d) Quel rôle pour l'Etat ?
L'appel à la théorie économique incline donc à considérer les délocalisations, au même titre que d'autres symptômes de la destruction créatrice, comme un phénomène non seulement inéluctable, mais positif pour l'ensemble de l'économie, car nécessaire à sa croissance. Cependant, ses conséquences pratiques pour un territoire, notamment en terme d'emploi, ne sont pas toujours immédiatement favorables .
La rationalité du point de vue de l'entreprise, qui choisit logiquement de localiser ses activités dans les endroits où sa rentabilité est optimale, n'a ainsi rien de commun avec la logique étatique, qui tend à maximiser le bien-être social sur un territoire donné : la raison d'entreprise n'est pas la raison de l'Etat . Aussi celui-ci doit-il en permanence, non seulement adapter le cadre général dans lequel s'inscrit l'activité économique afin de la favoriser au regard de l'environnement international, mais aussi veiller à ce que les bénéfices de la croissance soient équitablement répartis entre les territoires et les individus. A l'échelle d'un pays, il s'agit en effet de mettre en balance le gain que le consommateur obtient du libre-échange et le préjudice que subit le citoyen/producteur en raison de l'éventuel affaiblissement de la vitalité de son territoire, lorsque ce dernier perd des emplois . Ce constant soutien aux adaptations territoriales et sociales nécessaires doit, à cet égard, être assuré en étroite liaison avec les collectivités locales.