AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le Sénat a été saisi, le 19 octobre 1999, d'un projet
de loi au titre erroné dont le dispositif est déjà
périmé.
Un titre erroné
: le Gouvernement peut-il en effet parler de
réduction
" négociée "
du temps de
travail quand il abaisse autoritairement la durée légale ?
Un dispositif périmé
: le financement du projet de
loi en tant qu'il prévoyait une taxation des organismes de protection
sociale, a été totalement remis en question par le Gouvernement
quelques jours après son adoption sans modification par
l'Assemblée nationale.
Jamais probablement un projet de loi n'aura donc été
présenté et examiné dans une telle confusion, de
surcroît selon la procédure d'urgence déclarée par
le Gouvernement.
Confusion quant à ses objectifs
La réduction du temps de travail devrait
" créer des
emplois, beaucoup d'emplois "
. Il est prématuré de tirer
un bilan de la première loi Aubry car, si le compteur des aides tourne
déjà, les créations ou préservations d'emplois
restent des " promesses ".
Toutefois, à la lecture du second projet de loi, la réduction du
temps de travail apparaît désormais comme un objectif en soi.
Les aides que le projet de loi institue ne sont pas liées à des
créations d'emplois, même si le texte adopté par
l'Assemblée nationale se veut ambigu et peut laisser en
définitive un pouvoir exorbitant d'appréciation à
l'Administration.
Parallèlement, le Gouvernement fait son " chemin de Damas " et
découvre tardivement le mérite de l'allégement des charges
sur les bas salaires.
Mais il entend fusionner ces allégements avec les aides aux 35 heures et
réserver ce nouveau barème aux seules entreprises dotées
d'un
" accord fixant la durée collective du travail à 35
heures "
.
En seront ainsi exclues, sans raison, les entreprises qui,
indépendamment de leur volonté, n'auront pu conclure un accord,
quand bien même elles seraient à 35 heures, de même que
celles qui, sans être à 35 heures, supporteront toutefois le
coût de l'abaissement de la durée légale.
Confusion quant à la méthode
La loi du 13 juin 1998 qui restait volontairement floue quant aux
conséquences qui s'attachent à la baisse de la durée
légale du travail, appelait les partenaires sociaux à
" négocier les modalités de réduction effective de
la durée du travail adaptées aux situations des branches et des
entreprises
".
Face, d'une part, à l'échéance non négociable,
fixée par la même loi, d'une baisse de la durée
légale du temps de travail, compte tenu, d'autre part, des aides
substantielles qui étaient accordées pour inciter à une
anticipation de cette échéance, prenant acte, enfin, de la
promesse que la seconde loi reprendrait à son compte la teneur des
accords conclus, les partenaires sociaux ont négocié.
Le Gouvernement ne se fait pas faute de se féliciter du nombre et de la
qualité des accords conclus.
Cependant, le Gouvernement, en
" s'inspirant "
du contenu des
accords, opère des choix entre les clauses et n'en retient que
certaines, ce qui revient à nier toute négociation qui est faite
de concessions réciproques permettant d'atteindre un équilibre.
En outre,
" le nouvel espace de négociation "
que
prétend ouvrir le projet de loi est corseté par les
précisions, limites et détails que son dispositif comporte, de
sorte que l'espace de la négociation s'apparente à une peau de
chagrin.
Confusion quant aux financements
Depuis deux ans, le Gouvernement s'obstine à vouloir faire financer les
35 heures par les organismes gérant la protection sociale des
Français, malgré l'opposition formelle, résolue et unanime
de l'ensemble des partenaires sociaux.
En décembre 1997, dès le dépôt du premier
projet de loi sur la réduction du temps de travail, le Gouvernement
affirmait, dans son exposé des motifs, son intention de ne compenser que
partiellement à la sécurité sociale les
exonérations de charges liées aux 35 heures.
En juin 1999, le ministre de l'économie et des finances, dans son
rapport pour le débat d'orientation budgétaire,
développait à nouveau et longuement la théorie du
" recyclage ".
Le 28 juillet 1999, date de son dépôt, le projet de loi sur
la réduction négociée du temps de travail prévoyait
une " contribution " des organismes de protection sociale dont le
Conseil d'Etat s'est inquiété que ni le taux, ni l'assiette ne
soient fixés par la loi, dès lors qu'il s'agissait d'une
" imposition ".
Le 21 septembre 1999
,
dès la réunion de la commission
des comptes de la sécurité sociale, le Gouvernement faisait
" inscrire au budget de la sécurité sociale "
,
selon l'expression significative de la ministre de l'emploi et de la
solidarité, une provision de 5,6 milliards de francs.
Parallèlement, le Gouvernement annonçait que la
" part de
l'UNEDIC était provisionnée à hauteur de 5 à
6 milliards de francs "
. Cette dernière somme a crû
d'autant plus vite que son principe était plus vivement contesté
par les gestionnaires de l'UNEDIC : 5 à 6 milliards de francs le
30 septembre, 5 à 7 milliards de francs le 7 octobre,
7 milliards de francs le 12 octobre, 7 à 7,5 milliards de
francs le 21 octobre.
Le 19 octobre 1999, l'Assemblée nationale adoptait, en
première lecture, le projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail et votait sans modification
" l'imposition " des organismes sociaux dont le Sénat est donc
saisi.
Le 25 octobre 1999, le ministère de l'emploi et de la
solidarité annonçait le retrait du dispositif.
A l'évidence, le financement des 35 heures, pas plus que la
réduction du temps de travail, n'a été
négocié.
Les " mesures de rechange " annoncées reposent en outre sur
une double contradiction.
En privant le fonds de solidarité vieillesse d'une partie du droit sur
les alcools, les 35 heures assèchent l'un des modes d'alimentation du
fonds de réserve pour les retraites, ce fonds étant pourtant la
seule mesure que le Gouvernement a annoncée au titre de la
réforme des retraites.
En faisant reposer désormais le financement des 35 heures sur la
taxation des heures supplémentaires, le Gouvernement met en place un
système incohérent : plus nombreuses seront les entreprises
qui passent à 35 heures, plus les aides seront élevées
mais plus faible sera le produit de la taxation des heures
supplémentaires. Ainsi plus la dépense croît, plus la
recette se dérobe.
En réalité, le projet de loi n'est pas financé sauf
à alourdir encore les impôts nouveaux que crée la loi de
financement (taxe générale sur les activités polluantes et
contribution sociale sur les bénéfices) ou à taxer,
indirectement cette fois, la sécurité sociale et l'UNEDIC qui,
initialement, devaient couvrir plus de la moitié du surcoût du
projet de loi dès 2000 et plus des trois quarts " à
terme ".
*
* *
Lors de
l'examen de la loi du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation à
la réduction du temps de travail, le Sénat avait
récusé la baisse générale et autoritaire de la
durée légale du travail.
Il s'était en revanche montré favorable à une
réduction de la durée effective du travail sur la base d'une
démarche volontaire et adaptée à la situation de chaque
secteur d'activité, de chaque entreprise.
Il avait enfin tenu à réaffirmer explicitement le principe de la
compensation intégrale aux régimes de sécurité
sociale des exonérations de charges décidées par l'Etat.
Ce faisant, il avait affirmé solennellement son attachement au dialogue
social, à la négociation entre les partenaires sociaux et au
paritarisme qui caractérise l'organisation de notre système de
protection sociale depuis plus de cinquante ans.
Face au second projet de loi, la commission des Affaires sociales, dans sa
majorité, a voulu à nouveau donner la priorité au dialogue
social.
Elle propose, bien entendu, de supprimer la taxation des organismes sociaux
qui, pour être périmée au vu des déclarations
récentes du Gouvernement, n'en figure pas moins " noir sur
blanc " à l'article 11 du projet de loi soumis au Sénat.
Elle récuse, comme elle l'avait fait lors de la première loi
Aubry, l'abaissement général et autoritaire de la durée
légale du travail.
Elle purge en conséquence le texte des dispositions qui sont
liées à cette baisse de la durée légale et qui ont
pour conséquence de multiplier les situations d'inégalité
non justifiée :
inégalité
entre les
entreprises au regard des aides réservées à certaines
alors que toutes supporteront le surcoût des 35 heures ;
inégalité
entre les salariés au regard de la
rémunération des heures supplémentaires ou du
régime du double SMIC.
Elle estime indispensable que les accords conclus par les partenaires sociaux
en application de la loi du 13 juin 1998 soient respectés et
puissent s'appliquer dès lors naturellement qu'ils ne sont pas
contraires aux principes de l'" ordre public social absolu ".
Elle estime également indispensable que l'accord interprofessionnel
d'avril 1999 sur la négociation collective soit pris en compte dans la
loi.
Elle renvoie enfin, le plus largement possible à la négociation
pour les autres dispositions du projet de loi (définition du
régime des cadres, définition des durées
d'équivalence...).
Mais surtout, elle constate qu'au-delà du débat anachronique sur
les 35 heures dans lequel s'enlise notre pays, la vraie question est celle
des moyens de développer et d'enrichir la négociation collective,
particulièrement dans les petites et moyennes entreprises, et
d'améliorer la représentation des salariés.
Ce débat, que le projet de loi esquisse de façon confuse dans un
cadre étroit, la commission des Affaires sociales propose de le traiter
vraiment par la tenue d'une conférence nationale sur le
développement de la négociation collective.
Chronologie 35 heures
1998
13
juin
- La loi sur la réduction du temps de travail est
promulguée.
28 juillet
- La Fédération nationale des
coopératives laitières signe avec ses syndicats le premier accord
de branche.
28 juillet
- L'Union des industries métallurgiques et
minières (UIMM) obtient un accord avec trois syndicats.
18 août
- Accord entre le Syndicat patronal des fabricants
de sucre et trois syndicats.
10 septembre
- Accord dans l'artisanat du bâtiment (CAPEB).
16 octobre
- Accord à l'Union des industries textiles.
21 octobre
- Convention entre les professions artisanales et le
ministère de l'emploi pour un accompagnement à la
réduction du temps de travail dans les très petites entreprises.
6 novembre
- Accord de branche dans le bâtiment et les
travaux publics.
10 novembre
- Accord à la Fédération des
entreprises de nettoyage.
24 novembre
- Accord dans la grande distribution
(supermarchés).
16 décembre
- Le Gouvernement annonce que 1.055 accords ont
été signés dans les entreprises, prévoyant la
création ou la sauvegarde de 8.178 emplois.
1999
9
janvier
- Accord à Air France (personnels au sol).
25 janvier
- Accord à EDF-GDF.
10 février
- Publication du rapport Roché sur le
temps de travail des fonctionnaires.
1
er
mars
- Accord à PSA-Peugeot-Citroën.
17 mars
- Accord à La Poste.
26 avril-7 mai
- Grève des conducteurs SNCF refusant les
propositions de leur direction sur les 35 heures.
17 mai
- Les ministres de l'emploi et des finances
présentent au Premier ministre un projet de création de taxes
nouvelles pour aider au financement des 35 heures.
20 mai
- Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité, présente un " bilan d'étape " des
négociations sur les 35 heures.
22 juin
- Dans Le Monde, Martine Aubry fait connaître les
grandes lignes de la deuxième loi sur les 35 heures.
22 juin
- Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique,
écrit aux présidents des deux assemblées parlementaires
pour leur faire part d'un calendrier de négociations pour les
fonctionnaires.
27 juillet
- Le Gouvernement annonce que 11.551 accords
d'entreprise ont été signés, prévoyant la
création ou la sauvegarde de 101.809 emplois.
28 juillet
- Adoption du second projet de loi en Conseil des
ministres.
20 septembre
- Présentation par le Gouvernement du bilan sur
l'application de la loi du 13 juin 1998 intitulée " Les
enseignements des accords sur la réduction du temps de travail ".
Mme Martine Aubry annonce la signature de plus de 15.000 accords
prévoyant la création ou la sauvegarde de 120.000 emplois.
19 octobre
- Adoption en première lecture par
l'Assemblée nationale du projet de loi relatif à la
réduction négociée du temps de travail.
25 octobre
- Le Gouvernement renonce au principe du
financement de la réduction du temps de travail par une contribution des
régimes sociaux et de l'assurance chômage.
27 octobre
- La commission des Affaires sociales du Sénat
prend acte du recul du Gouvernement sur la question du financement, propose de
supprimer les dispositions relatives à la durée légale du
travail dans le projet de loi et propose la convocation d'une conférence
nationale sur le développement de la négociation collective tout
en validant les accords conclus en application de la loi du 13 juin 1998.
I. LES FRANÇAIS CONTINUENT À DOUTER DU BIEN-FONDÉ DES 35 HEURES
Depuis
1984, la
Direction de l'animation de la recherche des études et des
statistiques
(DARES) du ministère de l'emploi commande une
enquête concernant la façon dont l'opinion publique perçoit
le chômage, l'indemnisation des chômeurs et les politiques de
l'emploi.
L'enquête réalisée en 1999
1(
*
)
apporte des précisions
intéressantes sur les attentes des Français en matière de
politique de l'emploi.
Les cotisations sociales trop élevées demeurent en effet aux yeux
de nos concitoyens le principal frein à l'embauche, devant les
difficultés rencontrées par les entreprises pour trouver du
personnel compétent (16 %), les complexités administratives
(13 %) et le manque de souplesse dans les procédures de
licenciement et dans la réglementation du travail.
Par rapport à l'enquête de 1998, on observe une baisse du nombre
de réponses concernant le niveau des charges sociales mais celui-ci
reste incontestablement en tête des réponses données. La
montée en charge et les résultats sensibles de la politique
d'allégements massifs mis en oeuvre, en plusieurs étapes, depuis
1993 expliquent sans doute pour une bonne part ce sentiment.
La hausse de 6 points du nombre de réponses mettant en cause les
difficultés des entreprises pour trouver du personnel compétent
coïncide avec une absence d'initiative depuis 1997 de la part du
Gouvernement en matière de formation professionnelle. Il convient enfin
de souligner que le nombre de réponses mettant en avant la
complexité et la rigidité des réglementations comme
principal frein à l'emploi a augmenté de près de
6 points, cela au moment même où le Gouvernement
s'évertue à mettre en place une réduction autoritaire du
temps de travail qui constitue une source de rigidité
supplémentaire pour les entreprises.
" Selon vous, quelle est parmi les raisons suivantes celle qui constitue le plus aujourd'hui un frein à l'embauche ? "
En pourcentage
|
Début 1998 |
Début 1999 |
Les cotisations sociales trop élevées |
62,6 |
48,2 |
Les difficultés des entreprises pour trouver du personnel compétent |
10,1 |
16,3 |
Les complexités administratives |
8,2 |
12,8 |
Le manque de souplesse dans les procédures de licenciement et la réglementation du travail trop contraignante pour les employeurs |
|
|
Les niveaux de salaires trop élevés |
6,5 |
7,7 |
Ne sait pas |
5,5 |
4,7 |
Ensemble |
100,0 |
100,0 |
Source : Enquête " Attitudes à
l'égard du chômage, de son indemnisation et des politiques
d'emploi ", IPSOS/MES-DARES.
Les solutions que préconisent les Français interrogés dans
le cadre de cette enquête pour réduire le chômage sont
cohérentes avec l'analyse qu'ils font des causes de ce
phénomène.
Les allégements de charges sociales recueillent 31,8 % d'opinions
favorables et constituent donc très nettement la mesure la plus efficace
pour réduire le chômage aux yeux des personnes interrogées,
suivent des aides en matière de formation (21,1 %) et un
développement des préretraites (9,5 %).
Le nombre d'opinions favorables aux allégements de charges sociales des
employeurs n'a cessé d'augmenter depuis quatre ans ; il a
augmenté de plus de 50 % depuis l'annonce de la mise en oeuvre des
35 heures.
A cet égard, une réduction générale de la
durée du travail n'est considérée comme une mesure
efficace pour réduire le chômage que par 9,1 % des
sondés (en baisse de 1,2 point depuis l'année
dernière), soit trois fois moins de réponses que pour les
allégements de charges sociales.
La
mesure qui paraît la plus efficace pour réduire le
chômage
Evolution 1996-1999 de la première
réponse
En pourcentage
Classement par ordre décroissant des réponses en 1999 |
Début 1996 |
Début 1997 |
Début 1998 |
Début 1999 |
Des allégements généraux des charges sociales des employeurs |
18,5 |
20,2 |
30,4 |
31,8 |
Des aides en matière de formation |
13,4 |
13,9 |
14,3 |
21,1 |
Un développement des préretraites |
16,6 |
16,0 |
9,9 |
9,5 |
Une réduction générale de la durée du travail (1) |
- |
- |
10,3 |
9,1 |
Des aides spécifiques aux entreprises pour " embaucher " (2) |
14,2 |
14,6 |
16,1 |
7,8 |
Un développement du temps partiel (3) |
21,1 |
20,2 |
4,7 |
5,7 |
Un développement des emplois publics ou associatifs (travaux d'intérêt général, ...) |
5,6 |
6,0 |
3,6 |
5,0 |
un développement des emplois de proximité (aides ménagères, assistantes maternelles, ...) |
7,2 |
6,3 |
4,5 |
4,9 |
L'annualisation du temps de travail (1) |
- |
- |
4,0 |
3,2 |
Ne sait pas |
3,4 |
2,8 |
2,2 |
1,9 |
Ensemble |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
(1)
- Cet item a
été
proposé en 1998.
(2)
- Cette précision a été
ajoutée en 1999.
(3)
- En 1996 et 1997, cet item était
formulé de la manière suivante : des aménagements du
temps de travail (temps partiel, ...).
Sources : Enquêtes " Attitudes à l'égard du
chômage, de son indemnisation et des politiques d'emploi ",
CREDOC/DARES, puis, à partir de 1998, IPSOS/MES-DARES.
Bien entendu, il convient de considérer les résultats de cette
enquête, commandée par le ministère de l'emploi, avec
prudence. Mais la tendance que reflètent les réponses aux
questions posées ne souffre pas l'équivoque. A la question
" Pensez-vous que les 35 heures créeront effectivement des
emplois ? ",
53,1 % des sondés ont répondu par la
négative.
Cela signifie que non seulement les personnes interrogées ne
considèrent pas que l'abaissement de la durée légale du
travail hebdomadaire constitue une mesure efficace pour réduire le
chômage, mais qu'une majorité d'entre elles estime qu'elle n'aura
aucun effet positif en termes d'emploi.
Il serait intéressant de connaître l'opinion du ministère
de l'emploi sur cette enquête qu'il a lui-même commandée
ainsi que son analyse sur le décalage constaté entre une mesure
qui constitue la clé des priorités gouvernementales en termes
d'emploi et le sentiment que peuvent ressentir les Français à son
égard.
Plusieurs réponses peuvent être avancées : il est
possible que les Français n'arrivent pas à saisir tout
l'intérêt des 35 heures, il est possible que le Gouvernement
n'arrive pas à expliquer le bien-fondé de sa politique, il
s'agirait alors d'un problème de communication, ou il est possible enfin
que le Gouvernement ne conduit pas la politique adéquate, attendue par
les Français et considérée par eux comme efficace et, dans
ce cas, le Gouvernement devrait s'interroger sur l'intérêt de
poursuivre dans cette voie.
" Pour lutter contre le chômage, le Gouvernement propose de ramener à 35 heures la durée hebdomadaire du travail. Vous, personnellement, pensez-vous qu'une telle mesure créera effectivement des emplois ? "
En pourcentage
|
Début 1998 |
Début 1999 |
||||
|
Actifs |
Salariés |
Ensemble |
Actifs |
Salariés |
Ensemble |
Oui |
41,7 |
46,2 |
39,4 |
45,0 |
46,9 |
41,8 |
Non |
55,1 |
50,6 |
56,2 |
51,5 |
49,2 |
53,1 |
Ne sait pas |
3,2 |
3,2 |
4,4 |
3,5 |
3,9 |
5,1 |
Ensemble |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source : Enquête " Attitudes à l'égard du chômage, de son indemnisation et des politiques d'emploi ". IPSOS/MES-DARES.