I. TRAITER SCIENTIFIQUEMENT LES PROBLEMES SCIENTIFIQUES
Cela suppose des actions dans le domaine de la recherche ainsi que dans celui de la formation et de l'information.
A. LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
1. La recherche en biologie
a) Gammes de signaux et de fréquences
•
Avec les émissions de radiodiffusion (FM, TV...), les signaux de type
GSM (900 et 1800) restent, et cela pour plusieurs années encore, les
plus présents dans l'environnement. Ce sont aussi les signaux les plus
étudiés en laboratoire en rapport avec des effets biologiques
éventuels. Pour ces raisons, l'étude des effets des expositions
à l'aide de ces signaux devrait être complétée par
des études de réplications des résultats positifs et des
thèmes nouveaux.
• Les études doivent aussi porter sur les signaux UMTS qui seront
bientôt utilisés pour la troisième
génération.
• Les effets éventuels des signaux à plus haute
fréquence qui seront utilisés en communications sans fil
(Bluetooth, ondes millimétriques) pourront être ensuite
étudiés avec profit.
b) Thèmes des recherches
Seules
les recommandations prioritaires sont données ci-dessous. Les autres
sont détaillées dans le rapport Zmirou ou le projet EMF de l'OMS.
Au vu des résultats récents publiés ou rapportés,
les thèmes suivants sont à aborder ou à poursuivre en
priorité :
Action sur les tissus les plus exposés
Tissus exposés au téléphone mobile lors du placement du
téléphone mobile :
- sur l'oreille : peau (mastocytes et cellules de Langerhans, en
particulier), dure-mère (méninge), vaisseaux sanguins,
- ou à l'écart de la tête (utilisation du kit
mains-libres et liaisons radios de type Bluetooth).
Neurophysiologie
- perméabilité et inflammation de la barrière
hémato-encéphalique et de la dure-mère,
- neurotransmetteurs et métabolisme du cerveau.
Protéines de choc thermiques
Les Protéines de choc thermiques (HSP en anglais) sont des
molécules « chaperones » qui protègent les
autres protéines. Quelques résultats tendent à montrer que
l'expression de ces HSP est augmentée sous l'effet de l'exposition aux
signaux des téléphones mobiles. Il faut donc s'en assurer,
préciser les conditions d'obtention de ces effets (quelles cellules,
quels tissus, quelles expositions ?) et évaluer les
conséquences sanitaires éventuelles. Ce type de recherche doit
être effectué sur des modèles in vitro et in vivo
pertinents (cellules cérébrales en particulier).
Rôle de l'âge
La question est souvent posée de la sensibilité des enfants aux
micro-ondes en raison de la morphologie de leur tête et de leur organisme
en développement. La question se retrouve en partie au niveau des
personnes âgées dont l'organisme est affaibli. Or, à
l'heure actuelle la plupart des études humaines sont faites sur des
volontaires masculins jeunes. Certaines études devraient être
effectuées en fonction de l'âge chez des volontaires (après
avis des comités d'éthique) et des animaux : système
immunitaire, réparation de l'ADN, sommeil, mémoire, etc...
Synergie possible des micro-ondes avec certains facteurs physiques ou
pathologies
- pathologies chroniques ou aiguës, ou prédispositions (par
exemple : syndromes cutanés, affections neurologiques et en
particulier neurodégénératives, hypertension, animaux
« knock-out » pour certains gènes,
(53(
*
))
etc.) ,
- autres radiations (UV, radiations ionisantes),
- facteurs chimiques reconnus comme tératogènes,
cancérigènes ou immuno-déprimants.
Symptômes subjectifs
En raison des plaintes nombreuses enregistrées, en particulier en
rapport avec l'exposition aux stations de base, des études en
laboratoire ont eu lieu chez des volontaires sur les symptômes subjectifs
(maux de tête, sensations de chaleur, fatigue, etc.). Elles se sont
révélées, jusqu'à présent, négatives
mais il reste à vérifier que des prédispositions
décelées ne sont pas la source de problèmes réels.
A cette fin, des expériences réalisées en laboratoire sous
exposition aux signaux des téléphones mobiles et/ou des stations
de base sont nécessaires. Même si ces expériences se
révèlent, elles aussi, négatives, cela ne signifie
aucunement que les personnes se plaignant de symptômes subjectifs ne
doivent pas bénéficier d'une écoute attentive et d'un
soutien psychologique car leur mal être est réel.
Hypersensibilité
Certaines personnes se disent hypersensibles à
l'électricité (lignes à haute tension, écrans,
téléphones mobiles, etc.), et il demeure nécessaire de
comprendre la réalité du phénomène afin de mieux
accueillir ces personnes et prendre en charge leur mal-être. Les
études cliniques sur ces personnes hypersensibles ont donné des
résultats négatifs, mais la recherche doit continuer à
partir de l'étude de cas individuels en milieu hospitalier.
c) Moyens de recherche
Dans un premier temps, et sans préjuger des possibilités qui pourraient être offertes par la Fondation évoquée dans la troisième partie de ce chapitre, il est indispensable que les Ministères de la Santé, de la Recherche et de l'Industrie cofinancent, conformément à leur engagement, la suite du programme Comobio. Le coût de ce projet, qui comporte des recherches biologiques et cliniques, est évalué à 1 million d'euros par an.