B. EN REDONNANT CONFIANCE À LA POPULATION
Une mobilisation plus forte des professionnels de santé en faveur de la vaccination ne sera toutefois efficace qu'à condition de trouver une opinion publique réceptive. Pour ce faire, l'action des pouvoirs publics doit répondre à une double exigence : rassurer et informer .
1. Associer vaccination et prévention
a) Une nécessité pour la santé publique
L'implication de la population dans la mise en oeuvre de la politique vaccinale est aujourd'hui loin d'être optimale, au détriment du bénéfice collectif qui en est attendu en termes de santé publique.
Ainsi, des enquêtes récentes 2 ( * ) font apparaître que, si l'opinion publique est à 85 % favorable à la vaccination, elle doute trop souvent de la sécurité des processus de production et d'administration des vaccins, en craint les effets secondaires, connaît mal le contenu du calendrier vaccinal et a une perception erronée de la gravité de certaines maladies. Il existe également un rejet du vaccin contre l'hépatite B propre à la France , en raison des soupçons, non confirmés à ce jour, de déclencheur de la sclérose en plaques qui pèsent sur lui.
Par ailleurs, la disparition progressive d'une maladie grâce à son vaccin tend à inverser le rapport bénéfice-risque de la vaccination, qui ne suscite plus alors le même intérêt. Selon le modèle de Chen, la vaccination est alors en quelque sorte victime de son succès. Cette situation a été observée en Angleterre à la fin des années soixante-dix : la forte diminution de l'incidence de la coqueluche grâce à la mise en oeuvre du programme de vaccination a conduit à une diminution progressive du nombre de personnes vaccinées et, de fait, à une recrudescence de la maladie.
b) Mieux vaut prévenir que guérir
On le voit, il existe donc un enchaînement vertueux entre l'adhésion de l'opinion, la réussite des programmes de vaccination et l'amélioration de l'état de santé de la population .
C'est pourquoi il apparaît nécessaire d'engager des actions d'envergure à destination du grand public, afin de développer une culture de la prévention encore trop timide dans notre pays.
La promotion de la vaccination fait partie intégrante de la politique de prévention et doit être encouragée comme telle. Cela passe essentiellement par l' amélioration du niveau d'information de la population sur les vaccins, les bienfaits qui en sont attendus, les effets secondaires possibles et l'épidémiologie des maladies contre lesquelles ils protègent.
A titre d'exemple, les cours d'hygiène et de prévention, prévus à l'école primaire, sont rarement dispensés et les vaccins ne sont étudiés que brièvement au cours des études secondaires dans le cadre des cours de biologie. Il convient d'y remédier, sans alourdir excessivement des programmes scolaires déjà chargés.
Des moyens supplémentaires devraient être affectés aux actions de prévention quand on sait que la part des dépenses de prévention ne dépasse pas 7 % du total des dépenses de santé, ce qui place la France en deçà de la moyenne des pays de l'OCDE. Il ne s'agit toutefois pas d'une augmentation nette des coûts, dans la mesure où une meilleure prévention entraîne également des économies ; c'est le cas notamment de la diminution du nombre d'arrêts maladie grâce à la vaccination contre la grippe.
* 2 Baromètre santé 2005 et enquête Canvac 2004.