ANNEXE
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE
NATIONALE
Equipement, transports et logement
II - Transport
2 - Routes
Majoration de crédits adoptés en seconde
délibération à titre non reconductible.
L'Assemblée nationale a globalement majoré les crédits des
routes de 30 millions de francs sur deux lignes de crédits :
•
chapitre 53-43, article 20 (investissements sur le
réseau routier national 15 millions de francs
•
chapitre 63-42, article 20 (participation aux
opérations déconcentrées de financement du réseau
routier) 15 millions de francs
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mardi 17 novembre
1998,
sous la
présidence de M. Jacques Oudin, vice-président
, la
commission a procédé, sur le
rapport
de
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, à
l'examen
des
crédits
de
l'équipement
, des
transports
et du
logement
: III.-
transports
: 2.
routes
et 3
. sécurité routière
, pour
1999
.
Dans un exposé liminaire,
M. Gérard Miquel, rapporteur
spécial
, a tout d'abord indiqué que les moyens de paiement
demandés pour les routes et la sécurité routière en
1999 atteignaient globalement 7,5 milliards de francs, en forte baisse de
4,8 % par rapport à 1998. Il a précisé que cette
baisse recouvrait en fait deux évolutions contraires : d'un
côté la diminution de 5,3 %, à 7 milliards de
francs, des moyens de paiement demandés pour les routes ; de
l'autre, la progression de 4 %, à 455 millions de francs, des
moyens de paiement de la sécurité routière.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a alors
observé qu'en ajoutant le budget des routes, les dotations provenant des
comptes spéciaux du Trésor, les fonds de concours des
collectivités locales et surtout les efforts d'entretien et
d'investissement des sociétés concessionnaires d'autoroutes, on
constatait que l'ensemble consolidé des moyens d'engagement
consacrés au réseau routier national diminuait de 4 % en
1999, à 33,4 milliards de francs. Il a ajouté qu'il
s'agissait là du niveau le plus faible, en termes réels, depuis
près de dix ans.
Il a précisé que les moyens d'engagement pour la construction du
réseau routier national étaient ainsi en forte baisse, les
crédits budgétaires diminuant de 10,5 % et les
crédits en provenance des comptes d'affectation spéciale (FITTVN
et FARIF), diminuant de 9 %, cette seconde évolution s'expliquant
toutefois par l'achèvement des autoroutes A75 et A20.
Il a souligné qu'en dépit du report d'une année des
contrats de plan Etat-régions 1994-1998, le taux d'exécution des
volets routiers de ces contrats de plan n'atteindrait, en moyenne, que
81,5 % au terme du XIe plan, à la fin de 1999.
Il a estimé qu'il s'agissait là d'un constat préoccupant
pour la crédibilité des engagements de l'Etat, au moment
même où s'ouvraient les négociations relatives aux
prochains contrats de plan. Il a jugé qu'il conviendrait
dorénavant de revenir à une programmation plus réaliste.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a ensuite
observé que les crédits d'entretien du réseau routier
national étaient en revanche en progression pour le quatrième
exercice consécutif, et retrouvaient en termes réels le niveau
atteint en 1990. Il a estimé que cela témoignait du
rééquilibrage hautement souhaitable entre le développement
et l'entretien du réseau. Il a précisé que les actions de
réhabilitation et de renforcement des chaussées et de
renforcement des ouvrages d'art progressaient ainsi de 18 %, à
715 millions de francs, dont 83 millions de francs en provenance du
FITTVN et, pour la première fois, 70 millions de francs en
provenance du FARIF. Il a estimé que la croissance de ces crédits
était excellente, car elle était le gage d'une
sécurité routière accrue, ainsi que d'économies
ultérieures, l'entretien préventif étant en effet moins
onéreux que l'entretien curatif. Il s'est toutefois interrogé sur
cette débudgétisation, en se demandant s'il était dans la
vocation du FITTVN et du FARIF, qui sont des fonds d'aménagement du
territoire, de financer des dépenses d'entretien routier. Il a
estimé que cette question mériterait de faire l'objet d'un vrai
débat, plutôt que d'être tranchée au détour de
l'inscription des crédits budgétaires.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a ensuite
remarqué que les investissements de sociétés
concessionnaires d'autoroutes devraient se ralentir en 1999, en raison d'une
pause dans le lancement de nouveaux projets. Il a précisé que
plusieurs liaisons inscrites au schéma routier directeur national de
1992 étaient actuellement remises en cause, parmi lesquelles l'A58,
l'A51 Grenoble-Sisteron, l'A24, l'A104 et le débouché en
Seine-Saint-Denis de l'autoroute A16. Il a ajouté que l'autoroute A28
Rouen-Alençon, qui était suspendue pour des raisons
financières, devrait faire simultanément l'objet d'un appel
d'offres pour sa concession et d'études alternatives.
Il a indiqué que l'objectif d'une réalisation en dix ans,
à partir de 1994, du schéma directeur routier national de 1992
n'avait toutefois pas été explicitement abandonné. Il a
ajouté que la révision de ce schéma directeur, ainsi que
l'inscription éventuelle de nouveaux projets, étaient
subordonnées à la modification de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, et que le
Gouvernement avait annoncé son souhait de modifier l'approche des
schémas de planification. Dans le cadre de la révision de cette
loi, il a précisé que ces schémas prendraient
désormais la forme de schémas de services qui ne comporteraient
qu'au dernier stade de la procédure une carte multimodale des projets
d'infrastructures.
M. Gérard Miquel
a alors estimé nécessaire
que cette planification soit opérée au plus tôt et comporte
des échéanciers hiérarchisés, afin que les
collectivités locales bénéficient de perspectives claires,
notamment pour la négociation des contrats de plan. Il a par ailleurs
jugé hautement souhaitable que le Parlement soit étroitement
associé à la définition et à la révision
périodique des schémas directeurs, le développement d'une
concertation étroite avec les élus, en amont des projets
étant la condition d'une meilleure maîtrise des procédures,
et par là même des coûts de construction.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a
ajouté qu'il était indispensable d'achever la grande
majorité des liaisons autoroutières entreprises. Il a
précisé qu'il s'agissait là d'une exigence de
cohérence, car on ne saurait, par exemple couper l'axe Calais-Bayonne
entre Rouen et Alençon, ainsi que d'un impératif en termes de
développement des territoires, et d'une nécessité pour la
sécurité routière, l'autoroute étant quatre fois
plus sûre que la route. Il a indiqué qu'il était, pour ce
faire, nécessaire d'assainir le financement du système
autoroutier, en établissant le principe de l'autoroute à
péage, gage d'équité entre usagers et d'un meilleur
entretien du réseau, et en adoptant les modalités et la
durée des financements à la durée de vie des
infrastructures. A titre d'exemple, il a remarqué qu'il pourrait
être opportun que les sociétés d'autoroutes se financent
pour partie par émission d'obligations indexées sur la hausse des
prix, dès lors que l'évolution des tarifs des péages
était en ligne avec l'inflation.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a
estimé indispensable de réduire les prélèvements
sur les sociétés d'autoroutes qui n'avaient pas de lien avec
l'exploitation. Il a souligné que la commission d'enquête du
Sénat sur les grandes infrastructures avait montré les effets
pervers de ces prélèvements, en particulier de la taxe
d'aménagement du territoire versée au FITTVN, l'augmentation des
prélèvements fragilisant les sociétés
conces-sionnaires et réduisant leurs investissements d'une part, les
compensations qui leur étaient accordées en termes de hausses des
péages conduisant à un report de trafic vers le réseau non
concédé, d'autre part. Il a observé qu'il en
résultait, au total, une augmentation de la circulation sur le
réseau non concédé, donc une hausse des dépenses
d'entretien, que l'Etat n'était pas en mesure de financer. Ce
détournement de trafic est par ailleurs préjudiciable à la
sécurité routière, au détriment des automobilistes
les plus pauvres. Il a indiqué que des prélèvements sans
lien avec les résultats financiers des sociétés
d'autoroutes, ni avec le coût de construction, de développement et
d'exploitation du réseau, étaient par ailleurs contraires
à la rationalité économique comme aux textes
communautaires, en particulier la directive relative aux péages
d'infrastructures.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a ensuite
présenté ses observations relatives à la
sécurité routière.
Il a tout d'abord rappelé que la France demeurait au 12e rang des
pays de l'Union européenne en matière de nombre de tués
sur la route par habitant. Il a indiqué que les résultats de
l'année 1997 avaient été décevants :
7.989 tués (soit une baisse de 1,1 % seulement), dont
2.061 jeunes de 15 à 24 ans, et que les résultats des
huit premiers mois de 1998 étaient très inquiétants, le
nombre de tués augmentant en effet de 5,9 % par rapport à
la même période de 1997. Il a précisé que cette
dégradation s'expliquait pour partie par la croissance du trafic
résultant de la reprise économique, mais que la vitesse moyenne
se maintenait à un niveau excessif, et qu'elle ne diminuait plus depuis
plusieurs années, de sorte que, si le nombre d'accidents
décroissait légèrement, leur gravité avait donc
tendance à augmenter. Il a estimé que l'inertie du comportement
des conducteurs neutralisait ainsi les progrès de la
sécurité des véhicules et des infrastructures, cette
inertie traduisant malheureusement l'échec des politiques faisant appel
à la responsabilité des conducteurs, et la
nécessité de revenir à des politiques plus sommaires et
plus efficaces, fondées sur la contrainte et la répression. Il a
ajouté que ces évolutions récentes auguraient mal de
l'objectif ambitieux que le Gouvernement s'était assigné lors du
comité interministériel de sécurité routière
du 26 novembre 1997 : réduire de moitié le nombre de
tués en cinq ans. Il a regretté, à cet égard, le
freinage des projets autoroutiers, ainsi que le délai entre l'annonce de
mesures nouvelles d'une part, et leur traduction budgétaire,
législative et réglementaire, d'autre part.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a ensuite
indiqué que les crédits de la sécurité
routière augmentaient de 4 % en moyens de paiement dans le projet de loi
de finances pour 1999, mais que ces crédits ne retraçaient qu'une
faible part des efforts de la nation en faveur de la sécurité
routière, ceux-ci reposant également sur l'implication des
collectivités locales, de l'éducation nationale, de
l'équipement, de la gendarmerie, de la police, de la justice, des
associations, des assureurs, des sociétés d'autoroutes, etc... Il
a remarqué qu'il convenait notamment d'ajouter à ces
crédits ceux des aménagements locaux de sécurité,
qui visaient à traiter les zones où les accidents sont
particulièrement fréquents, et qui relevaient de la
compétence de la direction des routes. Il a précisé que
ces crédits s'élevaient à 186,9 millions de francs
pour 1999 (soit + 1,7 %).
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a enfin
observé que le budget de la sécurité routière pour
1999 marquait une inflexion des priorités en faveur des initiatives
locales, des actions en milieu scolaire et de la communication nationale,
tandis que les crédits d'exploitation de la route et de formation des
conducteurs étaient stables. Il a précisé que la
délégation interministérielle à la
sécurité routière devrait ainsi retrouver son rythme
traditionnel de trois campagnes nationales de communication par an,
après que la contraction des crédits eut réduit ce nombre
à deux en 1997 et en 1998.
Il s'est félicité du développement des actions de
sensibilisation des jeunes au code de la route, ces actions concourant à
l'acquisition de comportements civiques et au respect de la loi.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a toutefois
déploré l'extrême modicité des crédits
destinés à l'évaluation des politiques de
sécurité routière, ainsi qu'au coût des accidents de
la route pour la collectivité, qu'il a estimé à
118 milliards de francs pour 1997.
Il a souligné que l'évaluation des mesures législatives
ou réglementaires en matière de sécurité
routière était en effet une condition de leur
légitimité, et par là même de leur
efficacité. Il a notamment observé qu'il ne serait pas rationnel
d'ajouter des obligations ou des dépenses supplémentaires aux
conducteurs, comme des rendez-vous périodiques de formation continue,
sans avoir au préalable réalisé des
expérimentations et des évaluations de nature à en prouver
l'efficacité.
Le débat s'est alors ouvert.
M. Roger Besse
a fait part de sa préoccupation quant au
financement et à l'attribution des crédits du FITTVN, et
M. Philippe Adnot
s'est inquiété du report de trafic
de poids lourds sur le réseau secondaire résultant de
l'augmentation du prix des péages.
En réponse,
M. Gérard Miquel, rapporteur
spécial,
a souligné que le financement par l'Etat de liaisons
à caractéristiques autoroutières, mais gratuites, se
traduisait, outre leur coût budgétaire élevé, par un
surcroît de dépenses d'entretien d'une part, par des ruptures
d'itinéraires, si des sections gratuites alternent avec les sections
à péage, d'autre part. Il a alors estimé nécessaire
que le développement du réseau routier, comme la prise en compte
des impératifs de sécurité routière, s'effectuent
désormais dans une logique d'itinéraire.
La commission a alors
adopté les crédits des routes et de la
sécurité routière pour 1999.