2. Une offre peu lisible pour le consommateur

a) Une offre très variée

La grande diversité de l'offre française de vins est difficilement cernée par les consommateurs français et, a fortiori, par les consommateurs étrangers.

On dénombre aujourd'hui pas moins de 450 appellations d'origine différentes et 127 dénominations de vins de pays, sans compter la catégorie des vins de table.

En outre, les deux grandes familles de vins ne sont elles-mêmes pas homogènes. Parmi les vins AOC, il faut tenir compte de subtilités comme le classement en crus.

Force est de constater que , confronté à une telle diversité de produits, le consommateur éprouve de plus en plus de difficultés à se repérer.

C'est ce qu'atteste une enquête publiée en 1995 par l'ONIVINS et l'INRA de Montpellier. Réalisée auprès de l'ensemble de la population de plus de 14 ans, cette enquête visait à évaluer la connaissance par les Français des catégories réglementaires applicables aux différentes vins.

Il en ressort que 35 % des consommateurs interrogés ignorent ce que signifient les trois lettres « AOC » . En outre, parmi les 65 % restant, 17 % n'ont pas été en mesure de citer un exemple de vin d'appellation.

Dans le cas des vins de pays, si la connaissance du concept semble meilleure, puisque seuls 25 % des consommateurs ne le connaissaient pas, la capacité à fournir un exemple est, en revanche, bien inférieure : 60 % des consommateurs affirmant connaître la dénomination « vins de pays » n'ont pas su donner un exemple de ces vins.

LA CONNAISSANCE DES VINS
PAR LES CONSOMMATEURS FRANÇAIS

Appellations d'origine contrôlée

Vins de pays

Connaissance déclarée du concept

65 %

76 %

Exactitude de l'exemple fourni (1)

83 %

40 %

Source : Enquête ONIVINS/INRA, 1995
(1) Part de réponses justes dans les réponses exprimées

Par ailleurs, l'enquête fait apparaître la confusion fréquente des différentes catégories de vins : les AOC sont citées comme des vins de pays ou encore comme des marques.

Enfin, l'analyse de la fréquence d'apparition des différentes dénominations révèle que 107 exemples d'AOC sont cités au moins une fois par les personnes interrogées, ce qui correspond à seulement un quart de l'ensemble des appellations d'origine vinicoles en France. S'agissant des vins de pays, 34 exemples ont été donnés, soit, là encore, 25 % des dénominations existantes.

b) Un étiquetage complexe

L'étiquetage en vigueur en France et, plus largement, dans l'Union européenne -puisque cette réglementation relève aujourd'hui du droit communautaire- autorise l'utilisation de multiples mentions.

Selon la réglementation en vigueur, deux types de mentions sont susceptibles d'être apposées sur les étiquettes :

- les mentions obligatoires

Doivent être obligatoirement mentionnées sur chaque étiquette :

- la dénomination, c'est-à-dire le type de vin (vin de table, vin de pays suivi du nom de ce pays ou appellation d'origine contrôlée suivie du nom de l'aire d'appellation) ;

- le titre alcoométrique ;

- le volume ;

- le nom et l'adresse de l'embouteilleur, accompagnés de sa qualité ;

- la mention « produit de France » ou une mention analogue pour l'export ;

- le numéro de lot dont relève la bouteille.

- les mentions facultatives réglementées

Ces mentions ne figurent pas obligatoirement sur l'étiquette. Elles peuvent toutefois être utilisées, à condition d'être garanties par le respect d'un cahier des charges.

Il s'agit, par exemple, de la marque ou du nom de l'exploitation (château, domaine), de l'indication de la couleur, du cépage, du millésime, du mode d'élaboration (« élevé en fût de chêne ») ou encore de mentions traditionnelles -telles que le classement en cru, l'indication « primeur » ou « vendanges tardives »-.

Il convient de souligner que le recours à ces mentions facultatives est plus limité pour les vins de pays que pour les AOC, et même exclu pour les vins de table. Des exemples d'étiquettes de chaque catégorie sont reproduites en annexe 2.

Pour les consommateurs non avertis, qui ignorent déjà bien souvent la signification des mentions facultatives, cet étiquetage à géométrie variable apparaît peu lisible.

Cependant, le dispositif en vigueur jusqu'à présent avait au moins le mérite d'être cohérent, puisque toutes les mentions qui n'étaient pas autorisées étaient interdites.

Ce principe de la liste positive vient d'être remis en cause par le nouveau règlement 11 ( * ) communautaire relatif à l'étiquetage pris en application du règlement de 1999 relatif à la réforme de l'O.C.M. viti-vinicole.

Dès l'entrée en vigueur de ce texte, prévu pour le 1 er janvier 2003, les opérateurs pourront utiliser librement toutes les mentions qui ne sont pas réglementées, avec comme seule contrainte de pouvoir prouver l'exactitude de la mention apposée et d'éviter qu'il y ait tromperie ou confusion sur la nature du produit.

Il est à craindre que l'application de ce texte libéral, pour ne pas dire dérégulateur , introduise une confusion plus grande dans l'esprit des consommateurs, en encourageant l'apparition de nouvelles mentions, plus ou moins farfelues , telle que « vendanges d'antan ». Au risque de décrédibiliser l'ensemble des mentions existantes.

* 11 Règlement (CE) n° 753 de la Commission du 29 avril 2002 fixant certaines modalités d'application du règlement (CE) n° 1493/1999 du Conseil en ce qui concerne la désignation, la dénomination, la présentation et la protection de certains produits vitinicoles.

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