B. L'IMMIGRATION, RESSOURCE COMPLÉMENTAIRE DU MARCHÉ DU TRAVAIL NATIONAL FACE À CERTAINES PÉNURIES DE MAIN D'oeUVRE

1. Un lien entre besoins de recrutement dans certains secteurs et immigration

En Espagne, l'immigration est directement reliée à la situation du marché de l'emploi : le phénomène est apparu quand le marché du travail national a cessé de disposer de la main d'oeuvre suffisante et disponible pour occuper les postes de travail offerts. Dans ce cadre, les agents économiques ont dû recourir aux marchés de l'emploi à l'étranger.

Aussi la question peut-elle se poser en France dans certains secteurs économiques qui présentent des difficultés de recrutement, et pour certains métiers. Cette question a été longtemps occultée par la persistance d'un fort taux de chômage.

Pourtant, selon un rapport du ministère de l'économie, des finances et de l'emploi du 14 janvier 2006 intitulé « Immigration sélective et besoins de l'économie française », les projections à moyen terme font apparaître des besoins de recrutement importants dans certains secteurs et certains métiers. Ces besoins de recrutement proviennent à la fois de la croissance de l'emploi et des flux de départs à la retraite.

Les créations toucheraient aussi bien des métiers peu qualifiés que des métiers très qualifiés : les services aux particuliers (+ 416.000 emplois d'ici 2015), le transport et le tourisme (+ 225.000 emplois), le commerce (+ 196.000 emplois dont 135.000 peu qualifiés) et le bâtiment et des travaux publics (+ 116.000 emplois) seraient les principaux créateurs d'emplois peu qualifiés, alors que les métiers de la santé (+ 304.000 emplois dont plus de la moitié qualifiés), l'informatique (+ 149.000 emplois) et la gestion (+ 197.000 emplois dont au moins 131.000 qualifiés) seraient créateurs nets d'emplois qualifiés.

Les besoins de recrutement pour remplacer les départs à la retraite devraient être concentrés dans quelques secteurs, notamment dans des secteurs en croissance : bâtiment et travaux publics (413.000 départs à la retraite d'ici 2015), tourisme et transport (444.000 départs), gestion-administration (641.000 départs), commerce (453.000 départs), les services aux particuliers (790.000 départs) et la fonction publique (500.000 départs).

La concomitance, dans certains secteurs, d'une croissance de l'emploi significative, et d'un nombre de départs à la retraite important au cours des prochaines années rend le recours à une immigration professionnelle nécessaire.

2. L'immigration professionnelle, une solution de complément

La plupart des fédérations professionnelles rencontrées par votre rapporteur spécial rappellent la nécessité d'une immigration économique organisée , tout en soulignant que celle-ci ne vient que dans un second temps, y compris s'agissant des emplois peu qualifiés, afin de ne pas affaiblir les initiatives prises pour amener à l'emploi ceux qui en sont les plus éloignés . La fédération française du bâtiment, et celle des entreprises de propreté, ont ainsi rappelé qu'elles avaient développé des actions pour attirer dans leurs entreprises des publics en difficulté, auxquels elles estiment offrir des perspectives. Elles considèrent qu'il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. Il convient également de rappeler que, selon l'OCDE, le taux de chômage touchant les étrangers en situation régulière s'établissait en France en 2005 à 17,8 %, contre 8,8 % pour les nationaux, soit un taux deux fois supérieur.

L'immigration professionnelle ne constitue donc pas une solution de premier rang au problème des recrutements des branches professionnelles, qui doivent également s'organiser pour participer à l'intégration, sur un plan économique, des populations jeunes en difficulté, et souvent issues d'ailleurs de l'immigration. En matière d'emploi saisonnier, les départements recherchent de plus en plus à employer la main d'oeuvre locale, à commencer par les bénéficiaires du RMI.

C'est à l'aune de cette préoccupation que prend son sens la discussion par le Parlement d'un quota annuel d'immigration professionnelle , afin que les flux migratoires soient adaptés à la situation de l'emploi des personnes peu qualifiées déjà présentes sur le marché du travail, pour de ne pas pénaliser les efforts réalisés en faveur de l'intégration économique de ces catégories.

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