CHAPITRE IV
LE DÉVELOPPEMENT DES TRANSPORTS COLLECTIFS
DE
PROVINCE
Bien que ne bénéficiant pas de concours de l'Etat au titre du fonctionnement, mais seulement au titre de l'investissement (à l'inverse des transports parisiens), les transports collectifs de province font l'objet d'une priorité dans le présent projet de loi de finances. Les crédits sont en hausse, à la fois en autorisations de programme (+ 11,3 %) et en crédits de paiement (+ 14,0 %).
Dotation aux transports collectifs de province
(En millions de francs)
Subventions d'investissements de l'Etat |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
Aménagement d'infrastructures pour des transports collectifs urbains en province (métros-tramway) |
|
|
|
Aides amélioration qualité et productivité transports urbains |
23,00 |
35,00 |
45,00 |
Transports non urbains |
34,00 |
30,00 |
25,00 |
I. LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
A. LES OPÉRATIONS AIDÉES PAR L'ETAT
1. La réalisation de métros et tramways de province
Les modalités du concours de l'Etat au financement de la réalisation de métros et tramways dans les agglomérations de province ont été déterminées par une circulaire ministérielle du 28 février 1994. Le taux de subvention est modulable (de 20 % à 50 %) et son montant est plafonné par kilomètre, pondéré par la longueur totale du réseau construit. 566,8 millions de francs de crédits de paiement et 649,5 millions de francs d'autorisations de programme sont prévus pour 1999.
Taux de subvention 8( * ) de l'Etat aux projets de transports en commun en site propre
Type d'infrastructures |
Taux |
Site propre routier (emprise réservée) |
40 % |
Section en surface des projets routiers guidés |
35 % |
Section en surface des projets ferrés guidés (tramway) |
30 % |
Section aérienne des projets guidés (métro, VAL ou autres) |
25 % |
Section enterrée des projets guidés (métro, VAL ou autres) |
20 % |
Les autorisations de programme ouvertes en août 1998 au titre de l'exercice 1998 se répartissent comme suit :
(En millions de francs)
|
AP 1998 |
Montpellier : tramway |
171 |
Rennes : VAL |
120 |
Orléans : tramway |
65 |
Strasbourg : tramway, ligne B |
60 |
Nantes : tramway, ligne 3 |
40 |
Saint-Denis de la Réunion : site propre bus |
33 |
Lille : VAL |
19 |
Lyon : métro |
19 |
Rennes : bus est-ouest |
11 |
Rouen : tramway |
10 |
Saint-Etienne : tramway |
5 |
La
dotation de 649,5 millions de francs d'autorisations de programme
prévue pour 1999 est réservé, d'une part, à la
poursuite ou à l'achèvement des opérations
subventionnées sur les exercices antérieurs, et, d'autre part,
à l'engagement d'opérations nouvelles dans le cadre des
programmes d'investissements que les autorités organisatrices de
transports urbains ont arrêtés et dont la mise en chantier
interviendra courant 1999.
Les opérations susceptibles de bénéficier de l'aide de
l'Etat sont les suivantes :
1. Poursuite des opérations en cours
(au 1er août 1998)
- Lille :
Val, ligne 2, Lille-Roubaix-Tourcoing (subvention totale
prévue de 1.050 millions de francs, valeur 1989) ;
- Lyon :
métro, prolongement sud de la ligne B à
Gerland (subvention totale prévue de 1.214 millions de francs,
valeur 1994) ;
- Rennes :
VAL (subvention totale prévue de
373 millions de francs, valeur 1993), mise en service prévue en
2001 ;
- Rennes :
site propre bus est-ouest (subvention totale
prévue de 43 millions de francs, valeur 1997) ;
- Montpellier :
tramway (subvention totale prévue de
396 millions de francs, valeur 1996), mise en service prévue
fin 2000 ;
- Grenoble :
tramway, extension des lignes A et B ;
- Nantes :
tramway, ligne 3 nord, première phase (subvention
totale prévue de 1.089 millions de francs, valeur 1997).
2. Opérations à engager d'ici la fin de l'exercice 1998 ou en
1999
- Orléans :
tramway (subvention totale prévue de
375 millions de francs, valeur 1997), mise en service prévue en
l'an 2000 ;
- Strasbourg :
tramway, ligne B (subvention totale prévue de
323 millions de francs, valeur 1998) ;
- Saint-Denis de la Réunion :
site propre bus (subvention totale
prévue de 45 millions de francs, valeur 1998) ;
- Nantes :
tramway, prolongement ligne 1 ouest ;
- Lyon :
tramway, lignes 1 et 2, première phase (DUP intervenue
en septembre 1998) ;
- Valenciennes :
tramway ;
- Bordeaux :
tramway, première et deuxième phase, mise en
service prévue par étapes entre 2001 et 2003 ;
- Caen :
TER ;
- Maubeuge :
site propre bus ;
- Nancy :
tramway sur pneus, première phase ;
- Rouen :
site propre bus est-ouest ;
- Toulouse :
VAL, ligne B et extension ligne A.
Votre rapporteur s'étonne toutefois de ce que les dotations à
certains de ces projets, comme le tramway de Bordeaux, ne soient pas
réellement prises en compte dans les autorisations de programme
demandées pour 1999.
Un
bilan du tramway de Strasbourg
La
première ligne du tramway de Strasbourg qui relie les quartiers
d'habitat social de Hautepierre au nord ouest et Illkirch-Graffenstaden au sud,
via la gare et le centre ville, a été inaugurée le
24 novembre 1994 et fonctionne en régime plein depuis le
25 février 1995.
Sa réalisation a été financée par la
Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) qui a
bénéficié d'une subvention de l'Etat de 330 millions
de francs (conditions économiques janvier 89).
Les résultats de fréquentation sont très satisfaisants
puisque le nombre de déplacements journaliers effectués sur le
réseau des transports urbains est en hausse de 35 % par rapport
à l'année précédant la mise en service et le nombre
de déplacements annuels sur le réseau de transports collectifs
urbains a atteint 43 millions en 1996, la moitié des voyageurs
utilisant le tramway (68.000 par jour), ce qui correspond à
25 % de mieux que les objectifs initiaux. Cette clientèle nouvelle
induit une augmentation de recettes (commerciales et annexes) se chiffrant en
1996 à 185 millions de francs.
Dans le même temps, l'offre kilométrique a crû de 30 %
mais, grâce à la productivité du tramway, les coûts
d'exploitation n'ont progressé que de 20 % : en conséquence,
la couverture des dépenses par les recettes est passée de
47,5 % en 1993 à 50 % en 1995 et à 53 % en 1996.
La CUS finance seule le déficit d'exploitation des transports urbains en
versant à la société exploitante, la CTS, une subvention
forfaitaire annuelle dont le montant s'est élevé en 1996 à
165 millions de francs.
La circulation automobile a diminué de 17 % dans le centre ville. Les
trois parkings relais de la ligne A, totalisant 1.500 places,
permettent aux utilisateurs de laisser un véhicule pour 15 francs et
d'emprunter gratuitement le tramway.
Plus de 90 % de ces utilisateurs de parkings -qui représentent 15 %
de la clientèle tramway le samedi- prenaient autrefois
systématiquement leur voiture pour se rendre en centre ville.
Le prolongement de la ligne A entre Baggersee et Illkirch Graffenstaden a
été inauguré le 4 juillet 1998. Il s'agit d'un
tronçon de 2,5 km, comportant quatre nouvelles stations (dont celle
du campus universitaire d'Illkirch), subventionné par l'Etat à
hauteur de 37 millions de francs (valeur janvier 1989).
En parallèle, l'Etat a subventionné le débranchement de la
ligne A pour doubler la fréquence du tramway à deux minutes
et demie aux heures de pointe sur le tronçon central (5,5 millions
de francs, valeur mai 1997).
La communauté urbaine de Strasbourg a décidé de
réaliser une deuxième ligne de tramway d'une longueur de
11,9 km qui permettra de relier Elsau au sud-ouest à Hoenheim au
nord (ligne B) et à l'Esplanade à l'est (ligne C).
80.000 Passagers par jour sont attendus sur cette ligne en plus des 89.000
passagers de la ligne A dans sa configuration définitive.
Le projet a été pris en considération par le ministre le
3 février 1997 et a été déclaré
d'utilité publique le 30 juillet 1998.
Le montant de subvention alloué à cette opération
s'élève à 322,922 millions de francs (valeur
janvier 1998), comprenant également la création de deux
pôles d'échanges intermodaux. Une première autorisation de
programme a été ouverte début août 1998 pour un
début de travaux à suivre. La mise en service est prévue
en 2000.
En application de la LOTI (article 14), un bilan socio-économique,
prenant en compte notamment des indicateurs de gain de temps sur l'ensemble du
système de déplacements, de réduction de la congestion
urbaine et de la pollution, et d'impact sur les activités
économiques, devra être réalisé dans les cinq ans
suivant la mise en service, c'est-à-dire avant 2000.
2. Les contrats pluriannuels de modernisation et d'amélioration de la qualité et de la productivité des transports urbains
Les
subventions de l'Etat pour les études de déplacements et pour les
études et programmes d'amélioration de la qualité et de la
productivité des transports urbains sont attribuées aux
autorités organisatrices de transports urbains dans le cadre des
contrats de modernisation pluriannuels
.
Cette politique contractuelle en faveur de la modernisation des réseaux
urbains de transport collectif vise plus particulièrement le soutien des
réseaux de villes moyennes, la réalisation des axes lourds pour
autobus, et l'amélioration des conditions d'exploitation du
réseau et le niveau du service offert à l'usager.
L'autorité organisatrice s'engage pour sa part sur la réalisation
d'indicateurs de gestion, reflétant les améliorations
apportées à la qualité du service offert à
l'usager, à la productivité du réseau et aux conditions
financières de l'exploitation.
La dotation du budget des transports terrestres à ce titre est de
45 millions de francs en 1989, contre 35 millions de francs en 1998.
Cette augmentation devrait notamment financer des aides aux
collectivités pour les équipements de sécurité, les
études nécessaires à la mise en place des plans de
déplacement urbain, ainsi que de nouveaux projets d'investissements et
d'études dans les quartiers difficiles s'inscrivant dans le cadre du
"pacte de relance pour la ville" lancé en janvier 1996 (pour ces
projets, la participation financière de la direction des transports
terrestres est complétée à hauteur de 50 % maximum
des dépenses par une subvention de la délégation
interministérielle à la ville).
Outre ces contrats de modernisation, les conventions d'études avec les
autorités organisatrices de transports urbains ont pour certaines
d'entre elles fait l'objet d'une subvention sur le Fonds d'investissements des
transports terrestres (FITT).
Principales villes bénéficiaires de l'aide de
l'Etat au titre des contrats pluriannuels
au 1er août 1998
(en millions de francs)
Marseille |
13,1 |
Grenoble |
10,6 |
Toulon |
6,2 |
Dieppe |
1,7 |
Saint-Chamont |
1,7 |
Givors |
1,5 |
B. LA RÉPARTITION DU FINANCEMENT DES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
1. Le financement de l'exploitation et des investissements
En 1996,
pour l'ensemble des réseaux de transports urbains de province, le
montant total des charges d'exploitation a été de 15.800 millions
de francs (dont 12.800 millions de francs de charges d'exploitation, et
3.000 millions de francs de remboursement des intérêts des
emprunts de dotation aux amortissements.
Le montant total des investissements a été de 6.571 millions
de francs (+ 4,1 %), soit 5.126 millions de francs
d'investissements, travaux et études et 1.445 millions de francs de
remboursement du capital emprunté, ce qui conduit à une charge
globale de 22.371 millions de francs pour l'ensemble de l'exploitation et
de l'investissement.
Ces estimations sont tirées du dispositif annuel d'informations
statistiques sur les transports collectifs urbains, établi conjointement
par le ministère de l'équipement, des transports et du logement,
le groupement des autorités responsables des transports (GART) et
l'Union des transports publics (UTP).
Le financement de ces charges est assuré par les usagers, les employeurs
et les contribuables, les besoins de financements complémentaires pour
les investissements étant couverts par emprunt.
Le compte emplois-ressources de l'ensemble des réseaux de transports
urbains de province en 1996 peut être présenté comme suit
:
|
Montant (en MF) |
Pourcentage |
Emplois |
|
|
a) Fonctionnement |
|
|
Charges d'exploitation |
12.800 |
57 % |
Intérêts des emprunts |
3.000 |
13 % |
b) Investissements |
|
|
Etudes, acquisitions, travaux |
5.126 |
23 % |
Remboursement du capital emprunté |
1.445 |
7 % |
Total |
22.371 |
100 % |
Ressources |
|
|
Usagers (recettes tarifaires) |
5.713 |
25 % |
Employeurs (versement de transport) |
9.400 |
42 % |
Contribuables locaux |
4.833 |
22 % |
Contribution des autres collectivités locales |
316 |
1 % |
Participation de l'Etat (DG + subventions) |
1.034 |
5 % |
Emprunts |
1.075 |
5 % |
Total |
22.731 |
100 % |
Votre
rapporteur souligne que la participation de l'Etat au développement des
transports en commun de province demeure modique.
Pour l'avenir, les effets favorables de l'augmentation des subventions
d'investissement pourraient d'ailleurs être neutralisés par le
rééquilibrage de la fiscalité des carburants au
détriment du gazole : selon le Groupement des autorités
régulatrices de transports (GART), le surcoût de fonctionnement
pour les opérateurs de bus serait de l'ordre de 45 millions de
francs dès 1999 et de l'ordre de 600 millions de francs d'ici sept
ans, au bénéfice de l'Etat. S'agissant des opérateurs de
transport, cette mesure pourrait paradoxalement entraîner l'inverse des
effets escomptés, en freinant le développement des transports en
commun, d'une part, en réduisant les investissements de modernisation
des bus, d'autre part.
Il serait dès lors opportun que les prélèvements
supplémentaires ainsi effectués par l'Etat sur les
opérateurs de transport leur soient globalement compensés sous la
forme d'aides au développement du réseau d'une part, de
subventions à l'équipement de bus propres, d'autre part (par
exemple en étendant les contrats de modernisation à l'achat de
matériel roulant).
2. L'évolution du versement de transport
Au
1
er
juillet 1998, 177 autorités organisatrices de
province, représentant une population totale de 20,8 millions
d'habitants, ont institué et perçoivent le versement de transport.
20 autorités organisatrices peuvent percevoir le versement de
transport à un taux maximal de 1,75 % (ou 1,80 % dans les cas
prévus par la loi) au titre de la réalisation d'une
infrastructure de transport subventionnée par l'Etat ;
43 autorités organisatrices de plus de 100.000 habitants,
pratiquent un taux maximal de 1 % (ou 1,05 % dans les cas prévus par la
loi) ;
114 autorités organisatrices de 20.000à 100.000 habitants
pratiquent un taux maximal de 0,55 % (ou 0,60 % dans les cas prévus par
la loi).
Le produit net du versement de transport pour la province est passé de
5.840 millions de francs en 1990 à 9.397 millions de francs en 1996
soit un accroissement moyen de 7 % par an environ. Le montant estimé
pour l'année 1997 s'établit à 9.950 millions de
francs, et le montant prévisible pour 1998 à 10.500 millions
de francs environ.
La hausse du produit du versement transport est liée à
l'augmentation des taux par les autorités organisatrices (dans la limite
des taux plafonds autorisés par le législateur) et aux extensions
des périmètres de transport urbain à de nouvelles
communes, qui ont pour effet d'élargir la base de l'assiette de calcul
du versement de transport.