2. Une conjoncture médiocre
Le poids des contraintes naturelles que supporte la Syrie s'est particulièrement fait sentir en 1999, année marquée par une sécheresse exceptionnelle (avec des précipitations inférieures de 25 à 65 % selon les régions à la moyenne des vingt dernières années).
Malgré les incertitudes des statistiques syriennes, la production agricole aurait baissé de 30 %. A titre d'exemple, les récoltes de blé et d'orge auraient été réduites de moitié entre 1998 et 1999 (respectivement, de 4,1 millions de tonnes à 1,7 million de tonnes, de 870 000 tonnes à 400 000 tonnes). Compte tenu du poids de l'agriculture dans l'économie syrienne, le produit intérieur brut s'est contracté de 8 à 9 %.
Les effets récessifs de la sécheresse n'ont pu être que partiellement compensés par le secteur pétrolier. Certes, celui-ci a bénéficié de la hausse des cours, mais le mouvement de lente décrue de la production n'a pu être inversé.
Enfin, la croissance a également souffert de la mise en oeuvre d'une politique budgétaire restrictive (le budget pour 1999 n'a été adopté qu'au début de l'année 2000) et de la réduction des dépenses publiques.
La baisse du PIB en 1998 et 1999, après trois années marquées par le ralentissement de la croissance (2 %, seulement, de 1995 à 1997), s'inscrit dans un contexte de forte croissance démographique (3,5 %). Quelque 300 000 jeunes se présentent chaque année sur le marché du travail. Une croissance supérieure à 7 % permettrait seule d'employer cette main d'oeuvre. Dans ces conditions, la présence de quelque 500 000 travailleurs syriens au Liban constitue un précieux exutoire pour l'économie syrienne.
En 2000, la Syrie devrait bénéficier d'une conjoncture plus favorable.
3. Des perspectives plus favorables
Malgré la sécheresse récurrente (moins accusée cependant qu'en 1999 -les précipitations ont représenté, au cours de l'hiver 1999-2000, 70 % de la moyenne des vingt dernières années), l'année 2000 devrait se présenter sous des auspices plus favorables, sous le double effet de la poursuite de la hausse du prix du pétrole et d'une politique budgétaire désormais orientée vers la relance.
Le budget 2000 prévoit une augmentation de 40 % des dépenses d'investissement du secteur public (irrigation, électrification), ainsi que la création de 24 000 emplois administratifs. En outre, parmi les premières mesures décidées à la suite de l'arrivée au pouvoir de M. Bachar al-Assad, figure le relèvement des traitements de la fonction publique.
Comment seront financées ces charges nouvelles ? La présentation du budget ne permet pas de répondre de manière assurée à cette question. Les recettes pétrolières, dont la progression devrait permettre de financer la hausse des dépenses d'investissement, ne figurent pas dans leur totalité dans le budget, non plus d'ailleurs qu'une partie des dépenses militaires. Ces particularités affectent quelque peu la signification du déficit officieux -le déficit budgétaire n'est pas publié- de l'ordre de 4,3 % du PIB.
En tout état de cause, la Syrie ne peut compter que sur des financements extérieurs limités . La dette extérieure publique de la Syrie s'élève, d'après les estimations de la Banque mondiale, à 4,7 milliards de dollars. Cependant, ce montant ne comprend pas la dette russe (12 milliards de dollars) contestée par la partie syrienne. En outre, si la Syrie a réglé ses contentieux financiers avec plusieurs de ses créanciers (France et Iran, en particulier), il lui reste encore à trouver un accord sur d'importants dossiers, notamment sur ses arriérés avec l'Allemagne.
La relance budgétaire pourrait s'accompagner d'une légère reprise de l'inflation (2 à 3 %), l'augmentation des importations du secteur public ne devrait pas en revanche peser sur les comptes extérieurs car elle sera sans doute plus que compensée par la hausse des cours du pétrole. L'excédent de la balance commerciale estimé à 561 millions de dollars en 1999 devrait ainsi se confirmer en 2000, pour atteindre 700 millions de dollars.
Dans cet environnement plus favorable, la croissance pourrait s'élever, en 2000, à 4 % et permettre ainsi une légère progression du revenu par habitant. L'inversion durable des tendances récessives observées en 1999 dépend, cependant, de la poursuite de réformes mises en oeuvre, jusqu'à présent, avec prudence.