B. QUEL AVENIR POUR LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES ADDUCTIONS D'EAU (FNDAE) ?
L'article 31 du projet de loi de finances prévoit d'une part l'institution d'un prélèvement de solidarité pour l'eau et son affectation à un nouveau compte d'affectation spéciale le Fonds national de l'eau (FNE). Ce FNE, issu de la modification du compte d'affectation spéciale n° 902-00 intitulé " Fonds national de développement des adductions d'eau ", n'entraîne pas la suppression de celui-ci mais devient, à côté du fonds de solidarité pour l'eau, une des deux sections du nouveau FNE.
1. Retour sur le FNDAE, un compte sous contrainte
Le
FNDAE, créé en 1954, est un compte spécial du
Trésor géré par le
ministère de
l'agriculture.
Initialement destiné à apporter une
aide financière aux
communes rurales
dans le domaine de
l'adduction d'eau
, son
intervention a été étendue en 1979 à
l'assainissement
.
Ce fonds est alimenté par deux ressources, une redevance sur les
consommations d'eau distribuée dans les communes
bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable et un
prélèvement sur les sommes engagées au Pari Mutuel Urbain.
Le rôle du FNDAE est d'abord de contribuer
aux investissements
importants
effectués par les communes rurales dans ce domaine. Il
convient aussi de noter le rôle du FNDAE dans le domaine de la
solidarité nationale face aux intempéries, car il vient en aide
aux départements touchés par les phénomènes
naturels.
Les besoins d'investissements pour l'adduction et surtout pour
l'assainissement restent très élevés
-notamment en
raison du renforcement des contraintes réglementaires en matière
de qualité de l'eau et de collecte et de traitement des eaux
résiduaires urbaines.
L'effort des collectivités locales dans ces différents
domaines est retracé dans le tableau ci-après qui concerne
l'année 1997 et le compare avec le niveau des dépenses de l'Etat.
Pour les seules communes rurales, il s'est élevé à
8,5 milliards de francs par an sur la période 1990-1994, est
évalué à 11,5 milliards de francs par an pour la
période 1995-1999.
Dépenses publiques dans le domaine de l'eau
1997
(en milliards de francs)
Collectivités locales |
75,7 |
dont :
|
46
|
Agences de bassin |
10,4 |
Etat |
1,9 |
dont : |
|
- Budget général |
0,9 |
- FNDAE |
1 |
Total |
88 |
a) Une évolution incertaine des ressources du fonds
L'évolution du FNDAE a été peu
favorable
depuis 1997.
Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1996, afin de
préserver le niveau des moyens financiers du FNDAE, le Sénat
avait proposé un relèvement de la redevance sur les consommations
d'eau. Le gouvernement avait accepté de réviser le montant de
cette redevance qui passait ainsi de 12,5 centimes par mètre cube
à 14 centimes par mètre cube, soit une révision
limitée d'un centime et demi. Elle devait procurer au fonds, en 1996,
18 millions de francs de ressources supplémentaires, l'effet de ce
relèvement ne jouant pleinement qu'à compter de 1997 en raison de
la périodicité semestrielle des facturations. En 1997,
l'évolution des ressources du compte a donc été
plutôt dynamique : elles ont progressé de 8,5 %.
Evolution des recettes du FNDAE
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 (1) |
Ligne 01 - Produit de la redevance sur les consommations d'eau |
542,4 |
501,3 |
540 |
Ligne 02 - Annuités de remboursements des prêts |
0 |
0 |
0 |
Ligne 03 - Prélèvements sur le produit du pari mutuel |
554,3 |
457,9 |
445 |
Total |
996,7 |
959,2 |
985 |
Source : prévisions de la loi de finances
initiale
(1) Prévisions.
Cependant comme le montre le tableau ci-dessus l'évolution des produits
affectés au fonds a été défavorable en 1998
puisqu'ils ont diminué de 3,8 % enregistrent une moins-value de recettes
de 21,8 millions de francs par rapport aux prévisions de la loi finances
pour 1998. Du même coup, les évaluations retenues pour 1999
peuvent d'ores et déjà apparaître exagérément
optimistes.
On observe même une nouvelle diminution des recettes perçues au
premier semestre 1999 par rapport à la performance du premier semestre
de l'année précédente. Elle provient de la ligne
"redevances", en baisse de 5,5 %, tandis que le prélèvement
sur le PMU est en ligne avec les prévisions.
Recettes sur les six premiers mois de l'année
(en millions de francs)
|
1999 |
1998 |
Evolution (%) |
Redevance |
204,95 |
216,85 |
- 5,5 |
Prélèvement sur le pari mutuel |
238,04 |
237,34 |
+ 0,03 |
Total sur six mois |
442,99 |
454,19 |
- 2,5 |
Au
total, les recettes pourraient s'élever "in fine" à
958 millions de francs en 1999, soit à un niveau un peu
inférieur à celui estimé de 1998 (la moins-value serait de
1,2 millions de francs) et très sensiblement moins
élevé que celui de la prévision de recettes pour 1999,
qui, avec 985 millions de francs, excéderait de 27 millions
les recettes effectives
Dans ces conditions, la prévision de recettes pour 2000 qui comporte une
baisse du produit de la redevance de 7,2 % apparaît plus
réaliste que l'an dernier.
Comparaisons des prévisions de recettes pour 2000
(en millions de francs)
|
Niveau |
Variations 2000/1999 |
Redevance sur les consommations d'eau |
501 |
- 7,2 |
Prélèvement sur le produit du PMU |
457 |
+ 2,7 |
Une conclusion s'impose, le FNDAE est resté sous la contrainte permanente de recettes aléatoires .
b) Une extension contestable des missions du fonds
Malgré cette contrainte, les charges imposées
au
fonds ont été constamment alourdies
.
Initialement, le FNDAE avait pour responsabilité exclusive de participer
au financement des investissements d'adduction d'eau en milieu rural.
Puis, à partir de 1979, il a été appelé à
contribuer au financement des investissements destinés à
l'assainissement des communes rurales.
Enfin, une évolution importante et regrettable est intervenue en 1997
avec l'élargissement sans contrepartie des missions du FNDAE.
Cette extension a concerné la participation du fonds au financement du
programme de maîtrise des pollutions agricoles (PMPOA)
réalisée par l'article 65 de la loi de finances pour 1997
sans contrepartie financière. Elle a considérablement
hypothéqué le redressement du fonds auquel avait contribué
l'initiative du Sénat rappelée plus haut
.
Une somme de
150 millions de francs a été distraite chaque année
entre 1997 et 1999 des crédits disponibles pour les actions
traditionnelles du fonds. Cette situation a sérieusement réduit
l'efficacité des interventions du fonds alors même que la mise en
oeuvre du programme de lutte contre les pollutions d'origine agricole s'est
heurtée à des obstacles pratiques importants.
En effet, l'extension des missions du fonds est intervenue alors que les
premiers enseignements tirés de l'inventaire de 1995 portant sur
l'assainissement et l'alimentation en eau potable des communes très
rurales montraient que les besoins des collectivités rurales seraient en
forte croissance sur les cinq années à venir, comparés aux
investissements qu'elles avaient réalisés sur la
précédente période quinquennale (de l'ordre de 20 %). Les
collectivités rurales doivent, rappelle-t-on, assurer une meilleure
qualité des eaux distribuées et améliorer la
sécurité de l'approvisionnement de leur population en eau
potable. Des investissements importants devront être consacrés
à l'assainissement dont le niveau serait inférieur à celui
observé dans d'autres pays comparables et pour satisfaire aux exigences
de la directive européenne relative aux eaux résiduaires urbaines.
En outre, l'activité normative de la Commission européenne ne se
relâche pas, le coût de la norme européenne en
préparation sur la teneur en plomb des eaux destinées à la
consommation étant d'ores et déjà estimé à
100 milliards de francs.
Etant rappelé que les capacités de financement des
collectivités sont d'autant plus réduites que, d'une part, le
prix de l'eau est déjà dans de nombreuses situations,
élevé et que, d'autre part, les aides apportées par les
partenaires financiers sont limitées, il faut souligner que la
contribution du FNDAE est essentielle même si elle se limite à
environ 10
% du coût du projet.
Le programme de lutte contre les pollutions d'origine agricole avait une
vocation triennale et s'achève à la fin de l'année en
cours. Un rapport doit être rendu permettant d'en estimer
l'efficacité et d'évaluer l'opportunité de sa prorogation.
Mais d'ores et déjà, plusieurs déclarations laissent
penser que celle-ci est acquise.
La baisse des moyens du FNDAE en 2000 - (27 millions de francs), le retard
occasionné par la prise en charge par le fonds de ce programme dans la
réalisation des objectifs primordiaux du FNDAE qu'il importe de
rattraper au plus vite, l'inévitable accumulation de nouveaux retards
d'exécution des crédits qui résulterait d'une mise
à contribution du fonds pour participer à un éventuel
nouveau programme de lutte contre les pollutions agricoles,
tout milite pour
que le FNDAE soit rendu à sa vocation première.
2. L'instauration au sein du nouveau fonds national de l'eau d'une deuxième section intitulée Fonds national de solidarité pour l'eau
La
création d'une nouvelle section du compte d'affectation spéciale
n° 902-00 dénommée " Fonds national de
solidarité pour l'eau " (FNSE) a pour premier effet de modifier
l'intitulé du compte qui, de FNDAE, devient FNE.
La naissance du FNSE manifeste, selon l'exposé des motifs de l'article
31 du présent projet de loi qui crée sa ressource, le
prélèvement de solidarité pour l'eau et procède
à son affectation, la volonté de renforcer les dispositifs de
solidarité nationale dans le domaine de l'eau.
a) Une recette confortée
Il existe actuellement deux fonds de concours abondés
par les agences de l'eau à hauteur de 250 millions de francs,
rattachés au budget de l'Environnement et qui traduisent la
participation des Agences de l'eau aux missions régaliennes de l'Etat en
matière de politique de l'eau :
• un fonds de concours " Plan - Risques " créé en
1997 et doté de 110 millions de francs ; il est affecté
à la restauration des rivières et des zones naturelles
d'expansion des crues;
• un second fonds de concours " Police de l'eau et de la pêche
- Réseaux de mesures " créé en 1999 et doté de
140 millions de francs ; il finance les moyens techniques de la police de
l'eau exercée par l'Etat, de la collecte et de l'exploitation des
données sur l'eau gérée par l'Etat et de la police de
l'eau et des milieux aquatiques effectuée par les gardes-pêches du
Conseil supérieur de la pêche.
Il est prévu que le prélèvement de solidarité
sur l'eau se substituera à ces deux fonds de concours qui seront
supprimés.
La création d'une recette en lieu et place de fonds de concours doit
être saluée en ce sens qu'elle devrait permettre un meilleur
contrôle du Parlement qui sera en mesure chaque année de mieux en
suivre l'évolution ainsi que celles des dépenses.
Le prélèvement de solidarité pour l'eau sera versé
à l'Etat par les agences de l'eau et son montant sera
déterminé chaque année en loi de finances.
La répartition des
500 millions de francs
prévus cette
année pour ce prélèvement s'établit de la
façon suivante :
Répartition du prélèvement par bassin pour 2000 6( * )
(en millions de francs)
Adour Garonne |
46 |
Artois Picardie |
38,3 |
Loire Bretagne |
79,7 |
Rhin Meuse |
42,3 |
Rhône Méditerranée Corse |
115,2 |
Seine Normandie |
178,5 |
Total |
500 |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et
l'Environnement
Ce prélèvement nouveau de 500 millions de francs correspond en
réalité à un
prélèvement
supplémentaire brut de 250 millions de francs
compte-tenu de la
disparition des deux fonds de concours dotés de 250 millions de
francs.
b) Un large champ d'intervention
Avec la
création de ce fonds, il s'agit essentiellement :
• d'une part de
renforcer les moyens de l'Etat dans le domaine de la
politique de l'eau
. Les programmes publics d'intérêt national
qui dépassent le cadre du bassin versant (préservation des zones
humides, économies d'eau dans les quartiers d'habitat social
dégradés, connaissance de la ressources en eau, assainissement
outre-mer, etc.) seront pris en charge par ce fonds ;
• et d'autre part de mener des
actions de péréquation
entre bassins
.
Le FNSE sera géré par le ministre chargé de
l'environnement, assisté par un comité consultatif dont la
composition sera fixée par décret. Ce rattachement au budget de
l'Environnement permettra
de conforter les moyens d'intervention de la
direction de l'eau
. Les moyens de l'Etat s'agissant de la politique de
l'eau (environ 2 milliards de francs) sont en effet actuellement sans commune
mesure avec les sommes supportées par le niveau local, notamment par les
collectivités locales (environ 75 milliards de francs) et les sommes
engagées par les agences de l'eau (environ 10 milliards de francs).
Structure des crédits du Fonds national de solidarité pour l'eau proposée pour 2000
(en millions de francs)
|
Investissement |
|
Chapitre 06 |
|
17,5 |
Article 10 |
Restauration des rivières et des zones d'expansion des crues |
|
Article 20 |
Réduction des pollutions diffuses |
|
Article 30 |
Assainissement outre-mer |
|
Article 40 |
Equipement pour l'acquisition de données |
17,5 |
Chapitre 07 |
Subventions d'investissement |
274,5 |
Article 10 |
Restauration des rivières et des zones d'expansion des crues |
90,0 |
Article 20 |
Réduction des pollutions diffuses |
70,0 |
Article 30 |
Assainissement outre-mer |
42,5 |
Article 40 |
Restauration de milieux dégradés |
32,0 |
Article 50 |
Economies d'eau dans l'habitat collectif social |
20,0 |
Article 60 |
Protection et restauration des zones humides |
20,0 |
Article 70 |
Subventions aux établissements publics |
|
Totaux pour l'investissement |
|
292,0 |
|
Fonctionnement |
|
Chapitre 8 |
Etudes et fonctionnement |
103,2 |
Article 10 |
Fonctionnement des instances de concertation relatives à la politique de l'eau |
12,4 |
Article 20 |
Etudes |
72,8 |
Article 30 |
Formation |
0,7 |
Article 40 |
Remboursement à diverses administrations |
16,5 |
Article 50 |
Actions de coopération internationale |
0,8 |
Chapitre 09 |
Subventions de fonctionnement à divers établissements publics, associations et organismes techniques compétents |
93,3 |
Article 10 |
Moyens techniques du Conseil supérieur de la pêche |
50,0 |
Article 20 |
Etablissements publics, associations et organismes techniques compétents |
43,3 |
Chapitre 10 |
Interventions relatives aux actions d'intérêt communaux bassins set aux données sur l'eau, à la restauration des zones humides et aux actions de coopération internationale |
11,5 |
Article 10 |
Dépenses relatives aux actions d'intérêt commun aux bassins et aux données sur l'eau |
8,5 |
Article 20 |
Dépenses de restauration des zones humides |
3,0 |
Article 30 |
Dépenses de coopération internationale |
|
Chapitre 11 |
Dépenses diverses ou accidentelles du Fonds national de solidarité pour l'eau |
|
Article 10 |
Dépenses diverses ou accidentelles du Fonds national de solidarité pour l'eau |
|
Chapitre 12 |
Restitution de sommes indûment perçues |
|
Article 10 |
Restitution de sommes indûment perçues |
|
Totaux pour le fonctionnement |
|
208,0 |
Un peu
plus de la moitié des crédits (292 millions de francs)
concernent des investissements, la majeure partie des interventions
étant consacrée à des subventions d'investissement.
Les dépenses de fonctionnement (208 millions de francs) sont pour
une large part destinées à des études (72,8 millions
de francs), le niveau élevé des remboursements à diverses
administrations (16,5 millions de francs) et des frais de fonctionnement
des instances de concertation relatives à la politique de l'eau
(12,4 millions de francs) devant être souligné.
Les missions du FNSE concerneront les opérations relatives aux actions
de solidarité pour l'eau. Ses dépenses doivent couvrir, outre les
restitutions de sommes indûment perçues et les dépenses
diverses et accidentelles, un champ très large, composé :
. des investissements relatifs à la restauration des rivières et
des zones d'expansion des crues, à la réduction des pollutions
diffuses, à l'assainissement outre-mer, à l'équipement
pour l'acquisition de données ;
. des subventions d'investissement relatives à la restauration des
rivières et des zones d'expansion des crues, à la
réduction des pollutions diffuses, à l'assainissement outre-mer,
à la restauration des milieux dégradés, aux
économies d'eau dans l'habitat collectif social, à la protection
et à la restauration des zones humides ;
. des dépenses d'études relatives aux données sur l'eau,
les frais de fonctionnement des instances de concertation relatives à la
politique de l'eau, les actions de coopération internationale ;
. des subventions de fonctionnement au Conseil supérieur de la
pêche ainsi qu'aux établissements publics, associations et
organismes techniques compétents pour leurs interventions au titre de la
politique de l'eau ;
. des interventions relatives aux actions d'intérêt commun aux
bassins et aux données sur l'eau.
c) Une extension mal conçue
Le
dispositif proposé représente un moyen terme entre la solution
actuelle du fonds de concours et la solution qui avait été
envisagée l'an dernier à l'occasion de la création de la
TGAP et qui consistait tout simplement à intégrer les redevances
des agences de l'eau dans ce nouvel impôt et à compenser ces
dernières par des subventions budgétaires, remettant en cause
tout le système des agences de l'eau.
La vive protestation des agences de l'eau face à ce projet de la
ministre de l'Environnement
7(
*
)
a amené cette dernière à proposer d'autres solutions et
finalement celle d'un compte d'affectation spéciale.
Les réticences du ministère de l'économie et des
finances à ouvrir un compte d'affectation spéciale
entièrement consacré au FNSE ont, finalement, conduit à la
création du FNSE par insertion d'une simple section dans le compte
n° 902-00.
Cette création peut d'abord apparaître
précipitée.
Selon les communications en conseil des ministres du 20 mai 1998 et du 27
octobre 1999, une réforme en profondeur des redevances des agences de
l'eau sera proposée dans un projet de loi présenté au
Parlement en 2001 pour une application à partir de 2002, année du
début du VIII
è
programme des agences de l'eau.
Il a donc été prévu que les réformes relatives aux
agences de l'eau seraient intégrées dans cette réforme
d'ensemble prévue pour 2001.
Il est donc étonnant qu'il n'en soit pas ainsi pour le dispositif du
présent article. Aucune urgence ne contraint le Gouvernement à
agir dès cette année. Il eut été
préférable de prévoir l'instauration du FNSE dans le futur
projet de loi.
Cela aurait été d'autant plus légitime que l'on demande
cette année aux agences de l'eau, qui sont au beau milieu de leur
VII
e
programme, d'abonder ce fonds alors qu'elles n'avaient pas
prévu cette contribution supplémentaire de 250 millions de francs.
La voie empruntée qui consiste à loger le nouveau fonds dans
un compte d'affectation spéciale préexistant semble
dénuée de toute justification.
L'on pourrait faire valoir que le transfert de crédits inscrits au
budget de l'Etat vers un compte d'affectation spéciale
représente, alors que le projet de loi de finances comporte la
suppression de cinq comptes, une initiative qui tranche avec la volonté
d'unification budgétaire.
Ce transfert pourrait toutefois trouver une certaine justification dans la
volonté d'assurer l'affectation d'une recette spécifique au
secteur de l'eau -le prélèvement de solidarité pour l'eau-
à des dépenses elles-mêmes consacrées à l'eau.
Ce qui n'est en revanche pas acceptable, c'est de présenter la
création d'une nouvelle section accolée à celle abritant
du FNDAE comme une mesure anodine.
On rappelle que, si les comptes d'affectation spéciale instituent une
exception au principe de non-affectation des recettes à des
dépenses, ce même principe, ainsi d'ailleurs que, sauf rares
exceptions, toutes les autres règles budgétaires, régit
les conditions de gestion des comptes d'affectation spéciale.
Ainsi, la mesure entreprise revient-elle à ouvrir la voie à
une désaffectation des recettes du FNDAE aux dépenses d'adduction
et d'assainissement en milieu rural.
Les redevances qui jusqu'à présent autorisent l'intervention du
FNDAE pourraient être utilisées à de tous autres usages.
C'est la raison pour laquelle, votre commission a adopté un
amendement de suppression de l'article 31 du présent projet de loi de
finances.