2. Une absence de conscience du danger
A ce
caractère exotique du phénomène climatique s'ajoute le
fait que la chaleur jouit d'une image positive. Le Professeur San-Marco y voit
l'une des raisons importantes pour comprendre le défaut de
réaction observé : «
l'agent en cause n'est
considéré ni par notre société ni par nos
responsables, comme quelque chose de dangereux. Une canicule n'a rien à
voir avec les autres accidents climatiques y compris les grands froids. Un
incendie, une inondation ou un tremblement de terre sont par définition
dangereux. En revanche, la chaleur, synonyme de vacances, est attendue et
véhicule une bonne image
».
Cette donnée rend difficile toute opération de prévention
ou de communication, en l'absence de culture du danger, et plus encore
lorsqu'il s'agit de faire passer des messages simples, comme la
nécessité de s'hydrater.
M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux personnes âgées,
avait ainsi adressé aux préfets et aux DDASS, le 12 juillet 2002,
soit un an avant le drame de la canicule, une circulaire de recommandations
écrites sur la prise en charge des personnes âgées pendant
la période d'été. Cette circulaire insistait très
précisément, dans son paragraphe 4, sur la prévention de
la déshydratation, sur la nécessité de rafraîchir
les locaux et de donner tout simplement à boire plusieurs fois par jour
aux personnes âgées et concluait sur la nécessité de
diffuser ces quelques préconisations d'application simple à tous
les directeurs d'établissement pour personnes âgées de
chaque département.
Cette instruction a ensuite été renouvelée le 27 mai
2003, la nouvelle circulaire attirant l'attention sur les difficultés
liées à l'isolement des personnes âgées durant la
période d'été et sur la vigilance à maintenir
à domicile grâce aux services d'aide ou de soins à domicile.
Ces mesures de prévention n'ont toutefois pas suscité un
intérêt excessif, ainsi que l'a noté, devant la mission, le
secrétaire d'Etat aux personnes âgées :
«
Dans un grand nombre d'établissements pour personnes
âgées et au moment de leur parution, il faut reconnaître
qu'elles ont plutôt suscité des remarques ironiques de la part de
certains médias -et pas les moindres- et même de certains
gériatres -et pas les moindres non plus- ! On se demandait si le
ministre n'avait rien d'autre à faire, aux responsabilités qui
étaient les siennes, que d'envoyer une circulaire à tous les
préfets pour faire boire les personnes
âgées !
»