Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BLIN (Maurice), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 43 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE
LE PROJET DE BUDGET POUR 1999 :
L'AUGMENTATION DES CRÉDITS -
CHAPITRE I
L'AVENIR COMPROMIS : LES CRÉDITS DE RECHERCHE, DÉVELOPPEMENT ET ÉTUDES STAGNENT -
CHAPITRE II
LE PRÉSENT EN SURSIS :
L'EFFET DE LA " REVUE DES PROGRAMMES " -
DEUXIÈME PARTIE
DE L'INQUIÉTUDE AU DOUTE -
CHAPITRE I
UNE PART IMPORTANTE DES CRÉDITS ANNONCÉS DES TITRES V ET VI DU PROJET DE BUDGET NE SERA PAS CONSACRÉE À L'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES- A. LA POURSUITE DE LA PROFESSIONNALISATION DES ARMÉES IMPLIQUERA VRAISEMBLABLEMENT UNE AUGMENTATION DES DÉPENSES DU TITRE III. INVERSEMENT, LE TRANSFERT DE CRÉDITS D'ENTRETIEN PROGRAMMÉ DES MATÉRIELS DU TITRE III AU TITRE V N'AJOUTE RIEN AUX POSSIBILITÉS D'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES
- B. UNE PARTIE DES DOTATIONS DES TITRES V ET VI ÉCHAPPERA, IN FINE, AU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE POUR DEUX RAISONS
-
CHAPITRE II
LA COOPÉRATION EUROPÉENNE
EN MATIÈRE D'ARMEMENT RESTE DIFFICILE - CONCLUSION
-
A N N E X E
PRINCIPALES COMMANDES ET LIVRAISONS
D'ÉQUIPEMENTS MILITAIRES PROGRAMMÉES EN 1999 -
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999
ARTICLE 48 - EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 43
DÉFENSE EXPOSÉ D'ENSEMBLE ET DÉPENSES EN CAPITAL
Rapporteur spécial
: M. Maurice BLIN
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
La
" revue des programmes " peut avoir des conséquences
positives. Cependant, interrogations et inquiétudes subsistent sur
plusieurs points.
1/ La " revue des programmes " peut avoir des effets positifs de
deux ordres
• La loi de programmation militaire a marqué une réduction
importante, de 18 %, des crédits d'équipement par rapport
à la précédente programmation (1995-2000). Sur le budget
de 1998, une nouvelle réduction, de 10 %, a été
appliquée à ces crédits.
" La revue des programmes " a consisté à examiner de
façon détaillée, d'octobre 1997 à mars 1998, chacun
des programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des
armées.
La première conséquence positive de cette analyse consiste, bien
entendu, en l'augmentation de 6,2 % des crédits d'équipement qui
passent de 81 à 86 milliards de francs. Cette satisfaction doit
être immédiatement nuancée car le niveau prévu par
la programmation n'a pas été rejoint et, a fortiori, n'ont pas
été gommés les effets regrettables des 3,9 milliards de
francs d'annulations de crédits de 1997 et de 8,9 milliards de francs de
" l'encoche ".
• Au-delà de 1998, la " revue des programmes " devrait,
logiquement, avoir des conséquences positives durables. Elle a permis,
en effet, approuvée par le Gouvernement et intervenant après la
loi de programmation militaire votée en 1996, sous l'égide d'une
majorité différente, de fixer le noyau incontestable, la
quintessence, des besoins en équipement des forces armées. En
cela, elle devrait en quelque sorte, avoir pour effet de
" sanctuariser " durablement les crédits de la défense.
2/ Des interrogations et des inquiétudes subsistent dans quatre
domaines
• Les crédits d'équipement risquent d'être
ponctionnés en cours d'année pour abonder les crédits de
rémunérations et de charges sociales et ceux de fonctionnement.
Le 22 août 1998, un décret d'avance et un arrêté
d'annulation de crédits ont entraîné une annulation d'un
montant de 3,8 milliards de francs sur les titres V et VI au profit du titre
III en raison d'insuffisances importantes sur les crédits de
rémunérations et de charges sociales. On peut craindre le
renouvellement périodique d'une telle opération.
Les crédits de fonctionnement des armées paraissent tellement
contraints pour 1999 qu'on ne peut exclure qu'il soit également
nécessaire de les abonder en cours d'année.
• Le ministère de la Défense connaît, en 1998,
d'importantes difficultés à dépenser les crédits
d'équipement qui lui ont été accordés. Des
changements de nomenclature sont mis en avant pour expliquer cette situation.
Cependant, si elle n'était pas assainie avant la fin de l'année
1998 et, a fortiori, si elle se renouvelait en 1999, les armées ne
seraient pas en mesure d'acquérir le matériel qui leur est
nécessaire.
• Même si la " revue des programmes " a eu pour effet
théorique de rendre le budget de la défense insensible à
la conjoncture économique et financière, on peut encore craindre
qu'il ne serve de principale " variable d'ajustement " pour faire
face à d'éventuelles difficultés des finances publiques.
Le risque serait alors un retour aux mesures d'étalement et de report de
programmes avec les conséquences néfastes que la méthode
utilisée pour " la revue des programmes " a justement voulu
écarter pour l'avenir.
• La coopération européenne représente moins de 10 %
des crédits de paiement prévus pour l'équipement des
armées. Cette proportion ne peut que croître fortement et
rapidement, on peut prédire qu'
il n'y aura plus à l'avenir, en
dehors du secteur nucléaire, de nouveau programme majeur purement
national
. Le char LECLERC, l'avion RAFALE sont les derniers
matériels français de leur espèce, sans doute même
eut-il été préférable de s'arrêter à
la génération précédente.
La réussite de ce changement majeur dans l'équipement des
armées impose la résolution de difficultés de trois ordres.
Les armées des différents pays acheteurs doivent d'abord
s'entendre sur les spécifications techniques du matériel dont
elles veulent s'équiper. Cela n'est pas aisé car les conceptions
stratégiques et tactiques peuvent être différentes. Les
tergiversations subies par les programmes du véhicule blindé de
combat d'infanterie (VBCI) et de la frégate antiaérienne HORIZON
prouvent qu'il faut une forte volonté de réussite pour
résoudre ces divergences.
L'ensemble des programmes doit être conduit de façon
véritablement intégrée, sans mise sur pieds
d'organisations particulières, au coup par coup. Il semble que la
création de l'organisme conjoint pour la coopération en
matière d'armement (OCCAR) soit en mesure de répondre à
cette nécessité.
Il est indispensable que les industriels européens de l'armement
fusionnent ou tissent entre eux des liens intimes. Cela suppose, pour ce qui
concerne la France, que les industriels des secteurs prospères, ceux de
l'aéronautique, de l'électronique et des missiles se mettent
rapidement en mesure de collaborer clairement avec leurs homologues
européens. Pour ce faire, il est indispensable que soient
clarifiées les positions respectives des groupes
MATRA-AÉROSPATIALE, ALCATEL-THOMSON et DASSAULT.
Pour les secteurs qui connaissent des difficultés, ceux de l'armement
terrestre et des constructions navales, la nécessité de la
coopération européenne n'est pas moins évidente.
Cependant, les industriels français, GIAT-Industries et la Direction des
constructions navales, ne sont malheureusement pas dans une situation qui leur
permette de peser fortement sur l'organisation future de ces
secteurs.
INTRODUCTION
Le projet de budget de la Défense est en augmentation par rapport
à celui de 1998. Sa place dans le budget de l'État et dans le PIB
reste stable. Il est marqué par la " revue des programmes ",
dont l'effet a été double : une augmentation des titres V et VI
et, corrélativement, un arétablissement de leur part face au
titre III.
I. PLACE DU BUDGET DE LA DÉFENSE DANS LE BUDGET DE L'ÉTAT ET DANS LE PIB
|
Défense/État |
Défense/PIB |
1994 |
13,9 % |
2,7 % |
1995 |
13,7 % |
2,6 % |
1996 |
12,7 % |
2,4 % |
1997 |
12,3 % |
2,3 % |
1998 |
11,6 % |
2,2 % |
1999 |
11,7 % |
2,2 % |
Rappelons que l'augmentation prévue du PIB est de 2,7 %.
II. L'ÉVOLUTION ET LA RÉPARTITION DES CRÉDITS
L'évolution des crédits doit tenir compte de diverses opérations en cours de gestion qui modifient le budget initial et conduisent à des crédits nets inférieurs aux crédits votés ainsi que le montre le tableau suivant.
CRÉDITS DE PAIEMENT DES TITRES V ET VI
(En milliards de francs courants, sauf dernière ligne)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Lois de finances initiales " budget votés " ................. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annulations par les lois de finances rectificatives........... |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Consommation de crédits de report .................................. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Solde des transferts ( dont BCRD ) ................................ |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fonds de concours .............. |
+ 0,9 |
+ 1,1 |
+ 1,5 |
+ 1,4 |
+ 2,7 |
+ 1,5 |
+ 1,6 |
+ 1,3 |
+ 0,9* |
Crédits nets ........................ |
95,4 |
93,3 |
93,9 |
88,7 |
88,5 |
74,7 |
78 |
79,2 |
67,1 |
Crédits nets en francs 1997 |
114,6 |
108,3 |
107 |
98,4 |
97,2 |
80,5 |
82,4 |
80 |
67,1 |
*
Estimations.
La répartition des crédits est illustrée ci-dessous :
TITRE III
TOTAL : 103,9 MILLIARDS DE FRANCS
RCS :
Rémunérations et charges sociales
EPM : Entretien programmé des matériels
TITRE V
TOTAL : 86 MILLIARDS DE FRANCS
EPP : Entretien programmé du personnel
III. LA STRUCTURE DU PROJET DE BUDGET
A. SERVICES VOTÉS ET MESURES NOUVELLES
Pour
1999, les services votés s'élèveront à 219,6
milliards de francs, les mesures nouvelles à 23,9 milliards de francs.
Sur le titre III, l'accroissement des mesures nouvelles au titre du personnel
(+ 1 milliard de francs) se trouve atténué par un effort
d'économie sur le fonctionnement des unités et services.
Les mesures nouvelles du titre V s`élèvent à 22,8
milliards de francs et celles du titre VI (subventions) à 2 milliards de
francs.
B. AUTORISATIONS DE PROGRAMME ET CRÉDITS DE PAIEMENT
Les
autorisations de programme en lois de finances initiales augmentent par rapport
à 1998 :
1990 : 121,7 milliards de francs
1994 : 99,1 milliards de francs
1995 : 98,2 milliards de francs
1996 : 92,4 milliards de francs
1997 : 90,8 milliards de francs
1998 : 82,8 milliards de francs
1999 : 87,3 milliards de francs (dont 83,5 milliards de francs pour le titre
V)
Toutefois, les
autorisations de programme disponibles
sont, en
réalité, supérieures aux montants indiqués dans les
lois de finances. En effet, la restauration de la signification des
autorisations de programme n'est pas achevée. Elle se traduit par
l'annulation périodique de certaines d'entre elles. Cet apurement est
rendu indispensable par le développement des commandes pluriannuelles
qui impliquent l'établissement de liens clairs entre autorisations de
programme et crédits de paiement.
Il convient de noter que depuis 1992 les autorisations de programme ne sont
plus ouvertes que dans la limite des crédits de paiement. Ce rapport a
été maintenu dans la loi de programmation militaire
1997-2002.
IV. LES FONDS DE CONCOURS
Les
crédits rattachés par voie de fonds de concours résultent
de prestations diverses fournies à des tiers par le ministère de
la Défense et de cessions mobilières et immobilières.
Le montant des fonds de concours provenant des cessions domaniales (138,5
millions de francs pour un total de 3,9 milliards en 1997) s'est
stabilisé mais reste modeste. Cette contribution n'augmentera
vraisemblablement guère à l'avenir en raison de la vente, les
années précédentes, des emprises les mieux situées
ou les plus utilisables par les acquéreurs. Les immeubles non encore
aliénés présenteront sans doute un intérêt
moindre alors que, par ailleurs, les collectivités locales connaissent
des difficultés financières.
PREMIÈRE PARTIE
LE PROJET DE BUDGET
POUR 1999 :
L'AUGMENTATION DES CRÉDITS
Par
rapport à 1998, l'augmentation des crédits de loi de finances
initiale à loi de finances initiale est de 2,9 % en francs courants et
de 1,7 % en francs constants.
C'est le titre V qui, à la suite de la " revue des
programmes " menée d'octobre 1997 à mars 1998,
bénéficie de cette augmentation.
(En milliards de francs)
|
1998 |
1999 |
Évolution LFI
1999/
|
|
|
L.F.I. |
L.F.I. |
Francs courants |
Francs constants |
Titre III ................ |
103,7 |
104 |
+ 0,2 % |
- 0,9 % |
Titres V et VI ....... |
81 |
86 |
+ 6,2 % |
+ 5 % |
Total ........... |
184,7 |
190 |
+ 2,9 % |
+ 1,7 % |
Les
crédits du titre III diminuent en francs constants.
L'augmentation des crédits du titre V ne permet cependant pas que soit
rejoint le niveau de la programmation ni que soient effacées les
conséquences des 3,9 milliards de francs d'annulations de crédits
de 1997 et des 8,9 milliards de francs de " l'encoche " du budget de
1998.
CHAPITRE I
L'AVENIR COMPROMIS : LES
CRÉDITS DE RECHERCHE, DÉVELOPPEMENT ET ÉTUDES
STAGNENT
L'analyse de l'agrégat (recherche, développement, études
(RDE) permet d'apprécier l'effort consacré à la
préparation de l'avenir.
(En milliards de francs courants)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1999/
|
|
Total " RDE " ........................ |
29,9 |
29,4 |
28,8 |
26,8 |
27,1 |
24,7 |
22,3 |
19,6 |
21,1 |
+ 7,6 |
|
Sous-total : études ................... |
7,8 |
7,7 |
8,1 |
7,6 |
6,9 |
5,7 |
6,2 |
5,3 |
5,5 |
+ 4 |
|
Sous-total : développements .... |
22,1 |
21,7 |
20,7 |
19,2 |
20,2 |
18,9 |
16,1 |
14,3 |
15,6 |
+ 9,1 |
On
constate que malgré un léger redressement en 1994, les
crédits consacrés à la recherche-développement ont
diminué de près de 30 % depuis 1992, c'est-à-dire
nettement plus que ceux des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Le risque existe donc que des équipes de chercheurs perdent
progressivement leur expertise ou, pire, soient purement et simplement
dissoutes. L'avenir de notre industrie de défense est en jeu. Cela est
d'autant plus vrai que la part des programmes en coopération ne peut que
croître rapidement et que ce sont les meilleurs équipes qui
s'imposeront.
La loi de programmation exclut, par la voie d'un amendement parlementaire,
toute contribution de la défense au budget civil de recherche et de
développement (BCRD). Conformément à cette loi, le budget
pour 1997 ne comprenait aucun crédit à transférer au BCRD
; toutefois 2 milliards de francs ont été
transférés à la fin de l'année 1996 par
prélèvement sur les crédits de reports. Mais, en
contradiction avec la loi, 500 millions de francs ont été
inscrits au titre VI au titre de la recherche duale au profit du CNES en 1998
et 900 millions en 1999.
Consacrant 25 % de nos dépenses d'équipement à la
recherche-développement, nous nous trouvons nettement distancés
par les États-Unis, non seulement, bien entendu, en valeur absolue mais
aussi, ce qui est plus significatif, en valeur relative. Près de la
moitié des crédits d'équipement (45 %)
américains vont, en effet, aux études.
CHAPITRE II
LE PRÉSENT EN SURSIS
:
L'EFFET DE LA " REVUE DES PROGRAMMES "
La " revue des programmes " a consisté à examiner de façon détaillée, d'octobre 1997 à mars 1998, chacun des programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des armées. L'objectif annoncé de cette analyse était de renoncer à la pratique coûteuse d'allongement des délais de réalisation au prix de la suppression pure et simple de certains programmes. Quels en sont les effets dans les trois grands domaines ?
I. LES PROGRAMMES NUCLÉAIRES
A. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits de paiement
s'élèvent à 16 763
millions de francs, les
autorisations de programme
à 13 304
millions de francs.
Sur les onze dernières années l'évolution des
crédits est la suivante :
ÉVOLUTION DES CRÉDITS NUCLÉAIRES DEPUIS
1989
(crédits de paiement)
|
En millions de francs courants |
En millions de francs constants 1998 |
1989 |
31 528 |
37 639 |
1990 |
32 089 |
37 406 |
1991 |
31 024 |
34 805 |
1992 |
29 866 |
32 755 |
1993 |
26 420 |
28 276 |
1994 |
21 721 |
22 870 |
1995 |
20 745 |
21 414 |
1996 |
19 452 |
19 763 |
1997 |
18 848 |
19 093 |
1998 |
16 387 |
16 387 |
1999 |
16 581 |
16 763 |
1999-1998 |
+ 1,2 % |
+ 2,3 % |
1999/1989 |
- 47,4 % |
- 55,5 % |
La
réduction des crédits nucléaires était, il est
vrai, inscrite dans la loi de programmation militaire 1997-2002 :
(En millions de francs constants 1995, selon la
programmation)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Total |
18 361 |
18 103 |
17 178 |
17 447 |
17 142 |
16 943 |
105 785 |
Mais le
budget en projet, comme le précédent, anticipe le niveau des
crédits prévus dans cinq ans, en 2002. Cette
réduction
brutale des crédits
ne va, évidemment pas, sans poser de
problèmes sérieux.
L'exécution des programmes s'en trouvera ralentie et le secteur
industriel concerné :les arsenaux et surtout l'arsenal de Cherbourg,
spécialisé dans la construction des sous-marins, le Commissariat
à l'énergie atomique, l'AÉROSPATIALE et la SNPE,
constructeurs des missiles, sont touchés par cet amoindrissement des
moyens.
B. LES FORCES NUCLÉAIRES STRATÉGIQUES
1. Les sous-marins lanceurs d'engins de la nouvelle génération
Aux reports déjà programmés s'ajoutera celui de l'admission au service actif du quatrième SNLE/NG qui n'interviendra qu'en 2008 afin de l'équiper directement en missiles M 51.
COMMANDES ET LIVRAISONS DES SNLE/NG
|
|
Admission service actif selon la programmation |
Admission service actif selon le budget pour 1999 |
Le Triomphant |
Juin 1987 |
Mars 1997 |
Mars 1997 |
Le Téméraire .. |
Octobre 1989 |
Avril 1999 |
Avril 1999 |
Le Vigilant ..... |
Mai 1993 |
Décembre 2002 |
Juillet 2004 |
N° 4 ................ |
2000 |
Juillet 2007 |
Juillet 2008 |
On sait
que les reports précédents ont d'ores et déjà
entraîné un surcoût de plus de 2,5 milliards de francs.
Le coût des programmes pour six SNLE/NG était
évalué à 90 milliards de francs (francs 1997). Le
coût pour quatre SNLE/NG d'abord établi à 88 milliards de
francs (francs 1997) est aujourd'hui évalué à 87 milliards
de francs, diminution due à la fois à la budgétisation du
service des programmes navals et à des réductions de coûts
sur la réalisation des troisième et quatrième
SNLE/NG.
2. La composante aérienne
Ce
n'est qu'à partir de 2015 qu'il est envisagé de remplacer les
SUPER-ÉTENDARD et les deux escadrons de MIRAGE 2000 N porteurs du
missile ASMP (Air-sol Moyenne Portée), par une version du
" RAFALE ".
Vers 2010, l'ASMP actuel devrait être remplacé par l'ASMP
amélioré, d'une portée plus grande et mettant en oeuvre
une charge nucléaire nouvelle. Son développement commencera en
2000. Selon la programmation, 2 milliards de francs devront aller à ce
programme pour la période 1997-2002. Le budget prévoit 138
millions de francs pour la poursuite du projet.
3. Les missiles
Outre
le missile aéroporté ASMP, qui vient d'être
mentionné, les missiles de la force nucléaire stratégique
comprennent ceux équipant les SNLE/NG : missiles M 45 et missiles M 51.
Le missile M 45 version modernisée du missile M 4, doit équiper
les trois premiers SNLE/NG. Sa portée, sa furtivité, sa
capacité de pénétration sont accrues.
Le missile M 51 doit équiper directement le quatrième SNLE/NG.
Le coût du développement est estimé à 30 milliards
de francs, en diminution de plus de 20 % par rapport à celui du
programme M 5 initialement prévu (révision des performances et
diminution du nombre des essais). 1 450 millions de francs pour la
part missiles et 350 millions de francs pour la part têtes
nucléaires sont prévus pour le développement de ce
programme dans le projet de budget pour 1999.
4. La simulation des essais
Elle
repose sur le programme PALEN.
Elle est nécessaire en raison de l'arrêt des essais
nucléaires et de la signature en septembre 1996 du Traité
d'interdiction des essais nucléaires, d'une part, de la
nécessité de mettre au point les têtes nucléaires
des missiles ASMP améliorés et M 51 d'autre part.
Cette mise au point, sans essais en vraie grandeur, est extrêmement
complexe et constitue un défi de taille pour la Direction des
applications militaires du CEA. Les difficultés scientifiques et
techniques qui l'accompagnent, expliquent l'incertitude sur le coût
global du programme de simulation qui pourrait s'élever à plus de
15 milliards de francs - dont 6,5 milliards de francs pour le laser
méga-joules - sur une période d'une dizaine
d'années.
5. Les crédits transférés au Commissariat à l'énergie atomique
Ils s'élèveront, en 1999, à 7,4 milliards de francs contre 7,2 milliards de francs pour 1998 et augmentent donc de 2,7 %.
TRANSFERTS AU PROFIT DU CEA
(En milliards de francs)
|
|
Budget réalisé 1996 |
|
|
Projet de budget 1999 1 |
||||
|
AP |
CP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Matières nucléaires |
1,8 |
1,7 |
1,3 |
1,4 |
1,1 |
1,5 |
1,4 |
1,5 |
1,5 |
Armes..................... dont DIRCEN ...... |
5,2
|
5,3
|
5,4
|
5,2
|
5,2
|
4,6
|
4,5
|
4,7
|
4,7
|
Propulsion navale . |
1,2 |
1,2 |
0,5 |
0,7 |
0,5 |
1,1 |
1,3 |
1 |
1,2 |
Total ........... |
8,2 |
8,3 |
7,1 |
7,3 |
6,8 |
7,2 |
7,2 |
7,2 |
7,4 |
1.
Ventilation indicative.
La Direction des applications militaires du CEA est en cours de
restructuration. L'aspect le plus visible en est la réduction des
effectifs qui sont passés de 7 500 à 5 800 personnes de
1988 à 1995 et qui passeront de 5 800 personnes en 1995 à
4 500 en 2000 ; cette réduction des effectifs s'attache toutefois
à maintenir un certain flux de recrutements indispensable pour associer
de jeunes chercheurs aux recherches les plus innovantes et les plus
formatrices. Le nombre de sites de la Direction des applications militaires a
en outre été ramené de 7 à 4.
6. Le démantèlement des installations et des armements
Les
crédits demandés pour le démantèlement des
installations et des armements sont de 754 millions de francs.
La loi de programmation 1997-2002 annonçait, en effet, le
démantèlement du système HADES et des missiles du plateau
d'Albion ainsi que des installations de Pierrelatte et de Marcoule. La
fermeture des centres d'expérimentations du Pacifique est, en outre, la
conséquence de l'arrêt des essais en vraie grandeur.
Le
démantèlement du système HADES et des missiles du
plateau d'Albion
actuellement en cours s'achèvera à la fin de
l'année 1998. Le coût total de ces opérations avoisine 530
millions de francs.
Le
démantèlement de l'usine de Pierrelatte
(uranium
enrichi) se poursuivra jusqu'en 2002 ; son coût est estimé
à 2 milliards de francs. Le démantèlement de
l'usine de
Marcoule
(plutonium) a débuté en 1998 pour se poursuivre
pendant une dizaine d'années. Le coût pourrait atteindre 30
milliards de francs dont la moitié serait prise en charge par le
ministère de la Défense.
La fermeture du
centre d'expérimentations du Pacifique
est
effective à la fin de 1998. La Direction des centres
d'expérimentations nucléaires (DIRCEN) a été
dissoute en juillet 1998. Un crédit de 110 millions de francs est ouvert
dans le projet de budget de 1999 pour couvrir les missions résiduelles
de la DIRCEN et les activités de surveillance des sites de tir.
En outre, une dotation de 613 millions de francs en augmentation de 78,7 % est
inscrite au titre VI du projet de budget au titre des compensations
allouées au Territoire de la Polynésie française ; on peut
s'interroger sur le
bien-fondé de l'imputation de cette dotation au
budget de la Défense
et sur l'importance de son
augmentation.
II. L'ESPACE
A. LES CRÉDITS
Les
crédits sont en fort repli : - 15,9 %. Ils passent de 3,1 milliards de
francs en 1998 à 2,6 milliards de francs en 1999.
Pour les crédits d'études, il s'agit d'une véritable
chute : - 30,6 % La remarque faite au chapitre premier sur les risques que fait
peser la réduction des crédits de RDE vaut donc
particulièrement pour l'espace et les équipes françaises
démobilisées par cette chute des crédits sont mises en
situation de perdre l'excellence qui leur est reconnue.
B. LES PROGRAMMES
Leur déroulement est fortement marqué par les aléas de la coopération européenne aussi bien dans le domaine de l'observation que dans celui des télécommunications.
1. L'observation
Elle
s'exerce par l'intermédiaire de satellites optiques ou radar.
Les satellites optiques sont ceux de la famille " HÉLIOS ".
HÉLIOS I
Le système HÉLIOS I comprend des installations au sol pour la
réception et le traitement des images, et deux satellites d'observation
optique dont les capacités sont limitées à l'observation
de jour, par temps clair. Le premier satellite a été mis sur
orbite le 7 juillet 1995. Le second est stocké et prendra le relais du
premier à la fin de 1999.
Les principaux coopérants de ce programme sont la France
(AÉROSPATIALE, ALCATEL espace et la SEP), l'Italie (ALTENIA SPAZIO) et
l'Espagne (CASA et INISEL).
Notre part de financement (79 %) s'élève à 9,8 milliards
de francs 1996 sur lesquels 8,4 milliards de francs ont déjà
été dépensés. Les crédits prévus pour
1999 s'élèvent à 546 millions de francs.
HÉLIOS II
Le système se caractérise essentiellement par
l'amélioration des capacités de prise de vue et l'adjonction
d'une composante infrarouge qui permet l'observation de nuit.
Le coût total du programme est maintenant estimé à 10,9
milliards de francs 1996 : près de 2,5 milliards de francs ont
déjà été dépensés. Il sera, en
principe, poursuivi,
malgré la défection allemande
actuelle
. Seule l'Espagne contribue aujourd'hui à ce projet pour 3
%. Les discussions avec l'Italie n'ont pas abouti et la Belgique s'est
retirée. Le satellite doit être mis sur orbite en 2002.
HORUS
HORUS devait être le satellite radar et constituer le complément
du système optique, les trois moyens : optique visible (HÉLIOS
I), infrarouge (HÉLIOS II) et radar (HORUS) permettant en effet
d'assurer un ensemble d'observation complet.
Le système devait comprendre trois satellites et des installations au
sol. Il était estimé à 6,5 milliards de francs 1996.
L'Allemagne, à qui revenaient 60 % de la charge du programme, et qui
était considérée comme maître d'oeuvre, a
décidé de se retirer. Ce programme est donc actuellement
interrompu.
L'évolution des crédits consacrés aux programmes
d'observation est retracée dans le tableau ci-dessous :
PROGRAMMES SPATIAUX D'OBSERVATION
(En millions de francs courants)
|
Crédits prévus en programmation (1997-2002) |
Budget voté 1996 |
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
HÉLIOS I |
2 972 |
835 |
701 |
580 |
546 |
HÉLIOS II |
7 405 |
843 |
1 049 |
1 420 |
1 417 |
HORUS |
2 476 |
83 |
175 |
30 |
- |
Total |
12 853 |
1 761 |
1 925 |
2 006 |
1 963 |
2. La communication
Le
système de télécommunications SYRACUSE II est en oeuvre
depuis 1995. La composante spatiale du système comprend quatre
satellites qui doivent fonctionner jusqu'en 2005. La composante terrestre - 77
stations de réception - aura une durée de vie supérieure.
Le système SYRACUSE III doit permettre de multiplier les stations au
sol, d'améliorer la couverture géographique et la
résistance aux contre-mesures électroniques. Le premier lancement
du satellite est prévu en 2005. Deux solutions sont envisagées :
l'une purement nationale, avec ou sans le concours de FRANCE TELECOM, l'autre
en coopération européenne avec le Royaume-Uni, l'Allemagne et
d'autres pays européens (Belgique, Espagne, Italie, Pays-Bas).
Les crédits prévus pour 1999 s'élèvent à
325 millions de francs pour SYRACUSE II et 318 millions de francs pour SYRACUSE
IIII.
Les dotations sont retracées ci-après :
PROGRAMMES SPATIAUX DE TÉLÉCOMMUNICATION
(En millions de francs courants)
|
Crédits prévus en programmation (1997-2002) |
Budget voté 1996 |
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
SYRACUSE II |
1 758 |
689 |
624 |
469 |
325 |
SYRACUSE III |
3 668 |
81 |
314 |
255 |
318 |
Total ............. |
5 426 |
770 |
938 |
724 |
643 |
Le scepticisme sur la volonté des alliés européens à coopérer dans le domaine spatial est encore renforcé par la décision, au mois d'août 1998, de la Grande-Bretagne de se retirer du programme TRIMILSATCOM, au moment où allaient être passés les contrats d'études.
3. L'écoute
Les
moyens spatiaux d'écoute assurent une discrétion que n'ont pas
les moyens actuels, maritimes ou aériens.
Ils visent à localiser les sources d'émission, à
surveiller les déplacements et les variations significatives
d'intensité.
Deux micro-satellites, l'un
CERISE
et l'autre
CLÉMENTINE
ont été développés. Le premier est d'ores et
déjà mis en oeuvre et procède à des mesures
d'impulsion électromagnétique ; le second pourrait être
lancé à partir de 1999 et opérer dans des zones de
fréquences différentes.
Toutefois la plupart des pays européens n'envisagent d'actions
concertées dans ce domaine qu'au sein de l'OTAN.
4. La surveillance de l'espace
Elle
vise à détecter la nature et le déplacement d'engins,
satellites ou missiles et à apprécier la menace potentielle
qu'ils représentent.
Le projet MEADS a été lancé dans le cadre de l'OTAN.
Notre pays a renoncé à poursuivre sa participation pour des
raisons financières. La phase de définition réunit, pour
le moment, les États-Unis, l'Allemagne et l'Italie.
Pour l'ensemble du domaine spatial, le bilan est donc loin d'être
satisfaisant.
Les défections majeures enregistrées en 1998 de la part de
l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, risquent de compromettre durablement la
possibilité pour l'Europe d'acquérir son autonomie
stratégique par la maîtrise des moyens spatiaux.
III. LES ÉQUIPEMENTS CLASSIQUES
La part
des équipements classiques des titres V et VI (par opposition aux
crédits consacrés au nucléaire, à l'espace et aux
restructurations) s'établit à 65,8 milliards de francs dans le
projet de budget. Sa progression est de 8,7 %, elle est donc nettement
supérieure à celle de l'ensemble des deux titres.
Pour les fabrications proprement dites de matériels neufs hors
nucléaire et hors munitions, les dotations peuvent être
évaluées à 25 milliards de francs soit 29 % du titre V :
(En millions de francs)
|
1998 |
1999 |
Armée de l'Air... |
7 939 |
8 281 |
Armée de Terre ...... |
7 951 |
8 588 |
Marine ................... |
7 537 |
7 314 |
Gendarmerie .......... |
965 |
977 |
Total ............ |
24 392 |
25 160 |
A. L'ARMÉE DE TERRE
Les crédits s'élèvent à 18 510 millions de francs en autorisations de programme et à 18 488 millions de francs en crédits de paiement (+ 6,5 %). Ils étaient respectivement de 20 526 millions de francs et 17 355 millions de francs en 1998.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE TERRE
(En millions de francs)
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Projet de budget pour 1999 |
||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Études ............................................. |
3 166 |
2 974 |
2 124 |
3 532 |
1 967 |
3 075 |
2 223 |
3 022 |
Fabrications classiques .................... |
9 760 |
10 164 |
10 303 |
9 296 |
12 003 |
8 699 |
10 965 |
9 709 |
Entretien programmé des matériels .. |
2 533 |
2 077 |
2 613 |
2 535 |
2 497 |
2 129 |
2 123 |
2 092 |
Entretien programmé des personnels |
1 518 |
1 341 |
1 432 |
1 424 |
1 236 |
1 122 |
1 096 |
1 098 |
Infrastructure ................................... |
3 019 |
3 012 |
2 686 |
2 662 |
2 823 |
2 330 |
2 103 |
2 567 |
Total ................................... |
19 996 |
19 568 |
19 158 |
19 449 |
20 526 |
17 355 |
18 510 |
18 488 |
1. Les blindés
Les
livraisons en 1999 seront de 33 chars LECLERC et la commande sera de 44 ;
l'échéancier du programme reste en principe inchangé
jusqu'à sa fin.
A la fin de 1999, 205 chars auront été livrés. La
programmation a réduit la quantité totale des livraisons de 650
chars à 406 chars qui doivent être tous livrés d'ici
à la fin de l'année 2005.
Cette réduction sensible des cibles touche directement le producteur
final, GIAT-Industries dont, malgré des mesures de redressement, la
situation reste très difficile. Il n'est pas assuré du reste que
la fabrication des chars pour l'armée de Terre, dégage un
résultat positif. Et les acquis de l'exportation ont fait l'objet, on le
sait, d'une gestion désastreuse.
L'avenir de l'entreprise est largement dépendant de la
concrétisation des perspectives d'exportation du char LECLERC.
Le coût total du programme LECLERC s'élève à 34,3
milliards de francs (1997) dont 16,7 milliards de francs déjà
consommés au 31 décembre 1997. Les crédits prévus
pour 1999 s'élèvent à 2,2 milliards de francs.
Le projet du véhicule blindé de combat d'infanterie semble
défini sur la base d'un véhicule à huit roues proche des
spécifications allemandes et britanniques. On peut craindre que
GIAT-Industries ne soit qu'associé à une maîtrise d'oeuvre
germano-britannique pour la réalisation de ce blindé. Cette
situation peut également avoir pour cause la conduite parallèle
d'un projet national d'un autre blindé à roues : le
VEXTRA.
2. La mobilité
•
L'hélicoptère TIGRE
(coopération avec l'Allemagne)
est désormais au stade de l'industrialisation. L'accord bilatéral
sur la production a été conclu le 20 mai 1998. Au total, les
commandes françaises porteront sur 115 hélicoptères en
version appui protection (HAP) et 100 en version antichars (HAC). Les
premières livraisons interviendront en 2003 (HAP) et 2011 (HAC).
889 millions de francs de crédits de paiement sont prévus pour
1999 ce qui portera les crédits dégagés sur ce programme,
à la fin de l'année 1999, à 8 milliards de francs. Une
révision des spécifications a permis de réduire les
coûts de 10 %. Une communauté d'équipements avec
l'hélicoptère NH 90 est en outre recherchée
•
L'hélicoptère de transport NH 90
doit
équiper les forces françaises, allemandes, italiennes et
néerlandaises.
Ce programme se déroule lentement : les premières livraisons
sont prévues en 2011. Sur un coût total du programme de 36
milliards de francs (1997), 1,3 milliard de francs ont été
dépensés au 31 décembre 1996.
La cible française d'acquisition est de 160 : 133 appareils pour
l'armée de Terre et 27 pour la Marine. Les besoins estimés par
l'Allemagne sont de 243, l'Italie de 219 et les Pays-Bas de 20.
Le coût unitaire approche 200 millions de francs. 347,1 millions de
francs de crédits de paiement sont affectés à ce programme
dans le budget de 1999.
• Par ailleurs et toujours au titre de la mobilité, la revue des
programmes a abouti à une réduction de la cible des
" ensembles porte-blindé " (EPB). Ainsi, ne sera-t-il acquis
que 122 de ces véhicules destinés à transporter le char
LECLERC au lieu des 302 initialement prévus.
3. La puissance de feu
600 missiles antichars ERYX seront livrés mais aucune commande de missiles ne sera faite en 1999. Le développement du missile antichar de troisième génération (AC3G-LP), missile destiné à équiper l'hélicoptère TIGRE, sera poursuivi jusqu'à son terme mais il a été décidé, à la suite de la revue des programmes, de ne pas le produire. Un appel d'offre international sera passé pour équiper le TIGRE HAC en missiles.
4. La communication et le renseignement
2 344 livraisons de postes de radio de quatrième
génération (PR4G) interviendront en 1999 mais aucune commande ne
sera passée.
Le
système d'information et de commandement des forces
vise
à améliorer la cohérence et le rendement de la
chaîne de commandement et l'interopérabilité du traitement
des données avec les systèmes des autres armées et des
armées alliées.
110 millions de francs (77 pour le développement et 33 pour les
fabrications) seront affectés à ce programme.
Dans le domaine du
renseignement
, la cible des radars de contrebatterie
COBRA a été réduite de 15 à 10. Aucune commande et
aucune livraison ne sont prévues en 1999. 73 millions de francs sont
prévus dans le projet de budget pour le développement du
véhicule aérien léger BREVEL et 16 millions pour le radar
de surveillance du champ de bataille HORIZON.
Les
termes financiers et physiques
des principaux programmes de
l'armée de Terre sont récapitulés dans les tableaux
ci-après :
CRÉDITS DES PRINCIPAUX PROGRAMMES
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Char LECLERC ............................. |
2 315 |
1 769 |
2 046 |
2 203 |
2 335 |
2 231 |
Hélicoptère de combat TIGRE ........ |
490 |
605 |
797 |
807 |
645 |
871 |
Hélicoptère de combat NH 90 (Terre) ........................................... |
|
|
|
|
|
|
Véhicule blindé de combat d'infanterie (Vbci) ......................... |
|
|
|
|
|
|
Matériels d'artillerie ....................... |
412 |
185 |
226 |
277 |
607 |
509 |
Munitions ....................................... |
424 |
772 |
798 |
509 |
745 |
608 |
Missiles .......................................... |
1 142 |
1 227 |
866 |
787 |
608 |
994 |
• Sol-air moyenne portée (FSAF) |
69 |
251 |
395 |
348 |
453 |
283 |
• Sol-air à très courte portée (SATCP) ................................... |
|
|
|
|
|
|
• Antichar AC3G-longue portée ... |
43 |
134 |
1 |
132 |
- |
140 |
• Antichar AC3G-moyenne portée |
291 |
147 |
80 |
141 |
24 |
216 |
• Antichar courte porté ERYX ..... |
125 |
228 |
24 |
177 |
65 |
209 |
Armements légers .......................... |
100 |
159 |
116 |
127 |
147 |
96 |
Poste radio PR4G ........................... |
780 |
449 |
193 |
- |
262 |
474 |
ÉVOLUTION DE L'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE TERRE
Matériels |
1996 |
2002
|
2015
|
Chars lourds ............................ |
927 |
420 dont 250 Leclerc |
420 dont 320 Leclerc |
Chars légers ............................ |
350 |
350 |
350 |
Véhicules tous terrains ............ |
800 VTT |
500 VTT |
500 VBCI |
Véhicules de l'avant blindés .... |
2 000 |
1 235 |
1 235 VAB rénovés |
Canons .................................... |
302 |
208 |
208 |
Lance-roquettes multiples ....... |
48 |
48 |
48 |
Hélicoptères ............................ |
340 |
168 (en ligne) |
168 |
Missiles sol-air ........................ |
480 |
380 |
380 |
B. LA MARINE
Ses
crédits, en augmentation de 7,5 % par rapport à 1998, seront de
21 026 millions de francs.
Hors FOST, la comparaison d'une année à l'autre fait
apparaître une évolution de 15 320 millions de francs en 1998
à 16 896 millions de francs pour 1999 soit une hausse de 10,2 %.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENTS DE LA MARINE
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Nucléaire (FOST) .......................... |
4 697 |
5 692 |
3 480 |
4 236 |
3 252 |
4 130 |
Études classiques ........................... |
3 005 |
3 003 |
2 667 |
1 886 |
4 018 |
2 871 |
Fabrications classiques ................... |
7 441 |
8 613 |
6 894 |
8 482 |
9 741 |
8 150 |
Restructuration DCN ...................... |
327 |
327 |
454 |
454 |
1 079 |
1 079 |
Entretien programmé des matériels . |
4 335 |
3 872 |
3 676 |
3 561 |
4 848 |
3 872 |
Entretien programmé des personnels |
317 |
288 |
239 |
228 |
173 |
172 |
Infrastructures classiques .................. |
808 |
743 |
697 |
708 |
803 |
752 |
Total .................................... |
20 930 |
22 538 |
13 107 |
19 555 |
23 914 |
21 026 |
1. Le groupe aéronaval
Le
porte-avions nucléaire (PAN) CHARLES de GAULLE ne sera pas
opérationnel avant la fin de l'année 2000,
quatorze ans
après le début des travaux
et avec un retard de près
de 5 ans. Mais malgré ce long délai, le PAN ne disposera pas,
à ce moment, de tous ses moyens d'intervention et de protection. Les
avions CRUSADER d'interception aérienne devront être
retirés du service au moment où le porte-avions entrera en
service or, la première flottille de RAFALE Marine ne sera
opérationnelle qu'en 2002. Quant aux avions de surveillance
aérienne, un avion HAWKEYE a été livré en 1998, le
second le sera en 1999 et la commande du troisième a été
repoussée à 2001 et sa livraison interviendra en 2003.
On sait que la commande d'un second porte-avions a été
reportée au-delà de l'horizon de l'actuelle programmation. Les
réflexions en cours de la Grande-Bretagne sur le remplacement de ses
porte-aéronefs actuels par des porte-avions nouveaux pourraient ouvrir
la voie à une coopération dans ce domaine. Le porte-avions FOCH
sera désarmé à la mise en service du CHARLES de GAULLE. Il
a été renoncé à l'idée de le
réactiver à la première indisponibilité de ce
dernier.
La disponibilité du groupe aéronaval ne pourra donc
plus être assurée en permanence
.
Pour un coût total du PAN estimé à 19 milliards de francs
1996, plus de 16,5 milliards ont déjà été
consommés. Pour 1999, les crédits de paiement prévus
s'élèvent à 1 312 millions de francs.
2. L'aéronautique navale
Les
premières livraisons du
RAFALE Marine
, qui sera commandé
à 60 exemplaires (au lieu des 86 initialement prévus),
s'échelonneront de 1999 à 2002 de façon à
constituer en 2002 une première flottille de 12 appareils. Les 48 autres
appareils seront ensuite livrés à partir de 2005, au rythme de 6
par an jusqu'en 2012.
Une dotation de 2 191 millions de francs de crédits de paiement
est prévue pour ce programme dans le projet de budget.
Pour ce qui concerne les
autres appareils de l'aviation
embarquée
(avions et hélicoptères), le tableau
ci-après indique la situation actuelle (au 1
er
juillet 1998)
et celle à venir :
|
En parc |
En ligne |
Âge moyen |
Année de retrait du service |
Aviation embarquée |
|
|
|
|
Crusader................ |
11 |
7 |
33 ans 10 mois |
fin 1999 |
Super Etendard .... |
52 |
24 |
18 ans 3 mois |
2007-2010 |
Etendard IV PM ... |
5 |
2 |
34 ans |
2000 |
Alizé .................... |
9 |
7 |
37 ans 10 mois |
2000 |
Hélicoptères |
|
|
|
|
Super Frelon ........ |
16 |
10 |
28 ans 5 mois |
2004-2007 |
Lynx .................... |
33 |
21 |
17 ans 5 mois |
2003-2012 |
Dauphin (Pedro) ... |
3 |
3 |
8 ans 8 mois |
2018-2022 |
Dauphin (SP) ....... |
5 |
4 |
15 ans 11 mois |
2018-2022 |
Alouette III .......... |
30 |
25 |
- |
1999-2008 |
Panther ................. |
15 |
12 |
2 ans 8 mois |
- |
.
L'
hélicoptère NH 90
, dans sa version
hélicoptère de lutte anti-sous-marins, fait l'objet d'une
coopération entre quatre pays (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas) et
concerne les armées de Terre (version transport) et la Marine.
L'industrialisation doit être lancée en 1999 et les
premières commandes pour la Marine, qui doit recevoir 27 exemplaires (14
pour le combat et 13 pour le transport) de cet hélicoptère,
être placées autour de 2000 pour de premières livraisons en
2005.
3. La flotte de surface
•
Le programme des frégates légères de type LA
FAYETTE
a été ramené de 6 à 5 unités.
Trois bâtiments sont déjà en service mais les retards
imposés à la mise en service du quatrième et du
cinquième bâtiment obligent à maintenir des navires peu
adaptés et dont l'entretien est coûteux.
Les crédits de paiement prévus s'élèvent en 1999
à 664 millions de francs.
Des frégates de ce type ont été vendues à Taiwan
(6 bâtiments) et à l'Arabie Saoudite (contrat signé en 1997
pour 2 bâtiments).
•
Le programme des frégates HORIZON
, frégates
antiaériennes, est mené en coopération avec la
Grande-Bretagne et l'Italie. Ces bâtiments de plus de 6000 tonnes seront
équipés du système d'autodéfense PAAMS.
Le programme lancé en 1994 connaît des vicissitudes et souffre
de retards ; les exigences britanniques sur les spécifications
expliquent cette situation.
Deux exemplaires seulement de cette frégate seront commandés
pendant la durée de la programmation. Le premier sera livré en
2005.
Sur un coût total de 12,4 milliards de francs, la programmation a
prévu 5,23 milliards de francs pour la période 1997-2002. La
dotation pour 1999 est de 4,1 milliards de francs en autorisations de programme
et de 510 millions de francs en crédits de paiement.
Pour la partie PAAMS du programme, sont inscrits dans le projet de budget 476
millions de francs d'autorisations de programme et 356 millions de francs de
crédits de paiement.
•
Les transports de chalands de débarquement
,
bâtiments de plus de 10000 tonnes, sont prévus pour transporter et
débarquer des forces d'intervention. En remplacement des deux
unités les plus anciennes - OURAGAN et ORAGE - désarmées
en 2004 et 2006, une nouvelle version de TCD a été mise au point.
Un bâtiment LA FOUDRE est déjà en service. Un
deuxième SIROCCO, a été livré en 1998.
Les deux suivants doivent être mieux adaptés à la
projection des forces. Lors de la revue des programmes, il a été
décidé que la réalisation de ce programme se fera sous la
contrainte d'un coût objectif fixé après une comparaison
nationale et européenne. Ce programme ne bénéficiera
d'aucun financement en 1999.
4. Les torpilles et missiles
•
Le programme de torpille MU 90
est mené en coopération
avec l'Italie. Les essais conduits jusqu'à maintenant paraissent
satisfaisants. Une commande globale pluriannuelle de 300 torpilles a
été passée en 1997 pour la France. L'Italie en a
commandé 200 et l'Allemagne 285. Ce programme est doté de 238
millions de francs de crédits de paiement dans le projet de budget.
• Le missile anti-navires futur (ANF)
doit remplacer les missiles
de la famille EXOCET à partir de 2005. Ce programme est doté de
139 millions de francs de crédits de paiement dans le projet de budget
pour 1999. Il semble que l'Allemagne un moment associée à ce
programme s'en soit retirée.
CRÉDITS DES PRINCIPAUX PROGRAMMES
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Rafale Marine .............................. |
1 012 |
1 236 |
944 |
2 127 |
1 545 |
1 873 |
|
Porte-avions nucléaire .................. |
1 180 |
1 539 |
389 |
1 472 |
497 |
1 313 |
|
Avion de guet Hawkeye ............... |
111 |
653 |
403 |
980 |
537 |
996 |
|
SNLE-NG .................................... |
2 664 |
3 563 |
2 132 |
2 595 |
1 105 |
2 200 |
|
Atlantique 2 ................................. |
42 |
549 |
97 |
408 |
- |
335 |
|
Frégates La Fayette ...................... |
380 |
648 |
337 |
374 |
367 |
664 |
|
Constructions neuves navires classiques ..................................... |
|
|
|
|
|
|
|
Grosses refontes et modernisation |
765 |
860 |
885 |
546 |
341 |
284 |
|
Entretien des navires classiques .... |
2 722 |
2 358 |
2 200 |
1 894 |
2 437 |
2 446 |
|
Entretien nucléaire ....................... |
1 418 |
1 404 |
896 |
1 188 |
1 244 |
1 188 |
|
Entretien matériels aéronautiques |
1 436 |
1 347 |
1 321 |
1 510 |
1 501 |
1 426 |
|
Munitions et missiles (Mer + Aér.) |
1 809 |
997 |
1 629 |
936 |
1 184 |
937 |
|
Torpille MU-90 ............................ |
578 |
88 |
567 |
160 |
111 |
238 |
|
Hélicoptère NH 90 ....................... |
323 |
370 |
152 |
135 |
336 |
161 |
ÉVOLUTION DE L'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
Matériels |
1996 |
2002
|
2015
|
Porte-avions ............................. |
2 |
1 porte-avions nucléaire (+ 1 PA en " sommeil ") |
1 ou 2 |
Avions embarqués .................... |
74 |
58 (dont 12 Rafale) et 2 Hawkeye |
60 Rafale en parc et 3 Hawkeye |
Avions de patrouille maritime .. |
25 |
22 |
22 |
Hélicoptères de combat ............ |
38 |
40 |
ND |
Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ................................... |
5 dont 1 SNLE-NG |
4 dont 3 SNLE-NG |
4 SNLE-NG |
Sous-marins d'attaque .............. |
12 dont 6 nucléaires |
6 SNA |
6 SNA |
Frégates antiaériennes .............. |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins ......... |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2 ème rang ................ |
17 |
14 |
14 |
Bâtiments anti-mines ................ |
16 |
14 |
16 |
Transports de chalands de débarquement (TCD) ................ |
4 dont 1 porte-hélicoptères |
5 dont 1 porte-hélicoptères |
4 |
C. L'ARMÉE DE L'AIR
En augmentation de 5,6 % par rapport à 1998, le budget d'équipement de l'armée de l'Air comprendra 20 238 millions de francs en crédits de paiement ; les autorisations de programme s'élèveront également à 20 238 millions de francs, elles augmentent de 23,3 %.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE L'AIR
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Nucléaire ....................................... |
600 |
874 |
525 |
733 |
269 |
185 |
Études classiques ........................... |
4 768 |
4 695 |
2 915 |
3 181 |
3 194 |
3 587 |
Fabrications classiques ................... |
8 685 |
10 532 |
7 077 |
9 487 |
9 086 |
9 899 |
Entretien programmé des matériels . |
4 961 |
4 041 |
4 455 |
4 318 |
6 232 |
5 175 |
Entretien programmé des personnels |
446 |
404 |
369 |
367 |
387 |
308 |
Infrastructures classiques ................. |
1 080 |
1 032 |
1 064 |
1 075 |
1 070 |
1 084 |
Total |
20 540 |
21 578 |
16 405 |
19 161 |
20 238 |
20 238 |
1. Les avions de combat
L'armée de l'Air recevra livraison de 12 MIRAGE 2000 D, avion de
pénétration et d'attaque au sol, et 22 MIRAGE 2000-5,
rénovation du MIRAGE 2000 DA de défense aérienne ; ce
dernier programme bénéficie de commandes à l'exportation.
Le programme RAFALE Air a été lancé en 1985. La
première livraison à l'armée de l'Air interviendra en 1999
et le premier escadron de l'armée de l'Air sera opérationnel le
21 décembre 2005.
Depuis 1992, les échéances du
programme ont été retardées de 6 ans. Du même coup
se réduit l'avance du RAFALE par rapport à l'EUROFIGHTER, son
concurrent dont les premières livraisons interviendront en 2001 et qui
sera commandé à 620 exemplaires. En outre, un nouvel avion
américain doit entrer en service en 2008
.
Les travaux d'industrialisation interrompus en 1995 et les travaux de
fabrication interrompus en 1996 ont été repris à la suite
d'une commande de 3 milliards de francs passée en 1997. La revue
des programmes entraînera un recul de 10 mois de la livraison des
premiers avions destinés à l'armée de l'Air et une
diminution de 25 à 23 du nombre d'avions livrés à la fin
de 2005.
Le coût total du programme pour 234 appareils Air et 60 appareils Marine
s'élève à 201,5 milliards de francs ; un quart du
coût de développement étant assuré par les
industriels, le coût budgétaire est de 188,6 milliards de francs.
Rappelons que, selon des estimations britanniques (
National audit
office
), le coût global du programme EUROFIGHTER pour 410 appareils
serait de 345 milliards de francs.
COÛT DU PROGRAMME RAFALE (AIR ET MARINE)
(Coût des facteurs janvier 1998)
(En millions de francs)
Éléments du programme |
Montants |
Développement des trois premiers standards opérationnels, y compris le moteur M-88 ................................................................................ .......... |
|
• Dont participation escomptée des industriels (25 %) .............................. |
12 900 |
• Dont participation de l'État .................................................................... |
43 240 |
Devis de production ................................................................................ .. |
145 400 |
• Dont industrialisation ............................................................................. |
17 860 |
• Dont fabrication de 95 Rafale Air monoplaces ....................................... |
27 270 |
• Dont fabrication de 139 Rafale Air biplaces ........................................... |
42 657 |
• Dont fabrication de 60 Rafale Marine .................................................... |
19 670 |
• Dont simulateurs ................................................................................ .... |
1 220 |
Total ................................................................................ ................ |
201 540 |
Pour le
programme RAFALE, les crédits pour 1999 s'élèvent à
3,7 milliards de francs pour l'armée de l'Air.
Une commande globale de 28 appareils assortie d'une option sur 20 autres
devrait vraisemblablement être passée en 1999.
Pour les programmes MIRAGE 2000, le montant des crédits est de
1 218 millions de francs.
2. Les avions de transport
L'essentiel du parc est composé de TRANSALL auxquels s'ajoutent quelques C 130 HERCULES américains et quelques CASA CN 235 produits en Espagne.
Type |
Nombre |
Entrée en service |
Charge
|
Nombre maximum de passagers |
Transall C 160 1 ère génération |
46 |
1967 |
4 T à 4400 km |
91 |
Transall C 160 2 ème génération |
20 |
1981 |
8 T à 6600 km avec RVT |
91 |
Hercules C 130 H/H 30 ........... |
14 |
1987 |
10 T à 550/4850 km |
92/122 |
Casa CN 235-100 .................... |
10 |
1991 |
3 T à 1950 km |
44 |
L'armée de l'Air recevra 9 TRANSALL rénovés en 1999. Ce
programme est terminé.
Cette rénovation permettra-t-elle toutefois d'assurer les missions
jusqu'à l'entrée en service du nouvel avion de transport ?
Huit pays d'Europe ont approuvé les caractéristiques provisoires
de l'avion de transport futur (ATF). L'intention est d'acquérir
près de 300 avions (dont 50 pour la France) sur
" étagères " soit auprès de constructeurs
européens, groupés sous l'égide d'AIRBUS Industrie, soit
dans l'industrie américaine (avions C 130 J et C 17) soit en Russie et
en Ukraine par adaptation de l'Antonov 70.
Les seuls crédits prévus en programmation (614 millions de
francs en crédits de paiement et 2 908 millions de francs
d'autorisations de programme) doivent aller au préfinancement du
programme qui devrait également être assuré par les
industriels concernés. Pour 1999, 44 millions de francs seulement seront
consacrés au développement du programme.
La
poursuite du programme ATF paraît indispensable
pour deux
raisons. Une raison militaire puisque la relève des TRANSALL les plus
anciens doit être assurée dès 2004 et que la
standardisation des avions de transport des armées de l'air
européennes présente un fort intérêt logistique. Une
raison industrielle, car ce programme pousserait fortement à la
fédération des industriels européens de
l'aéronautique dans le domaine militaire et qu'il inciterait à
une meilleure intégration des programmes civils et militaires
3. Les missiles
L'armée de l'Air est engagée dans plusieurs programmes de missiles destinés à l'équipement de ses avions : APACHE anti-piste, SCALP d'emploi général et MICA pour le combat aérien. Aucun ne sera commandé en 1999 et seul ce dernier fera l'objet d'une livraison (25).
4. Les systèmes de commandement et de communication
Le
programme SCCOA (système de commandement et de conduite des
opérations aériennes) vise à doter l'armée de l'Air
d'une capacité de maîtrise de l'espace aérien et de gestion
globale des systèmes d'armes à partir d'un commandement unique
des opérations.
Le coût total du programme est évalué à 15,4
milliards de francs 1997 ; 3 milliards 400 millions de francs ont
déjà été consommés ; la dotation pour 1999
est de 811 millions de francs.
Le programme doit se dérouler en trois étapes. La
première a commencé en 1993 et la seconde en 1997.
Les
termes financiers et physiques
des principaux programmes de
l'armée de l'Air sont récapitulés dans le tableau
ci-après :
(En millions de francs)
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Commandes |
Livraisons |
||||
|
1997 |
1997 |
1998 |
1998 |
1999 |
1999 |
1997 |
1998 |
1999 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
|
|
|
|
|
|
ACT/Rafale 2( * ) .......... |
1
678/
|
1
700/
|
1
107/
|
925/
|
1
056/
|
1
199/
|
0 |
21 |
0 |
0 |
0 |
1 |
Mirage 2000 DA .... |
0/0 |
15/388 |
0/0 |
5/489 |
ND 3( * ) |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Mirage 2000 D ...... |
3/260 |
159/1 966 |
0/699 |
30/1 155 |
0/708 |
18/1 200 |
0 |
0 |
0 |
6 |
6 |
12 |
Mirage 2000-5 ....... |
17/180 |
98/1 064 |
6/193 |
20/1 060 |
36/128 |
83/579 |
0 |
0 |
0 |
1 |
11 |
22 |
Tucano .................. |
0/0 |
0/132 |
0/0 |
0/55 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
9 |
0 |
0 |
Mirage FICT ......... |
0/0 |
3/22 |
0/0 |
3/22 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Transall..................(Rénovation) |
0/12 |
0/227 |
0/12 |
0/88 |
ND 2 |
ND 2 |
35
|
0 |
0 |
11 |
14 |
9 |
Hercules C 130 ...... |
0/3 |
0/99 |
0/0 |
0/0 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
2 |
0 |
0 |
KC-135 |
0/0 |
0/227 |
0/0 |
0/214 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
2 |
1 |
0 |
Missile S 530 D ..... |
0/0 |
0/80 |
0/20 |
0/35 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Missile MICA ........ |
73/356 |
211/139 |
169/133 |
150/193 |
0/250 |
138/321 |
125 |
0 |
0 |
0 |
0 |
25 |
Missile MAGIC II . |
0/19 |
0/132 |
0/74 |
0/60 |
ND 2 |
ND 2 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
SATCP .................. |
0/74 |
0/62 |
0/6 |
0/19 |
0/174 |
0/79 |
0 |
150 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Système CROTALE |
0/0 |
0/102 |
0/24 |
0/86 |
0/140 |
0/277 |
0 |
0 |
0 |
2 |
4 |
0 |
D. LA GENDARMERIE
Ses
crédits d'équipement augmentent de 3 % par rapport au budget de
1998 pour s'établir à 2 165 millions de francs.
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Projet de budget 1999 |
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Fabrications .............................................. |
1 001 |
977 |
1 038 |
965 |
876 |
977 |
Entretien programmé des matériels ............ |
117 |
110 |
143 |
140 |
185 |
153 |
Entretien programmé des personnels ......... |
184 |
159 |
203 |
167 |
210 |
168 |
Infrastructure et subventions d'équipement |
825 |
915 |
808 |
830 |
937 |
868 |
Total ............................................. |
2 127 |
2 161 |
2 192 |
2 102 |
2 208 |
2 166 |
Programme RUBIS .................................... |
200 |
394 |
328 |
405 |
178 |
399 |
Véhicules .................................................. |
306 |
306 |
427 |
309 |
338 |
289 |
Moyens informatiques ............................... |
123 |
107 |
163 |
147 |
123 |
107 |
Deux
domaines appellent un commentaire particulier :
• les normes européennes imposent que les
hélicoptères appelés à survoler les zones urbaines
ou de montagne soient dotés de deux turbines. Cette adaptation ne peut
être conduite que lentement dans la Gendarmerie puisqu'en 1999 ne sera
commandé que le troisième appareil d'un ensemble de 5 ;
• le parc immobilier de la Gendarmerie vieillit et il va, de plus,
être soumis à des changements de deux ordres : ceux qui
découleront du redéploiement des brigades et ceux qu'imposera la
transformation des logements des gendarmes auxiliaires en logements de
gendarmes adjoints.
DEUXIÈME PARTIE
DE
L'INQUIÉTUDE AU DOUTE
Notre
rapport budgétaire pour 1998 exprimait une vive inquiétude. Il
constatait que " l'encoche " avait pour effet de mettre en cause la
survie même de la programmation.
Depuis, la " revue des programmes " a eu pour mérite
d'augmenter le montant des crédits du titre V.
Est-il permis pour autant d'être optimiste et de penser qu'en 1999 les
crédits véritablement consacrés à
l'équipement des armées atteindront le niveau annoncé ?
Votre Rapporteur a malheureusement des raisons de douter d'une telle
possibilité. En outre, les travaux qu'il a menés cette
année le conduisent à vous faire part de ses craintes dans le
domaine de la coopération européenne d'armement.
CHAPITRE I
UNE PART IMPORTANTE DES
CRÉDITS ANNONCÉS DES TITRES V ET VI DU PROJET DE BUDGET NE SERA
PAS CONSACRÉE À L'ÉQUIPEMENT DES
ARMÉES
Une partie restera dans l'enveloppe du ministère de la Défense mais sera transférée au titre III. Une autre partie échappera finalement au budget de la Défense.
A. LA POURSUITE DE LA PROFESSIONNALISATION DES ARMÉES IMPLIQUERA VRAISEMBLABLEMENT UNE AUGMENTATION DES DÉPENSES DU TITRE III. INVERSEMENT, LE TRANSFERT DE CRÉDITS D'ENTRETIEN PROGRAMMÉ DES MATÉRIELS DU TITRE III AU TITRE V N'AJOUTE RIEN AUX POSSIBILITÉS D'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES
-
Les dépenses de rémunérations et de charges sociales
de soldats de métier sont certainement plus importantes qu'on ne pouvait
le prévoir. La multiplication du nombre de militaires du rang
engagés pèse d'un poids d'autant plus important qu'ils sont les
premiers bénéficiaires des mesures de revalorisation des
rémunérations les plus basses.
Un décret d'avance et un arrêté d'annulation de
crédits du 22 août 1998 ont ponctionné les titres V et VI
de 3,8 milliards de francs en raison d'autant d'insuffisances sur les
crédits de rémunérations et de charges sociales.
Est-il excessif d'avancer qu'une telle ponction se renouvellera en 1999 ?
-
Les crédits de fonctionnement des armées sont descendus
à un niveau tel que les difficultés de vie, de travail et
d'entraînement des armées deviendront difficilement supportables.
Aucune possibilité de les abonder n'existant à l'intérieur
du titre III à partir des crédits de rémunérations
et de charges sociales, la nécessité du recours aux
crédits du titre V n'est pas impensable.
-
De façon générale, les annulations de
crédits sont une raison majeure de douter de l'utilisation réelle
des crédits d'équipement des armées.
De 1990 à 1998, près de 50 milliards de francs de crédits
de paiement ont été annulés sur le budget
d'équipement des armées :
(En millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Total |
2 480 |
1 091 |
5 200 |
9 000 |
- |
11 892 |
6 466 |
5 200 |
7 300 |
49 229 |
- Le transfert pour l'entretien programmé des matériels, dans le projet de budget, de 400 millions de francs du titre III au titre V, participe à l'augmentation de ce titre. Il ne s'agit cependant là que d'une apparence puisque, bien entendu, la nature des dépenses couvertes par ces crédits ne change pas.
B. UNE PARTIE DES DOTATIONS DES TITRES V ET VI ÉCHAPPERA, IN FINE, AU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE POUR DEUX RAISONS
-
La reprise en 1998 et l'augmentation en 1999, des contributions de la
défense, interdites par la loi de programmation militaire, au budget
civil de recherche et de développement, ajoute au caractère
partiellement illusoire de l'augmentation des crédits
d'équipement des armées. Reverser 900 millions de francs au CNES,
sans aucune possibilité de contrôle de l'utilisation qui en est
faite, non seulement est sans intérêt pour les armées mais
encore les porte à regretter vivement le caractère factice de ce
détour.
-
Le ministère de la Défense connaît encore
d'importantes difficultés à consommer réellement les
autorisations de programme et les crédits de paiement accordés
pour l'équipement des forces. Sont invoqués les effets de
changements de nomenclature, de réorganisations ou de difficultés
à passer les marchés. Quoi qu'il en soit, si la situation
n'était pas assainie avant la fin de l'année et, a fortiori, si
elle se renouvelait en 1999, les équipements ne seraient pas acquis et,
en outre, d'une façon ou d'une autre, ces reports de crédits
risqueraient d'être confisqués.
-
Le budget d'équipement du ministère de la
Défense est considéré comme la " variable
d'ajustement " des dépenses de l'Etat. Que les recettes ne soient
pas à la hauteur des prévisions, que des dépenses
jugées prioritaires interviennent en cours d'année et le budget
de défense, plus que d'autres, est mis à contribution. La
" revue des programmes " portera-t-elle le gouvernement à
renoncer à cette habituelle facilité ? Cela devrait être
l'effet l plus patent de cette analyse qui, menée après la loi de
programmation, a arrêté un besoin d'équipement des
armées que plus personne n'a d'argument pour remettre en cause.
Si les prévisions économiques et financières du
gouvernement ne se réalisent pas, celui-ci tirera-t-il les
conséquences de sa propre démarche en préservant le budget
d'équipement de la défense ? Faute de cela, la " revue des
programmes " non seulement serait vaine mais encore pernicieuse car elle
signifierait que, quel que soit l'ampleur des besoins d'équipement, le
déclin des crédits que l'Etat leur consacre est
inéluctable.
CHAPITRE II
LA COOPÉRATION
EUROPÉENNE
EN MATIÈRE D'ARMEMENT RESTE
DIFFICILE
Le
budget d'équipement des armées n'a pas pour vocation
première de soutenir l'industrie d'armement, mais l'intérêt
de la défense est d'avoir pour fournisseur des industriels
compétents et en bonne santé financière. Chacun sait
qu'aujourd'hui le cadre national n'est plus approprié pour le maintien
d'une telle situation et qu'à défaut de l'émergence d'une
industrie d'armement européenne, nos armées n'auraient d'autre
solution que de figurer au rang des clients de peu de poids des entreprises
américaines.
Les principaux pays d'Europe occidentale coopèrent depuis longtemps
dans le domaine de l'armement. Des programmes anciens témoignent de la
réussite de cette volonté, notamment dans le domaine
aéronautique. La réussite des programmes JAGUAR, ATLANTIC et
TRANSALL en témoigne notamment.
Les perspectives ainsi tracées se sont-elles renforcées ? Votre
Rapporteur, à la suite d'entretiens qu'il a menés en cours
d'année, se doit de vous faire part de ses doutes sur les
possibilités françaises de peser dans cette évolution.
L'analyse porte sur la conduite des programmes et sur les restructurations
industrielles.
A. LA CONDUITE DES PROGRAMMES EN COOPÉRATION EST UN CHEMIN SEMÉ D'EMBÛCHES
-
Le point de départ d'un programme en coopération est
l'entente de plusieurs états-majors sur les spécifications
communes du matériel dont l'acquisition est recherchée. C'est une
opération souvent très difficile car les conceptions
stratégiques et tactiques peuvent être sensiblement
différentes. L'accent mis en France sur les capacité de
projection incite souvent à rechercher pour le matériel
terrestre, des équipements légers, facilement
aérotransportables. Tous nos alliés ne mettent pas l'accent sur
cette capacité de projection et le choix, pour le véhicule
blindé de combat d'infanterie (VBCI) d'un engin à huit roues
paraît plus conforme aux besoins allemands que français.
La Grande-Bretagne devrait, en théorie, rechercher des
équipements plus proches de ceux que souhaitent acquérir nos
armées. Pourtant, les vicissitudes subies par le programme de la
frégate HORIZON et de son armement sont une illustration des
difficultés substantielles à aboutir à des accords. La
volonté des états-majors et des gouvernements d'arriver à
une entente sur les spécifications des équipements doit
être avérée et constante.
-
Les contraintes budgétaires subies par les budgets de la
défense ne sont pas propres à la France. Elles peuvent conduire
les uns ou les autres à renoncer à tel ou tel équipement
sur lequel une coopération européenne s'était
amorcée. Les aléas subis très récemment par les
programmes HORUS et TRIMILSATCOM illustrent ce phénomène. Ils ne
doivent pas être dramatisés car ils croîtront avec la
montée de la coopération. Les Etats doivent cependant faire
preuve d'un sens aigu de leurs responsabilités et s'en tenir à
partir d'un certain degré d'avancement de la coopération,
à un engagement de non retour.
-
L'attrait pour les solutions les plus immédiatement
économiques peut mettre en danger la volonté de coopérer.
Le choix d'équipements " disponibles sur
étagères " et au meilleur prix risque en effet, l'effet
d'échelle jouant, de tourner le plus souvent au profit des industriels
américains.
Les grands programmes d'armement purement nationaux ont vécu, à
l'exception, pour l'instant, du domaine nucléaire. Gouvernements et
états-majors ont la nécessité de mettre en oeuvre
fermement volonté politique, organisations et procédures, pour
maintenir la capacité de l'Europe à équiper ses propres
armées.
B. LES ENTREPRISES FRANCAISES PEINENT À S'INSÉRER DANS LA RESTRUCTURATION DE L'INDUSTRIE EUROPÉENNE DE L'ARMEMENT
-
Dans les domaines prospères, l'aéronautique,
l'électronique, les missiles, certains industriels européens
réalisent des profits. Rien ne contrarie leur rapprochement. En
revanche, les industriels français risquent d'être
marginalisés s'ils sont considérés, pour des raisons
politiques et juridiques, comme des freins à la mise en place de ses
nouvelles alliances ou fusions. A l'intérieur de notre pays,
l'ambiguïté des relations respectives des groupes
MATRA-AÉROSPATIALE, ALCATEL-THOMSON ET DASSAULT-AVIATION ajoute à
la méfiance des grands groupes étrangers. On a noté, dans
un autre secteur et sur un seul programme, que la conduite parallèle du
programme européen VBCI et du programme national VEXTRA avait eu pour
résultat de reléguer GIAT-Industries au second rang dans la
poursuite du programme.
-
Dans les domaines des armements terrestres et des constructions
navales les difficultés sont encore plus grandes.
GIAT-Industries souffre d'un écroulement du marché mondial des
armements terrestres notamment dans celui des blindés lourds, modernes
et coûteux, le seul où il puisse se prévaloir d'une
excellente compétence. Par ailleurs, ses établissements sont
dispersés, ses capacités de production sous-employées.
Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que ses
résultats nets soient constamment négatifs. Un retour à
l'équilibre est annoncé pour 2002. Les chances qu'il soit atteint
sont faibles et intimement liées à la confirmation rapide
d'exportations supplémentaires du char LECLERC. Il est
nécessaire, même dans cette hypothèse, de tenter, sans
délai, d'agréger GIAT-Industries à un ensemble
européen de l'armement terrestre.
-
La Direction des constructions navales est dans une situation
différente par la nature de ses activités et par son statut. Elle
souffre cependant, elle aussi, d'un important sureffectif et a montré,
au printemps de 1998, à propos de la réparation du
pétrolier VAR, qu'elle n'était pas en mesure d'affronter la
concurrence lorsque celle-ci était véritablement
organisée. Les tentatives de diversification lancées pour
améliorer son plan de charge risquent, faute d'une gestion
adaptée à la conduite d'opérations industrielles,
d'aboutir à autant de pertes financières. Les mêmes causes
produisant les mêmes effets, sans une réforme profonde
menée avec la ferme volonté d'assainir la situation, la Direction
des constructions navales suivrait un scénario comparable à celui
de GIAT-Industries.
CONCLUSION
Le
budget de la défense pour 1999 bénéficie des conclusions
de la " revue des programmes " puisque les crédits des titres
V et VI augmentent.
Cette amélioration ne sera qu'apparente si les dépenses
véritablement consacrées à l'équipement des
armées sont inférieures aux crédits ouverts.
L'expérience prouve que cette crainte n'est pas irraisonnée.
C'est donc une extrême vigilance qu'il faudra porter en 1999 sur la
consommation des crédits d'équipement des armées.
C'est également avec la plus vive attention qu'il faudra suivre les
restructurations industrielles de l'armement dans l'année à
venir. Elles bouleverseront l'organisation du secteur et certains handicaps
risquent d'empêcher les industriels français d'y participer avec
tout le poids que leur compétence justifierait.
A N N E X E
PRINCIPALES COMMANDES ET
LIVRAISONS
D'ÉQUIPEMENTS MILITAIRES PROGRAMMÉES EN
1999
Modules |
Commandes |
Livraisons |
Espace - communications - renseignement |
|
|
Poste de radio de 4 ème génération PR 4G |
0 |
2 344 |
MTBA |
0 |
6 |
Rubis
(Equipement groupement)
|
10
|
19
|
Opérations maritimes |
|
|
Bâtiments de surface |
|
|
Porte-avions Charles de Gaulle |
0 |
1 |
Frégate type La Fayette |
0 |
1 |
Aéronautique navale |
|
|
ACM/Rafale |
0 |
1 |
Avion de surveillance maritime (SURMAR) |
0 |
2 |
Missiles/torpilles |
|
|
Crotale naval |
18 |
0 |
Opérations aériennes et terrestres |
|
|
Avions de combat |
|
|
Mirage 2000 D |
0 |
12 |
Mirage 2000 R (Rénovation Mirage 2000 DA) |
0 |
22 |
Rafale |
0 |
1 |
Avions de transport |
|
|
Rénovation C 160 Transall |
0 |
9 |
CN 235 |
1 |
1 |
Modules |
Commandes |
Livraisons |
Hélicoptères |
|
|
Cougar RESCO |
2 |
0 |
HAP/HAC Tigre 4( * ) |
0 |
0 |
Missiles |
|
|
SATCP Mistral Poste de tir/missiles |
0/190 |
25/0 |
ACCP Eryx Poste de tir/missiles |
0/0 |
0/600 |
Anti-blindé léger (roquettes) |
0 |
9 000 |
MICA |
0 |
25 |
AS 30 laser |
0 |
20 |
Armement air-sol modulaire |
750 |
0 |
Chars de bataille et environnement |
|
|
AMX Leclerc |
44 |
33 |
Munitions Leclerc |
0 |
1 200 |
Remotorisation AMX 30 B2 |
110 |
110 |
Artillerie sol et sol-air |
|
|
Obus de 155 mm ogre |
0 |
14 000 |
MARTHA |
49 |
0 |
Valorisation Roland |
8 |
0 |
Drône CL 289 |
0 |
3 |
Valorisation 155 AU F1 |
8 |
0 |
VAB d'observation artillerie (VOA) |
0 |
14 |
Obus de 155 à effet dirigé |
0 |
0 |
Génie |
|
|
Engin de franchissement de l'avant (EFA) |
0 |
5 |
Mobilité |
|
|
Engin porte blindé (EPB 60 tonnes) |
0 |
9 |
Engin porte blindé (EPB 45 tonnes) |
61 |
28 |
Véhicules tactiques TRM 10 000 |
0 |
79 |
Rénovation GBC 8 KT |
700 |
1 000 |
VLRA |
0 |
72 |
VBL long |
0 |
44 |
Modules |
Commandes |
Livraisons |
Sécurité et soutien |
|
|
Avion léger |
|
|
TBM 700 |
0 |
5 |
Infrastructure gendarmerie |
|
|
Constructions (équivalent unités logement) |
953 |
892 |
Mobilité gendarmerie |
|
|
Véhicule de brigade et police de la route |
1 744 |
1 744 |
Véhicule de transport en commun |
18 |
18 |
Motos |
275 |
275 |
Hélicoptère bi-turbine |
1 |
0 |
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999
ARTICLE
48
Mesures nouvelles. Dépenses en capital des services
militaires
Texte de l'article
I. Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1999, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des autorisations de programme ainsi réparties :
Titre V " Équipement "................................................. ... |
83 476 900 000 F |
Titres VI " Subventions d'investissement accordées par l'État "............................................................ ................. |
2 523 100 000 F |
Total........................................................................... ..... |
86 000 000 000 F |
II Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1999, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des crédits de paiement ainsi répartis :
Titre V " Équipement "................................................. ... |
22 844 680 000 F |
Titres VI " Subventions d'investissement accordées par l'État "............................................................ ................. |
2 090 800 000 F |
Total........................................................................... ..... |
24 935 480 000 F |
Exposé des motifs
La
comparaison, par titre, des autorisations de programme et des crédits de
paiement prévus pour 1999, au titre des dépenses militaires en
capital, avec les autorisations de programme et les crédits de paiement
accordés en 1998, figure au II de la partie " Analyses et tableaux
annexes " du présent projet de loi.
Les justifications détaillées par chapitre sont
présentées dans l'annexe " Services votés - Mesures
nouvelles " relative au budget de la défense.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission a procédé le
mercredi 4 novembre 1998
à
l'examen des
crédits
de la
défense
:
exposé d'ensemble et
dépenses en capital
(titres V
et VI), sur le rapport de
M. Maurice Blin
.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a indiqué que le
projet de budget était du même niveau que celui de l'année
dernière puisqu'il n'évolue que de 1,7 % en francs constants. En
pourcentage du PIB, il est comparable au budget de défense de la
Grande-Bretagne.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a ensuite
présenté les titres V et VI du projet de budget pour 1999.
Il a souligné que les crédits du titre V passaient de 81
à 86 milliards de francs mais que, malgré cette progression,
ils restaient inférieurs aux prévisions de la loi de
programmation militaire 1997-2002. A l'échéance de cette loi, le
manque de financement s'élèvera à 20 milliards de
francs. Il a également relevé que le décalage entre les
titres III et V se perpétuait et qu'il risquait même de
s'accuser dans les années à venir, évolution
constatée lors de la professionnalisation d'armées
étrangères.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a présenté les
principaux programmes d'équipement des armées. Il a
indiqué que le secteur nucléaire connaissait peu
d'évolution. Le deuxième sous-marin nucléaire lanceur
d'engins nouvelle génération (SNLE/NG) sera mis en service en
1999, le troisième en 2004 et le quatrième en 2008. Il a
rappelé que le Redoutable et le Terrible étaient
désarmés. S'agissant du missile M 51, il a
précisé que d'importantes économies devraient
résulter du rapprochement de la date de mise en service de ce missile
avec celle du quatrième SNLE/NG.
Il a aussi précisé que 1,8 milliard de francs étaient
consacrés au " projet simulation " encore appelé projet
PALEN. Au total, jusqu'en 2006, ce programme sera doté de 15 milliards
de francs.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a regretté que le
domaine spatial souffre d'une forte réduction de crédits alors
que, depuis plusieurs années, son importance est mise en avant. Cela
résulte de plusieurs défections de nos partenaires dans des
programmes en coopération : l'Allemagne s'est retirée du
programme Horus et la Grande-Bretagne du programme Trimilsatcom. Cette
situation est d'autant plus étonnante que les industriels
européens de ce secteur tissent actuellement des liens de plus en plus
étroits.
Pour l'équipement en matériels classiques,
M. Maurice
Blin, rapporteur spécial,
a précisé que l'armée
de Terre passerait commande de 44 chars Leclerc. La marine devrait
admettre au service actif le porte-avions Charles de Gaulle avant la fin de
l'année 1999. L'armée de l'air recevra un seul avion Rafale
et, semble-t-il, une commande ferme de 28 de ces avions devrait être
passée et assortie d'une option pour 20 autres.
M. Maurice Blin,
rapporteur spécial
a exprimé son inquiétude sur le
coût unitaire de cet avion comparé à celui d'autres avions
de combat dont la production est ou devrait être beaucoup plus
importante. Il a noté aussi qu'une grande incertitude persistait sur le
programme de l'avion de transport futur (ATF).
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a assorti la
présentation des crédits des titres V et VI des commentaires
suivants : un risque grave pourrait peser sur les crédits
d'équipement si les services du ministère de la défense
n'étaient pas en mesure de consommer intégralement les
crédits qui leur sont attribués ; on peut craindre que
malgré les résultats de la révision des programmes, le
budget du ministère de la défense serve à nouveau de
" variable d'ajustement " dans l'hypothèse où les
prévisions économiques et financières du gouvernement ne
se réaliseraient pas ; la coopération des industriels
européens de l'armement est actuellement dans une phase délicate
et il est urgent que des décisions claires soient prises afin que les
industriels français soient mis en mesure de participer, à un
rang qui correspond à leur importance, aux restructurations en cours.
Toutefois, GIAT-industries et la direction des constructions navales ne
semblent pas en mesure de participer, dans leur secteur, à des
restructurations équivalentes.
M. François Trucy, rapporteur spécial,
a exprimé la
crainte que l'éventualité d'une coopération avec la
Grande-Bretagne pour le développement d'un nouveau porte-avions
n'obère la construction du second porte-avions, envisagée
après 2002, pour soutenir le Charles de Gaulle.
M. Bernard Angels
a indiqué que le projet de budget du
ministère de la défense lui semblait bon par rapport au
précédent, notamment parce qu'il respecte trois décisions
importantes : la professionnalisation des armées, même s'il
existe effectivement des tensions entre les titres III et V, les
conclusions de la revue des programmes et l'effort important pour les
restructurations industrielles.
La commission a décidé de proposer au Sénat l'adoption
des crédits de défense (dépenses en capital) ainsi que de
l'article 48 du projet de loi de finances pour 1999.
Réunie le
mercredi 4 novembre 1998,
sous la
présidence de M. Alain Lambert, président,
la commission a
décidé
l'adoption des crédits de défense
(dépenses en capital) ainsi que de l'article 48 du projet de loi de
finances pour 1999.
1. Y
compris recherche duale.
2. Dans l'éventualité d'une commande groupée avec la
Marine en 1999 (21 Air + 7 Marine), le montant des autorisations de programme
nécessaires en 1999 pour la fabrication s'élèverait
à 8 991 millions de francs pour l'armée de l'Air et
3 890 millions de francs pour la Marine.
3. Non déterminé : les documents de suivi de ces programmes sont
clôturés. Ces programmes sont donc considérés comme
terminés. En conséquence, seuls les paiements continueront
à être imputés et les ressources correspondantes seront
globalisées sur la ligne budgétaire " avions et
matériels aériens en service ".
4. Les 80 commandes prévues en 1999 ont fait l'objet d'une commande
globale en 1998.