5. Mieux valoriser les avantages comparatifs
La réglementation en vigueur dans l'Union européenne, et plus encore dans notre pays, est souvent perçue comme très stricte et excessivement contraignante pour les opérateurs nationaux, notamment par rapport à des pays tiers n'étant pas soumis à de mêmes normes, qu'elles soient environnementales, sociales, sanitaires ou qualitatives.
Si cet élément est généralement considéré comme une faiblesse pour des producteurs soumis à un marché extrêmement concurrentiel, dans lequel ils ont souvent l'impression -d'ailleurs légitime- de ne pas se « battre à armes égales » avec les producteurs du reste du monde, il peut également être retourné et considéré comme un avantage comparatif.
Dans un monde où la notion de développement durable prend une importance croissante et où les consommateurs sont prêts, jusqu'à une certaine limite bien entendu, à payer plus cher des produits dont ils sont assurés qu'ils respectent des normes exigeantes en matière de respect de l'environnement, de bien-être animal, de prévention des maladies infectieuses, de qualité de l'alimentation et de typicité gustative, le cadre de production national constitue en effet une garantie de qualité et de sécurité constitutive d'une véritable plus-value.
Par des campagnes d'information et de promotion appropriées, mais aussi par une information plus complète et plus détaillée sur les produits, ces atouts doivent être largement valorisés et inciter, sans que cela ne puisse être assimilé à des pratiques anticoncurrentielles, les consommateurs à faire porter leur acte d'achat préférentiellement sur des produits français.
6. Valoriser davantage l'ensemble de l'animal
La valorisation de l'agneau ou du mouton reste largement insatisfaisante, seules ses parties « nobles » étant rentabilisées. Au-delà de la valorisation du cinquième quartier, dont l'appréhension est délicate du fait de la réglementation relative aux parties sensibles de l'animal (tête, cervelle, abats ...), un gros travail reste à faire sur les autres parties, et notamment sur les « bas morceaux » .
A cet égard, il serait sans doute opportun de s'inspirer de ce qui a été fait dans d'autres filières (veau, volaille ...), mais également des exemples étrangers. Certains des intervenants ont ainsi présenté comme modèle la démarche des opérateurs britanniques, où l'offre de produits a été davantage diversifiée et mise en adéquation avec les goûts des consommateurs . Au-delà des traditions qui lui sont propres, ce n'est sans doute pas un hasard de ce fait, si le Royaume-Uni est le premier pays membre de l'Union européenne consommateur de viande ovine.
Des travaux sont en cours sur ce point. La filière ovine et une agence de conseil en marketing et communication travaillent actuellement sur une « redéfinition de la vision de l'agneau par les consommateurs » tendant à mieux la segmenter en magasins en s'appuyant sur le savoir-faire anglais et irlandais. La mise en place de cette nouvelle offre pourrait voir le jour en 2008. De telles initiatives sont à rééditer et développer.
Très concrètement, le gigot d'agneau, s'il doit bien évidemment continuer d'être proposé au consommateur, tout particulièrement dans les périodes festives où sa consommation est traditionnelle, ne doit plus être, peu ou prou, la seule forme sous laquelle est commercialisée la viande ovine dans les supermarchés et boucheries. Proposer de la viande hachée, des émincés d'agneau, des brochettes, des saucisses, des rillettes, des merguez ... devrait permettre de dynamiser les ventes, et ceci notamment auprès d'un public jeune pour l'instant assez faiblement consommateur.
Par ailleurs, il devrait davantage être tenu compte d'évolutions sociologiques influençant directement la demande. Ainsi, l'augmentation du nombre de « mono consommateurs » (célibataires, personnes âgées ...) et la baisse relative de l'importance des grandes familles devrait inciter à un conditionnement sous forme de petites découpes. De la même façon, l'accélération des rythmes de vie appelle à réduire la part des produits bruts, devant être cuisinés, au profit de celle des plats préparés, qu'il suffit de faire réchauffer.