CHAPITRE II
LE CADRE RÉNOVÉ DES CONCOURS DE L'ÉTAT
AUX TRANSPORTS FERROVIAIRES
Les concours de l'Etat relatifs au réseau principal (hors dotation des autres ministères, Ile de France et FARIF) s'élèvent pour 1999 au montant sans précédent de 52,4 milliards de francs.
Tableau récapitulatif 1999
(milliards de francs)
Agrégat 01
|
37,51 |
Dotation en capital RFF |
13,00 |
Chapitre 03 du FITTVN (hors transport combiné) |
|
1. 1,10 milliard de francs pour les liaisons TGV (travaux du TGV Méditerranée, étude du TGV-Est et du TGV-Rhin-Rhône) + 0,40 milliard de francs alloués à la modernisation du réseau classique + 0,38 milliard de francs de soutien au transport combiné.
I. LA MISE EN OEUVRE DE LA RÉFORME DU TRANSPORT FERROVIAIRE
La
réforme de l'organisation du transport ferroviaire est principalement
issue de la loi n° 97-135 du 13 février 1997 portant
création de l'établissement public Réseau ferré de
France en vue du renouveau du transport ferroviaire. Ce texte comporte deux
volets : la mise en place d'un
établissement public
propriétaire des infrastructures
ferroviaires et responsable de leur
financement (passé et à venir), ainsi que
l'expérimentation de la
régionalisation
des services
régionaux des services régionaux de voyageurs.
Le troisième volet de la réforme relève de la SNCF : c'est
son
projet
industriel
, destiné à accomplir la
partie du redressement qui incombe à l'entreprise.
A. LA MISE EN PLACE DE RÉSEAU FERRÉ DE FRANCE
1. Inventaire et valeur du patrimoine
RFF
dispose, à compter du 1er janvier 1997, du patrimoine remis en
apport par l'Etat. RFF est ainsi devenu propriétaire du domaine public
ferroviaire qui représente une valeur d'actifs estimée à
148 milliards de francs. Le passif transféré en contrepartie
comporte la dette imputable à l'infrastructure ferroviaire, soit
134,2 milliards de francs au 31 décembre 1996.
L'année 1997 a été consacrée au lancement de la
mise en place du fichier permettant d'identifier le patrimoine de RFF et celui
restant affecté à la SNCF. Cette opération se poursuivra
en 1998 pour aboutir en 1999.
Le patrimoine de RFF comprend ainsi :
80.000 hectares,
32.000 kilomètres de lignes,
38.428 ouvrages d'art,
18.663 passages à niveau,
les bâtiments affectés au fonctionnement et à l'entretien
des infrastructures, etc...
Dans un contexte où la plupart des biens immobiliers de RFF et de la
SNCF sont fortement impliqués, RFF a confié à la SNCF une
mission d'assistance pour la valorisation de son patrimoine immobilier. Les
cessions prévisibles d'actifs devraient ainsi nettement dépasser
en 1998 le niveau atteint en 1997 (100 millions de francs).
2. Mise en place des structures de fonctionnement
La mise
en place des structures de l'établissement a conduit le président
du conseil d'administration, après avis de ce dernier, à
procéder à la nomination, à compter du 1er juin 1997,
de deux directeurs généraux délégués,
respectivement en charge, d'une part, des finances, des investissements et de
la gestion, d'autre part, du réseau ferré.
Dans ce cadre, l'organisation des niveau hiérarchiques
intermédiaires a été définie, et
l'établissement public compte désormais une centaine d'agents,
pour partie issus de la SNCF, pour partie issus des cadres de la fonction
publique et pour partie sous contrat.
3. La répartition des rôles entre l'Etat, RFF et la SNCF
La loi
du 13 février 1997 et les trois décrets d'application du
5 mai 1997 explicitent les rôles respectifs de l'Etat, de RFF et de
la SNCF dans la nouvelle organisation du système ferroviaire.
L'Etat fixe la consistance et les caractéristiques du
réseau ferroviaire
: il définit le schéma
ferroviaire, décide de la création de nouvelles lignes ou
sections de ligne et détermine les caractéristiques principales
du réseau.
L'Etat verse par ailleurs au titre du budget des transports :
- à RFF : une contribution aux charges d'infrastructures
(11,8 milliards de francs en 1998) à laquelle on peut ajouter la
dotation en capital (10 milliards de francs en 1998) ;
- pour la SNCF : une contribution aux charges de
désendettement allouée au service annexe d'amortissement de la
dette (4,4 milliards de francs en 1998) + une contribution
à l'exploitation des services régionaux de voyageurs,
allouée pour partie aux régions (5,2 milliards de francs au
total en 1998) + une compensation pour tarifs sociaux
(1,9 milliard de francs en 1998) + une dotation aux charges de
retraites (14 milliards de francs en 1998).
RFF, propriétaire des infrastructures, est responsable de la
programmation, du financement et de la réalisation des investissements
sur le réseau ferré national ainsi que de son entretien et de son
exploitation.
RFF définit les objectifs (niveau de service, de qualité et de
productivité) et les principes de gestion relatifs à
l'exploitation et à l'entretien des installations techniques et de
sécurité, ainsi que ceux relatifs à la gestion du trafic
et des circulations sur ce réseau.
RFF propose, à partir des besoins qu'il identifie en concertation avec
la SNCF, les adaptations qu'il apparaît nécessaire d'apporter
à la consistance et aux caractéristiques du réseau. Il
définit les modalités de réalisation et les plans de
financement correspondants.
Afin de prévenir toute dérive non maîtrisée de
l'endettement du gestionnaire de l'infrastructure, l'article 4 du
décret n° 97-444 du 5 mai 1997, précise que
"
RFF ne peut accepter un projet d'investissement sur le réseau
ferré national, inscrit à un programme à la demande de
l'Etat, d'une collectivité locale ou d'un organisme public local ou
national que s'il fait l'objet de la part des demandeurs d'un concours
financier propre à éviter toute conséquence
négative sur les comptes de RFF sur la période d'amortissement de
cet investissement
".
Cet article formalise un
impératif de rentabilité
. Il
apporte donc sur ce point une réponse très claire à la
question posée par le rapport Rouvillois sur la participation des
collectivités publiques au financement des infrastructures ferroviaires.
Cette règle signifie, en effet, que RFF ne financera les nouvelles
infrastructures ferroviaires que dans la mesure où elles auront une
rentabilité financière suffisante pour permettre un
autofinancement des travaux envisagés, le reste du financement devant
être assuré par les collectivités publiques.
RFF exerce lui-même la maîtrise d'ouvrage des opérations
d'investissement ou confie à la SNCF des mandats de maîtrise
d'ouvrage, portant soit sur un ensemble d'opérations, soit sur une
opération particulière.
La SNCF
a un triple rôle :
-
la SNCF entretient et gère le réseau pour le compte de
RFF, selon les objectifs et principes définis par RFF
. La SNCF
assure à ce titre l'établissement du graphique de circulation, la
gestion du trafic, ainsi que la surveillance, l'entretien, la réparation
et le dépassage des installations techniques et de
sécurité. La SNCF est rémunérée par RFF pour
l'exécution de ces missions, à hauteur de 16,8 milliards de
francs pour 1998, dans le cadre de la convention de gestion prévue par
la loi et signée en février 1998 ;
- la SNCF utilise le réseau ferré en tant que
transporteur
, en acquittant pour ce faire des redevances d'utilisation des
infrastructures, à hauteur de 6,3 milliards de francs
prévus
3(
*
)
pour
1998 ;
- enfin, la SNCF exerce également pour RFF des missions de
maîtrise
d'ouvrage déléguée
et de
maîtrise d'ouvrage, pour lesquelles elle peut être mise en
concurrence : la SNCF est ainsi actuellement en concurrence avec d'autres
entreprises pour la partie strictement génie civil du TGV-Est. La SNCF
est toutefois obligatoirement maître d'ouvrage pour ceux des travaux qui
sont réalisés sur le réseau existant.
4. Les relations financières entre le budget des transports terrestres, Réseau ferré de France et la SNCF
Le tableau ci-dessous récapitule les transferts financiers prévus pour 1998 entre le budget des transports terrestres, Réseau ferré de France et la SNCF :
Relations financières entre l'Etat, RFF et la SNCF en 1998
Contributeur Bénéficiaires |
Etat |
SNCF |
RFF |
|
SNCF |
Contribution au désendettement : |
4,5 (1) |
|
Rémunération du ges-tionnaire d'infrastruc-tures : 16,8 |
|
Exploitation des services régionaux : |
5,2 (2) |
|
|
|
Compensations tarifaires : |
1,9 |
|
|
|
Dotations aux charges de retraites : |
14,0 |
|
|
|
Total SNCF |
25,6 |
|
|
RFF |
Contribution au désendettement |
11,8 |
Péage : 6,3 |
|
|
Dotation en capital : |
10,0 |
|
|
|
Total RFF |
21,8 |
|
|
|
Total SNCF + RFF |
47,4 |
|
|
(1)
Dans son rapport pour l'exécution de la loi de finances pour 1997, la
Cour des Comptes a contesté la conformité de l'opération
intervenue en 1997 consistant à fusionner au sein du chapitre 45-43
" contribution aux charges d'infrastructures et au
désendettement " du budget des transports terrestres les anciens
chapitres " concours au service annexe d'amortissement de la dette de la
SNCF " et 45-45 " contribution aux charges d'infrastructures de la
SNCF ", ce qui ne permet pas de distinguer dans le budget la contribution
aujourd'hui versée à la SNCF de celle allouée à RFF.
(2) Dotation allouée pour partie directement à la SNCF , pour
partie aux régions expérimentatrices de la régionalisation
des services régionaux de voyageurs.
Dans le budget pour 1999 tel qu'il est présenté, les
principales contributions de l'Etat au transport ferroviaire évoluent
comme suit :
Crédits au transport ferroviaire dans le budget des transports terrestres + dotations en capital RFF
(en milliards de francs)
SNCF |
Contribution au désendettement : |
4,5 |
+ 0,0 % |
|
Exploitation des services régionaux |
5,2 |
+ 0,6 % |
|
Compensations tarifaires |
1,9 |
+ 0,0 % |
|
Dotation aux charges de retraite |
14,1 |
+ 0,6 % |
|
Sous-total SNCF |
25,7 |
+ 0,5 % |
RFF |
Contribution au désendettement |
11,8 |
+ 0,0 % |
|
Dotation en capital |
13,0 |
+ 30,0 % |
|
Sous-total RFF |
24,8 |
+ 13,8 % |
|
TOTAL SNCF + RFF |
50,5 |
+ 6,5 % |
Ce
budget ne permettait toutefois pas d'atteindre les deux objectifs que s'est
fixés le gouvernement :
- le retour à
l'équilibre financier pour la SNCF
en
1999 ;
- l'augmentation des
redevances versées à RFF
par la
SNCF pour l'utilisation du réseau.
Comme l'a souligné le Président de RFF lors de son audition par
la commission d'enquête du Sénat sur les grandes infrastructures
de transport, ces péages ont en effet été initialement
fixés à un niveau très faible : sur les corridors de fret
le péage d'un train est de 2 francs par km, contre 6,50 francs aux
Pays-Bas, 18 francs en Italie, 28,50 francs en Suisse, 36 francs en
Allemagne et 45 francs en Autriche.
Ce faible niveau des redevances constitue de fait une subvention aux
opérateurs étrangers dont le fret transite par la France. En
outre, ces péages avaient été fixés au même
niveau pour les lignes TGV et les lignes traditionnelles, ce qui est peu
conforme avec la rationalité économique.
Au total, compte tenu du niveau des péages la rentabilité des
infrastructures ferroviaires devrait être négative à -
10,5 % en 1998. En d'autres termes, la propriété et
l'exploitation du réseau se traduisent par une perte annuelle de
15 milliards de francs pour RFF, à laquelle s'ajoute la charge de
la dette afférente, ce qui réduit fortement les capacités
d'investissement de RFF
4(
*
)
.
Il a donc été annoncé le 5 novembre 1998 que
les péages versés par la SNCF à RFF augmenteraient de
6,3 milliards en 1998 à 8,1 milliards de francs en 1999, si le
trafic progresse comme prévu.
Selon les informations dont dispose votre rapporteur, cette augmentation des
péages de 1,8 milliards de francs ne pèserait toutefois
qu'à hauteur de 400 millions de francs sur les résultats de
la SNCF, la différence -soit 1,4 milliard de francs-
résultant :
- d'un jeu d'écriture comptable entre la SNCF et RFF consistant
à augmenter simultanément à hauteur de 600 millions
de francs les péages versés par la SNCF à RFF d'une part ;
les rémunérations versée par RFF à la SNCF pour la
gestion et l'entretien des infrastructures, d'autre part. L'augmentation de la
rémunération attribuée à la SNCF serait
justifiée par le déficit de cette activité (normalement
rétribuée par prix coûtant) ;
- d'un redéploiement à hauteur de 500 millions de
francs à l'intérieur des concours de l'Etat au transport
ferroviaire : la dotation en capital à RFF serait réduite de ce
montant (à 12,5 milliards de francs) au profit de la subvention
d'exploitation aux services régionaux de voyageurs versée
à la SNCF ;
- du report sur 1999 des crédits de paiement supplémentaires
demandés pour la subvention à la SNCF au titre des services
régionaux de voyageurs dans le projet de loi de finances rectificative
pour 1998.
Au total, les crédits disponibles au titre des services régionaux
de voyageurs augmenteraient ainsi de 800 millions de francs en 1999, cette
augmentation compensant le déficit des services régionaux dans
les régions qui n'ont pas expérimenté la
régionalisation, ce qui revient à anticiper sur 1999 les
conséquences financières de la généralisation de la
régionalisation des services régionaux de voyageurs à
partir de l'an 2000.
In fine, ces opérations complexes, peu compatibles avec la transparence
budgétaire et la bonne information du Parlement, conduisent à
répartir ainsi l'augmentation des péages annoncée pour
1999 :
(en millions de francs)
Gain ou perte pour Mesure annoncée |
Etat |
RFF |
SNCF |
Hausse des péages |
- |
+ 1.800 |
- 1.800 |
Hausse de la rémunération du gestionnaire d'infrastructure |
|
|
|
Baisse de la dotation en capital de RFF |
+ 500 |
- 500 |
|
Augmentation des subventions aux services régionaux de voyageurs |
|
|
|
TOTAL |
- 300 |
+ 700 |
- 400 |
L'augmentation annoncée des péages
n'améliorerait donc les résultats de RFF qu'à hauteur de
700 millions de francs.
Au total, les principaux transferts financiers entre l'Etat, la SNCF et
RFF s'établiraient donc comme suit en 1999 :
Relations financières entre l'Etat, RFF et la SNCF en
1999
(hors FITTVN, FARIF, Ile-de-France et ministère de la
Défense)
(en milliards de francs)
Contributeur Bénéficiaire |
|
Etat |
SNCF |
RFF |
|
SNCF |
Contribution au désen-dettement : |
|
|
Rémunération du gestionnaire d'in-frastructures |
|
|
Dotation aux services régionaux |
|
|
|
|
|
+ report |
0,3 |
|
|
|
|
Compensations tarifaires |
1,9 |
|
|
|
|
Dotation charges de retraites |
14,1 |
|
|
|
|
Sous-total SNCF |
26,5 |
|
|
|
RFF |
Contribution au désen-dettement |
|
|
|
|
|
Dotation en capital |
12,5 |
|
|
|
|
Sous-total RFF |
24,3 |
|
|
|
|
TOTAL |
50,8 |
|
|
|
|
dont report |
0,3 |
|
|
|
5. La nouvelle réforme de Réseau ferré de France
Le
gouvernement n'envisage pas de modifier la loi du 13 février 1997
portant création de RFF. Il a toutefois annoncé la
création d'un
Conseil
supérieur du service public
ferroviaire
afin de poursuivre la clarification des rapports financiers
entre l'Etat, RFF et la SNCF, d'une part, de renforcer l'unité du
service public ferroviaire, d'autre part.
Ce Conseil supérieur sera chargé de veiller à
l'évolution équilibrée des entreprises du secteur
ferroviaire (SNCF et RFF) et au respect de leurs missions de service public, de
concourir à la coordination entre ces entreprises, de débattre
des stratégies de développement du transport ferroviaire et de la
consistance du réseau, et d'évaluer l'efficacité
économique et sociale globale et l'organisation du secteur ferroviaire
pour proposer, s'il y a lieu, les évolutions nécessaires. Le
Conseil sera chargé d'effectuer, à terme, une évaluation
de la réforme du secteur ferroviaire, du point de vue financier et sur
les plans de l'unicité du service public et des rapports sociaux. Ses
attributions exactes seront définies prochainement par décret,
dans le respect des prérogatives de l'Etat et de l'autonomie de gestion
des établissements publics.
Il est prévu que ce Conseil puisse être consulté par le
ministre chargé des transports sur les projets et décisions
intéressants le secteur ferroviaire (projets de textes d'ordre
législatif ou réglementaire, nationaux ou communautaires,
schémas de service de transport, conventions entre les deux
entreprises...). Par ailleurs, il pourra se saisir, à l'initiative de
son Président, de toute question entrant dans son domaine de
compétence. Enfin, le Conseil établira un rapport annuel, rendu
public.
Le Conseil supérieur pourrait être composé d'élus
(parlementaires nationaux et européens, élus locaux...), de
représentants des entreprises ferroviaires, des salariés, et des
usagers, selon des formules à définir au cours de la
concertation, de personnalités qualifiées dans le domaine des
transports, et de représentants de l'Etat.
B. L'EXPÉRIMENTATION DE LA RÉGIONALISATION DES SERVICES RÉGIONAUX DE VOYAGEURS
1. Le principe de l'expérimentation
Conformément à l'article 67 de la loi du 4
février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire, le gouvernement a lancé une
expérimentation sur la
régionalisation des services de
voyageurs
dans 6 régions volontaires (Alsace, Centre,
Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur,
Rhône-Alpes).
L'expérimentation a été engagée sur la base d'un
audit des comptes des services régionaux de la SNCF commandité
par les trois partenaires, l'Etat, l'Association des Présidents de
Conseils Régionaux (APCR) et la SNCF, afin que le transfert de
compétence puisse s'effectuer dans des conditions de clarté
financière.
Les principes ont été définis en commun : la transparence,
la réversibilité et le transfert de compétence sans
transfert de charge.
Pendant l'expérimentation, les régions assument pleinement la
responsabilité de la définition des services régionaux de
voyageurs. Elles ont la responsabilité de faire évoluer l'offre
en l'ajustant au mieux des besoins des populations en liaison avec les autres
autorités organisatrices dans leur domaine de compétence
respectif, dans le cadre d'un schéma intermodal de transports.
L'Etat transfère aux régions candidates à
l'expérimentation la part des concours financiers qu'il versait
jusqu'ici à la SNCF au titre des services régionaux de voyageurs.
Ces concours ont été actualisés sur la base des
conclusions du rapport d'expertise précité, qui avaient
été acceptées par toutes les parties concernées.
Au total, une somme de 2,8 milliards de francs pour 1998 est ainsi
transférée aux six régions volontaires,
intégrant un relèvement d'environ 800 millions de francs des
crédits affectés par l'Etat aux services régionaux de
voyageurs.
Les engagements des trois partenaires, Etat, région et SNCF, sont
précisés, d'une part dans une convention entre la région
et l'Etat, et, d'autre part, dans une convention entre la région et la
SNCF.
Engagée le 1er janvier 1997, l'expérimentation durera 3 ans. A
son terme, le 31 décembre 1999, elle fera l'objet d'un rapport
d'évaluation devant le Parlement en vue d'un transfert définitif
de compétence aux régions.
Concernant les structures de suivi pendant l'expérimentation, la
convention signée entre l'Etat et chacune des régions a
prévu un
comité national de pilotage
rassemblant les
acteurs de l'expérimentation et un comité de suivi associant les
régions non expérimentales.
2. La situation dans les régions expérimentales
Les
premiers enseignements
de la
régionalisation
sont
positifs
:
Les recompositions de dessertes se sont accélérées. On
peut, à titre d'exemple, citer la création de 91 trains en
région Rhône-Alpes, la première phase d'un cadencement
entre Strasbourg et Mulhouse ou le renforcement de la desserte Paris-Chateaudun.
Dès la première année d'expérimentation, le trafic
et les recettes ont en outre respectivement progressé de 4,6 % et
4,9 % dans les régions expérimentales, contre 1,6 % et
2,2 % dans les autres régions. Dans chacune des régions
expérimentales, les recettes de trafic en 1997 ont été
ainsi supérieures à celles de 1996, et ont également, sauf
en région Provence-Alpes-Côtes d'Azur, dépassé les
objectifs.
Ce succès repose sur les efforts financiers des
régions
, qui ont fait beaucoup pour gommer l'image de l'omnibus
poussif et malodorant : modernisation des gares, cadencement des horaires,
renforcement du service en heures creuses, dispositifs de concertation
associant usagers, représentants de la SNCF et syndicats de cheminots,
etc...
Après prise en compte des modifications de service
décidées par les régions et la mise en oeuvre du
mécanisme d'intéressement des régions sur les recettes et
des systèmes de pénalités et de bonus-malus à la
SNCF prévus dans les conventions, la SNCF devrait ainsi recevoir une
contribution des six régions de l'ordre de 2.300 millions de francs.
En outre, les six régions ont élaboré des programmes
d'investissement en matériel roulant visant tant la rénovation de
matériel que l'acquisition de matériel neuf, ce qui s'est traduit
par la mise en service ou la commande de nouveaux matériels
régionaux .
La régionalisation a également permis à la SNCF de
renouer avec la
proximité
, ce qui a favorisé la
déconcentration de sa gestion et ce qui a donné un surcroît
de motivation aux cheminots.
Le Limousin est ainsi devenu la 7ème région
expérimentale à compter du 1er octobre 1998.
Au cours de l'année 1997, cinq régions (Bourgogne,
Haute-Normandie, Lorraine, Midi-Pyrénées, Picardie) ont par
ailleurs signé avec la SNCF des conventions d'exploitation au forfait,
en attendant de pouvoir bénéficier de l'extension de
l'expérimentation. Ces conventions prévoient un important volet
de modernisation. Il serait opportun que les régions qui le souhaitent
puissent ainsi accéder au dispositif dès 1999, dès lors
que les subventions de l'Etat aux services régionaux de voyageurs
seraient effectivement majorées comme cela est
évoqué.
C. LE PROJET INDUSTRIEL DE LA SNCF
Le
projet industriel constitue le troisième volet de la réforme
ferroviaire. Il vise à mobiliser l'entreprise pour assurer le retour
à l'équilibre de ses comptes et créer les conditions d'un
développement durable et équilibré de ses
activités. Il s'agit d'un document concret élaboré en
concertation avec le personnel et ses représentants.
La démarche vise, par la mise en place d'actions concrètes,
à satisfaire le client. A partir de cette priorité et autour de
trois thèmes -le client, l'entreprise et les hommes- 17 plans
d'actions ont été définis comportant 50 programmes
prioritaires.
Au regard du client, les trois lignes directrices sont : la valorisation
des atouts spécifiques du train, la prise en charge globale des clients
et la fidélisation. Sur ces thèmes, la SNCF a engagé en
1997 une action de promotion interactive : " aujourd'hui, la SNCF
s'engage " consistant à enregistrer les demandes de ses clients,
puis à tenter de les satisfaire.
Ces engagements ont notamment conduit au niveau national à la mise en
place d'un service de commande de billets par Minitel (juin 1997), à la
création d'un service d'enlèvement et de livraison de bagages
(avril 1998), au développement de la prise en charge en cas de retard de
plus d'une heure (septembre 1998), à la faculté d'obtenir par
téléphone une réponse à un courrier de
réclamation (octobre 1998), à l'amélioration de
l'information en cas de perturbation de trafic. Ces engagements se sont
également traduits par la
simplification
progressive de la
tarification
dont la première phase a été
achevée en avril 1998 (programme " un train plus simple, moins cher
pour tous ") avec la gamme de billets " découverte ".
Ces engagements nationaux voyageurs ont été
complétés par des engagements fret et par 1.115 engagements
régionaux et locaux, qui concernent essentiellement les accès aux
gares, l'accueil, le confort, la propreté et l'humanisation des gares,
ainsi que l'amélioration de la sécurité et l'information
des voyageurs.
Pour 1999, la SNCF a par ailleurs annoncé la réduction de 3
à 2 du nombre de niveaux de TGV, la poursuite de la reconquête des
gares au profit du client, la mise en place d'un système de
fidélisation de ses meilleurs clients, ainsi que la priorité
accordée au service en Ile-de-France.
Comme producteur de transport ferroviaire, la SNCF a pour objectif de
développer son efficacité dans ses différents
métiers, de faire de économies sur ses achats, d'alléger
ses structures, notamment centrales, et de renforcer ses capacités de
pilotage. Elle s'est, de ce point de vue, dotée d'un outil de
pilotage par activité
permettant d'établir la marge de
chacune.
En ce qui concerne son
personnel
, elle vise à
développer la
responsabilisation
et à renforcer la
cohésion sociale en développant, la mobilité interne, le
dialogue et la concertation, en confortant les missions d'encadrement et en
favorisant une culture de service au client.
Les premiers résultats du projet industriel sont relativement
satisfaisants. En particulier, la simplification tarifaire et l'extension des
voyages à prix réduit ont favorisé une hausse sensible du
trafic et la reconquête de parts de marché par la SNCF. Cette
stratégie de volume
s'est toutefois heurtée à deux
limites : la saturation de certains noeuds du réseau fret, qui s'est
traduite par une dégradation de la qualité du service, d'une part
; la sensibilité encore trop importante des coûts marginaux
à l'augmentation du trafic
5(
*
)
, d'autre part. La SNCF devra donc
améliorer les
conditions
d'exploitation du fret
et surtout
poursuivre ses efforts de
maîtrise des coûts.
Par ailleurs, comme le souligne le Président de la SNCF dans le rapport
annuel pour 1997, le niveau de conflictualité demeure un obstacle majeur
au développement de l'entreprise. Votre rapporteur s'inquiète
à cet égard de la
dégradation du climat social
à la SNCF au cours du quatrième trimestre 1998.