Des options techniques et une sûreté encore bien floues
Les
études devraient permettre de choisir comme cycle du combustible soit le
cycle de l'uranium, soit celui du thorium, soit les deux. A cet égard,
les équipements existants et le retour d'expérience jouent en
faveur du cycle de l'uranium. Mais il faudra inclure dans les
évaluations financières, les investissements nécessaires
pour mettre en oeuvre un autre cycle.
La question du fluide caloporteur est d'autre part un point
particulièrement épineux. Pour des motifs d'acceptabilité
par l'opinion, la tentation est grande d'envoyer le sodium au purgatoire des
solutions techniques jugées inadéquates pour des raisons qui
n'ont rien à voir avec la rationalité technique.
Or la France a accumulé un capital de connaissances et
d'expérience considérable au cours de l'exploitation de
Phénix et Superphénix. Alors que la corrosion des aciers par le
plomb fondu est connue comme étant particulièrement violente,
l'achat à la Russie des technologies correspondantes - plomb fondu ou
eutectique plomb-bismuth - paraît davantage relever de la volonté
de subventionner la recherche de ce pays que d'un choix raisonné.
Enfin, les questions de sûreté semblent être un point
à ne pas négliger. La première question est celle de la
fenêtre, c'est-à-dire le dispositif séparant
l'accélérateur où règne le vide du milieu
sous-critique à haute température, fenêtre par laquelle
passent les neutrons injectés dans le réacteur.
Par ailleurs, une thèse récente
72(
*
)
indique que
" la
sous-criticité en mode de fonctionnement normal du réacteur au
cours du temps ainsi que la sûreté du système à
l'égard des hauts flux neutroniques mis en jeu méritent
d'être revérifiées au niveau local dans le coeur. En effet
les simulations fournies par le code de calcul Géant indiquent que le
système ne se trouve pas prémuni contre les accidents de
criticité ".
Le même auteur ajoute plus loin
:
" les moyens de couplage neutronique rapide entre
l'accélérateur et le réacteur (rétroaction)
demeurent imprécis. Quel sera le temps de réaction entre la
nécessité de rupture du faisceau et sa rupture effective ?
Ainsi de nombreux projets (de réacteurs hybrides) ne mentionnent pas les
moyens de gestion neutronique du coeur. Le risque d'accident dû à
un fonctionnement mal maîtrisé de l'accélérateur
n'est pas négligeable ".