B. LES ENTREPRISES FRANCAISES PEINENT À S'INSÉRER DANS LA RESTRUCTURATION DE L'INDUSTRIE EUROPÉENNE DE L'ARMEMENT
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Dans les domaines prospères, l'aéronautique,
l'électronique, les missiles, certains industriels européens
réalisent des profits. Rien ne contrarie leur rapprochement. En
revanche, les industriels français risquent d'être
marginalisés s'ils sont considérés, pour des raisons
politiques et juridiques, comme des freins à la mise en place de ses
nouvelles alliances ou fusions. A l'intérieur de notre pays,
l'ambiguïté des relations respectives des groupes
MATRA-AÉROSPATIALE, ALCATEL-THOMSON ET DASSAULT-AVIATION ajoute à
la méfiance des grands groupes étrangers. On a noté, dans
un autre secteur et sur un seul programme, que la conduite parallèle du
programme européen VBCI et du programme national VEXTRA avait eu pour
résultat de reléguer GIAT-Industries au second rang dans la
poursuite du programme.
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Dans les domaines des armements terrestres et des constructions
navales les difficultés sont encore plus grandes.
GIAT-Industries souffre d'un écroulement du marché mondial des
armements terrestres notamment dans celui des blindés lourds, modernes
et coûteux, le seul où il puisse se prévaloir d'une
excellente compétence. Par ailleurs, ses établissements sont
dispersés, ses capacités de production sous-employées.
Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que ses
résultats nets soient constamment négatifs. Un retour à
l'équilibre est annoncé pour 2002. Les chances qu'il soit atteint
sont faibles et intimement liées à la confirmation rapide
d'exportations supplémentaires du char LECLERC. Il est
nécessaire, même dans cette hypothèse, de tenter, sans
délai, d'agréger GIAT-Industries à un ensemble
européen de l'armement terrestre.
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La Direction des constructions navales est dans une situation
différente par la nature de ses activités et par son statut. Elle
souffre cependant, elle aussi, d'un important sureffectif et a montré,
au printemps de 1998, à propos de la réparation du
pétrolier VAR, qu'elle n'était pas en mesure d'affronter la
concurrence lorsque celle-ci était véritablement
organisée. Les tentatives de diversification lancées pour
améliorer son plan de charge risquent, faute d'une gestion
adaptée à la conduite d'opérations industrielles,
d'aboutir à autant de pertes financières. Les mêmes causes
produisant les mêmes effets, sans une réforme profonde
menée avec la ferme volonté d'assainir la situation, la Direction
des constructions navales suivrait un scénario comparable à celui
de GIAT-Industries.