2. ...dans une économie de plus en plus ouverte
Ces quinze dernières années, la pénétration des importations de biens et services sur le marché intérieur a fortement augmenté . Le taux de pénétration 10 ( * ) de l'économie par les produits étrangers ressortait à environ 20 % en 1993 . Après une accélération jusqu'en 2000, suivie d'une décélération jusqu'en 2004 puis d'une réaccélération, ce taux de pénétration dépasse 28 % en 2007 .
Source : Sénat, données INSEE
D'après les derniers chiffres communiqués par l'INSEE, cette proportion atteint 29,5 % du PIB pour les trois premiers trimestres de 2008 .
Dès lors, on peut apporter quelque crédit à l'observation de COE-REXECODE 11 ( * ) , selon laquelle « toute tentative de relance de la consommation intérieure aboutirait à des « fuites à l'importation » croissantes et soutiendrait plus les importations que la production française » 12 ( * ) . Cet organisme indique que « sur longue période, entre les années 1973 et 1993, les importations françaises en volume avaient progressé à un rythme annuel 2,2 fois plus élevé que celui du PIB. Entre 1996 et 2006, l'élasticité des importations à la progression de [la] demande s'est accrue à 2,5 ». Au total, « le coefficient de « fuite à l'importation » a augmenté ce qui rend inopérant les tentatives de relances isolées ».
Si ce diagnostic est peu contestable, il s'applique en revanche à la plupart des économies ouvertes et ne traduit pas en soi une quelconque spécificité de l'économie française, laquelle est soumise comme toutes les économies au mouvement d'internationalisation des échanges 13 ( * ) et des chaînes de production.
Ajoutons encore, à titre de mise en perspective, que l'ouverture croissante des économies à la concurrence internationale, soutenue par les organisations internationales et particulièrement l'Organisation mondiale du commerce, tend à favoriser, sur la longue période, une allocation optimale des ressources ainsi qu'une spécialisation favorable à la croissance mondiale 14 ( * ) .
* 10 Ce taux est ici obtenu en rapportant le montant des importations au PIB. Il existe différentes manières de calculer le dénominateur du taux de pénétration : demande intérieure, PIB et somme des emplois (c'est-à-dire PIB+M=C+I+G+X). Ce dernier dénominateur présente un intérêt particulier pour les pays qui, pratiquant massivement la réexportation (comme par exemple les Pays-Bas), ont des importations très élevées qui ne correspondent pas nécessairement à une pénétration très forte des produits étrangers dans l'économie nationale. Il est aussi plus significatif lorsqu'il s'agit de lui comparer le contenu en importations des différentes composantes (C, I, G ou X) de la demande (infra).
* 11 Lien : http://www.coe-rexecode.fr/fr/statique/RENCONTRES/documents/compet/fiches-compet%205.pdf
* 12 On doit souligner que COE-REXECODE n'affirme pas que la relance de la consommation intervenue ne soutient pas la production française mais que si elle lui profite, elle profite davantage à la production extérieure.
* 13 Il reste à analyser finement si la situation française se caractérise par des singularités au regard de l'augmentation de son taux de pénétration et, éventuellement, des causes de celle-ci.
* 14 Ces politiques bénéficient de nombreux soubassements théoriques, au rang desquels figure notamment la théorie des avantages comparatifs de Ricardo.