2. Par un accès préférentiel aux marchés des pays développés
La mission d'information estime que les pays développés devraient s'efforcer de ne plus soutenir les productions pour lesquelles ils n'ont pas de véritable vocation , et qui ne subsistent que parce qu'elles sont subventionnées. Ces soutiens tirent leurs prix à la baisse, au détriment des pays pour lesquels ces productions sont déterminantes. Les productions des pays développés pourraient, dans ce cas, être remplacées par des importations.
C'est notamment le cas, s'agissant de l'Union européenne et des Etats-Unis, de la culture du coton . Le CIRAD a indiqué que la production européenne de coton représente environ 500 000 tonnes, soit plus de la moitié de l'ensemble des exportations de coton des pays ACP (900 000 tonnes).
La mission d'information soutient également la proposition, formulée notamment par M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de restaurer des préférences commerciales spécifiques dans le domaine agricole en faveur des pays les pauvres. Il s'agirait de reconnaître des avantages particuliers à ces pays plutôt que d'ouvrir largement et indistinctement notre agriculture aux échanges internationaux , au grand bénéfice des pays exportateurs développés du Groupe de Cairns.
L'Union européenne avait, de longue date, établi un dispositif commercial très ouvert au profit des pays en développement de la zone ACP : les conventions de Lomé permettaient à la quasi-totalité de leurs produits d'être importés à droits nuls, sans obligation de réciprocité.
Ce dispositif a toutefois progressivement perdu son caractère préférentiel du fait de la baisse générale des droits de douane imposée dans le cadre du GATT, puis de l'OMC.
En outre, l'OMC a conduit à la redéfinition des relations de l'UE et des ACP. Ainsi, l'accord de Cotonou, signé en juin 2000 entre l'Union et 77 pays ACP, prévoit d'introduire la réciprocité des concessions commerciales, de sorte que l'agriculture de ces pays sera davantage exposée à la concurrence des exportations agricoles européennes.
Cette évolution n'est pas favorable au développement de secteurs agricoles autonomes dans les pays les plus pauvres. C'est pourquoi, la mission d'information en appelle à une réhabilitation des préférences commerciales spécifiques, afin que l'ouverture des pays développés bénéficie d'abord à ceux qui en ont le plus besoin .
Enfin, les membres de la mission d'information suggèrent que des partenariats entre pays développés et pays en développement soient instaurés dans le but d'orienter les échanges en fonction des besoins du marché . A titre d'exemple, compte tenu de son important déficit en protéines végétales, l'Union européenne aurait tout intérêt à promouvoir, dans certains pays, la production d'oléagineux destinés à alimenter son marché.