ANNEXE : ÉTUDE DE L'OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES CONJONCTURES ÉCONOMIQUES (OFCE)
Consommation et Importations
15/01/2009
Note pour la délégation aux études et à la planification, Sénat,
Christophe Blot, Marion Cochard, Eric Heyer, Mathieu
Plane,
Danielle Schweisguth, Xavier Timbeau
Synthèse : comparaison des élasticités et des taux de pénétration
Nous avons exploré dans cette analyse des liens entre consommation et prix. Dans une première partie, nous avons cherché à déterminer à partir des données de comptabilité nationale, des données de commerce extérieur et sur les input de production, le contenu en importations des consommations et investissement en différents produits. Pour 1 euro consommé ou investi par les entreprises, presque 14 centimes sont importés. Ce faible chiffre s'explique par une composition de la consommation et de l'investissement en produits très peu ou pas du tout importés importante. Pour les seuls produits industriels, la part des produits importés est bien plus importante, supérieure à un tiers (partie I).
L'analyse est ensuite détaillée par déciles de niveau de vie. Nous montrons alors que la propension à importer croît avec le revenu, particulièrement lorsqu'on tente d'approcher la propension marginale à importer (partie II).
Enfin, nous comparons les élasticités-prix estimées aux taux de pénétration que nous avons calculés. Cette comparaison n'est réalisée que pour les produits dont la part est supérieure à 2,5 % de la consommation finale des ménages et pour lesquels les importations ne sont pas nulles. Ce dernier élément donne une indication sur la force de la concurrence au niveau des branches. En effet, dans un environnement de concurrence pure et parfaite, les biens importés et produits localement sont parfaitement homogènes et les entreprises sont price-taker ; L'élasticité des prix de consommation aux prix des importations est alors unitaire. Dès lors que cette hypothèse est relâchée, les élasticités seront inférieures à un. Plus l'élasticité est faible et plus l'entreprise qui distribue le bien localement dispose d'un pouvoir de marché. On observe que pour l'ensemble des secteurs, l'élasticité des prix de consommation aux prix d'importations est assez proche du taux de pénétration montrant que la transmission d'un choc sur les prix des importations se transmet aux prix à la consommation à hauteur de la part des produits importés dans la consommation finale des ménages.
Les élasticités sont systématiquement inférieures à l'unité témoignant de l'existence d'un pouvoir de marché au niveau local. Les élasticités sont le plus souvent supérieures aux taux de pénétration sauf pour deux catégories de produits : l'eau, le gaz et l'électricité et l'habillement et le cuir. Dans le premier cas, l'explication tient à la spécificité du secteur où les prix sont le plus souvent réglementés. Dans le secteur textile de l'habillement et du cuir, on peut rapprocher ce constat avec le niveau particulièrement élevé de la marge commerciale : 22 % de la valeur consommée. La faiblesse relative de l'élasticité des prix de consommation aux prix des importations traduirait alors un défaut de concurrence dans le secteur du textile.
Tableau 1 : Comparaison par branche des taux de pénétration et des élasticités-prix
Poids dans la consommation finale des ménages |
Poids dans la FBCF des entreprises |
Taux de pénétration corrigés des réexportations 67 ( * ) |
Elasticité des prix à la consommation aux prix des importations |
|
Agriculture, sylviculture pêche |
3,0 |
0,4 |
11 |
0.32 |
Industries de la viande et du lait |
5,8 |
0,0 |
8 |
0.41 |
Autres industries agricoles et alimentaires |
9,1 |
0,0 |
13 |
0.62 |
Habillement et cuir |
4,2 |
0,0 |
39 |
0.36 |
Edition imprimerie |
1,4 |
0,0 |
7 |
0.50 |
Pharmacie, parfumerie, entretien |
2,8 |
0,0 |
25 |
0.31 |
Industries des équipements du foyer |
5,3 |
1,8 |
35 |
0.45 |
Industrie automobile |
5,9 |
6,8 |
37 |
0.83 |
Production de combustibles et de carburants |
4,4 |
0,0 |
38 |
0.28 |
Eau, gaz et électricité |
3,2 |
0,0 |
0 |
0.02 |
Transports |
2,9 |
0,0 |
24 |
0,10 |
Ensemble |
13,9 |
0.15 |
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs et estimations OFCE.
Note : dans le secteur de l'industrie automobile qui représente 5,9 % (1 ère colonne) de la consommation des ménages et 6,8 % de la FBCF des entreprises (2 ème colonne), pour 100 euros consommés et investis, l'estimation de la valeur des biens importés est de 37 euros (3 ème colonne). Ce chiffre est comparé à l'élasticité des prix de consommation aux prix des importations qui est de 0.83 indiquant qu'une hausse de 1 point du taux de croissance des prix des importations entraîne une hausse de 0.83 point des prix de consommation (4 ème colonne).
Graphique 1 : Comparaison des taux de pénétration et des élasticités-prix
I - Le contenu en importations de la consommation
Evaluation des taux de pénétration
L'évaluation du contenu en importations de la consommation est réalisée à partir des taux de pénétration, représentant la part des dépenses (finales et intermédiaires) satisfaites par les importations. Les taux de pénétration sont calculés pour différents postes de la nomenclature de la comptabilité nationale comme le rapport des importations sur la somme des consommations intérieures finales et des consommations intermédiaires. Cette approche suppose implicitement que pour chaque secteur, la demande d'importations varie identiquement avec la consommation finale des ménages, la consommation finale des administrations publiques, la formation brute de capital fixe ou les consommations intermédiaires. Cette approche permet de fait de ne pas surestimer le taux de pénétration en omettant les autres composantes de la dépense dont une part est également satisfaite par des importations. On note alors le taux de pénétration du secteur ( k ) :
(1)
Avec ( M ) le montant des importations (en valeur) en produit ( k ), ( C ) la consommation finale des ménages, ( G ) la consommation publique, ( I ) les dépenses d'investissement et ( CI ) les consommations intermédiaires en produits ( k ).
Les taux de pénétration sont calculés pour deux niveaux de désagrégation de la comptabilité nationale. Les classifications 40 et 118 décomposent les différents postes (consommations intermédiaires, publiques et privées, importations et FBCF) en respectivement 40 et 118 produits. Les données sont issues des TES (Tableaux des entrées-sorties) de l'INSEE et correspondent à l'année 2005 pour le TES 40 et 2004 pour le TES 118. Le graphique (1a) résume cette première évaluation du contenu en importations pour la consommation des produits agricoles, de l'industrie agro-alimentaire, de l'industrie des biens de consommation, de l'industrie automobile, de l'industrie des biens d'équipement et pour la consommation d'énergie au niveau 40 68 ( * ) . Pour 100 euros de consommation, les importations s'élèvent à 0.4 euro pour le secteur eau, gaz et électricité et à 49.5 dans le secteur des biens d'équipements électriques. Les taux de pénétration sont plutôt faibles pour la consommation de produits agricoles ou de l'industrie agro-alimentaire et plus élevés dans les secteurs des biens d'équipement ainsi que pour la consommation de produits textiles. Pour ce dernier, sur 100 euros de consommation 39.7 sont importés.
Le niveau 118 permet une analyse plus fine. Nous nous concentrons alors sur les produits agricoles, des secteurs des IAA (industries agroalimentaires) et des biens de consommation (graphique 1b). Dans les secteurs agricoles et IAA, le taux de pénétration le plus élevé est pour la consommation de produits de la pêche et de l'aquaculture où 18.1 euros sont importés sur une consommation de 100. Ces taux s'élèvent respectivement à 34.3 et 48.6 pour les produits des industries de l'habillement et du cuir. Ils dépassent 35 % dans le secteur automobile. Enfin, les importations représentent 63.7 % de la consommation d'appareils de réception. Sur l'ensemble des secteurs, les importations représentent 13.5 % des dépenses.
Graphique 1a : Taux de pénétration des importations
Note : données issues du TES 40 pour l'année 2005.
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Graphique 1b : Taux de pénétration des importations
Note : données issues du TES 118 pour l'année 2004
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Correction des réexportations françaises
Ces taux de pénétration surestiment cependant le contenu en importations de la consommation puisqu'une part des exportations française est incorporée comme consommations intermédiaires pour la fabrication des biens qui sont importés ensuite. Nous proposons donc une correction du taux de pénétration donné par la relation (1) en estimant le taux de réexportation de produits français pour chaque secteur.
Pour chaque produit ( k ), cette correction est donnée par la moyenne du produit suivant : (2)
Où désigne les exportations françaises du produit ( k ) vers le pays ( i ), les importations totales en produit ( k ) du pays ( i ), les importations françaises de produit ( k ) en provenance du pays ( i ) et les importations françaises totales de produit ( k ). Le taux calculé correspond alors à la part des exportations françaises dans les importations totales du pays ( i ) pour chaque produit ( k ) et à la part dans les importations totales françaises du produit ( k ) des importations en provenance de ( i ). Les calculs des corrections sont effectués à partir de la base de données GTAP (Global trade analysis project) sur la base des travaux menés par G. Daudin, P. Monperrus-Veroni, C. Rifflart et D. Schweisguth 69 ( * ) . Il faut souligner que la nomenclature en produits de la base GTAP est différente de celle l'INSEE. Nous sommes donc amenés à effectuer une correspondance entre les classifications 70 ( * ) afin de déterminer le taux de correction. On en déduit ensuite un montant d'importations corrigées pour chaque produit ( k ) :
(3)
Les taux de pénétration sont recalculés suivant le même principe que la relation (1) soit :
(4)
Les taux de pénétration ne sont que très marginalement modifiés par cette correction (graphiques 2a et 2b) avec 1.4 point au maximum pour l'industrie automobile. Ainsi, sur 100 euros consommés, 36,8 sont importés et 1.4 euro correspondent en fait à une consommation de biens français incorporés dans les importations du secteur.
Graphique 2a : Correction liée aux réexportations françaises
Note : données issues du TES 40 pour l'année 2005
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Graphique 2b : Correction liée aux réexportations françaises
Note : données issues du TES 118 pour l'année 2004
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Activités induites
Enfin, il faut prendre en compte le fait que les importations génèrent une activité domestique liée aux marges commerciales et de transport 71 ( * ) . En effet, les produits importés ne sont pas directement acquis auprès des producteurs étrangers mais achetés chez des distributeurs nationaux. Toute hausse ou baisse des importations accroît ou réduit l'activité des distributeurs. De même, les importations génèrent une activité de transport. Les marges induites par ces activités reflètent une partie de l'écart entre les importations qui sont évaluées au prix de douanes et les consommations finales évaluées au prix d'acquisition 72 ( * ) . Nous ré-imputons dans un premier temps une partie des marges à l'activité d'importation sur le principe que les marges sont réparties proportionnellement pour chaque produit en fonction du poids des importations en produit (k) dans les ressources totales en produit (k) soit :
(5)
où ( Ma ) et ( Ma_imp ) sont respectivement les marges et les marges imputées et ( P ) la production domestique de produit ( k ). Ensuite, comme pour le calcul des taux de pénétration, nous déterminons les marges de distribution et de transport qui sont induites par les importations en faisant l'hypothèse que ces marges sont également réparties sur les consommations finales des agents, la FBCF et les consommations intermédiaires :
Dans l'ensemble, les marges commerciales sont nettement plus élevées que les marges de transport (graphique 3a et 3b). Ainsi, pour l'industrie des équipements du foyer, la marge commerciale induite par les importations représente 17 % de la valeur de la consommation des ménages et les marges de transport seulement 1 %. Au niveau 40 de la classification, la marge commerciale induite par les importations est naturellement d'autant plus élevée que le taux de pénétration du secteur est important. Elle est donc particulièrement élevée dans l'habillement et le cuir : 20 %. Elle est nulle dans l'énergie et faible dans la construction navale (0.7) et dans l'agriculture (2.6). Les marges de distribution résultent à la fois des coûts de distribution mais renseignent également sur le pouvoir de marché des distributeurs. Elles seront alors plus ou moins élevées selon l'intensité de la concurrence dans le secteur considéré et ne dépendent pas du taux de pénétration. Ainsi, pour le secteur des industries et composants électriques, le taux de pénétration est plus élevé que dans le secteur de l'habillement et du cuir mais les marges commerciales sont plus faibles (tableau 1) indiquant que le degré de concurrence est moins intense dans l'habillement et le cuir. Pour les marges de transport, elles sont souvent plus élevées dans les biens d'équipement et intermédiaires (biens d'équipements électriques et chimie, caoutchouc, plastiques par exemple)
De même, lorsque l'on considère le niveau plus fin de la classification, les marges de transport induites par les importations les plus fortes sont observées pour la fabrication d'appareils de réception (4.1 euros sur 100 consommés) puis pour l'industrie du cuir et de la chaussure (1.4 euro). Pour les marges commerciales, les plus élevées sont celles générées par les importations d'appareils de réception (27.5 % de la valeur de la consommation des ménages), dans le secteur des bijoux et fabrication d'instruments (24.7 %) et pour l'industrie du cuir et de la chaussure (23.9 %). Les marges les plus faibles sont enregistrées pour les biens agricoles et de l'industrie agro-alimentaire (entre 0.9 et 3.2 %) à l'exception des produits de la pêche et de l'aquaculture et des industries alimentaires diverses, dont le taux de pénétration est plus important.
Ces différents éléments sont synthétisés dans le tableau 1 au niveau 40 de la classification. La lecture au niveau agrégé se fait de la façon suivante : pour 100 euros de consommation finale des ménages, on estime que 13.9 euros sont importés, que cette consommation comprend des réexportations de produits français à hauteur de 0.2 euros, et que ces importations génèrent des marges commerciales et de transports de respectivement 7.9 et 1.1 euros.
Graphique 3a : Marges commerciale et de transport
Note : données issues du TES 40 pour l'année 2005
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Graphique 3b : Marges commerciale et de transport
Note : données issues du TES 118 pour l'année 2004
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
Tableau 1 : Résumé
Poids dans la consommation finale des ménages |
Importations corrigées |
Réexporations |
Marges commerciales |
Marges de transport |
|
Agriculture, sylviculture pêche |
3,0 |
10,6 |
0,1 |
2,6 |
0,2 |
Industries de la viande et du lait |
5,8 |
8,1 |
0,1 |
3,0 |
0,3 |
Autres industries agricoles et alimentaires |
9,1 |
13,1 |
0,3 |
5,1 |
0,6 |
Habillement et cuir |
4,2 |
38,9 |
0,8 |
22,0 |
0,9 |
Edition imprimerie |
1,4 |
7,2 |
0,1 |
1,6 |
0,4 |
Pharmacie, parfumerie, entretien |
2,8 |
24,8 |
0,6 |
9,4 |
0,5 |
Industries des équipements du foyer |
5,3 |
34,5 |
0,4 |
17,0 |
1,0 |
Industrie automobile |
5,9 |
36,8 |
1,4 |
5,3 |
0,6 |
Construction navale, aéronautique et fer |
0,5 |
45,1 |
1,0 |
0,7 |
0,2 |
Industries des biens d'équipements mécaniques |
0,3 |
33,2 |
0,6 |
5,1 |
0,6 |
Industries des biens d'équipements électriques |
0,9 |
48,7 |
0,8 |
11,3 |
1,2 |
Industries des produits minéraux |
0,4 |
17,0 |
0,2 |
4,4 |
1,3 |
Industrie textile |
0,9 |
38,8 |
0,9 |
7,1 |
1,6 |
Industries du bois et du papier |
0,6 |
26,6 |
0,5 |
4,0 |
1,1 |
Chimie, caoutchouc, plastiques |
1,0 |
44,1 |
1,1 |
4,3 |
1,4 |
Métallurgie et transformation des métaux |
0,5 |
29,6 |
0,7 |
2,7 |
0,8 |
Industrie des composants électriques |
0,5 |
48,2 |
0,8 |
4,7 |
0,7 |
Production de combustibles et de carburants |
4,4 |
38,5 |
0,1 |
5,2 |
0,9 |
Eau, gaz et électricité |
3,2 |
0,4 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Transports |
2,9 |
24,4 |
0,16 |
||
Intermédiation financière |
1,5 |
2,5 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Assurances et auxiliaires financiers |
3,5 |
2,5 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Postes et télécommunications |
2,6 |
2,5 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Conseils et assistance |
1,0 |
5,3 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Services opérations |
1,3 |
5,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Recherche et développement |
0,0 |
5,2 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Activités récréatives, culturelles et sportives |
3,3 |
3,3 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Santé |
2,1 |
0,2 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Ensemble |
100 |
13,9 |
0,2 |
7,9 |
1,1 |
Note : données issues du TES 40 pour l'année 2005. Les 3 premières colonnes expriment des résultats en % des biens consommés. Les colonnes 4 et 5 du tableau sont en % des biens importés.
Source : INSEE (Données des comptes nationaux), calculs OFCE.
II - Contenu en importations des dépenses
de
consommation des ménages par niveau de vie
Les comportements de consommation des ménages diffèrent selon les niveaux de revenu. Les ménages en bas de l'échelle des revenus vont consacrer une part plus importante de leurs ressources aux biens dits primaires (alimentation, logement, transport...) alors que les ménages plus aisés, moins contraints sur leur budget, consomment en proportion plus de biens secondaires (équipement du ménage, loisirs...). A partir des données sur les taux de pénétration corrigés des réexportations françaises au sein des 40 secteurs de production, nous avons évalué la part en importations de la consommation des ménages pour chaque secteur issu de l'enquête budget des familles 2006. Sont concernés par les importations essentiellement les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, les services ne faisant pas ou peu l'objet d'importations.
Cependant, ces évaluations sont à prendre avec prudence pour plusieurs raisons.
Premièrement, les nomenclatures sont différentes entre les secteurs de production et les types de produits consommés par les ménages dans l'enquête budget des ménages. Certains types de produits sont donc difficilement transférables à un secteur de production. C'est le cas par exemple de produits comme les vêtements qui concernent la fois le secteur de l'habillement-cuir et l'industrie du textile. Dans certains cas, nous avons donc regroupé certains secteurs et identifiés les taux de pénétration du nouveau secteur en pondérant les taux de pénétration des sous-secteurs par leur part dans la consommation des ménages. 11 secteurs de production ont été ainsi regroupés en 5 secteurs de taille plus grande :
- Agriculture, sylviculture, pêche et industries agricoles et alimentaires ;
- Habillement-cuir et industrie du textile ;
- Edition, imprimerie, reproduction et industrie du bois et papier ;
- Industrie des équipements du foyer et industrie des équipements électriques et électroniques ;
- Industrie automobile, construction navale et industrie des biens d'équipements mécaniques
Deuxièmement, la consommation des ménages de l'enquête budget des ménages ne distingue pas la consommation du produit de la marge commerciale. Dans le cas d'une nomenclature par secteur de production, cette distinction est faite, la marge commerciale étant identifiée dans un autre secteur, généralement des services.
Troisièmement, les taux de pénétration sont calculés en valeur ajoutée et peuvent parfois être différents de celui issu du concept de consommation. C'est le cas par exemple du secteur eau, gaz, électricité dont le taux de pénétration en valeur ajoutée est quasiment nul (0,4 %). Cependant, dans le cas du gaz importé, le ménage va consommer du service (la valeur ajoutée) mais surtout de la matière première qui n'est pas considérée comme une importation dans le concept de valeur ajoutée mais comme une consommation intermédiaire.
Enfin, dans certains cas, les dépenses des ménages sont sous-estimées en raison des normes comptables en vigueur. C'est le cas de certaines dépenses où il existe une différence entre la dépense de consommation et la dépense effective des ménages. C'est le cas par exemple de la dépense des ménages en produits pharmaceutiques pour laquelle la dépense prise en compte par l'INSEE est uniquement celle ne faisant pas l'objet de remboursement par la sécurité sociale. En sous pondérant dans l'enquête budget des ménages la part consacrée aux dépenses de produits pharmaceutiques en raison des normes comptables en vigueur, on sous estime légèrement le taux de pénétration moyen (corrigé des réexportations) dans la consommation totale.
1. LES SECTEURS CONCERNÉS PAR L'ÉTUDE
Ils sont au nombre de 10. Aux cinq qui ont fait l'objet de regroupement, s'ajoutent cinq sont issus de la nomenclature 40 :
- Pharmacie, parfumerie et entretien ;
- Industrie des produits minéraux ;
- Production de combustibles et de carburants ;
- Eau, gaz, électricité
- Transports ;
Trois secteurs de l'industrie ont été supprimés car ils ne pouvaient être identifiés à aucun type de produit. C'est les cas des secteurs suivants :
- Chimie, caoutchouc, plastique ;
- Métallurgie et transformation des métaux ;
- Industrie des composants électriques et électroniques
Les produits issus des 10 secteurs retenus sont tous agricoles ou industriels. En 2006, selon les comptes annuels de l'INSEE, ils représentent 50,7 %, de la dépense de consommation des ménages, soit 504 milliards d'euros. Selon les reclassements sectoriels des produits fournis par l'enquête budget des ménages de 2006, la part des 10 secteurs représente 58,9 % de la dépense totale des ménages (tableau 1). Cet écart de plus de 8 points s'explique principalement par le fait que les produits industriels achetés par les ménages intègrent la marge commerciale qui est considérée comme un service au sens de la comptabilité nationale.
1. Part des 10 secteurs dans la dépense totale
des ménages
selon les deux sources
En %
Selon la comptabilité nationale |
Selon les reclassements effectués à partir de l'enquête budget des ménages |
|
Agriculture, sylviculture, pêche & industries agricoles et alimentaires |
17.7 |
17.6 |
Habillement, cuir & industrie textile |
4.9 |
7.6 |
Edition, imprimerie, reproduction & industrie du bois et papier |
1.8 |
1.8 |
Pharmacie, parfumerie et entretien |
2.8 |
4.6 |
Industrie des équipements du foyer & équipements électriques et électroniques |
6.2 |
7.3 |
Industrie automobile & construction navale & industrie des biens d'équipements mécaniques |
6.4 |
7.7 |
Industrie des produits minéraux |
0.4 |
0.5 |
Production de combustibles et de carburants |
4.4 |
5.2 |
Eau, gaz, électricité |
3.2 |
4.0 |
Transports |
2.9 |
2.7 |
Total |
50.7 |
58.9 |
Sources : Comptes annuels INSEE, enquête budget des ménages, calculs OFCE.
* 67 Le taux de pénétration des importations est corrigé afin de tenir compte du fait que les produits importés intègrent des consommations intermédiaires qui ont été produites en France. La valeur de ses consommations intermédiaires françaises qui sont de fait réexportées par les fournisseurs étrangers doit donc être prise pour évaluer plus finement la part de la consommation qui est effectivement importée (voir partie suivante pour les détails des calculs).
* 68 Les calculs pour les autres postes sont détaillés dans le fichier excel joint.
* 69 Voir Revue de l'OFCE n°98 de juillet 2006.
* 70 Il s'agit simplement de répartir les postes de la base de la GTAP vers les postes équivalents des nomenclatures 40 et 118 de la comptabilité nationale.
* 71 Ces marges sont données pour chaque poste des nomenclatures 40 et 118 de la comptabilité nationale.
* 72 Les impôts sur produits et les subventions contribuant également à la différence observée.