II. RÉPONDRE AUX ENJEUX DE DEMAIN
Au-delà de son objectif de court terme d'améliorer le taux de couverture de la population, la politique vaccinale doit, à plus long terme, être en mesure de répondre aux besoins en matière de recherche et de production nationales de vaccins et aussi de jouer un rôle moteur dans l'aide aux pays les plus pauvres.
Pour relever ces défis, les laboratoires pharmaceutiques constituent les partenaires naturels des pouvoirs publics , en raison des moyens humains, techniques et financiers qu'ils mobilisent. En effet, le marché mondial du vaccin est en constante expansion, avec une augmentation des ventes de 13 % à 14 % chaque année, soit deux fois plus que les médicaments traditionnels.
A. UNE RECHERCHE MODERNE
En France, la recherche fondamentale sur les vaccins est concentrée à l'institut Pasteur et à l'Inserm. Leurs travaux peinent toutefois à intéresser les industriels, en raison d' une coordination insuffisante entre les différents acteurs et de moyens financiers très en deçà des besoins . De fait, la recherche française n'a pas produit de résultats notables depuis plusieurs années.
1. Au niveau scientifique
a) Valoriser le métier de chercheur
Une recherche de haut niveau ne peut se faire qu'avec des équipes de qualité. Or, le métier de chercheur en vaccinologie n'attire plus guère les jeunes diplômés. Mal payés et sans réelles perspectives d'évolution, ceux qui s'y consacrent ont parfois le sentiment que les priorités des pouvoirs publics sont ailleurs, notamment dans la lutte contre les maladies génétiques.
Il convient de revaloriser le métier de chercheur en donnant plus d'écho médiatique aux découvertes dans le domaine des vaccins, comme le font les Etats-Unis ou le Canada.
Les liens entre l'université et les équipes de recherche pourraient aussi être renforcés pour attirer de jeunes talents. Les relations doivent, de la même manière, être favorisées entre chercheurs en médecine et en biologie dans le cadre de projets communs, sur le modèle de ce qui est fait en matière de recherche contre le VIH.
A cet égard, l'Opeps salue la création de réseaux thématiques de recherche avancée, mis en place dans le cadre du Pacte pour la recherche en 2006 en vue de permettre le regroupement de chercheurs issus de l'enseignement supérieur et des organismes de recherche . Il souhaite que cette initiative ait rapidement des résultats positifs sur la compétitivité des équipes françaises.
b) Relancer la recherche clinique
Comme la recherche fondamentale, la recherche clinique française est en perte de vitesse et souffre de la concurrence des autres pays.
En effet, les Français sont particulièrement sensibles au risque médical , intrinsèque à la recherche sur les vaccins puisque les volontaires sont par définition sains. Il est donc difficile de former des cohortes, en particulier pour les vaccins destinés aux enfants.
En outre, l'absence de réseaux de médecins chargés des recherches cliniques oblige les industriels à trouver par eux-mêmes des médecins volontaires, ce qui augmente les coûts et allonge les délais de l'étude. Les laboratoires se tournent donc de plus en plus vers l'étranger, le risque étant que les médecins et les hôpitaux français soient moins au fait des nouvelles connaissances épidémiologiques.
Il serait donc souhaitable de faire connaître au grand public l'utilité de la participation de patients volontaires aux recherches cliniques et de former des réseaux de médecins , à l'instar de ce qui existe aux Etats-Unis où les médecins investigateurs sont répertoriés par la Food and Drug Administration (FDA) et regroupés dans des centres d'essais cliniques, dont la liste et la spécialisation sont consultables sur Internet. Enfin, les médecins français doivent être incités à participer à des projets européens de recherche clinique.