Le miracle attendu des réacteurs " papier "
Les projets de réacteurs hybrides sont nombreux à prévoir pour la plupart l'incinération d'actinides. Le tableau suivant présente les consommations d'actinides mineurs affichées par les concepteurs.
Tableau 43 : estimation des quantités d'actinides mineurs transmutables en réacteur hybride 86( * )
nom du projet |
type de réacteur hybride |
quantités de déchets transmutés par an |
ATW
|
système hybride thermique |
actinides : 675 kg/an
|
ADFFT
|
système hybride thermique |
actinides : 550 kg/an |
ATP
|
système hybride rapide |
actinides mineurs : 250 kg/an |
FSMH
|
système hybride rapide |
actinides mineurs et technétium : |
FEA
|
système hybride rapide |
plutonium |
Les
chiffres annoncés paraissent avoir une vocation autant promotionnelle
que scientifique. En tout cas, aucune expérimentation n'a pour le moment
démontré leur vraisemblance. Mais au-delà de ces
considérations, certains experts estiment que les rendements ne pourront
dépasser une certaine limite. Dans certains cas, l'inventaire
d'actinides en réacteur, c'est-à-dire le stock de ces produits ou
de plutonium, pourrait augmenter en cours d'exploitation.
Une autre opinion a été récemment donnée par M.
Claude Détraz, directeur de l'IN2P3, à la commission
d'enquête de l'Assemblée nationale sur Superphénix et la
filière des neutrons rapide
87(
*
)
. Pour lui, un parc important de
réacteurs hybrides serait nécessaire pour transmuter les
actinides mineurs et les produits de fission issus des réacteurs
à eau pressurisée. L'ordre de grandeur de la quantité
d'actinides mineurs transmutables serait d'une tonne par an avec un
réacteur hybride dédié à l'incinération. Par
conséquent, l'ordre de grandeur du parc de réacteurs hybrides
qu'il serait nécessaire de construire, serait de 10 à 15
réacteurs hybrides, soit un réacteur hybride pour 4
réacteurs à eau pressurisée REP.
Pour autant, d'autres voies sont aussi explorées, afin de parvenir
à des rendements acceptables. Pour Jean-Paul Schapira, il est clair que
" la présence d'uranium dans les combustibles conduit non pas
à une destruction poussée des actinides mais à leur
stabilisation. La destruction poussée des actinides et
l'amélioration des taux de transmutation requièrent la
suppression de l'uranium et l'augmentation du produit de la section efficace
par le flux ainsi que l'augmentation du rapport
fission/capture "
88(
*
)
.
Deux types d'installations seraient donc envisageables pour détruire
d'une manière poussée les actinides : d'une part des
réacteurs où le combustible serait constitué uniquement
des actinides à détruire et donc sans uranium et d'autre part des
réacteurs à haut flux.
Les incinérateurs d'actinides présentent pour le moment des
performances médiocres : 18 % d'actinides détruits par an
environ. Les réacteurs à haut flux quant à eux utilisent
des combustibles à uranium hautement enrichi mais produisent
malgré tout du plutonium et des actinides mineurs, même si c'est
en quantité réduite par rapport aux réacteurs classiques.