B. LA PRÉVENTION DES INONDATIONS
Les graves inondations survenues les 12 et 13 novembre derniers dans plusieurs départements du sud de la France, qui ont provoqué le décès de 30 personnes, ont illustré une nouvelle fois l'efficacité des secours et l'insuffisance de la prévention.
1. L'insuffisance de la prévention
La loi
n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement
et à la protection de l'environnement a prévu
l'élaboration de plans de prévention des risques naturels (PPR)
dans les zones à risques (inondations, mouvements de terrain,
avalanches, incendies de forêts, séismes, éruptions
volcaniques, tempêtes ou cyclones).
Les PPR (voir encadré ci-dessous), élaborés par les
services du ministère de l'Aménagement du territoire et de
l'Environnement, constituent des documents portant servitude d'utilité
publique, annexés aux plans d'occupation des sols.
LES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES |
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Les plans de prévention des risques (PPR)
sont
des annexes aux plans d'occupation des sols (POS). Ils sont prévus par
une loi de l987, modifiée en 1995 par la loi dite Barnier. Ils
succèdent aux plans d'exposition aux risquent naturels (PERN),
lancés en 1982.
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Les directions départementales de
l'équipement
et celles l'agriculture, sous l'autorité du
préfet, élaborent les PPR mais ils font l'objet d'une
enquête publique et de consultations auprès de communes dont les
élus renâclent parfois.
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Ils
fixent des normes de construction, définissent des mesures de
prévention et prescrivent, si nécessaire, la réalisation
d'aménagements.
Au plan national, 2.071 communes sont dotées d'un plan de
prévention des risques naturels.
Or, l'instance d'évaluation de la politique publique de la
prévention des risques naturels a estimé, dans un rapport
publié en 1998, à 10.000 le nombre de communes dont
l'exposition à un risque naturel justifierait l'adoption d'un PPR, le
programme établi permettant d'espérer que 5.000 d'entre
elles en soient dotées d'ici 2005.
Ainsi, une commune à risque seulement sur cinq s'est dotée d'un
PPR permettant aux maires de refuser d'accorder des permis de construire dans
les zones inondables.
L'utilité de plans de prévention n'est pas à
démontrer.
" Le Monde "
du 17 novembre 1999 citait
l'absence de victimes, en partie grâce à l'existence d'un PPR,
dans la commune de Saint-Laurent-de-la-Salanque, tandis que des lotissements
résultant d'une urbanisation anarchique antérieure à la
politique de prévention des risques, avaient été
particulièrement endommagés à Cuxac ou Carnet d'Aude.
Les catastrophes subies servent de leçon, à Nîmes, par
exemple, dont le PPR a été durci ou à Vaison-la-Romaine,
qui ne s'est pas contentée d'adopter un PPR, mais a fait procéder
à la démolition d'une école maternelle et de lotissements
inondables.
Pourtant, comme le note M. Philippe Vesseron, directeur de la prévention
contre les risques au ministère de l'aménagement du territoire et
de l'environnement, " les inondations, qui motivent les deux tiers des
PPR, restent le risque le plus difficile à admettre par les élus
et la population.
Par ailleurs, la neutralisation de zones dans l'hypothèse d'incendies de
forêts passe mal sur les bords de la Méditerranée. De la
même manière, l'existence d'un péril sismique fait sourire
à Nice, où aucune secousse d'importance n'a été
recensée depuis deux siècles ".
Un défaut d'information et de sensibilisation se fait donc sentir.
Ainsi, comme le fait observer M. Philippe Masure, expert au BRGM (bureau de
recherches géologiques et minières) " nous dépensons
trop pour indemniser et pas assez pour prévenir ". M. Masure estime
que " l'état de catastrophe naturelle est
décrété trop systématiquement, ce qui a pour effet
de déresponsabiliser les citoyens et les élus ".
Peut-être serait-il efficace de regrouper, au niveau de l'Etat, les
responsabilités actuellement dispersées concernant,
respectivement, les secours (ministère de l'intérieur), la
réparation et la prévention
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des risques naturels et de mieux y
associer les élus locaux.
2. L'aide aux victimes
a) La cellule catastrophes naturelles
Il
existe une commission interministérielle ad hoc qui édicte, au
cas par cas, des arrêts de reconnaissance de l'état de catastrophe
naturelle concernant les communes sinistrées.
Afin de répondre très rapidement à certaines situations
particulièrement difficiles, l'Etat dispose, au titre de la
solidarité nationale de deux lignes budgétaires pour allouer,
sous certaines conditions, des aides financières en faveur des
sinistrés. Il s'agit :
- des secours d'extrême urgence
- du fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités.
b) Le secours d'extrême urgence
Il est
envoyé des secours aux victimes de calamités pour leur permettre
de " faire face, dans l'immédiat, à leurs besoins essentiels
les plus urgents, tels que nourriture, logement ou habillement "
(circulaire n° 76-72 du 06 février 1976). Afin
d'apporter une réponse favorable à un nombre relativement
important de demandes, il a été décidé de verser
forfaitairement la somme de 1.000 francs par adulte et 500 francs par
enfants à charge.
Cette ligne budgétaire est gérée par l'administration
centrale qui délègue les sommes (en numéraire) au
préfet du département sur demande motivée de leur part.
Il convient de souligner que si ce secours est effectué au titre de la
solidarité nationale, il reste subordonné à une aide
locale.
Par ailleurs, une réflexion interministérielle a
été lancée en 1999 pour améliorer les conditions de
la mise en place de ce secours dont votre rapporteur souhaiterait être
informé.
c) Le fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités
Cinq
millions de francs ont été ouverts au budget du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie, par la loi de finances
pour 1999, sur le budget des charges communes au chapitre 46.02 " Secours
aux victimes de sinistres et calamités ".
Ce fonds qui ne peut être mis en oeuvre que pour aider des personnes dont
les biens, non assurés au moment du sinistre, n'ont pu être
indemnisés, reste conditionné par l'attribution d'une aide
locale, par le niveau des ressources des sinistrés, ainsi que par la
nature des biens endommagés.