B. SUCCÈS ET LIMITES DES DISPOSITIFS DEUXIÈME CHANCE
1. Les écoles de la deuxième chance
En 2008, 78 % des jeunes accueillis au sein du Réseau des E2C de France se sont engagés dans un parcours complet de formation . Le taux d'abandon est en légère hausse par rapport à 2007. Les sorties non maîtrisables et les sorties avant engagement de formation ont concerné 22 % des élèves, contre 19 % en 2007. Les écoles expliquent cette détérioration par le fait que les situations tant sociales que comportementales des jeunes accueillis sont de plus en plus complexes et nuisent à leur motivation.
Sur les 4 737 jeunes accueillis en 2008, 1 431 étaient toujours en formation à la fin de l'année et 2 266 étaient sortis à l'issue de leur parcours, dont 62 % de sorties positives , vers la formation et/ou l'emploi. Le coût médian annuel d'un parcours, évalué à 8 100 euros , est raisonnable.
Les sorties positives sont constituées pour environ la moitié par une entrée directe dans l'emploi et pour la moitié en poursuite de formation vers un dispositif qualifiant. 40 % des sorties en poursuite de formation se font sur des contrats de travail en alternance (apprentissage et contrats de professionnalisation).
50 % des élèves sont issus des quartiers « politique de la ville », ce qui est un chiffre élevé et satisfaisant. Cette statistique s'explique aussi par l'implantation majoritairement urbaine des actuelles E2C.
Le taux élevé de jeunes non diplômés (93 %) révèle que le ciblage des jeunes « décrocheurs » est efficace.
La mission considère que ces écoles sont une excellente initiative et qu'elles réunissent les critères du succès : la formation en alternance assure souvent des débouchés pour les élèves, la scolarité en petits effectifs favorise la réussite et la collaboration avec les missions locales garantit leur ancrage territorial. Si ce dispositif parvient à court terme à donner une qualification à 10 000 élèves, ce sera une réelle avancée.
C'est la raison pour laquelle la mission se félicite de l'annonce, par le Président de la République, du développement des E2C , avec l'objectif de parvenir à un chiffre de 15 000 à 20 000 jeunes à l'horizon 2012 , avec une école par département et un développement en priorité dans les quartiers les plus difficiles.
2. Les centres « Défense deuxième chance »
Au mois de janvier 2008, sur les 1 834 places « ouvertes aux jeunes », l'EPIDe comptabilisait 1 778 jeunes , soit un taux d'occupation de 97 % par rapport aux objectifs.
Le cadre étant strict, on observe de nombreux abandons en cours de stage : 41 % en 2007 et 28 % en 2008.
Le taux d'insertion sociale et professionnelle est de 50 % à la sortie de l'EPIDe, ce qui est un bon résultat au vu du public concerné. Deux tiers de ces jeunes sortants obtiennent un contrat de travail (contrat en alternance, CDD égal ou supérieur à 6 mois, CDI, pacte junior...). Le parcours dure un an pour 85 % des jeunes accueillis : la situation de départ aux plans comportemental et scolaire ainsi que la rapidité d'évolution et les exigences de la filière professionnelle choisie déterminent la durée nécessaire du programme.
Les jeunes ont obtenu un contrat de travail dans les secteurs suivants : 23 % dans le BTP, 9 % en hôtellerie/restauration, 14 % dans les services à la personne, 11 % dans le secteur du transport, de la logistique et du magasinage, 14 % dans les services aux entreprises, 3 % dans l'industrie et 5 % dans le commerce de gros et de détail. 4 % ont opté pour une entrée en formation qualifiante ou diplômante.
Le coût par jeune et par an est d'environ 45 000 euros . Selon le rapport précité de M. Jacques Grosperrin, « ce coût, lié au régime d'internat et d'indemnisation des jeunes, mais aussi aux dépenses immobilières et, selon certaines critiques, au dimensionnement du siège de l'EPIDe, doit en principe être ramené à moins de 40 000 euros en 2009 et 35 000 euros en 2011 ».
A titre de comparaison, le coût par jeune est de 8 100 euros dans les E2C , mais de 200 000 euros dans un centre éducatif fermé. Selon le Conseil économique, social et environnemental 48 ( * ) , ce coût n'est justifié que si l'EPIDe se concentre sur les jeunes les plus marginalisés .
* 48 « Défense 2 e chance, bilan et perspective », janvier 2009, rapport de Mme Françoise Geng.