2. Les jeunes décohabitants souffrent de conditions de vie précaires
17 % des jeunes adultes (18-29 ans) ne vivant pas chez leurs parents sont pauvres en termes de conditions de vie, contre 13 % de l'ensemble de la population. Les principales difficultés rencontrées par les jeunes concernent le logement et la fréquence des découverts bancaires. |
Les jeunes qui vivent indépendamment de leurs parents sont davantage touchés que la moyenne de la population par la pauvreté en termes de conditions de vie 62 ( * ) . Ainsi, en 2005, 17 % des 18-29 ans ne vivant pas chez leurs parents sont concernés, ce qui représente 850 000 jeunes aux conditions de vie précaires.
Les problèmes liés au logement sont la principale source de cette difficulté. Ils touchent même des jeunes ayant une situation financière relativement confortable. 29 % des 18-29 ans ne vivant pas chez leurs parents considèrent leur logement trop petit, et 29 % l'estiment difficile à chauffer.
Les retards de paiement et les découverts bancaires constituent d'autres sources de difficultés, pour respectivement 17 % et 21 % des jeunes.
Parmi les jeunes n'habitant plus chez leurs parents, les chômeurs et les inactifs non étudiants cumulent toutes les difficultés. Leur taux de pauvreté en conditions de vie atteint 38 %. Un sur trois connaît des restrictions de consommation importante
PAUVRETÉ MONÉTAIRE ET PAUVRETÉ EN TERMES DE CONDITIONS DE VIE La pauvreté monétaire est une mesure relative. Elle évalue l'ampleur des inégalités : sont considérés comme « pauvres » les individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian. Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation. Il est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. Les estimations de niveaux de vie, et les taux de pauvreté, sont établies à partir de l'enquête « Revenus fiscaux » qui renseigne sur le revenu disponible monétaire des ménages, à partir des éléments de taxation à l'impôt sur le revenu et à la taxe d'habitation, complétés par des estimations concernant les allocations familiales, les minima sociaux et les allocations logement. La pauvreté en termes de conditions de vie s'apparente à une mesure absolue 63 ( * ) : elle évalue le manque global d'éléments de bien-être matériel, mesuré à l'échelle du ménage. Cette mesure repose sur le repérage d'un certain nombre de privations d'éléments de bien-être matériel considérés comme standards (insuffisance des ressources pour couvrir les charges du ménage, retards de paiement, restrictions de consommation, difficultés de logement). Il est intéressant d'utiliser ce concept pour les jeunes, dont les revenus qui varient rapidement, sont plus difficiles à mesurer par le biais des sources fiscales, et peuvent être considérés comme provisoires. Un ménage est dit pauvre lorsqu'il cumule au moins 8 privations parmi 27 items prédéterminés. Un individu est pauvre en conditions de vie si le ménage dans lequel il vit est dans ce cas. La mise en place de l'enquête SILC 64 ( * ) (statistiques sur le revenu et les conditions de vie) permet de mieux connaître les conditions de vie des jeunes. |
* 62 « L'indépendance des jeunes adultes : chômeurs et inactifs cumulent les difficultés », Yves Jauneau, INSEE Première n° 1156 (septembre 2007).
* 63 Ce point est contestable car, dans l'approche par les conditions de vie, les individus pauvres sont, comme dans l'approche monétaire, les « plus mal lotis ». Les seuils sont fixés conventionnellement pour une société donnée, en sorte d'obtenir des taux proches des taux de pauvreté monétaire. Pour ces raisons, la pauvreté en conditions de vie a pu être considérée comme « d'essence relative » (Lollivier et Verger, 1997).
* 64 Le projet SILC conduit l'INSEE à réviser ses enquêtes permanentes sur les conditions de vie, sur la base des préconisations d'un règlement européen en date de 2003 (n° 117/2003), adopté dans le cadre de la « méthode ouverte de coordination » mise en oeuvre en vue de l'harmonisation de la mesure de la pauvreté et de l'exclusion sociale.