Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 30 - Intérieur et décentralisation : . sécurité
VALLET (André), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 30 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 200 Ko )Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS -
INTRODUCTION
-
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ ET DE L'ADMINISTRATON
- A. DOMAINES D'INTERVENTION
- B. LE POIDS DES DÉPENSES ORDINAIRES
- C. ÉVOLUTION GLOBALE DES DÉPENSES
- D. PRINCIPALES NOUVEAUTÉS
- E. DES PRIORITÉS CORRECTEMENT ORIENTÉES
- F. LA POURSUITE DE L'ADAPTATION DE LA POLICE AUX CHANGEMENTS AUXQUELS ELLE EST CONFRONTÉE
- G. LES REMARQUES RELATIVES AUX AUTRES AGGRÉGATS
- H. DES DIFFÉRENCES ENTRE BUDGET VOTÉ ET EXÉCUTÉ
- II. LES PRINCIPALES MUTATIONS QUI AFFECTENT LA POLICE NATIONALE
- III. LES PROBLÈMES LES PLUS IMPORTANTS DE SÉCURITÉ CIVILE
-
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ ET DE L'ADMINISTRATON
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE
LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 30
INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION :
•
SÉCURITÉ
Rapporteur spécial
: M. André VALLET
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES
OBSERVATIONS
A.
CONCERNANT LA POLICE
1.
Les statistiques des atteintes à l'ordre public doivent
être améliorées (distinction entre délinquance
" proactive " et " réactive ", prise en compte des
incivilités...)
2.
Les mesures prévues suffiront-elles à encaisser le choc
dû au départ à la retraite des
" générations Marcellin " ?
3.
Où en est la rationalisation entreprise du partage des
attributions entre la police et la gendarmerie ?
4.
La limitation à 400 millions de francs par an des
crédits relatifs à ACROPOL en freine le déploiement.
5.
Une attention particulière doit être portée
à la formation et à l'encadrement des adjoints de
sécurité, d'autant qu'ils sont parfois autorisés à
porter une arme de service.
Leur intégration éventuelle, ultérieure, dans la police
nationale doit s'effectuer dans des conditions équitables et rigoureuses.
6.
L'impunité dont semble jouir parfois les mineurs
délinquants provoque un profond désarroi chez les policiers, les
victimes et la population.
Ce problème, ainsi que celui de la reconduite aux frontières des
immigrés en situation illégale, illustre la
nécessité d'une meilleure articulation entre police et justice.
7.
Les SGAP (secrétariat généraux pour
l'administration de la police) ne jouissent pas d'une image très
positive en terme d'efficacité.
8.
Des problèmes informatiques sont parfois rencontrés
(police de l'air et des frontières, brigades spécialisées,
Europol)
9.
L'achat de véhicules représente la variable
d'enregistrement de ce budget, les besoins sont-ils correctement
satisfaits ?
10.
Le déficit structurel des capacités de logement des
CRS demeure préoccupant.
11.
Le régime indemnitaire des policiers semble dans l'ensemble
peu incitatif.
12.
La police reste sous-administrée. On est loin d'avoir
créé les 5.000 emplois administratifs prévus par la LOPS
(loi d'orientation et de programmation relative à la
sécurité).
B. CONCERNANT L'ADMINISTRATION
13.
Il n'existe pas encore de plan d'ensemble de la localisation des
implantations du ministère.
14.
La lisibilité budgétaire des dépenses
effectuées laisse vraiment à désirer (programme d'emploi
des crédits, révision des services votés informatiques,
regroupement de plus de 1,5 milliard de francs de dépenses de
fonctionnement et d'entretien sur un seul article du chapitre 37-10
" dépenses diverses de l'administration préfectorale ").
15
. Un audit du patrimoine immobilier préfectoral semble
nécessaire.
16
. La fabrication de la gestion informatisée et la
gratuité des cartes d'identité posent de nombreux
problèmes.
C. CONCERNANT LA SÉCURITÉ CIVILE
17.
La départementalisation des services d'incendie et de secours
s'avère très coûteuse pour les collectivités
territoriales et soulèvent de nombreux problèmes eu égard,
notamment, aux revendications des sapeurs pompiers professionnels.
18.
Le stock de congés de récupération des
personnels de la sécurité civile augmente dangereusement.
19.
Divers problèmes sont rencontrés concernant la
maintenance et le renouvellement des moyens aériens :
retard dans la livraison des nouveaux hélicoptères 3 K 1 77
C2
remotorisation retardée d'un dernier bombardier d'eau Tracker.
20.
La prévention des risques naturels (notamment des
inondations) est insuffisante.
INTRODUCTION
La
police mobilise, à elle seule, plus de la moitié de ce budget qui
finance également des actions de sécurité civile et des
dépenses de l'administration du ministère de l'intérieur,
à la fois au niveau central et au niveau territorial.
Le montant des crédits prévus pour l'an 2000 est de
54,7 milliards de francs contre 53,2 en 1999, soit une augmentation
de 1,5 milliard, c'est-à-dire environ 3 %.
Deux évolutions budgétaires interviennent, qui compensant
à peu de choses près, ne modifient pratiquement pas les totaux
qui viennent d'être indiqués.
Il s'agit :
• d'une diminution de crédits de 529,7 millions de
francs, au chapitre 37-61, du fait de l'absence d'échéances
électorales nationales en 2000 ;
• d'une augmentation presqu'équivalente de
526,5 millions de francs, liée à la création d'un
nouveau chapitre 41-61, destiné au financement des partis politiques et
alimenté par un transfert des charges communes.
Les grandes masses de ce budget en l'an 2000, vont, par ordre
d'importance : à la police ; à l'administration
générale (17 milliards dont 13,9 milliards pour les
pensions et allocations servies à l'ensemble des personnels du
ministère) ; à l'administration territoriale
(6,5 milliards) ; enfin, à la sécurité civile
(1,3 milliard).
Les dépenses de personnel représentent 80 % de ce budget et
les dépenses ordinaires, y compris le Fonctionnement, sa presque
totalité : 96,9 %.
Les dépenses en capital, toutefois, même si elles ne
représentent que 3 % du total, n'en dépassent pas moins les
1,5 milliard de francs en AP et CP, car ce faible pourcentage s'applique
à une somme importante qui excède, on l'a vu, 50 milliards.
La sécurité civile fait figure d'exception puisque la part des
dépenses de personnel y est inférieure à 30 %,
l'équipement et la maintenance des moyens aériens de lutte contre
les incendies y occupant une place importante.
Le taux d'augmentation de ce budget est trois fois supérieur à
celui du budget général et il permet, grâce à une
bonne maîtrise de ses dépenses de reconduction, de consacrer
600 millions de francs au financement de mesures nouvelles.
La progression des crédits s'accompagne, en effet, d'efforts de gestion
et d'économies et demeure relativement modérée en
comparaison d'autres dotations privilégiées, telles que celles
des ministères de l'environnement et de l'emploi qui augmentent,
respectivement, de 8,6 % et 4,3 %.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ ET DE L'ADMINISTRATON
A. DOMAINES D'INTERVENTION
Les
crédits dont traite le présent rapport de présentation
sont regroupés dans quatre des cinq agrégats du budget de
l'Intérieur et de la décentralisation, à savoir les
numéros :
01. Administration générale
02. Administration territoriale
03. Sécurité civile
04. Police nationale,
seul l'agrégat 05 (collectivités locales) qui fait l'objet du
rapport spécial " décentralisation " de votre
commission n'est pas concerné.
L'agrégat 01 correspond essentiellement aux dépenses de
l'administration centrale du ministère
1(
*
)
et l'agrégat 02 à celles des administrations
préfectorales (préfectures, sous-préfectures et
secrétariats généraux pour l'administration
régionale).
Comme le montrent les éléments chiffrés suivants, ce
budget, de plus de 50 milliards de francs, est essentiellement
consacré à
la sécurité
, publique et civile
(près de 60 % des dépenses) et plus particulièrement
au financement des actions de la Police nationale (plus de 50 % des
crédits).
Mais, l'administration générale, centrale et préfectorale,
y occupe une place importante (plus de 40 % du total, soit plus de
20 milliards de francs).
B. LE POIDS DES DÉPENSES ORDINAIRES
Le
tableau ci-dessous démontre le poids écrasant, dans la plupart
des cas :
- des dépenses de fonctionnement (96,5 % du total),
- et, plus particulièrement de celles de personnel (90 % de
l'agrégat 01-
Administration générale
, plus de
80 % de l'agrégat 04-
Police nationale)
, à
l'exception de la
sécurité civile
(agrégat 03) pour
laquelle l'importance des équipements (avions et
hélicoptères notamment) et de leur fonctionnement est
financièrement relativement plus grande, même si le rôle des
hommes (pompiers, secouristes, pilotes de Canadairs...) y est tout aussi
déterminant
Pour
paraphraser la célèbre maxime de Jean Bodin (" il n'est de
richesse que d'hommes "), le budget de l'Intérieur montre qu'il
n'est de bonne administration ou de bonne police que d'hommes.
Ce budget, en effet, dont plus de 80 % des dépenses sont des
dépenses de personnel, finance l'action de plus de
160.000 personnes ainsi réparties :
La
gestion des ressources humaines occupe, au sein du ministère de
l'Intérieur, une place d'autant plus déterminante que :
- une part importante des personnes en cause est soumise à des
sujétions particulières
(dangers et horaires
spéciaux pour les fonctionnaires de la police et de la
sécurité civile, surcroît de travail, dans l'administration
territoriale, dû à la gratuité des cartes d'identité
et à la régularisation des étrangers) ;
- la
professionnalisation des armées
soulève des
problèmes spécifiques pour la police nationale (remplacement des
auxiliaires du contingent) et la sécurité civile
(professionnalisation des UIISC : Unités d'instruction et
d'intervention de la sécurité civile) ;
- il est nécessaire, dans la police, d'une part, de
rééquilibrer la
pyramide des effectifs
, d'un point de vue
à la fois hiérarchique (déflation des échelons
supérieurs) et démographiques (en freinant les départs
anticipés à la retraite), d'autre part, de les
redéployer
des bureaux vers le terrain et, en particulier, au
sein des zones sensibles ;
- le ministère de l'Intérieur doit montrer l'exemple de
l'
efficacité
et de la
modernité
dans
l'accomplissement de ses tâches qui correspondent aux missions
régaliennes les plus fondamentales et les moins contestées de
l'Etat et, en ce qui concerne la sécurité, à une profonde
attente des Français. Dans ce sens, sont entrepris des efforts :
- de gestion (programmation, contrôles, globalisation des
autorisations budgétaires, économies),
- de formation (élévation des niveaux de compétence,
extension de la qualification d'officier de police judiciaire),
- de progrès technique (équipement informatique,
réseaux de transmission, police scientifique, fichiers d'empreintes
génétiques),
- de perfectionnement des services rendus à la population (accueil,
disponibilité, présence sur la voie publique, aide aux
victimes...).
Ces efforts justifient, en contrepartie, l'octroi aux personnels
concernés d'avantages ou, dans certains cas, de simples mesures de
rattrapage (mise aux normes d'hygiène des locaux des commissariats,
alignement des primes des hauts fonctionnaires de l'administration centrale
sur celles, de 20 % supérieures, d'autres
ministères).
C. ÉVOLUTION GLOBALE DES DÉPENSES
Comme le montre le tableau suivant, l'action du ministère de l'Intérieur (sécurité et administration du territoire) constitue une véritable priorité gouvernementale puisque ce budget augmente de près de 3 % (+2,9 % contre +1,2 % pour le total des budgets civils), soit plus d'un milliard et demi de dépenses supplémentaires.
Cette
progression correspond, selon le ministre, au financement de l'exécution
de quatre objectifs essentiels :
- gestion optimisée des crédits de l'administration centrale,
- réforme de l'administration territoriale,
- renforcement des moyens opérationnels de la
sécurité civile,
- enfin, et surtout, mise en oeuvre de la police de proximité,
un certain nombre de changements de nomenclatures ont lieu (notamment, fusion
au sein des articles de rémunérations principales des articles
spécifiques relatifs à des bonifications indiciaires,
création de chapitres " dotations globalisées de
préfectures " et " financement des partis et groupements
politiques ").
D. PRINCIPALES NOUVEAUTÉS
La
maîtrise des dépenses de reconduction (dont la hausse est contenue
en-deçà de 900 millions de francs) grâce à un
effort de gestion (notamment dans le cadre de la globalisation de certaines
dotations) et d'économie (du fait, par exemple, de la mise en
concurrence des opérateurs de télécommunication et de la
baisse du coût des équipements correspondants) permet d'augmenter
la part des mesures nouvelles affectées aux quatre priorités du
ministère évoquées ci-dessus (+ 606 millions de
francs, soit + 5 % pour les dépenses ordinaires et
+ 16 % pour les crédits de paiement).
Les mesures relatives aux personnels (statutaires, indemnitaires, concernant
les effectifs...) occupent une place prépondérante dans cet
ensemble, en application de la politique dont les principes ont
été énoncés ci-dessus (compensation des
sujétions particulières, repyramidage, redéploiements,
élévation de qualifications...).
1. les mesures de dépenses ordinaires
a) La consolidation de mesures acquises
Concernant les dépenses ordinaires, une partie des
mesures
prévues par ce budget concerne les
mesures acquises
,
c'est-à-dire les modifications apportées à la loi de
finances initiale pour 1999 dont résultent les services votés
pour 2000.
Ces mesures, lorsqu'elles sont reconduites (ce qui n'est pas automatique),
peuvent
bénéficier d'une extension en année
pleine
:
-
exemples
: . la revalorisation des
rémunérations publiques (+386,6millions de francs)
. la rémunération, en 2000, des 7.600 adjoints de
sécurité recrutés en 1999 (+61,8 millions de francs
et + 6,5 millions de francs de mesures d'accompagnement).
Elles peuvent encore donner lieu à des ajustements s'agissant de
crédits évaluatifs ou provisionnels :
- exemples
: . l'application d'un important accord
salarial conclu dans la Fonction publique (+14,3 millions de francs) qui
implique un repyramidage de la catégorie C, des revalorisations de
rémunérations (au profit, entre autres, des pompiers de Paris) et
des transformations permettant de créer 469 emplois de gardiens de
la paix,
. la participation de l'Etat aux dépenses des services de police
et d'incendie de la Ville de Paris.
b) La remise en cause de services votés
Des
économies sur les crédits de fonctionnement (diminution des
services votés) permettent de gager certaines dépenses :
amélioration du régime indemnitaire des pilotes
d'hélicoptères, recrutement par la police d'ingénieurs
d'informaticien de haute technicité.
Certaines évolutions (professionnalisation des armées,
réduction du nombre des ministres du culte en Alsace-Lorraine)
entraînent une diminution inéluctable des dépenses
correspondantes : 145 millions de francs, notamment, au titre,
principalement, de la suppression de 2.075 emplois de policier auxiliaire
et de 25 emplois de desservants du culte catholique.
c) Les mesures nouvelles au sens budgétaire
Mis à part des transferts, dont le principal concerne le regroupement, sur un nouveau chapitre 37-20 doté de 346,6 millions de francs des dotations globalisées de quatre préfectures 2( * ) d'importants moyens nouveaux sont dégagés (+ 597 millions de francs).
• Les moyens généraux des services
Ils
augmentent de 193,6 millions de francs (dont + 185,6 millions de
francs au profit de la seule police nationale, avec une priorité
à la formation, au renouvellement du parc automobile, à
l'équipement des zones sensibles, à l'informatisation des
services...).
Concernant les autres agrégats, il est prévu :
- pour la sécurité civile, la location d'un avion
Hercules C 130 et la modernisation du déminage
(+ 5 millions de francs),
- pour l'administration générale, une augmentation des
crédits de formation (+ 5 millions de francs) et de loyer
(+ 3 millions de francs).
• Les dépenses de personnel
Les nouveautés consistent tout d'abord en des
créations d'emplois
(recrutements ou transformations) dont les
principales concernent la
police nationale
:
- embauche de 4.150 adjoints de sécurité
(+ 107,6 millions de francs),
- créations de 100 emplois scientifiques (+17,3 millions
de francs) et de quatre médecins du RAID (service de répression,
assistance, intervention et dissuasion),
- transformation de 300 emplois de gardiens de la paix en
150 emplois de brigadiers, 150 emplois de brigadiers majors et de
35 officiers en 36 attachés de police (+15,8 millions de
francs),
- l'
administration générale
bénéficie,
néanmoins, pour sa part, de la création, par transformation
d'emplois, de 49 postes d'adjoint administratif et de six chargés
d'études documentaires (l'impact budgétaire en est mineur),
- quant à la
sécurité civile
, elle subit les
effets de la professionnalisation des armées, notamment en ce qui
concerne les unités d'intervention et d'instruction
(+ 38,4 millions de francs) et les services de police et d'incendie
de la Ville de Paris (+11 millions de francs).
de nombreuses mesures indemnitaires sont par ailleurs prévues au bénéfice principalement de la police nationale (+71,8 millions de francs) :
. primes de fidélisation dans les zones sensibles
(+ 45,4 millions de francs),
. provisions catégorielles pour le corps de commandement et
d'encadrement (+ 14 millions de francs),
. pour lutter contre les départs anticipés à la
retraite, augmentation du nombre de bénéficiaires (+600) de
l'échelon exceptionnel de gardien de la paix et élévation
à l'échelon exceptionnel de 40 emplois de commandants
(+4,8 millions de francs),
- mais, ont droit également à des revalorisations
indemnitaires (+17,9 millions de francs au total) les personnels de
l'administration centrale
, des
préfectures
ainsi que les
pilotes d'hélicoptères et d'avions de la
sécurité civile
(suite aux mouvements de grèves,
exceptionnels, de 1999).
• Les dépenses d'informatique et de télématique
Elles augmentent de près de 100 millions de francs (+ 96 millions de francs), essentiellement au profit de la police nationale 3( * ) (+ 49 millions de francs) mais aussi des préfectures (+24,7 millions de francs) et de l'administration centrale (+22 millions de francs).
• Les crédits de vacation
L'administration centrale bénéficie aussi, pour son service de transmissions et de l'informatique, d'une progression de ses crédits de vacations . Ceux-ci augmentent, dans l'ensemble, de 14,6 millions de francs, y compris : + 7 millions de francs (dont 5 millions de francs non reconductibles) pour les préfectures, + 4 millions de francs pour la police nationale et la coopération policière internationale.
2. L'évolution des dépenses en capital
Les
dépenses en capital ne représentent que 3,1 % (en
crédits de paiement) de ce budget.
Bien que modeste, donc, en valeur relative, le montant de ces crédits
n'en est pas moins non négligeable en valeur absolue (1,75 milliard
de francs en AP et 1,67 milliard de francs en CP) et leur progression
forte, en ce qui concerne les crédits de paiement (+ 20 % au
titre V et + 50%, par rapport aux services votés, au
titre VI).
En l'an 2000,les principaux postes de dépenses seront les suivants :
On
mesure, là encore, la priorité dont la police de proximité
fait l'objet : une part importante des crédits immobiliers lui est
réservée (implantations dans les zones sensibles, logement des
îlotiers) et ACROPOL la favorise, en contribuant à accroître
la mobilité des forces de l'ordre.
Mais, l'investissement immobilier des préfectures et
sous-préfectures n'en est pas pour autant négligé
(244 millions de francs d'AP et 196 millions de CP). Les
crédits concernés seront principalement consacrés à
des travaux de grosse maintenance et à la construction de nouveaux
bâtiments, notamment à Sarcelles (40 millions de francs),
Poitiers (29 millions de francs), Le Raincy (29 millions de
francs).
premières observations
E. DES PRIORITÉS CORRECTEMENT ORIENTÉES
Ce
budget consacre plus de la moitié de ses dépenses et de ses
mesures nouvelles à la police.
Or, la sécurité publique correspond, à la fois, à
l'une des fonctions régaliennes les plus essentielles et les moins
contestées de l'Etat et à l'une des préoccupations
majeures (avec l'emploi) de nos concitoyens.
Il s'agit d'une priorité qui fait l'objet d'un large consensus politique.
En outre, l'augmentation des crédits (+ 2,9 %) s'accompagne
d'efforts de gestion et d'économies
4(
*
)
et
demeure relativement modérée -même si elle est deux fois
plus forte que celle de la moyenne des dépenses civiles de l'Etat
(+ 1,2 %)- en comparaison des évolutions d'autres dotations
privilégiées (environnement : + 8,6 % ;
emploi et solidarité : + 4,3 %).
F. LA POURSUITE DE L'ADAPTATION DE LA POLICE AUX CHANGEMENTS AUXQUELS ELLE EST CONFRONTÉE
1. De profondes évolutions
La police est confrontée à trois types de changements susceptibles de poser de nouveaux problèmes de sécurité.
a) Les mutations de notre société et leurs conséquences :
•
urbanisation, mobilité des populations et immigration,
chômage et fractures sociales, éclatement de la structure
familiale, crise des valeurs (civisme...),
• donc, évolution des atteintes à l'ordre
public : concentration dans certaines zones, augmentation des
incivilités, modifications de la délinquance (apparition de
formes nouvelles, internationalisées, informatisées ;
augmentation de celles des mineurs et liées à la toxicomanie,
etc...),
• montée du sentiment d'insécurité.
b) Les modifications prévisibles de la pyramide des âges des policiers
Face à une diversification et à un accroissement de leurs tâches, les forces de l'ordre vont être confrontées, dans les prochaines années, à un véritable choc démographique : remplacement, dans les cinq années à venir, de près de 24.400 fonctionnaires devant partir à la retraite (les " générations Marcellin ") et recrutement de 20.000 adjoints de sécurité (d'autant plus nécessaire qu'il n'y aura plus, du fait de la professionnalisation des armées, d'auxiliaires appelés du contingent). Or, ces derniers étaient près de 10.000 en 1996 et plus de 4.000 encore en 1999.
c) Le progrès scientifique et technique
La police se doit d'exploiter les possibilités que lui offrent les nouvelles techniques d'information et de communication (qui sont à l'origine aussi de nouvelles formes de délinquance) ainsi que la génétique (identification des auteurs de crimes sexuels).
2. Des adaptations souvent appropriées
Les
mesures prévues par ce budget sont de nature à faciliter
l'adaptation de la police aux défis évoqués ci-dessus.
Il s'agit, par une meilleure utilisation des ressources humaines (formation,
redéploiements, repyramidages et requalifications, modernisation des
moyens d'investigation et des équipements), de rendre la police à
la fois plus efficace et plus proche de la population.
a) La formation
La
formation (initiale et continue) des personnels de police constitue, à
juste titre, l'une des priorités du ministère avec une
dépense de 267 millions de francs en 2000, l'ouverture de nouvelles
écoles, la création d'une direction spécifique, la mise en
oeuvre d'un schéma directeur...
De nouvelles formations ciblées sur certaines missions
particulières (lutte contre la toxicomanie, prévention de la
délinquance des mineurs, affectation dans les zones sensibles) ou sur
certains personnels (adjoints de sécurité) ont été
prévues.
b) Les redéploiements d'effectifs
Une
rationalisation du partage des attributions entre la police et la gendarmerie,
à la suite des conclusions de MM. Carraz et Hyest, et de la consultation
menée par M. Fougier devrait permettre le redéploiement
progressif, dans les zones sensibles, de 3.000 policiers.
Une autre possibilité de redéploiement des bureaux vers le
terrain, consiste à libérer les policiers d'un certain nombre de
tâches indues qu'ils doivent accomplir, notamment en raison de la
sous-administration de la police nationale.
Un certain nombre de mesures prévues en 2000 vont dans ce sens :
création, par transformation d'emplois, de 36 postes
d'attachés de police, externalisation de tâches de maintenance du
parc automobile, mais cela ne suffit pas .
1.200 policiers ont déjà été
transférés en 1999 vers les 26 départements les plus
sensibles, 7.000 policiers et gendarmes au total devraient l'être
jusqu'en 2001.
c) Le repyramidage des effectifs
La
nécessité de rééquilibrer la pyramide des effectifs
de la police, d'un point de vue, à la fois démographique et
hiérarchique, présente à la fois des contraintes et des
opportunités :
• contraintes pour freiner les très nombreux départs
anticipés à la retraite (par crainte d'une remise en cause des
avantages acquis pour les futurs partants), pour anticiper les remplacements
inéluctables dès le stade de l'entrée dans les
écoles ;
• mais, d'un point de vue hiérarchique, la déflation
des corps de conception et de direction, et de commandement et d'encadrement,
au profit d'un étoffement du corps de maîtrise et d'application
est financièrement avantageuse.
Ces politiques ont, dans le budget pour 2000, un certain nombre de
conséquences : augmentation du nombre de
bénéficiaires d'échelons exceptionnels (gardiens de la
paix et commandants), création de 469 emplois de gardiens de la
paix (qui dégage une économie de 21,19 millions de francs).
Cependant, les redéploiements et le freinage des départs
anticipés à la retraite ne suffiront pas à suppléer
les recrutement nécessités par la baisse prévisible des
effectifs (24.000 départs en cinq ans).
d) Les autres mesures de réorganisation
Certaines réorganisations (aménagements
d'horaires,
rationalisation de tâches...) peuvent améliorer la
disponibilité des personnels pour des actions de terrain.
La réforme des horaires dans la police, mise en place au début de
1997 (cycle dit " 4/2 "), permettant la constitution de brigades
fixes de nuit, et l'instauration du " service de quart ", assurant la
permanence du commandement opérationnel, ont été, dans ce
sens, bénéfiques.
Pour faire face à de nouveaux besoins, de nouvelles structures ou de
nouveaux types d'emplois peuvent, par ailleurs, être
créés : Direction de la formation de la police nationale
(voir plus haut), OCRIEST (Office central de répression de l'immigration
irrégulière et l'emploi d'étrangers sans titres), BREC
(Brigades régionales d'enquête et de coordination),
sûretés départementales, agents locaux de médiation
sociale et délégations à l'étranger du service de
coopération technique internationale de police.
e) L'élévation des qualifications et la modernisation des équipements et des moyens d'investigation
•
On constate une élévation du niveau d'études des
personnes recrutées et, parallèlement, de celui des
responsabilités confiées aux agents des différents
corps : en particulier, à ceux du corps de commandement et
d'encadrement qui prennent en charge des fonctions jusqu'ici
réservées aux membres du corps de conception et de direction
(extension à 1.000 agents supplémentaires de l'accès
à la qualité d'officier de police judiciaire, création de
40 emplois " fonctionnels " de commandants de circonscription de
sécurité publiques).
• Deux nouvelles priorités apparaissent, en matière de
personnel, pour adapter la police au progrès scientifique et technique.
Il s'agit :
- de recruter des ingénieurs et techniciens de laboratoires pour
faire face, notamment, à l'augmentation des demandes judiciaires
d'expertises et aux besoins liés à la mise en place du fichier
des empreintes génétiques ;
- de développer une filière informatique et
électronique.
Accessoirement, le développement de la police de proximité
implique celui des moyens des services d'identité judiciaire de terrain
(personnels spécialisés du corps des techniciens et des aides
techniques de laboratoire de la police technique et scientifique).
Le projet de loi de finances pour 2000 a prévu, à ces fins, la
création nette de 100 emplois scientifiques (dont
6 ingénieurs et 10 techniciens en informatique et
électronique).
La mise en place d'un " institut national de police scientifique "
est à l'étude et la création d'une
spécialité " informatique et électronique " dans
les programmes des concours de la filière police technique et
scientifique a été décidée (la police n'emploie,
pour le moment, que des contractuels dans ce domaine).
Il est également envisagé d'instituer un " office central
pour la répression des infractions aux nouvelles technologies de
l'information ".
Mais l'amélioration de l'efficacité de la police passe, non
seulement par une gestion plus efficiente des ressources humaines, mais aussi
par une modernisation des moyens de fonctionnement (laboratoires,
informatique...), de communication et d'investigation. Priorité est
donnée, de ce point de vue, au déploiement du réseau
numérique de communications cryptées ACROPOL (environ
400 millions de francs de dépenses par an) et à la mise en
place d'infrastructures européennes (système d'information
Schengen, système informatique EUROPOL).
Doivent être également poursuivis en 2000, la réalisation
du STIC (système de traitement des infractions constatées), la
numérisation et l'archivage électronique de la documentation
criminelle, la création du fichier des empreintes
génétiques et la généralisation de celui des
empreintes digitales...
Ces différentes orientations et la manière dont elles sont mises
en oeuvre ne prêtent guère à contestation. Elles
s'inscrivent, pour nombre d'entre elles (redéploiement vers les zones
sensibles, repyramidage des effectifs et suppression des tâches
indues...) dans la continuité des politiques précédentes,
et notamment des principes de la loi d'orientation et de programmation relative
à la sécurité du 21 janvier 1995.
Le concept de
police de proximité
complète la notion de
proximité
géographique
(faire coïncider la carte des
implantations de forces de police avec celle de la délinquance) par
celle de proximité
sociologique
5(
*
)
(la police doit être davantage à
l'image de la population) et
relationnelle
(les relations entre la
police et la population doivent s'améliorer).
La priorité donnée à la police de proximité passe
par la "
fidélisation
" (sédentarisation)
d'unités mobiles
6(
*
)
de la police
nationale (CRS) et s'articule avec le partenariat, entre tous les acteurs
concernés, recherché par les
contrats locaux de
sécurité
(CLS) et la politique de recrutement
d'adjoints
de sécurité
et
d'agents locaux de médiation
sociale
.
3. Le problème des adjoints de sécurité
Le
recrutement de 4.150 adjoints de sécurité
supplémentaires constitue l'une des principales mesures nouvelles du
budget de la police pour l'an 2000 (+ 107,6 millions de francs :
encore ne s'agit-il que de 20 % des dépenses correspondantes dont
80 % sont pris en charge par le ministère de l'emploi).
D'ici à la fin 2000, l'effectif réel total devrait atteindre le
chiffre de 20.000. L'ampleur de ces embauches dépasse celle de la
résorption, par suite de la professionnalisation des armées, des
policiers auxiliaires (dont 2.075 postes doivent être maintenus).
Cette politique (comme celle des " emplois-jeunes " en
général) peut être critiquée dans la mesure
où :
- les adjoints, qui ne sont pas autorisés à participer
à des missions, ni de police judiciaire, ni de maintien de l'ordre,
pourraient être considérés comme des " policiers au
rabais " ;
- la solution ainsi employée est susceptible
d'apparaître comme un expédient : les adjoints, qui ne sont
recrutés que pour cinq ans, n'ont pas tous vocation à être
intégrés dans la police nationale. Ils ne peuvent
véritablement prétendre remplacer les 24.400 policiers dont
le départ à la retraite est prévu d'ici à cinq ans.
En revanche, ils peuvent utilement :
- prendre la relève des policiers auxiliaires appelés du
contingent ;
- constituer un vivier pour le recrutement, par concours interne et dans
la limite de 40 % des postes offerts, des remplaçants des policiers de
la " génération Marcellin " ;
- contribuer à diminuer, sinon l'insécurité
réelle, du moins le sentiment d'insécurité en concourant
aux missions d'information, d'accueil, d'îlotage, de patrouille... ;
- permettre, par leur mode de recrutement, de donner de la police une
image plus proche de la population, du moins dans les quartiers sensibles ;
- faciliter enfin l'accès des jeunes concernés à un
emploi stable.
4. Les problèmes de gestion rencontrés
Alors
qu'ils jouent un rôle déterminant dans la globalisation
budgétaire concernant la police, les
SGAP (Secrétariats
généraux pour l'administration de la police)
ne
jouissent pas d'une image très positive en terme d'efficacité.
Concernant les réseaux de la police :
- la limitation à 400 millions de francs de la consommation
des crédits correspondants freine le déploiement d'
ACROPOL
qui ne sera activé qu'en 2008 (d'où un étalement des
réponses qui, en fin de compte, pourrait avoir engendré des
coûts supplémentaires) ;
- l'état de
l'informatique de contrôle
sur les
aéroports
et, en ce qui concerne la brigade des
chemins de
fer
nécessite un renouvellement ;
- la mise en place du fichier des brigades spécialisées se
heurte à des problèmes techniques (sécurité de
l'architecture CHEOPS) ;
- la mise en place du système informatique d'Europol rencontre des
retards et engendre des surcoûts.
Le retour des
coopérations avec les pays du Maghreb
en
matière de sécurité intérieure, sont perfectibles.
L'
achat de véhicules
représente la " variable
d'ajustement " de ce budget. Le dernier rapport du contrôleur
financier du ministère (gestion 1998) notait une forte baisse des achats
de véhicules ayant pour contrepartie une progression des dépenses
d'entretien. Le PEC (programme d'emploi des crédits) de la police
nationale pour 1999 souligne, de son côté, que le montant
alloué pour ce dernier exercice n'a pas permis de rattraper
l'intégralité du vieillissement passé.
Il faut ainsi parfois savoir investir, donc dépenser plus dans un
premier temps, pour dépenser moins, ensuite, en fonctionnement.
Cela revient
in fine
à dépenser mieux.
Cette vérité se confirme dans l'
immobilier
.
• Le déficit structurel des
capacités de logement
des CRS
les oblige à recourir à des solutions
hôtelières ou à des formules locatives
onéreuses ; par ailleurs, l'état de vétusté
d'un grand nombre de bâtiments qui leur sont affectées est
préoccupant.
• Par ailleurs, la
politique de logement des policiers
,
suivie par le ministère (réservation de logements sociaux,
constitution d'un patrimoine, recours à des bailleurs privés) est
intelligente mais privilégie la région parisienne et n'a pas
empêché que 40 % des propositions de locations dans le
secteur privé soient restées sans suite en 1999.
• Le taux d'engagement, en 1998 et 1999, des AP du chapitre 57-40
(art. 13 " logements " et art. 60 " cités
administratives ") semble très faible. Globalement, les
crédits de paiement de la police nationale (dépenses en capital)
paraissent sous-consommés.
• La police judiciaire constate que la trop faible part des
dépenses d'équipement, par rapport aux dépenses de
fonctionnement, dans le total de ses dépenses, ne lui permet pas de
renouveler, comme il conviendrait, certains matériels.
• Concernant enfin les mesures relatives au personnel :
- malgré les nombreuses décisions favorables prises pour
1999 et 2000, le
régime indemnitaire
demeure, dans l'ensemble,
peu incitatif
(les primes représentent moins de 10 % des
rémunérations) ;
- les contraintes budgétaires n'ont pas permis de respecter les
dispositions de la LOPS (loi d'orientation et de programmation relative
à la sécurité) qui prévoyaient la création,
en 5 ans, de 5.000 emplois administratifs (il s'en faut de beaucoup !
1.130 créations d'emplois seulement ont été
réalisées).
G. LES REMARQUES RELATIVES AUX AUTRES AGGRÉGATS
1. L'administration générale
a) Des efforts de gestion et d'économie
L'administration centrale gère, outre son propre
personnel et
les dépenses de fonctionnement correspondantes :
- les pensions et allocations diverses versées à tous les
personnels du ministère et aux ouvriers d'Etat (c'est-à-dire une
masse de 13.967 millions de francs, en augmentation de 464 millions
de francs, soit + 3,4 % en 2000) ;
- les crédits de fonctionnement consacrés à l'action
sociale et à la formation, pour l'ensemble du personnel du
ministère (hors police) ;
- des services communs d'informatique et de télématique
(189,45 millions de francs).
Elle dispose de marges de manoeuvre et d'économie qu'elle utilise de son
mieux (diminution des effectifs des sous-préfets et desservants du culte
en Alsace-Lorraine, réduction des prix de certains équipements
informatiques, mise en concurrence des opérateurs de
télécommunications, renégociation de loyers et acquisition
d'un patrimoine immobilier...).
La globalisation des crédits et la déconcentration de leur
gestion est aussi un facteur de maîtrise de la dépense publique.
Des carences sont néanmoins constatées.
b) L'existence de certaines carences
•
S'agissant de
l'immobilier
- les mesures en faveur des personnels affectés en région
parisienne pèsent particulièrement lourd ;
- il n'existe pas encore de plan d'ensemble de localisation des
implantations du ministère ;
- on ne sait trop s'il faut déplorer les prix prohibitifs
acceptés auparavant par l'administration ou se réjouir de leur
normalisation tardive dans le cadre de la renégociation de certains
contrats de location (Tour Mercure, immeuble de Nanterre...) ;
• les règles
d'indemnisation des déplacements
des agents du ministère mériteraient d'être revues,
même si le recours aux prestations d'une agence de voyages a permis
certaines économies.
2. L'administration territoriale
La
rénovation des préfectures (accueil du public, pilotage des
actions territoriales de l'administration) est considérée comme
un des piliers de la modernisation de l'Etat qui passe par la
déconcentration de ses actions.
Les revalorisations indemnitaires, les dépenses informatiques et
immobilières constituent des priorités (au détriment du
fonctionnement courant, de l'entretien immobilier...).
a)
Plus de 1,5 milliard de francs
,
ce qui est vraiment
énorme, sont regroupés au sein d'une seule ligne
budgétaire à l'appellation très vague, chap. 37-10
" dépenses diverses " de l'administration
préfectorale
, article 10 " fonctionnement et entretien ".
Il s'agit d'un chapitre " fourre-tout " qui permet de financer aussi
bien des dépenses informatiques (de 110 à 120 millions de
francs), d'entretien immobilier (320 millions de francs) ou à
caractère indemnitaire (33,5 millions de francs).
Par égard pour la mission de contrôle budgétaire du
Parlement, la nomenclature ne pourrait-elle pas être rendue un peu plus
précise ?
b)
Un audit du patrimoine immobilier préfectoral
paraît nécessaire (il est envisagé mais tarde à
être réalisé).
c) La fabrication et la gestion informatisée, ainsi que la
gratuité des
cartes d'identité
posent de nombreux
problèmes (allongement des délais de délivrance du fait
d'un afflux des demandes avant les départs en vacances, augmentation des
sollicitations, du fait de la gratuité ayant entraîné des
redéploiements de personnels, le recours à des vacataires ;
difficultés d'ordre financier et technique dans les territoires
d'outre-mer)
.
3. La sécurité civile
La
fusion, en 1996, des fonctions de directeur de la sécurité civile
et de haut fonctionnaire de défense a abouti à ajouter la
défense civile aux missions traditionnelles de la direction de la
sécurité civile (prévention des risques, organisation des
secours, définition des règles applicables aux pompiers et
services d'incendie). Celle-ci s'appelle désormais direction
de la
défense
et de la sécurité civile et comprend, outre
les anciens services, une mission " défense et continuité de
la vie nationale ".
Depuis plusieurs exercices, la tendance est à privilégier le
maintien des capacités opérationnelles au détriment des
autres dépenses de fonctionnement.
En 2000, les priorités vont :
- à la professionnalisation des UIISC (unités d'instruction
et d'intervention de la sécurité civile) ;
- à la modernisation du déminage qui s'est trouvé
placé, de 1996 à 1998, dans une situation critique (augmentation
des stocks, installation de destruction vétustes et dangereuses...).
Les problèmes suivants doivent, en outre, être résolus :
a) Difficultés rencontrées
dans la négociation du
régime indemnitaire
et du
régime de travail
des
sapeurs-pompiers professionnels
.
b) Retards accumulés
dans la
prise des congés des
personnels
de la sécurité civile (augmentation du stock de
congés de récupération).
c) Problèmes concernant la
maintenance
et le
renouvellement
des moyens aériens
(sous dotation des chroniques des
dépenses de maintenance de l'article 44 du chapitre 57-50 ; retards
dans la livraison des nouveaux hélicoptères
3K 117 C2 ; contentieux pour la revente à Bombardier de
Canadairs d'occasion CL 215 ; nécessité de
sous-traiter, faute d'effectifs suffisants, des opérations d'entretien
de la flotte actuelle d'hélicoptères...).
d) Concernant les risques technologiques et le nucléaire,
les
dispositifs d'alerte et d'information des populations " ne paraissent plus
adaptés " et font l'objet d'une réflexion
gouvernementale.
e) Une réflexion interministérielle
est en cours
également pour améliorer les conditions de mise en place des
secours d'extrême urgence
.
H. DES DIFFÉRENCES ENTRE BUDGET VOTÉ ET EXÉCUTÉ
1. Le PEC " programme d'emploi des crédits "
La
globalisation des crédits et la déconcentration de leur gestion,
très poussée au ministère de l'intérieur, sont
sources d'efficience (notamment en rendant davantage responsables les
autorités concernées).
Mais cette médaille a son revers du point de vue du contrôle
parlementaire.
En effet, la fixation du montant précis des enveloppes
globalisées, puis déconcentrées, donne lieu à
d'assez longues négociations (" dialogues de gestion ").
La ventilation exacte des crédits n'est ainsi connue qu'après la
publication du " bleu " du ministère de l'intérieur.
Le Parlement vote donc un budget théorique qui ne correspond pas au
" programme d'emploi des crédits " (PEC), c'est-à-dire
à ce qui sera réellement dépensé.
2. La révision des services votés du chapitre des dépenses informatiques
La
dotation du chapitre 34-82 " Dépenses d'informatique et de
télématique " est fixée au terme d'une
procédure en deux étapes.
Dans un premier temps, lors d'une préconférence, il est
procédé à une réfaction importante des services
votés (hors transmission) en vue de déterminer le niveau d'un
" socle " de dépenses informatiques en principe garanti. Dans
un deuxième temps, à l'issue de la conférence
budgétaire de première phase, l'effet de cette révision
est annulé et un ajustement à la hausse est opéré,
une fois arrêté et intégré dans le chapitre, le
montant des crédits de reconduction des articles relatifs aux
" transmissions ".
Cette procédure compliquée explique les différences
importantes qui apparaissent, à la lecture du bleu, entre les
crédits votés en 1999, au chapitre concerné, et les
services votés pour 2000.
II. LES PRINCIPALES MUTATIONS QUI AFFECTENT LA POLICE NATIONALE
A. L'ÉVOLUTION DE LA DÉLINQUANCE
1. Remarques liminaires
Il est
tout d'abord évident que malgré la qualité de l'appareil
statistique utilisé, les résultats enregistrés ne
correspondent pas parfaitement à la réalité des
infractions commises.
Il est envisagé de mettre au point de nouveaux indicateurs pour
distinguer la délinquance " réactive " constatée
à l'occasion des dépôts de plainte des particuliers, de la
délinquance " proactive " discernée directement par la
police dans l'exercice de ses activités, dont l'augmentation peut
résulter de l'amélioration de l'efficacité des services.
D'autre part, ne sont pas pris en compte les infractions pénales
involontaires, les faits qui relèvent de la contravention et les
incivilités, qui ne peuvent pas être définies juridiquement.
STATISTIQUE DES CRIMES ET DÉLITS
La
statistique des crimes et délits commis en France, dont la communication
incombe au ministère de l'intérieur, est établie à
partir d'une méthode de collecte commune à la police et à
la gendarmerie nationale retenue au terme des travaux d'un groupe
interministériel regroupant des représentants des
ministères de l'intérieur, de la justice, de la défense,
ainsi que de l'INSEE. Cette statistique comptabilise " tout fait de
caractère pénal, présumé crime ou délit,
commis ou tente, porté pour la première fois à la
connaissance d'un service de police ou de gendarmerie, et consigné dans
une procédure transmise à l'autorité judiciaire.
Destinée à permettre à la fois l'adaptation des politiques
publiques de sécurité et la réaction des services de
police ou de gendarmerie, cette statistique ne prend en compte ni les
infractions pénales involontaires ni les contraventions. Les
incivilités, en l'absence de définition juridique, peuvent
englober à la fois des manquements aux règles de vie en
société et des infractions mineures que la victime ou le
témoin n'envisage pas de porter à la connaissance de la police.
Toutefois, les faits pénaux rapportés sont bien entendu
comptabilisés selon leur catégorie juridique. Les enquêtes
de victimation, au-delà de leurs délais de réalisation et
de l'appréciation de leur pertinence, ne sauraient fournir mensuellement
une mesure portant sur 105 index, contrairement à la statistique
descriptive actuelle.
La fiabilité de ces statistiques est notamment garantie par :
- la nomenclature en 107 index (
105 infractions et
2 regroupements)
et 12 colonnes (
mis en cause,
écroués, gardes à vue, etc.)
, les unités de
compte (
différentes en fonction de la nature de l'infraction :
procédure, victime, véhicule, auteur, etc.)
, l'application de
la méthodologie (
définie depuis 1998 au niveau
interministériel : Justice, Défense, Intérieur,
INSEE)
- Le contrôle de la collecte et de la centralisation :
assuré par la hiérarchie (contrôles au niveaux
départemental et national), les corps d'inspection (I.G.S-I.G.P.N.,
contrôle général des Armées) et l'INSEE.
- Une action commune de la Police et de la Gendarmerie qui s'est notamment
traduite par la diffusion d'instructions méthodologiques communes.
Le système français est un des rares dispositifs statistiques
européens autorisant des analyses de tendances longues, sans rupture de
séries (depuis 1972).
Or, le sentiment d'insécurité peut différer de
l'insécurité réelle. Ainsi peut s'expliquer le malentendu
né d'une interprétation erronée de l'enquête
réalisée par l'INSEE pour le compte de l'IHESI (Institut des
hautes études de la sécurité intérieure). Cette
étude révélait le fossé existant entre la
délinquance ressentie par le public et celle déclarée aux
services de police et de gendarmerie. L'écart de un à cinq,
relevé par l'enquête concernant les délits sur la voie
publique, provenait probablement de ce qu'elle portait non seulement sur les
coups et blessures volontaires mais aussi sur les " menaces ou
chantages " qui ne sont déclarés aux forces de police que
dans 16 % des cas.
Ainsi, comme l'a déclaré le ministre de l'intérieur
à l'Assemblée nationale, cette enquête reflète
surtout un climat. Elle révèle que les atteintes aux personnes
ont l'impact le plus fort sur le sentiment d'insécurité.
2. Constatations
Si
imparfaites qu'elles puissent être, les statistiques n'en
reflètent pas moins des tendances préoccupantes de
l'évolution de notre société, qui justifient la
priorité budgétaire dont la police fait l'objet et l'adaptation
de ses méthodes et de la répartition de ses effectifs.
Même si on peut tenter de faire valoir, à court terme, que la
délinquance est globalement contenue, elle a atteint en longue
période, un niveau intolérable sous l'influence de
différents facteurs (urbanisation, chômage,
déstructurations familiales et sociales...).
Surtout, elle paraît d'une part, marquée par une concentration
dans certaines zones et, d'autre part, affectée par des
différences entre les évolutions des différentes
catégories d'infractions.
Trois principales tendances se dégagent :
- l'augmentation de la violence
- la progression de la délinquance de masse
- l'implication croissante des mineurs.
Les tableaux suivants le confirment :
On note dans ce tableau l'évolution très forte des coups et
blessures volontaires (+5,97 %) ainsi que celle, préoccupante
également, mais qui trouble moins, au quotidien, la vie de nos
concitoyens, des infractions à la législation sur les
stupéfiants.
Toutes tendances confondues, les infractions de masse, qui sont les plus
fréquentes, ont augmenté, même si des progrès sont
enregistrés pour certaines catégories d'entre elles (vols de
véhicules et cambriolages).
Cette délinquance se caractérise, en outre, par une assez grande
impunité, le phénomène étant lié à
celui de l'implication croissante des mineurs dans les infractions commises.
Près de 22 % des faits de délinquance sont désormais
commis par des moins de 18 ans.
C'est dans les vols que leur part est la plus forte mais leur participation aux
crimes contre les personnes a doublé en dix ans et leur part dans les
règlements de compte entre malfaiteurs -en nombre, heureusement, encore
limité- a atteint 26,7 % en 1998.
L'analyse, par département, par circonscription de
sécurité publique en Ile de France et dans les villes de plus de
100.000 habitants, des taux de criminalité pour
1.000 habitants montre une concentration de celle-ci dans les zones
urbaines ainsi que de fortes disparités : de 26 pour 1.000
dans le Gers ou le Lot à 134 à Paris, la centaine
étant fréquemment dépassée dans les grandes villes
et les communes de banlieue parisienne.
3. Appréciations
Les
évolutions qui viennent d'être rappelées inspirent à
votre rapporteur les commentaires suivants :
Il faut se garder d'entrer dans des " querelles statistiques ".
Ces dernières, on l'a vu, ne sont pas parfaitement fiables. Une baisse
ne signifie pas que la partie soit gagnée, une hausse peut
résulter d'un accroissement de l'efficacité des services de
police (délinquance " proactive "). Il faut lutter contre le
sentiment
d'insécurité, en augmentant la présence
des policiers sur la voie publique, améliorer l'accueil dans les
commissariats et s'adapter, surtout, aux évolutions de la
criminalité et de la délinquance.
Concernant les délinquants mineurs, l'impunité dont ils
peuvent sembler souvent bénéficier provoque un profond
désarroi chez les policiers, les victimes et la population en
général.
En ce domaine, comme en d'autres (celui par exemple des étrangers en
situation irrégulière), les relations entre la police et la
justice doivent être améliorées.
On note, depuis deux ou trois ans, une évolution intéressante et
positive à ce sujet des parquets, notamment lorsque les procureurs
figurent parmi les signataires des contrats locaux de sécurité.
Mais cette tendance n'est pas uniforme.
L'hétérogénéité des comportements des
parquets d'une part, le décalage entre ces derniers et les magistrats du
siège, d'autre part, constituent des motifs de préoccupation.
Différentes lectures de l'ordonnance de 1945 protectrice des mineurs
peuvent, en effet, être faites.
Il convient de diversifier la dépression en amont en multipliant les
sanctions-réparations en nature et en espèce et de
réfléchir à une éventuelle réforme du code
de procédure pénale.
Le ministre de l'intérieur a déclaré, aux rencontres
nationales des acteurs de la prévention et de la délinquance,
à Montpellier, le 18 mars 1999 : " La
prévention, si souhaitable qu'elle soit, aussi large que possible, ne se
suffit pas toujours à elle-même. La sanction a aussi une valeur
éducative ".
Il a rappelé, lors de son audition par votre commission des finances, le
2 novembre dernier, la création, en application d'une
décision du Conseil de sécurité intérieure du
27 janvier 1999, de centres de placement immédiats de mineurs.
L'action de la police nationale face au
problème
de la
délinquance des mineurs
Les personnels spécialisés
Les policiers affectés dans les brigades des mineurs
L'extension de compétences des brigades des mineurs, appliquée
dans un premier temps au traitement des violences en milieu scolaire, est
également progressivement mise en place. Programmée
prioritairement sur les 26 départements très sensibles (note
à l'attention des DDSP du 29 mars 1999), elle a d'ores et
déjà été décidée pour les brigades
nouvellement créées ainsi que pour les circonscriptions de
Marseille, Aix-en-Provence, Lille, Lens et Strasbourg.
Par ailleurs, prévue sur deux ans, la formation de
17.500 fonctionnaires du corps de commandement et d'encadrement et du
corps de maîtrise et d'application, au traitement de la
délinquance des mineurs devrait bientôt s'achever. Ce sont
finalement 20.000 fonctionnaires, prioritairement ceux affectés
dans les 26 départements les plus sensibles, en contact
régulier avec des mineurs qui auront été formés.
Les policiers " référents et correspondants
police-jeunes "
Pour chaque circonscription de police ont été
désignés en août 1998 des " correspondants locaux
police-jeunes ", dont l'action est coordonnée au niveau du
département par le " référent police-jeunes "
(Décision du CSI du 8 juin 1998).
Ces derniers ont été réunis le 26 octobre 1998,
en présence du ministre de l'Intérieur par intérim, afin
de définir les objectifs et modalités de mise en oeuvre de ce
dispositif et de leur présenter le programme de formation défini
en collaboration entre la DCSP et la DFPN.
Trois sessions de trois jours ont permis d'assurer la formation des
95 référents à qui a été remise une
fiche technique élaborée par la direction centrale de la
sécurité publique précisant leur rôle et leurs
missions.
Le référent-jeunes est l'interlocuteur reconnu et
identifié par l'ensemble des administrations, services, structures
partenariales avec lesquels il est amené à travailler. Il permet
d'orienter de manière opérationnelle l'action des services de
police eux-mêmes dans la lutte contre la délinquance des mineurs
en associant la participation des îlotiers ou d'autres fonctionnaires
spécialisés. Son action conduit à une meilleure
individualisation et une plus grande rigueur du suivi judiciaire,
éducatif et social des mineurs délinquants, notamment des
multiréitérants, par la transmission d'une information plus
complète.
Une politique judiciaire adaptée
Des mesures spécifiques ont été mises en oeuvre.
L'information des magistrats concernant les mineurs délinquants
dépasse le strict cadre des procédures judiciaires et est
complétée par un récapitulatif périodique de
" l'activité " des mineurs réitérants et la
transmission d'éléments sur les effets induits et l'influence
néfaste qui découle des agissements des mineurs
délinquants sur leur environnement le plus immédiat.
La convocation par officier de police judiciaire pour les mineurs
délinquants permet de donner une suite rapide à l'acte
délinquant, et le traitement en temps réel des procédures
concernant les mineurs favorise un contact régulier entre policiers et
magistrats, diminue le nombre d'affaires classées, valorise le travail
de l'enquêteur, lutte contre le sentiment d'impunité des mineurs.
L'accélération du traitement des procédures vise, ainsi,
à restituer à la sanction pénale ses vertus
éducatives.
Une incitation au dépôt de plainte plus systématique,
notamment à l'égard des personnels de l'éducation
nationale, permet d'engager une action réellement efficace sur le plan
judiciaire mais aussi éducatif (circulaire du 2 octobre 1998
relative à la lutte contre la violence en milieu scolaire et circulaire
précisant les modalités de coopération entre les services
de police et l'éducation nationale devant prochainement être
signée).
Par ailleurs, la mise en place de la systématisation des
procédures judiciaires, même simplifiées, pour des
infractions telles que le vol à l'étalage ou la consommation de
stupéfiants permet la détection des jeunes en risque de
dérive sociale.
Enfin, la loi du 1
er
juillet 1996 portant modification de
l'ordonnance de 1945, texte législatif de référence en
matière de traitement de la délinquance des mineurs, a
institué une procédure de comparution à délai
rapproché des mineurs auteurs.
B. LA POLICE DE PROXIMITÉ : CONCEPT ET RÉALITÉS
1. Le concept de police de proximité
a) Les objectifs
La
sûreté est une mission première de l'Etat. Elle est aussi
un droit fondamental pour tous et en tous lieux. C'est en application de ces
principes que, dans le prolongement du colloque de Villepinte en 1997, le
Gouvernement a décidé le développement et la
généralisation de la police de proximité, lors du conseil
de sécurité intérieure du 27 janvier dernier.
" Pour répondre à sa vocation
7(
*
)
, la police nationale doit aujourd'hui évoluer
en profondeur et transformer ses modes d'intervention. A une police
chargée principalement du maintien de l'ordre public doit
progressivement se substituer une police qui, sans négliger ses missions
traditionnelles, ait comme objectif premier la sécurité de nos
concitoyens au quotidien et soit capable d'apporter des réponses
adaptées à la petite et moyenne délinquance de masse,
comme aux incivilités.
Le développement des violences en milieu urbain, à l'école
ou dans les transports en commun, la mise en cause croissante de mineurs de
plus en plus jeunes, les dégradations de biens de plus en plus
fréquentes, appellent en effet une autre réponse de la police.
Celle-ci doit gagner la confiance de la population et procéder moins par
opération réactive que par un travail de terrain en profondeur,
laissant à la prévention et à la dissuasion, autant de
place qu'à la répression.
La police de proximité devrait créer ainsi les conditions d'une
meilleure sécurité quotidienne de nos concitoyens.
Il s'agit d'une nouvelle doctrine d'emploi, avec de nouvelles missions et des
modes d'intervention et d'organisation différents.
La police de proximité, c'est d'abord une police qui ne se borne pas
à réagir aux événements ou à traiter les
plaintes, mais qui sait anticiper et agir afin de prévenir les troubles
à l'ordre public, les actes délictueux et les incivilités.
C'est ensuite une police qui connaît son territoire et qui est bien
connue de ses habitants. Son implantation et ses modes de travail permettent un
maillage fin du terrain ainsi qu'une connaissance approfondie des
caractéristiques sociales et culturelles des populations qui vivent dans
chaque quartier.
C'est aussi une police qui répond mieux aux attentes de la population et
qui est en dialogue permanent avec celle-ci ; une police qui apporte des
réponses efficaces et rapides aux problèmes
d'insécurité au quotidien, sait aller au-devant des citoyens, et
se mettre à l'écoute des plaignants et des victimes. "
" Anticipation " et " écoute " sont donc avec
" proximité ", les maîtres mots d'une police
rénovée dans le sens que souhaite le ministre de
l'intérieur.
b) Des modes d'action nouveaux
" Ces objectifs doivent se traduire en principe et modes
d'action nouveaux, à savoir principalement :
- un partenariat actif avec tous les acteurs locaux dans le cadre des
contrats locaux de sécurité et des instances locales de
concertation : conseils communaux de prévention de la
délinquance, comités de quartier, centres de loisirs
jeunes... ;
- une action policière ordonnée autour de territoires
clairement identifiés : secteurs, quartiers, îlots,
permettant une présence policière visible et reconnue des
habitants ;
- une responsabilisation des fonctionnaires à tous les niveaux,
dont l'action donne lieu à une évaluation et un suivi
rigoureux ;
- une polyvalence du policier de proximité, véritable
généraliste de la sécurité, disposant d'une
compétence élargie ;
- un contact permanent avec la population, fondée sur le dialogue,
l'écoute permanente, un accueil attentif, dans un souci de service au
public.
La mise en oeuvre de ces nouveaux modes d'action implique des adaptations dans
l'organisation et le fonctionnement des commissariats qui interviendront
après une nécessaire phase d'expérimentation. Elle suppose
aussi de nouveaux instruments opérationnels et des équipements
adaptés.
La doctrine d'emploi de la police de proximité, les objectifs à
atteindre, les principaux outils opérationnels à mettre en oeuvre
et le calendrier général définis au niveau central
garantissent une cohérence d'ensemble de la démarche. En
revanche, les conditions de réalisation de la réforme et de sa
généralisation doivent être fixées au niveau
départemental et de chaque circonscription.
Une instruction du ministre de l'intérieur diffusant la doctrine,
décrivant la démarche de généralisation et fixant,
le cas échéant, des priorités pour la
généralisation sera adressée aux préfets de
département fin 1999 début 2000.
L'instrument premier de cette mise en oeuvre déconcentrée sera
l'élaboration d'un schéma départemental de
développement de la police de proximité.
Le schéma départemental de police de proximité, sur la
base d'un diagnostic précis récapitulant les
caractéristiques des zones de compétence de la
sécurité publique déterminera le cadre du programme
triennal de mise en oeuvre de la police de proximité du
département avec les territoires éligibles, les besoins, ainsi
que les moyens humains et matériels à mobiliser.
Une articulation avec les contrats locaux de sécurité devra
être prévue par ce document.
Une communication et une concertation en profondeur seront conduites tout au
long de la réforme pour faciliter l'adhésion du public et des
personnel aux orientations arrêtées et à leur mise en
oeuvre. "
La police de proximité apparaît ainsi comme une police
territorialisée, responsabilisée et partenariale.
2. La mise en oeuvre
a) L'expérimentation
Dans les
circonscriptions relevant de la direction centrale de la sécurité
publique, une phase d'expérimentation est d'ores et déjà
engagée.
Dans un premier temps, l'expérimentation a été
engagée dans cinq circonscriptions de sécurité publique
(Beauvais, Châteauroux, Nîmes, Les Ulis, Garges-les-Gonesse),
choisies après une étude de faisabilité et la
définition, pour chacune, d'un projet de service.
L'expérimentation a été étendue, dès cet
été, à 62 nouveaux sites (quartiers ou communes) dans
les départements les plus touchés par la délinquance. Les
projets de service correspondants sont élaborés.
Les premiers résultats de ces expérimentations feront l'objet,
après évaluation, d'un large échange à l'occasion
d'assises nationales de la police de proximité, en mars 2000.
La généralisation de la réforme sera alors mise en oeuvre,
progressivement en trois phases, pour s'achever au premier semestre 2002.
Elle sera déconcentrée et concertée.
b) Les mesures d'accompagnement
" Les collectivités locales seront invitées
à participer à cette démarche dont la mise en oeuvre est
subordonnée à une action concertée d'ensemble à
l'échelon local.
Parce qu'il s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle doctrine d'emploi, parce
qu'il suppose de nouvelles conditions d'exercice du métier de policier,
une nouvelle organisation territoriale et une présence accrue sur la
voie publique, le développement de la police de proximité doit
être accompagnée par :
Un plan de formation ambitieux
: la formation initiale des
fonctionnaires sera redéfinie, au moment où la police nationale
connaît le changement complet de génération que provoquera,
dans les cinq ans qui viennent, l'arrivée de 25.000 fonctionnaires
et de 20.000 adjoints de sécurité.
Le développement de la police de proximité sera également
accompagné d'un plan de formation continue portant sur les nouvelles
conditions d'exercice du métier, sur l'évolution des
compétences qu'implique ce changement et les outils opérationnels
qui en seront le support.
Le schéma directeur de la formation dans la police nationale qui vient
d'être adopté illustre la priorité donnée à
cette action.
Un redéploiement des personnels en faveur des missions de
proximité
: plusieurs mesures ont été prises
à cet effet :
• redéploiement de 1.200 policiers au profit de
26 départements les plus sensibles d'ici à la fin de
l'année, conformément aux conclusions du conseil de
sécurité intérieure du 27 janvier dernier ;
• fidélisation territoriale d'unités mobiles afin de
permettre un redéploiement d'effectifs au profit des missions de police
de proximité dans les agglomérations sensibles ;
• redéploiements internes aux services de police, et
notamment de sécurité publique, en faveur des quartiers
difficiles ;
• affectation prioritaire des adjoints de sécurité aux
missions d'accueil et d'îlotage ; et élargissement de leurs
activités à des tâches de garde et de logistique, afin de
favoriser le redéploiement de personnels titulaires.
des moyens de fonctionnement locaux et équipements
adaptés.
L'évolution en cours exige des moyens suffisants.
En effet, outre les adaptations immobilières éventuellement
nécessaires, un effort d'accompagnement sera indispensable en ce qui
concerne les véhicules, les équipements, les effets
vestimentaires, les moyens informatiques et les transmissions.
La dotation des circonscriptions de sécurité publique choisies
pour l'expérimentation de la police de proximité sera
renforcée dès 1999 et complétée en 2000.
Les moyens nécessaires à la généralisation sont,
par ailleurs, dégagés au titre du projet de loi de finances
2000. "
c) Les instruments auxiliaires
La mise
en oeuvre de la police de proximité repose sur la collaboration aux
missions de sécurité de partenaires extérieurs
intéressés (à travers les contrats locaux de
sécurité), l'affectation d'adjoints de sécurité et
le recrutement d'agents locaux de médiation sociale.
•
Les contrats locaux de sécurité
Selon le rapporteur pour avis des crédits de la police de la commission
des lois de l'Assemblée nationale, M. Mermoz, les contrats locaux de
sécurité (CLS) constituent les " clefs de voûte de la
démarche globale qu'est la police de proximité. "
Prévus par une circulaire interministérielle du
28 octobre 1997, ils s'inscrivent effectivement dans la logique de
cette démarche qui associe prévention, sanction et
éducation civique.
Les insuffisances constatées au début de la mise en oeuvre de la
procédure tendent à s'améliorer, qu'il s'agisse :
-
des diagnostics de sécurité préalables
8(
*
)
:
ils permettent généralement
d'aboutir à un plan d'action répondant à la situation
locale mais restent encore, dans un quart
des cas environ, insuffisants et
peu exploitables, notamment en ce qui concerne l'analyse critique de la
réponse apportée aux problèmes locaux
;
-
du partenariat
qui ne se limite plus aux élus et aux
services de l'Etat. Sans signer nécessairement le contrat, d'autres
partenaires concernés (sociétés de transports en commun,
bailleurs sociaux, commerçants) figurent dans les fiches d'action (voir
ci-dessous) et participent souvent aux instances d'information et de
concertation que sont devenues les conseils départementaux de
prévention de la délinquance ;
-
de l'élaboration de plans d'actions
, déficiente au
début, qui s'améliore grâce, justement, aux fiches d'action
susvisées.
Le bilan actuel est de 110 contrats et 2.045 actions dont 283
relatives au développement de la police de proximité, 238
à l'amélioration de l'accueil du public et 183 à
l'assistance aux victimes.
•
Les adjoints de sécurité
Ce sont, d'après le rapport précité de M. Mermaz, une
" pièce maîtresse " de la mise en oeuvre de la police de
proximité, notamment parce qu'ils permettent de structurer et de
renforcer les patrouilles d'îlotiers et d'améliorer les conditions
d'accueil du public.
Les trois quarts sont affectés dans les départements très
sensibles ou à Paris.
Les adjoints de sécurité sont des " emplois-jeunes "
dont le statut a été précisé par un décret
du 30 octobre 1997. Agés de 18 à 25 ans, ils sont
engagés pour cinq ans sur la base d'un contrat de droit public. Ils
doivent permettre de faire face à des besoins non satisfaits en
matière de prévention, d'assistance et de soutien,
particulièrement dans les quartiers les plus sensibles.
Leurs missions sont très variées mais ils ne peuvent pas
participer à des missions de police judiciaire ou de maintien de
l'ordre. Ils portent une arme quand leurs missions le justifient.
Les candidats sont recrutés dans le cadre départemental sur la
base d'une sélection reposant sur des tests psychologiques et un
entretien. Aucun diplôme n'est exigé.
Les adjoints bénéficient d'une formation initiale d'une
durée de 10 semaines, au lieu de 8 semaines initialement,
comprenant une partie théorique en école de huit semaines et un
stage de deux semaines dans un service. Un tuteur leur est affecté dans
des conditions précisées par la circulaire du
16 août 1999.
•
Les agents locaux de médiation sociale
Ainsi qu'il a été indiqué à votre rapporteur,
" les principales fonctions confiées aux agents locaux de
médiation sociale visent à améliorer la
sécurité d'espaces et de bâtiments publics (rues et places
de quartier, gares, véhicules de transport, gymnases) ou privés
(halls d'immeubles du parc social, centres commerciaux). Leur présence
active, notamment par le dialogue avec la population, vise à
réduire le sentiment d'insécurité quand cela est possible.
Le contact recherché avec les publics fragiles ou en difficulté,
l'animation préventive, sont au nombre des missions d'utilité
sociale qu'ils accomplissent couramment.
L'amélioration des relations entre, d'une part, les institutions, que
leur formation et leur activité quotidienne doivent justement leur faire
connaître, et, d'autre part, la population dans les quartiers difficiles
se rattache directement à leur rôle de médiation.
Si la médiation constitue une priorité, l'animation
préventive et la présence, dès lors qu'elles sont
adaptées aux caractéristiques du territoire
considéré, constituent les missions les plus importantes
assignées à ces personnels. Les correspondants de nuit et les
agents d'ambiance dans les transports publics semblent être, pour le
moment, deux métiers qui émergent car ils ont fait la preuve de
leur utilité et ont bénéficié dans de nombreux cas
d'une démarche de professionnalisation soutenue par les employeurs.
Les collectivités locales, et en particulier les communes, sont les
principaux employeurs de ces personnels. Viennent ensuite et, à moindre
degré, les transporteurs publics et privés, les bailleurs sociaux
et les associations.
Une circulaire en date du 15 décembre 1997 recommande aux
préfets de veiller à ce que le recrutement des agents locaux de
médiation sociale " reflète le plus fidèlement
possible, la diversité des habitants des villes et des quartiers
sensibles où ils seront amenés à exercer leurs
missions ".
Comme les adjoints de sécurité, les agents locaux de
médiation sociale sont des " emplois-jeunes " de droit commun.
8.192 emplois correspondants ont été créés
(mais pas encore tous pourvus), d'un coût budgétaire total de
57,3 millions de francs.
Les contrats locaux de sécurité, les adjoints de
sécurité et les agents locaux de médiation sociale peuvent
être des facteurs importants de réussite de la police de
proximité dans la mesure où ils contribuent, en matière de
sécurité :
- à l'implication des collectivités et d'autres partenaires
concernés (transports publics, offices d'HLM) ;
- à une forme de " mixité sociale " (19 % des
adjoints de sécurité proviendraient des quartiers sensibles.
Près de 30 % des agents de médiation sont issus de
l'immigration et 7,5 % sont de nationalité étrangère).
Votre rapporteur est favorable à ces nouveaux instruments. Il souhaite,
de façon générale :
- une meilleure concertation entre les commissaires de police et les
élus ;
- que la formation et l'encadrement des adjoints de sécurité
fassent l'objet d'une particulière attention (d'autant que la
majorité sont dotés d'une arme de service) et que
l'intégration d'une partie d'entre eux dans la police
9(
*
)
s'effectue dans des conditions équitables et
rigoureuses.
III. LES PROBLÈMES LES PLUS IMPORTANTS DE SÉCURITÉ CIVILE
L'actualité la plus récente a focalisé
l'attention des élus locaux sur deux problèmes importants :
- l'application de la loi du 3 mai 1996 sur la
départementalisation des services d'incendie et de secours, d'une
part ;
- l'insuffisante prévention des risques naturels liés aux
inondations, d'autre part.
Dans les deux cas, se posent des problèmes de répartition des
compétences au sein des pouvoirs publics, avec, en outre, dans le cas
des services d'incendie et de secours, le fait que les collectivités
territoriales assument les conséquences financières de
décisions prises par l'Etat.
A. LA DÉPARTEMENTALISATION DES SERVICES D'INCENDIE ET DE SECOURS
1. Les principes de la réforme de 1996
Les
principaux apports de la loi du 3 mai 1996 relative aux services
d'incendie et de secours se traduisent par la mise en place d'une nouvelle
organisation territoriale, c'est-à-dire un service départemental
d'incendie et de secours (SDIS) qui devient le gestionnaire essentiel des
moyens des services d'incendie et de secours. C'est à lui que revient,
désormais, d'acheter ou de louer les matériels des centres
d'incendie et de secours, mais aussi de gérer l'ensemble des biens
immobiliers nécessaires (casernes...).
La nouvelle organisation des services d'incendie et de secours est
dorénavant indissociable du développement du volontariat dans les
corps de sapeurs-pompiers.
En effet, le même jour que la loi n° 96-369 relative aux SDIS,
a été publiée une deuxième loi n° 96-370
relative, elle, au développement du volontariat dans les corps de
sapeurs-pompiers.
Les sapeurs-pompiers professionnels, d'une part, les sapeurs-pompiers
volontaires des centres de secours principaux et des centres de secours,
d'autre part, seront transférés dans un délai de cinq ans
au sein du corps départemental, aux termes d'une convention
signée entre le SDIS et la commune ou l'établissement public de
coopération intercommunale qui les employait.
Depuis la publication de la loi, de nombreux départements ont
entamé les négociations devant aboutir à la signature de
ces conventions.
Par ailleurs, l'organisation administrative du SDIS a été
également modifiée, pour la rapprocher de celle d'un
établissement public de droit commun, notamment par la création
d'un conseil d'administration qui élit son président et
possède un pouvoir délibérant.
La mise en oeuvre de la réforme des services d'incendie et de secours se
fait donc dans le cadre des règles fixées au plan national par la
loi du 3 mai 1996 et par ses textes d'application. La loi a
confié des responsabilités et des compétences
particulières, pour l'organisation de ce grand service public moderne,
aux conseils d'administration des services départementaux d'incendie et
de secours, composés d'élus représentants des
départements, des communes et des établissements publics de
coopération intercommunale. Il appartient à chaque conseil
d'administration, dans le cadre des règles fixées au plan
national, et en fonction du schéma départemental d'analyse et de
couverture de risques arrêté par le Préfet après
avis conforme du conseil d'administration, d'adapter aux
spécificités de chaque département la mise en oeuvre de
ces textes nationaux.
2. Des difficultés d'application
" Il est clair -reconnaît le ministre de
l'intérieur, en réponse à une question écrite d'un
député
10(
*
)
, surtout pour les
départements qui n'avaient pas engagé antérieurement la
remise à niveau des services d'incendie et de secours, que la
réorganisation au plan départemental de ces services
représente une charge lourde, en croissance rapide depuis quelques
années. Cette croissance, en particulier dans ces départements,
est certes liée à la mise en oeuvre d'un certain nombre de
règles nationales prévues par les deux lois de mai 1996. Elle est
liée aussi aux décisions des conseils d'administration pour
assurer l'amélioration ou la modernisation des structures, des
matériels et des casernements. Elle est enfin liée aux
résultats des négociations menées dans chaque
département, notamment en matière de régime de service et
de régime indemnitaire. Le ministre de l'intérieur prend acte de
cette croissance importante des dépenses dans un certain nombre de
départements et constate que l'adoption des deux lois du
3 mai 1996 n'avait pas été
précédée d'une étude d'impact suffisante pour en
apprécier les conséquences. Le ministre de l'intérieur a
donné instruction à ses services de mener, pour la
préparation de tout nouveau texte, une large concertation avec
l'ensemble des partenaires concernés, au premier rang desquels les
présidents de conseil d'administration de SDIS maintenant
regroupés dans une association nationale.
S'agissant des procédures de transferts des sapeurs-pompiers et des
biens nécessaires au fonctionnement du SDIS, la loi du
3 mai 1996 a prévu un délai de cinq ans pour leur mise
en oeuvre à compter de la date de sa promulgation. A cet effet, le
législateur a souhaité que ces mesures de transferts
résultent de l'initiative locale. Il apparaît donc difficile,
à ce jour, de dresser un bilan exhaustif de ces transferts. Cependant,
la grande majorité des sapeurs-pompiers professionnels devrait
être transférée dans les corps départementaux au
début de l'an 2000. Pour les transferts des casernements, il
apparaît qu'une grande partie de ceux-ci devrait n'être
réalisée qu'à partir de l'an 2000. En tout état de
cause, un bilan exhaustif de l'ensemble de ces transferts
réalisés ne pourra être établi que dans la seconde
moitié de l'an 2000 à l'issue du traitement des rapports
adressés par les représentants de l'Etat dans les
départements, conformément aux dispositions du décret
n° 96-1171 du 26 décembre 1996 relatif aux
transferts des personnels et des biens. Parallèlement, et compte tenu de
l'ampleur des réformes engagées et de l'importance de ces
dépenses dans les budgets des collectivités locales, le ministre
de l'intérieur a proposé au Gouvernement la création d'une
commission de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre des lois du
3 mai 1996, qui sera installée dans le courant de
l'automne. "
Dans l'ensemble des départements, les conseils d'administration ont
engagé des négociations avec les différents partenaires
pour établir, plus ou moins rapidement en raison de la disparité
des situations, les conventions de transferts.
A ce propos, M. Jean-Pierre Chevènement a déclaré,
ultérieurement à l'Assemblée nationale, à
l'occasion de l'examen de son budget par les
députés : " il est clair que le regroupement au
sein d'une même entité, de personnels aux conditions de
rémunération initialement différenciées et
d'équipements disparates peut susciter une coûteuse remise
à niveau.
Le financement des SDIS -c'est-à-dire à peu près 13
à 15 milliards de francs- relève traditionnellement da la
compétence des seules collectivités locales. Toutefois,
l'hypothèse de l'affectation de ressources nouvelles pour accompagner la
réforme est examinée.
S'agissant de l'Etat, j'ai indiqué -a poursuivi le ministre de
l'intérieur- qu'une piste intéressante serait l'attribution d'une
dotation globale d'équipement spécifique pluriannuelle pour la
période de remise à niveau (hypothèse qu'il avait
déjà envisagée le 2 novembre devant votre commission
des finances). J'ai également demandé, -a-t-il ajouté- en
accord avec le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
de mettre à l'étude la mobilisation de prêts de la Caisse
des dépôts et consignations de très longue durée
-32 ans- et à des taux inférieurs à ceux du
marché. "
La réforme se poursuit, les difficultés rencontrées sont
liées également aux négociations relatives à la
mise en place du régime indemnitaire et du régime de travail des
sapeurs-pompiers.
Ces questions se trouvent très bien traitées par le rapport pour
avis, présenté par M. René-Georges Laurin au nom de la
commission des lois, qui précise :
- les difficultés rencontrées par plusieurs SDIS pour mettre
en oeuvre, avant la date limite du 3 mai 2001, toutes les
dispositions prévues
11(
*
)
par la loi du
3 mai 1996 ;
- les contradictions du Gouvernement qui, tout en fixant le régime
indemnitaire des sapeurs pompiers professionnels, laisse aux
collectivités territoriales le soin d'arrêter leur régime
de travail ;
- le coût, insupportable pour les collectivités, d'une
réduction de cinq années de la durée d'activité des
pompiers, revendiquée par ces derniers ;
- le fait que ce sont les collectivités territoriales qui
supportent le coût des mesures, prises par le Gouvernement ou en
préparation, concernant leur carrière ainsi que celui des
décisions des préfets lorsqu'ils dirigent des opérations
de secours.
B. LA PRÉVENTION DES INONDATIONS
Les graves inondations survenues les 12 et 13 novembre derniers dans plusieurs départements du sud de la France, qui ont provoqué le décès de 30 personnes, ont illustré une nouvelle fois l'efficacité des secours et l'insuffisance de la prévention.
1. L'insuffisance de la prévention
La loi
n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement
et à la protection de l'environnement a prévu
l'élaboration de plans de prévention des risques naturels (PPR)
dans les zones à risques (inondations, mouvements de terrain,
avalanches, incendies de forêts, séismes, éruptions
volcaniques, tempêtes ou cyclones).
Les PPR (voir encadré ci-dessous), élaborés par les
services du ministère de l'Aménagement du territoire et de
l'Environnement, constituent des documents portant servitude d'utilité
publique, annexés aux plans d'occupation des sols.
LES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES |
|
Les plans de prévention des risques (PPR)
sont
des annexes aux plans d'occupation des sols (POS). Ils sont prévus par
une loi de l987, modifiée en 1995 par la loi dite Barnier. Ils
succèdent aux plans d'exposition aux risquent naturels (PERN),
lancés en 1982.
|
Les directions départementales de
l'équipement
et celles l'agriculture, sous l'autorité du
préfet, élaborent les PPR mais ils font l'objet d'une
enquête publique et de consultations auprès de communes dont les
élus renâclent parfois.
|
Ils
fixent des normes de construction, définissent des mesures de
prévention et prescrivent, si nécessaire, la réalisation
d'aménagements.
Au plan national, 2.071 communes sont dotées d'un plan de
prévention des risques naturels.
Or, l'instance d'évaluation de la politique publique de la
prévention des risques naturels a estimé, dans un rapport
publié en 1998, à 10.000 le nombre de communes dont
l'exposition à un risque naturel justifierait l'adoption d'un PPR, le
programme établi permettant d'espérer que 5.000 d'entre
elles en soient dotées d'ici 2005.
Ainsi, une commune à risque seulement sur cinq s'est dotée d'un
PPR permettant aux maires de refuser d'accorder des permis de construire dans
les zones inondables.
L'utilité de plans de prévention n'est pas à
démontrer.
" Le Monde "
du 17 novembre 1999 citait
l'absence de victimes, en partie grâce à l'existence d'un PPR,
dans la commune de Saint-Laurent-de-la-Salanque, tandis que des lotissements
résultant d'une urbanisation anarchique antérieure à la
politique de prévention des risques, avaient été
particulièrement endommagés à Cuxac ou Carnet d'Aude.
Les catastrophes subies servent de leçon, à Nîmes, par
exemple, dont le PPR a été durci ou à Vaison-la-Romaine,
qui ne s'est pas contentée d'adopter un PPR, mais a fait procéder
à la démolition d'une école maternelle et de lotissements
inondables.
Pourtant, comme le note M. Philippe Vesseron, directeur de la prévention
contre les risques au ministère de l'aménagement du territoire et
de l'environnement, " les inondations, qui motivent les deux tiers des
PPR, restent le risque le plus difficile à admettre par les élus
et la population.
Par ailleurs, la neutralisation de zones dans l'hypothèse d'incendies de
forêts passe mal sur les bords de la Méditerranée. De la
même manière, l'existence d'un péril sismique fait sourire
à Nice, où aucune secousse d'importance n'a été
recensée depuis deux siècles ".
Un défaut d'information et de sensibilisation se fait donc sentir.
Ainsi, comme le fait observer M. Philippe Masure, expert au BRGM (bureau de
recherches géologiques et minières) " nous dépensons
trop pour indemniser et pas assez pour prévenir ". M. Masure estime
que " l'état de catastrophe naturelle est
décrété trop systématiquement, ce qui a pour effet
de déresponsabiliser les citoyens et les élus ".
Peut-être serait-il efficace de regrouper, au niveau de l'Etat, les
responsabilités actuellement dispersées concernant,
respectivement, les secours (ministère de l'intérieur), la
réparation et la prévention
12(
*
)
des risques naturels et de mieux y associer les élus locaux.
2. L'aide aux victimes
a) La cellule catastrophes naturelles
Il
existe une commission interministérielle ad hoc qui édicte, au
cas par cas, des arrêts de reconnaissance de l'état de catastrophe
naturelle concernant les communes sinistrées.
Afin de répondre très rapidement à certaines situations
particulièrement difficiles, l'Etat dispose, au titre de la
solidarité nationale de deux lignes budgétaires pour allouer,
sous certaines conditions, des aides financières en faveur des
sinistrés. Il s'agit :
- des secours d'extrême urgence
- du fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités.
b) Le secours d'extrême urgence
Il est
envoyé des secours aux victimes de calamités pour leur permettre
de " faire face, dans l'immédiat, à leurs besoins essentiels
les plus urgents, tels que nourriture, logement ou habillement "
(circulaire n° 76-72 du 06 février 1976). Afin
d'apporter une réponse favorable à un nombre relativement
important de demandes, il a été décidé de verser
forfaitairement la somme de 1.000 francs par adulte et 500 francs par
enfants à charge.
Cette ligne budgétaire est gérée par l'administration
centrale qui délègue les sommes (en numéraire) au
préfet du département sur demande motivée de leur part.
Il convient de souligner que si ce secours est effectué au titre de la
solidarité nationale, il reste subordonné à une aide
locale.
Par ailleurs, une réflexion interministérielle a
été lancée en 1999 pour améliorer les conditions de
la mise en place de ce secours dont votre rapporteur souhaiterait être
informé.
c) Le fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités
Cinq
millions de francs ont été ouverts au budget du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie, par la loi de finances
pour 1999, sur le budget des charges communes au chapitre 46.02 " Secours
aux victimes de sinistres et calamités ".
Ce fonds qui ne peut être mis en oeuvre que pour aider des personnes dont
les biens, non assurés au moment du sinistre, n'ont pu être
indemnisés, reste conditionné par l'attribution d'une aide
locale, par le niveau des ressources des sinistrés, ainsi que par la
nature des biens endommagés.
CONCLUSION
En
consacrant plus de la moitié de ses dépenses et de ses mesures
nouvelles à la police, ce budget correspond aux attentes des
Français dont la sécurité, avec le chômage,
constitue l'une des préoccupations majeures.
Ainsi pourra être poursuivie l'oeuvre de rénovation de la police
qui consiste à l'adapter aux changements auxquels elle est
confrontée : évolution de la délinquance, de sa
localisation, de ses formes et de ses auteurs, avec une concentration dans des
zones particulières, l'apparition des délits informatiques, le
développement des infractions commises par des mineurs.
La police s'efforce de répondre à ces défis par une
adaptation de ses effectifs, de ses méthodes et de ses moyens qui
s'inscrit dans la continuité des politiques menées les
années précédentes, en conformité notamment avec
les orientations de la loi d'orientation et de programmation relative à
la sécurité du 21 janvier 1995.
Le nouveau concept de police de proximité tend toutefois, non seulement
à mieux faire correspondre les implantations des forces de l'ordre
à la carte de la délinquance, mais aussi à rapprocher la
police de la population. La proximité recherchée est donc
à la fois géographique, sociologique et relationnelle.
Renforcement, donc, des effectifs, d'une part, modernisation des
méthodes et des moyens, d'autre part, avec un effort particulier de
formation, le développement de la police scientifique, la poursuite du
déploiement du réseau ACROPOL...
La sécurité des Français, c'est aussi la
sécurité civile !
Ce budget s'efforce de faire face aux conséquences de la
professionnalisation des unités d'intervention et d'instruction et de la
disparition progressive des appelés au sein des brigades de
sapeurs-pompiers de Paris et Marseille. Il permet de poursuivre, dans d'assez
bonnes conditions, la modernisation du déminage.
Après l'amélioration de la sécurité, surtout
policière, la modernisation des services centraux et territoriaux du
ministère constitue la deuxième priorité de ce budget.
Votre commission des finances vous propose d'adopter ce budget car il
répond aux aspirations des Français en matière de
sécurité et contribue à la modernisation de l'Etat, dans
ses fonctions régaliennes, les plus essentielles et les moins
contestées.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa séance du 4 novembre 1999, la commission a
procédé sur le rapport de M. André Vallet, rapporteur
spécial, à l'examen des crédits de la
sécurité inscrits au budget du ministère de
l'intérieur pour 2000.
M. André Vallet, rapporteur spécial, a tout d'abord
brièvement rappelé les principales données
chiffrées qui caractérisent ce budget consacré, pour plus
de la moitié de ses dépenses, au financement des actions de la
police et de la sécurité civile et, pour le restant, à
celui des services de l'administration centrale et territoriale.
Les crédits augmentent globalement de 1,5 milliard de francs soit
environ 3 %, passant de 53,2 à 54,7 milliards de francs. Ce
budget connaît deux évolutions particulières dont les
conséquences s'annulent à peu de choses près. Il s'agit
d'une part d'une diminution de crédits de 529,7 millions de francs,
au chapitre 37-61, du fait de l'absence d'échéances
électorales nationales en l'an 2000, d'autre part, d'une augmentation
presque équivalente de 526,5 millions de francs liée
à la création d'un nouveau chapitre 41-61, destiné au
financement des partis politiques et alimenté par un transfert en
provenance des charges communes.
Trente milliards de francs en l'an 2000 iront à la police,
17 milliards à l'administration générale, dont
13,9 milliards pour les pensions et allocations servies à
l'ensemble des personnels du ministère, 6,5 milliards à
l'administration territoriale, 1,3 milliard enfin à la
sécurité civile.
Les dépenses de personnel -a rappelé le rapporteur
spécial- représentent 80 % de ce budget et les
dépenses ordinaires, y compris le fonctionnement, sa presque
totalité, soit 96,9 %.
Néanmoins, les dépenses en capital, en valeur absolue,
dépassent les 1,5 milliard de francs en autorisations de programme
et en crédits de paiement. La sécurité civile fait figure
d'exception, puisque la part des dépenses de personnel y est
inférieure à 30 %, l'équipement et la maintenance des
moyens aériens de lutte contre les incendies y occupant une place
importante.
Le taux d'augmentation de ce budget est trois fois supérieur à
celui du budget général et il permet, grâce à une
bonne maîtrise de ses dépenses de reconduction, de consacrer
600 millions de francs au financement de mesures nouvelles.
La police -a rappelé M. André Vallet- va subir, dans les cinq
prochaines années, une véritable hémorragie de ses
effectifs, dont le quart (soit 24.400 personnes), doit partir en retraite.
Diverses mesures ont été prévues pour faire face à
cette situation : augmentation des recrutements dans les écoles de
police, " repyramidage " des corps (déflation au sommet au
profit d'un étoffement à la base), redéploiements et
fixation d'unités mobiles dans les zones sensibles, suppression de
tâches indues et aménagements horaires tendant à
améliorer la disponibilité des forces de l'ordre sur le terrain,
embauche, enfin, de 20.000 adjoints de sécurité (qui
compensera la disparition, par suite de la professionnalisation des
armées, des auxiliaires de police appelés du contingent).
M. André Vallet, rapporteur spécial, a alors fait part à
la commission de ses observations concernant non seulement l'évolution
des crédits, mais aussi le fonctionnement des services de police et de
sécurité civile.
Concernant les départs anticipés à la retraite, il a
observé que leur nombre important était lié à la
facilité de trouver un emploi pour d'anciens policiers à
l'âge de 51 ans, ainsi qu'à la crainte d'une évolution
ultérieure défavorable des régimes de retraite pour des
raisons démographiques.
Il a ensuite évoqué les problèmes de la délinquance
informatique, d'autant plus difficile à combattre que les
rémunérations proposées, par la police, aux
spécialistes sollicités, sont insuffisantes pour empêcher
les meilleurs d'entre eux de rechercher une situation plus
rémunératrice dans le secteur privé, au terme de leur
contrat. A l'étranger, des systèmes différents permettent
de retenir les experts les plus compétents.
Concernant la sécurité civile, M. André Vallet, rapporteur
spécial, a mentionné les problèmes posés par les
disparités entre différents corps d'origine des pompiers
professionnels, les exigences de ces derniers et le coût de la
départementalisation des services d'incendie et de secours. Il s'est
également inquiété des difficultés
rencontrées dans l'utilisation des nouveaux Canadairs, dont le manque de
fiabilité provoque des protestations de la part des pilotes et constitue
une source permanente de contentieux.
Concernant les catastrophes naturelles, il a souligné les dangers
liés à l'urbanisation considérable des zones à
risques. Des mesures de prévention au niveau de la délivrance des
permis de construire n'ont commencé à être prises que
depuis une dizaine d'années.
L'augmentation de la délinquance des mineurs lui a semblé un
problème à la fois très préoccupant et mal
traité, du fait, notamment, de divergences entre la police et la justice.
L'impunité dont semblent jouir les mineurs auteurs d'infractions,
parfois graves, trouble profondément la police et la population.
Il importe également, pour le rapporteur spécial,
d'améliorer l'accueil du public dans les locaux de la police, ainsi que
les relations entre les commissaires et les élus en vue d'une meilleure
information et d'une collaboration plus fructueuse entre eux.
Enfin, le déploiement du réseau numérique crypté de
communication de la police dénommé ACROPOL dont
l'achèvement n'est prévu qu'en 2008, lui a semblé beaucoup
trop lent. M. André Vallet, rapporteur spécial, a cité
l'exemple de la Corse où il est très aisé d'écouter
les conversations des membres des forces de l'ordre.
Au terme de l'exposé du rapporteur spécial, M. Alain Lambert,
président, a demandé à ce dernier de préciser, dans
son rapport écrit, s'il pouvait être procédé
à une planification précise des besoins en effectifs de policiers
et de leurs conséquences financières en vue d'anticiper les
mesures nécessaires plutôt que d'être contraints à
l'improvisation sous la pression du court terme.
Lors de sa réunion du 10 novembre 1999, la commission a
décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat, sur
les crédits du ministère de l'intérieur.
ANNEXE
LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Dans la partie sécurité du budget de l'intérieur et de la décentralisation, l'article 10 du chapitre 41-31 relatif aux services de lutte contre l'incendie et de secours a été abondé, à titre non reconductible, de 0,05 millions de francs.
Réunie le jeudi 4 novembre 1999, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a
procédé, sur le
rapport
de
M. André Vallet,
rapporteur spécial,
à
l'examen des crédits de la
sécurité
inscrits au budget du
ministère de
l'intérieur pour 2000.
A l'issue de cet examen, la commission a décidé de
réserver son vote sur les
crédits de la sécurité
jusqu'à une réunion ultérieure.
Lors d'une deuxième réunion, le 10 novembre 1999, la
commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du
Sénat pour le vote des crédits de la sécurité du
ministère de l'intérieur.
Elle a confirmé sa position le 25 novembre 1999, après avoir
pris acte des modifications apportées à ce budget par
l'Assemblée nationale.
1
Et accessoirement aux moyens
consacrés
aux cultes (en Alsace-Lorraine), aux contentieux, et aux élections...
2
Doubs, Finistère, Isère, Seine-Maritime
3
programmes CHEOPS (circulation hiérarchisée des
enregistrements de police sécurisés), TESA (équipements
des terminaux embarqués dans les véhicules), FAED (fichier
automatisé des empreintes digitales) STIC (système de traitement
des infractions constatées)
4
grâce à une globalisation et à une
déconcentration de la gestion des crédits ainsi qu'à
l'utilisation de marges de manoeuvre (repyramidages de certains corps,
diminutions structurelles de certaines dépenses, etc...)
5
Cet objectif a été insuffisamment atteint, en ce qui
concerne le recrutement des adjoints de sécurité, mais mieux
s'agissant de celui des agents locaux de médiation sociale, dont
près de 30 % sont d'origine étrangère et 50 % n'ont pas
été au lycée.
6
3.000 CRS et gendarmes mobiles doivent être ainsi
" fixés " dans les zones sensibles.
7
Extraits d'une réponse au questionnaire budgétaire
de votre rapporteur
8
La circulaire du 28 octobre 1997 précise les
trois étapes du diagnostic. Celles-ci s'articulent autour de la collecte
d'indications quantitatives, d'une évaluation du sentiment
d'insécurité, et d'une analyse critique de la réponse
institutionnelle apportée à la situation locale.
9
dans la limite de 40 % des emplois offerts au recrutement
(cf. décret du 19 octobre 1999 modifiant celui du
9 mai 1995 portant statut particulier du corps de maîtrise et
d'application de la police nationale).
10
M. Gilbert, Le Bris J.O. du 18 octobre 1999
11
60 % des pompiers professionnels et 40 % des
volontaires ont été intégrés dans les corps
départementaux.
La moitié des SDIS ont achevé l'élaboration de leur SDACR
(schéma départemental d'analyse et de couverture des risques).
12
Ministère de l'agriculture pour les incendies de
forêt, de l'environnement pour les inondations et les autres risques
naturels.