QUATRIÈME TABLE RONDE :
COMMUNIQUER AUTREMENT POUR VALORISER LES BIENFAITS DU VIN SUR LA SANTÉ

1. M. Jean-Marc Orgogozo, chef de service neurologie à l'Hôpital Pellegrin de Bordeaux, président du groupe d'experts « Vin et Santé » de l'OIV

Je vais tenter de vous résumer les principales publications sur le sujet du vin, de l'alcool et de la maladie d'Alzheimer. Ces travaux ont été initialement effectués par le Service de Neurologie du CHU Pellegrin, et par l'unité INSERM d'épidémiologie 330 : c'est la conjonction des connaissances neurologiques et de la démarche épidémiologique qui a permis de découvrir un effet tout à fait inattendu de la consommation de vin sur la démence d'Alzheimer.

La démence au sens neurologique n'est pas ce que connaît le grand public. C'est la détérioration intellectuelle des personnes âgées, ce que l'on appelait autrefois le gâtisme, considéré alors comme normal. Cela s'accompagne de troubles croissants de la mémoire. Compte tenu du vieillissement des populations, cela devient un problème important et l'objet de nombreuses recherches.

Parmi les causes de démence, nous trouvons :

- la maladie d'Alzheimer, qui a été décrite pour la première fois chez une personne de 50 ans ;

- les lésions vasculaires du cerveau qui, en s'accumulant, perturbent les fonctions mentales ;

- différents syndromes, comme celui de Korsakov, que l'on rencontre notamment chez les alcooliques, ce qui explique pourquoi on a longtemps compté l'alcoolisme sévère et chronique parmi les causes de démences.

Nous avons cherché à vérifier l'idée que la consommation modérée d'alcool diminue le risque cardiovasculaire et la mortalité totale en considérant aussi son effet sur les fonctions intellectuelles.

Nous avons travaillé sur des sujets âgés de plus de 65 ans, en Gironde et en Dordogne. L'objectif de l'enquête PAQUID est l'étude du vieillissement normal et pathologique du cerveau, la recherche des facteurs de risque et des facteurs de protection de la démence. Nous avons classé les sujets en non-buveurs, buveurs légers, buveurs modérés et gros buveurs, considérant que l'on pouvait craindre que, même à des doses très faibles, la consommation d'alcool entraîne les difficultés de mémoire.

Un premier article de notre équipe PAQUID paru aux États-Unis en 1993 avait déjà eu un énorme retentissement : il décrivait la prévention du déclin des fonctions cognitives chez les sujets qui buvaient modérément. L'intérêt de cette étude est qu'elle avait été menée à Bordeaux, sur des sujets buveurs du vin. On imagine le retentissement d'une telle étude, montrant pour la première fois que les gens qui buvaient modérément avaient un risque moindre de perdre la tête !

Dans l'étude complète, publiée en mars 1997, le risque de base étant de 1, les buveurs légers arrivent à 0,55 et les buveurs modérés à 0,25. Ces résultats ont fait la une du Times . Ils étaient en quatrième page du Sud-Ouest !

Après un orage médiatique pendant quelques semaines, l'intérêt est retombé. Il est difficile de trouver à financer des recherches sur le vin et l'alcool, du fait de la nature de ces produits ; il existe très peu de collaboration avec les milieux professionnels en raison de l'absence de très grandes entreprises, contrairement au milieu de la bière ou des spiritueux.

L'étude s'est néanmoins prolongée, et les résultats obtenus au bout de huit ans ont confirmé les résultats préliminaires. On constate que la prévention de la maladie d'Alzheimer nécessite des consommations un peu plus élevées que celle de l'infarctus du myocarde.

Sur treize années d'études, il apparaît qu'il n'y a pas de différence entre les non-buveurs et les buveurs légers pour la maladie d'Alzheimer. C'est à partir de trois ou quatre verres par jour que le bénéfice apparaît et augmente avec le temps. C'est ce que l'on appelle un risque proportionnel, ce qui suggère, en épidémiologie, une relation causale. Il nous a ainsi fallu cinq ans pour trouver une seule femme buveuse ayant déclaré la maladie d'Alzheimer.

Une étude similaire a été menée à Rotterdam, sur 5.400 sujets de plus de 55 ans. Elle a démarré en 1992 et présentait déjà des résultats concordant avec les nôtres en 1997, mais cinq années supplémentaires ont été nécessaires pour l'évaluation des différents effets de la consommation et la publication des résultats. Les résultats indiquent que les différences ne sont pas significatives : le facteur protecteur n'est donc pas propre au vin, mais à l'alcool, la démence vasculaire étant également moins fréquente chez les buveurs.

Parue aussi en 2002, une étude canadienne a comparé l'apparition de démence liée à la consommation d'alcool de tous types. Chaque fois qu'une telle étude est menée dans un pays du Nord du continent américain, les résultats montrent que les quantités protectrices sont de l'ordre d'un verre par jour, alors que dans les pays du Sud elles sont de deux à trois. La raison principale de cette différence est que les Nordiques « mentent » car dans ces pays, boire est mal vu, de sorte que les gens ont tendance à sous-déclarer leur consommation. L'étude canadienne corrobore cependant l'hypothèse qui avait été émise à la suite de notre travail : le vin réduit notablement les risques, alors que la bière et les spiritueux ne les réduisent que très peu.

Il est étonnant de constater que les résultats de l'étude menée à Rotterdam, pourtant publiés dans Le Lancet, n'ont eu aucun écho. Je suppose que s'il ne s'agit pas de vin, comme c'était le cas, cela n'intéresse pas le public, donc les journalistes.

Il reste que, en termes de communication, les résultats sont clairement à l'avantage du vin.

2. M. Michel Bernard, président de Vin et Société et président d'InterRhône

Vin et Société rassemble l'ensemble de la filière viticole française, y compris le négoce. Notre action repose finalement sur deux principes : d'une part, il faut distinguer le vin des autres alcools, quoiqu'en pense l'INSERM ; d'autre part, nous ne voulons promouvoir qu'une consommation socialement responsable et respectueuse des règles de santé publique.

Quelques principes permettront de mieux présenter notre position.

• Il faut stigmatiser les mauvais comportements plutôt que de diaboliser un produit. À la suite de la dernière campagne de la prévention routière, notre réaction a fait dire que le lobby des « pinardiers » allait encore empoisonner tout le monde sur la route ! Il ne s'agissait, bien entendu, pas de cela. Nous avons réagi parce que le vin, et seulement le vin, était directement visé.

• Dans notre civilisation, Rousseau n'est peut-être pas complètement mort et l'on pourrait songer à éduquer et à positiver plutôt qu'à détruire et à faire peur.

• Dans le même ordre d'idées, nous pensons qu'il convient d'apprendre au citoyen la différence entre l'usage, l'abus et la dépendance.

• Enfin, notre quatrième principe est un écho à certains propos entendus ici ce matin : nous ne voulons pas axer notre communication uniquement sur la notion de santé. Nous voulons nous appuyer sur un triptyque : la culture, l'hédonisme, puisqu'il n'est pas interdit de se faire plaisir, et, accessoirement, la santé.

Concrètement, la filière aura bientôt fait un grand pas. En effet, avec l'Agence française d'information du vin (AFIVIN), où figurent en bonne place ONIVINS, l'ANIVIT et le CNIV, ainsi que tous les autres organismes de la filière, nous mettons en place un programme de communication et d'information, avec l'aval - et même la bénédiction ! - de la Commission européenne. Pour la première fois depuis des décennies, il y aura une communication unique sur le vin en général. Remercions-en les acteurs. De plus, un programme important se construira, avec 1,3 million d'euros sur trois ans. Je ne veux ni ne peux en dévoiler aujourd'hui les détails, ne serait-ce que parce tout n'est pas encore réglé, mais je ne peux résister au plaisir de vous en communiquer quelques lignes, sachant que certaines pourront être modifiées.

L'objectif de cette démarche sera d'informer, d'éclairer et d'engager un dialogue avec les différents publics, afin de développer la connaissance du produit et de diffuser des analyses objectives sur une consommation socialement responsable.

Le volet promotion auprès du grand public, l'un de nos deux axes, sera fonction du budget dont nous disposons, donc relativement réduite.

L'autre axe sera la multiplication des actions auprès de la restauration, des autorités médicales et scientifiques, des journalistes et des leaders d'opinion. Une brochure sera éditée, relayée par un site Internet. Toutes les informations scientifiques que nous diffuserons auront bien sûr été au préalable validées par un conseil scientifique, qui reste à mettre en place. Il est hors de question de se livrer à de la propagande !

Nous nous rapprocherons également des cavistes, de la grande distribution et des responsables de la restauration collective. Nous essaierons de nouer avec les autorités médicales et scientifiques une nouvelle forme de dialogue.

En ce qui me concerne, je succède à ce poste à Philippe Feneuil, que vous avez rencontré ce matin, et ceci depuis deux ans. Il est frustrant de voir que nous passons fréquemment pour des « comiques » ! Ainsi, alors que nous nous trouvions un jour devant des responsables du service santé au ministère, où l'on nous expliquait, qu'à partir d'un verre, on prenait des risques, j'ai cru intéressant de signaler qu'à mon retour dans ma région, j'allais annoncer à mes collègues qu'il fallait arracher les vignes ! On m'a répondu que l'on avait bien obligé les paysans colombiens à changer de culture... Lorsque l'on en arrive là, c'est que les choses sont particulièrement mal engagées !

Enfin, nous voulons pouvoir nouer une nouvelle forme de dialogue. Nous sommes très sincèrement conscients que nous ne pourrons pas défendre le vin à long terme si nous commettons des erreurs, si nous enfourchons de mauvais chevaux.

Comme je vous le disais, nous sommes décidés à ne pas mettre la santé en première ligne mais, en contrepartie, nous demandons à être pris au sérieux et souhaitons que certaines analyses ou études ne donnent pas l'impression d'être menées « à charge », comme on pourrait le dire dans un tribunal !

Nous savons pertinemment que certains voudraient atténuer la portée du « paradoxe français » : seuls les fruits et légumes seraient bons ! Si la preuve en est, un jour, apportée, il nous restera au moins le plaisir et la culture. On ne peut pas occulter les différentes enquêtes épidémiologiques. A cet égard, une étude chinoise démontrerait que le vin n'est en rien meilleur que les autres alcools. Je me suis trouvé fort étonné d'apprendre que les Chinois s'intéressaient à cette question mais, après vérification, je me suis rendu compte que cette étude, qui concerne effectivement le vin, porte à 96 % sur le vin de riz : ce n'est pas vraiment notre sujet !

Voilà pourquoi nous sommes montés au créneau dans l'affaire de la sécurité routière, après avoir, pendant des mois, demandé un rendez-vous aux responsables ! Il a fallu que nous posions un recours pour l'obtenir immédiatement !

Nous ne sommes pas là pour lutter contre l'alcoolisme, mais nous voulons nous y associer. Nous sommes prêts à promouvoir une consommation socialement responsable, et sommes tout à fait d'accord pour ne passer que des messages convenant aux autorités en charge des problèmes de santé dans ce pays. Ce sera la règle du jeu, et nous sommes persuadés que si, de part et d'autre, nous parvenons à travailler en bonne intelligence, nous pourrons alors communiquer correctement sur nos produits. Ceci devrait permettre d'éviter la baisse dramatique des chiffres de consommation. À l'heure où certains marchés d'exportation s'ouvrent, parce qu'ils ont entendu parler du French paradox , il est étrange que la France elle-même cherche à occulter ce « paradoxe français ». Devrons-nous faire comme les paysans colombiens, ce à quoi je ne vois pas d'intérêt, ni sur le plan de notre art de vivre ni sur le plan économique ?

J'appelle donc tous ceux qui ont en charge la santé ou la sécurité routière à participer avec nous à des débats objectifs et loyaux.

Notre programme de communication sera mis au point avant la fin de l'année. Pour la première fois, l'ensemble de la filière sera réunie derrière un seul et même message et derrière les mêmes actions.

3. M. Jean-Pierre Poulain, maître de conférence en sociologie à l'université de Toulouse

J'ai bien perçu la difficulté à faire passer et à crédibiliser un message scientifique sur la santé. Dire qu'il ne nous restera alors que le plaisir et la culture, c'est déjà énorme ! Cultivons donc cela !

Un texte issu d'un traité de psychiatrie publié dans les années 1980 pointe l'idéologie dominante dans la pensée hygiéniste de l'univers médical :

« Ni les lois, ni les interdits ni l'information ne suffisent pour lutter efficacement contre l'alcool. Il faut encore y adjoindre une éducation permanente visant à transformer les attitudes du public. Cela ne sera possible que dans la mesure où nous aurons modifié la symbolique qui se rattache à cette drogue.

Tant que l'alcool représentera la gaieté, l'amusement, le rire, la fête, la virilité, le romanesque, tant qu'il sera associé à l'entente, tant qu'il véhiculera des connotations séduisantes, nous devrons en subir les méfaits. C'est donc sur le plan de l'imaginaire qu'il faut agir, par une action permanente et concertée de tous les dirigeants, les éducateurs, les travailleurs sociaux, soutenus par les medias. À ce prix seulement on peut espérer changer la signification culturelle de l'alcool et vaincre ce fléau. »

La situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui dans notre rapport au vin est tout à fait ambiguë.

Observons la question : nous sommes face à un phénomène de double réduction du vin dans notre modernité. La première est un réductionnisme hygiénique, la seconde un réductionnisme culturel.

En ce qui concerne l'hygiénisme, l'idéologie dominante est que « derrière les discours favorables au vin, il y a les lobbies pinardiers ». La perspective hygiéniste fonctionne sur le principe que l'alcool est une drogue qui favorise les accidents de la route et l'alcoolisme. Le postulat de l'alcoologie contemporaine est que l'alcoolisme débute à la première goutte d'alcool.

Il ne faut pas prendre le volant lorsque l'on est alcoolisé : il faut le faire savoir et le faire respecter, mais cela ne veut pas dire que l'on ne peut pas boire !

Derrière le fait de pointer l'alcool comme une drogue se cachent des intentions plus ou moins intéressées. Peut-on conduire sous l'emprise d'autres modificateurs de l'état de conscience ? Les drogues douces sont aujourd'hui évoquées également, mais il existe des drogues douces remboursées par la Sécurité sociale. Qu'en est-il des pertes de compétences dues à l'âge ? Quelle politique ira s'engager sur ces questions ? Mais, en revanche, il est facile de faire applaudir une salle en diabolisant l'alcool !

Depuis trente ans, des travaux scientifiques sérieux, mais ténus et ambigus, font apparaître des liens positifs entre la consommation d'alcool ou de vin et la santé, mais il reste dans le monde médical un grand nombre de personnes ayant une vision très négative de la consommation d'alcool.

Nous sommes au début de travaux scientifiques solides : il en faudra encore beaucoup.

Faut-il boire deux verres par jour, comme nous le dit le discours modéré, ou prendre « une bonne cuite » de temps en temps ? Je ne sais pas. Les travaux présentés ne me paraissent pas arbitrer cette question.

Pour sortir de cette situation, il faut distinguer l'alcoolisme de l'alcoolisation, sous peine de rester prisonnier de l'idéologie de la lutte contre l'alcoolisme. Celui-ci se définit par la chronicité, par des doses importantes qui ont tendance à augmenter, par de l'addiction et par de la désocialisation : « on planque sa bouteille de pinard pour se la torcher en douce ! » L'alcoolisation est l'alternance entre des périodes de consommation et des périodes d'abstinence, ce qui suppose une capacité à être abstinent.

Venons-en à ce que vous appelez la culture du vin.

Lorsque l'on écoute un grand dégustateur, c'est souvent un peu agaçant. Mais lorsque simplement en respirant, l'alcool commence à faire son effet, cela devient intéressant. Quand on entend Peno dire qu'un jour il a senti sa langue « se révéler sous un Margaux » , nous sommes loin des quatre saveurs ! Nous sommes dans un autre rapport au vin, dans une dimension poétique.

Notre modèle de dégustation, et même notre façon de boire, sont colonisés par la dégustation oenologique. Celle-ci est raisonnable quand on conduit une vinification, elle a du sens lorsque l'on achète du vin, ou lorsque l'on s'initie au vin. Mais ce n'est qu'une première étape. Sinon, celui qui vient nous expliquer qu'il y a un tiers de carignan, un tiers de ceci et un tiers de cela nous ennuie profondément ! Ce n'est pas cela la culture du vin, c'est une sorte de simulacre de la démarche expérimentale ! Si vous voulez briller en société, vous avez trois cents mots à connaître : les vins de Touraine sentent la cerise ou, mieux, le noyau de griotte ! En fait, ce n'est pas là ce qui importe. Ce qui est intéressant, c'est que le vin vous ouvre la parole.

Cette conception refoule la dimension alcoolique. On en est arrivé là par peur de dire que le vin, c'est de l'alcool, mais on peut fréquenter l'alcool culturellement. Dans l'histoire de la gastronomie, le vin est un aliment que l'on incorpore. Il renferme des dimensions symboliques que nous nous approprions. C'est un formidable lubrifiant social. Nous avons une très belle histoire de la viticulture, nous devons faire l'histoire des modes de consommation.

Avant la Révolution, on boit les vins coupés d'eau afin de permettre la montée de l'ivresse. Nous avons une culture de la griserie, cet état où les choses commencent à changer et vous permettent de dialoguer, de dire des choses que vous ne pourriez dire autrement. Nous avons une fréquentation de l'ivresse extrêmement importante. Retirez l'ivresse de la culture française et vous videz la Bibliothèque Nationale !

L'alcool a donc des fonctions socialisantes.

L'alcool a aussi des fonctions d'historisation. Lorsque vous avez bu, le rapport au temps change, le temps linéaire et pressé se calme, devient cyclique.

L'alcool a des fonctions poétiques. « De toute évidence l'alcool est un facteur de langage. Bacchus est un dieu bon, en faisant divaguer la raison, il empêche l'ankylose de la logique et prépare l'invention rationnelle », écrivait Bachelard. Regardez les films de série B : le personnage « prend une cuite » et il comprend ce qu'il n'aurait pas compris autrement !

Freud disait : « Le surmoi est la seule instance de l'appareil psychique soluble dans l'alcool. » Oui, cela transforme complètement notre rapport au désir et à la réalité.

Du point de vue anthropologique, il n'y a pas de société sur le globe qui n'utilise pas des modificateurs d'état de conscience, que ce soit des drogues, de l'alcool ou... des prières ! Ces modificateurs d'état de conscience remplissent des fonctions sociales, les nier serait stupide et dangereux. En attaquant l'alcool ou le vin, nous qui avons une culture de la fréquentation de ces produits, nous faisons le lit d'autres modificateurs d'état de conscience, dont certains sont remboursés par la Sécurité sociale, d'autres pas.

Avec la culture du vin et celle de l'alcool, nous disposons d'un capital important qu'il nous faut préserver.

4. M. Gérard Delfau, sénateur de l'Hérault, président du groupe de travail sur l'avenir de la viticulture française

En publiant le rapport de notre groupe de travail sur l'avenir de la viticulture française, nous avons voulu mettre au clair tous les débats que la filière dans son ensemble doit engager sur le plan économique : le pilotage par l'aval, l'effort en matière de commercialisation, la simplification des catégories réglementaires. En prenant comme sujet l'avenir de la viticulture française, nous avons voulu faciliter la prise de décisions.

Est revenue sans cesse, comme un remord ou une obsession, le thème « vin et alcoolisme - vin et sécurité routière ». Les professionnels se faisaient l'écho de ces questions en se demandant comment et jusqu'où revenir sur la loi Évin, dans un contexte très négatif. Ainsi, ce sujet « Vin, Santé et Société », devait-il donner lieu à débat, non seulement entre nous, mais aussi avec l'ensemble des composantes de la filière, tous les chercheurs et spécialistes, dotés de toutes les compétences. Certains ont estimé que ce débat ne pourrait pas avoir lieu, parce qu'il déclencherait des anathèmes, ou que certains acteurs ne voudraient pas y participer. Nous ne pourrions notamment pas réunir dans une même salle les professionnels de la santé et ceux de la filière viticole...

Nous nous sommes obstinés, estimant que le Sénat était le lieu qui pouvait accueillir ces échanges.

Ce débat s'est donc tenu aujourd'hui, avec le concours de représentants éminents des institutions et de la filière viticole. Mais il n'est pas clos. Nous constatons que la maturité nécessaire n'est pas encore atteinte sur certains sujets, de manière à éviter les anathèmes, les incompréhensions ou les fausses pistes.

Peut-on dire à la filière qu'il faut reconquérir des parts de marchés et défendre nos produits sans affirmer que ce combat est digne, conforme à notre génie, et qu'il n'est pas contraire à la santé publique ? Notre rôle de parlementaires n'est pas de donner des solutions, mais de faire en sorte que cette conscience progresse, que le message soit affiné et que les positions convergent pour arriver à un langage commun, dont nous nous sommes approchés aujourd'hui.

Une fois toutes les précautions prises dans l'analyse et le message, la civilisation française doit-elle se diriger vers une philosophie hygiéniste, ou doit-elle faire preuve de maturité en termes de santé publique et préserver la dimension hédoniste qui la caractérise ? Cette question implique que l'on continue d'avancer.

Continuons, persévérons, dépassons les controverses, travaillons ensemble, sereinement, comme je vous remercie de l'avoir fait aujourd'hui.

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