b) Un réseau de chaleur en milieu rural : l'exemple de Felletin (Creuse)
Le réseau de chaleur de Felletin a été primé en 2004 et 2005 par le Comité de liaison des énergies renouvelables (CLER) dans la catégorie bois-énergie des communes de moins de 2.000 habitants. Il s'agit d'une installation de cogénération alimentée en base par des déchets de scierie et, en appoint, par du gaz naturel fossile.
Le projet est né en 1999 de la nécessité de rénover le chauffage des bâtiments municipaux et de la volonté de valoriser les déchets de bois produits en quantité par les scieries de Felletin ( Creuse-Sciage ) et des alentours.
En tête de réseau, une chaudière de 9,3 MW brûle aujourd'hui 9 tonnes de déchets de scierie à l'heure, soit 60.000 tonnes par an, dont les deux tiers sont fournis par Creuse-Sciage , le reste par le groupement d'intérêt économique Bois Energie qui regroupe les scieurs dans un rayon de 30 km autour de Felletin. La chaudière fonctionne toute l'année, avec un mois d'arrêt en été au moment où les besoins de chaleur sont au plus bas et sont couverts par une chaudière d'appoint au gaz. La chaufferie distribue 14.000 MWh de chaleur par an et environ 20.000 MWh d'électricité vendus à EDF chaque année.
Quant au réseau de chaleur lui-même, long de 4 km, il dessert le lycée des métiers du bâtiment (qui représente la moitié de la consommation totale), les autres bâtiments scolaires (collège, écoles élémentaires et maternelles, l'institut médico éducatif), les bâtiments municipaux (mairie, salle polyvalente, gymnase,..) et l'habitat collectif (HLM, maison de retraite).
Pour assister la commune de Felletin et suivre les résultats d'exploitation, a été créée une société d'économie mixte (SEM) regroupant les partenaires du projet (région, département, commune, EDF-GDF et les scieurs).
Le coût global du projet s'est élevé à 9,91 millions d'euros mais des subventions d'un montant total de 2,2 millions d'euros ont été accordées à la société Soccram , concessionnaire du réseau de chaleur : 1,52 million d'euros du FEDER, 76.0000 euros de l'ADEME, 460.000 euros de la région Limousin et 150.000 euros du conseil général.
Ce projet exemplaire a permis de créer sept emplois directs sur le site .
c) Un réseau de chaleur alimenté entièrement par le bois-énergie : l'exemple de Vitry-le-François (Marne)
Vitry-le-François possède le plus ancien et le plus important réseau de chaleur au bois en France. La chaufferie a été créée en 1985 à l'initiative de la société de gestion des HLM Vitry-Habitat pour remplacer dix-huit chaufferies qui fonctionnaient au fioul. Elle a permis de réaliser d'importantes économies sur les factures énergétiques 30 ( * ) , dont bénéficient les nombreux consommateurs reliés au réseau de chaleur : groupes scolaires, services techniques de la ville, serres municipales, centre hospitalier, médiathèque, bureaux, magasins, centre commercial... soit l'équivalent de 4.500 logements.
Les essences utilisées sont essentiellement le chêne et le hêtre sous forme de déchets : sciures humides, copeaux secs, bois déchiquetés en plaquettes sèches ou humides, bois de rebut comme les palettes, granulés à base de sciure. Ce bois-énergie approvisionne d'une façon automatique trois chaudières de 3,6 mégawatts, 5,4 mégawatts et 6,6 mégawatts, soit au total 15,6 mégawatts, qui produisent de l'eau chaude à 90°C. Celle-ci est véhiculée vers les postes de livraison par trois réseaux de conduits enterrés, d'une longueur totale de quinze kilomètres, les canalisations véhiculant l'eau avec une déperdition de chaleur inférieure à 0,2°C au km).
Le stockage du combustible est fait sous des hangars métalliques. Une autre partie du stock, correspondant à la moitié de la saison de chauffage, se trouve à l'air libre. L'approvisionnement se fait pendant 200 jours au rythme de six camions par jour. Les installations, conçues pour fonctionner sans présence humaine continue, disposent d'un mécanisme automatique surveillé à distance : toutes les données sont saisies par un ordinateur central qui transmet les ordres nécessaires à une série d'automates qui commandent les différentes phases de la combustion.
* 30 En monnaie constante, le coût annuel du chauffage pour un appartement de 100 m² était de l'ordre de 1.170 euros en 1985 et d'environ 600 euros en 2005.