c) Une absence d'anticipation de la crise
« Quand on cherche, on trouve » : l'aphorisme particulièrement juste de M. Jean Glavany aurait gagné à être prononcé dès le début de l'année 2000. La commission d'enquête estime qu'il aurait été souhaitable de lancer une grande campagne d'information et de communication au sujet du programme des tests mené dans le Grand Ouest, pour expliquer que ce programme, réservé aux bovins à risque, allait probablement permettre de « trouver » des cas positifs, passant jusqu'alors inaperçus dans le cadre du réseau traditionnel d'épidémio-surveillance 82 ( * ) .
L'annonce d'une multiplication du nombre de cas a ainsi été faite, sans anticipation ni explication à l'opinion publique, qui a pu croire à une explosion de la maladie, alors que tout porte à croire, une fois de plus, que les bovins testés positifs en 2000, nés dans les années 1993-1995, constituent le pic de progression de l'ESB.
La crise a été également l'occasion pour les consommateurs de prendre conscience de l'internationalisation des marchés agricoles. Les parents n'avaient probablement pas conscience que la viande mangée par leurs enfants dans les cantines des écoles était de la vache de réforme allemande ou espagnole, à bas prix, dont la traçabilité est bien inférieure à la viande qu'ils achètent le samedi en grande surface...
Faute d'avoir anticipé, les responsables publics ont été acculés à la défensive, et pris dans la spirale de l'irrationalité. Dans l'impossibilité de dire clairement : « le risque est derrière nous, les cas du nouveau variant sont à venir mais ils seront en très petit nombre » , ils n'ont pu que multiplier des mesures destinées davantage à rassurer le consommateur : embargo sur la viande bovine anglaise en 1996, retrait des bovins non testés de plus de 30 mois en 2000...
* 82 Le compte rendu de la réunion interministérielle du 6 juin 2000 montre que le ministère de l'agriculture et de la pêche a pourtant retenu l'agence Euro RSCG « pour le conseiller dans le choix des modalités de sa communication sur ce programme ». Le moins que l'on puisse dire est que ce « conseil » ne s'est pas avéré très efficace ; c'est d'ailleurs cette agence qui recommandait de « limiter le nombre d'acteurs participant à la communication du programme de recherches ».