2. Une efficience économique et sociale avérée
M. Jacques Attali, fondateur d'une entreprise -PlaNet finance- au coeur de l'aide à la création solidaire d'entreprise, a illustré devant la mission les externalités positives que présentent l'accès ou le retour à l'emploi via la création d'entreprise . « Aider une personne à sortir de l'exclusion, ce n'est pas l'aider à mes dépens. Soutenir quelqu'un, par exemple en lui permettant de ne plus être au chômage, peut m'être utile. Pour l'instant, notre action a conduit à la création de 100 entreprises, dans quatre quartiers, en un an. Or le coût de la création d'une entreprise sur un an est trois fois moins élevé que celui d'un chômeur sur la même période (3.000 euros contre 10.000 euros). Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et incitent à réorienter l'utilisation de l'argent public ».
Le système du micro crédit , très incitateur à la création d'entreprise, a fait la preuve de son efficacité économique . L'Adie, qui octroie ces micros prêts, relève ainsi un taux d'impayés de 6,4 % et un taux de perte de 2,55 %. Selon sa présidente, Mme Maria Nowak, « le taux de pérennité des entreprises créées est du même ordre que celui des entreprises individuelles. Le coût moyen de l'aide à la création est de 1.600 euros sur deux ans, une somme extrêmement faible par rapport au coût du chômage et des emplois aidés ».
Non seulement le coût net du soutien à la création d'entreprise est inférieur à celui occasionné par le subventionnement des chômeurs et des emplois aidés, mais le différentiel s'avère plus important encore si l'on raisonne en coûts évités . Estimant à environ 300.000 le nombre de jeunes aptes à monter une entreprise, mais qui ne peuvent le faire par la faute d'obstacles qui se dressent sur leur chemin, M. Attali a souligné combien « ces 300.000 jeunes sont en situation d'exclusion et le seront de plus en plus car ils ne possèdent pas de diplômes et d'entregent. Leur exclusion se traduit par de la passivité, de la criminalité pour une petite partie d'entre eux et, pour une autre partie d'entre eux, infime, par de la violence exercée sous toutes ses formes ».
Dans les cités les plus difficiles, la création d'entreprise, outre l'activité économique qu'elle génère, se traduit souvent par un développement des liens interindividuels et une pacification des rapports sociaux. De plus, elle offre des modèles de réussite à des jeunes trop souvent résignés et cantonnés dans une attitude passive ou nihiliste. M. Attali a ainsi fait remarquer que les responsables des antennes locales de son association « sont issus des quartiers, ont monté des entreprises qui connaissent le succès et peuvent donc servir de modèles. Il leur est demandé d'apporter de la confiance aux jeunes qu'ils accueillent, de les encadrer et de les aider à formuler leurs projets ».