bien souvent compromis. Ils se tournent alors vers des logements collectifs moins onéreux et mieux couverts par les aides tels que les résidences sociales ou les foyers de jeunes travailleurs, ou encore vers la colocation avec leurs pairs pour partager les frais. Lors de la table ronde organisée par la mission sur l'autonomie des jeunes 80 ( * ) , le représentant de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) a confirmé cette situation en indiquant que les jeunes disposant de peu de moyens constituent 20 % des personnes accueillies en centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), alors qu'ils ne représentent que 10 % de la population.
* 77 Les studios ne représentent qu'un peu plus de 5 % du parc social et les T2, environ 18 %.
* 78 Pourcentage des ressources consacrées au logement, aides au logement déduites du montant du loyer et des charges.
* 79 Il a été réduit de deux à un mois par l'article 10 de la loi n° 2008-111 du 8 février 2008 pour le pouvoir d'achat.
* 80 Table ronde sur l'autonomie des jeunes du mardi 5 mai 2009.