A. LA SOUS-CONSOMMATION DES PRODUITS PLA S'EXPLIQUE PAR UNE CRISE DE LA DEMANDE ET NON PAR UNE INSUFFISANCE DE L'OFFRE
1. Une sous-consommation des crédits consacrés aux PLA
En trois ans, de 1994 à 1997, la perte de 34.000 PLA commencés chaque année explique à elle seule le recul de la construction de 302.00 à 271.600 unités. On constate également une manifeste sous-consommation des crédits des PLA.
La diminution constante des PLA depuis 1994
ANNEE |
CDC |
CFF |
TOTAL |
|
|
PLA normaux |
PLA-I et PLA-TS |
|
|
1994
|
68 575
|
11 078
PLA-TS
|
9 671
|
89 324
|
La sous-consommation des crédits
PLA TS |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
crédits disponibles |
912,1 |
1 297,63 |
844,1 |
941,9 |
Montants de subvention consommés (MF) |
782,0 |
1 160,5 |
735,7 |
719,4 |
taux de consommation |
85,7 % |
89,4 % |
87,2 % |
76% |
objectif annoncé (en nombre de logements) |
20 000 |
28 000 |
20 000 |
30 000 |
Nombre de logements PLAI ou PLATS financés |
11 078 |
15 481 |
11 419 |
11 783 |
Les
différences de coût entre les opérations de construction
neuve et celles d'acquisition-amélioration expliquent des
différences entre le programme physique prévu en loi de finances
et le nombre de logements effectivement financés, dans
l'hypothèse où la totalité des crédits ouverts sont
consommés l'année même. Le taux de subvention peut
être majoré dans certains cas (opérations
expérimentales, opérations sociales) ce qui diminue d'autant le
nombre de logements financés avec la même enveloppe
budgétaire.
Il est donc difficile d'établir une cohérence réelle
entre flux financiers et flux physiques en matière de PLA.
Cependant, il faut constater une réelle sous-consommation et cette
sous-consommation devient de plus en plus manifeste
.
En septembre 1998, seulement 13.000 PLA ont obtenu l'agrément, contre
20.000 à la même époque en 1997 et 25.000 en 1996.
Il apparaît donc aujourd'hui que le programme annoncé de
80.000 PLA ne sera pas tenu, le nombre de PLA financés ne devrait tout
au plus représenter que 55.000 unités à la fin de
l'année, pour environ 45.000 mises en chantiers.
Pour 1999, le projet de loi de finances prévoit toutefois la
programmation de 80 000 PLA, dont 20 000 PLA-LM et 10 .000 PLA-I ,
soit la reconduction du programme de 1998.
Dans ces conditions, le maintien des dotations aux prêts locatifs
aidés, pour un programme de 80.000 logements, alors que les
crédits sont loin d'être consommés, ne semble pas
correspondre à la situation réelle de ce type de produit.
Il est urgent qu'une réflexion d'ensemble s'engage sur les aides au
logement locatif social, afin de les adapter aux besoins.
2. Une crise de la demande
Contrairement à ce que le gouvernement avait annoncé l'an
dernier, le problème de la sous-utilisation des produits PLA
réside moins dans une insuffisance des dotations, que dans la faiblesse
de leur utilisation par les bailleurs sociaux, qui souhaitent construire
moins.
Le produit est encore peu adapté aux cas des personnes seules qui,
dès lors que leur revenu dépasse le smic, sont exclues du
dispositif
. De plus, le loyer moyen des 985.000 logements HLM
bénéficiant de PLA est certes légèrement plus
élevé que le loyer moyen des 2,5 millions d'autres logements,
mais l'écart est loin de compenser le remboursement des prêts, si
bien que l'équilibre financier des logements PLA repose sur les autres
logements. De surcroît, les niveaux des loyers dans certains logements
sociaux sont tels qu'il existe un risque de vacance, alors que la demande de
logements sociaux est globalement supérieure à l'offre.
Il est de plus encore trop tôt pour percevoir l'impact des nouveaux
dispositifs créés, notamment le PLA
construction-démolition mais les premiers résultats montrent
également une sous-consommation de ces produits.
3. Il n'y a pas d'amélioration à attendre à court terme
Quelques éléments positifs pourraient permettre de penser que la
consommation des produits PLA s'améliorera dans les mois à venir.
Le niveau des taux d'intérêt réels des crédits
au logement social
considéré comme trop élevé,
a en effet diminué, en raison de l'abaissement d'un demi-point du taux
du livret A. Le PLA est ainsi financé sur les ressources du livret A,
dont le taux d'intérêt est de 3 % auquel s'ajoute une
rémunération de la collecte de 1,2 point pour les Caisses
d'épargne et 1,5 point pour la Poste.
Du fait de la baisse d'un point du taux de rémunération du
livret A, le coût de la ressource s'est élevé en 1997
à 4,8 %. Depuis le 15 juin 1998, le taux du
rémunération du Livret A ayant à nouveau
baissé d'un demi-point, le coût de la ressource est, depuis cette
date, de 4,3%.
La baisse d'un demi point du livret A à compter du 16 juin 1998 est
donc venue alléger la charge financière de la dette des
organismes HLM.
Par ailleurs,
le relèvement des plafonds de ressources pour
l'accès aux logements sociaux à compter du 1er juillet 1998
devrait permettre d'élargir la demande solvable en facilitant le
lancement de nouveaux projets.
La revalorisation des plafonds de ressources est intervenue par
l'arrêté du 26 juin 1998, qui porte à 61% la part des
ménages ayant accès au parc HLM contre 55%
précédemment. Les nouveaux plafonds sont entrés en vigueur
au 1er juillet 1998. Des mesures de simplification ont également
été prises (la distinction entre couple avec conjoint actif et
inactif est supprimée par alignement sur le plafond du double actif, la
condition de mariage depuis moins de cinq ans pour les jeunes ménages
est supprimée...).
Toutefois, ces éléments seront insuffisants à
résoudre la crise du logement social en l'absence d'une simplification
de la gestion des PLA et d'une amélioration de leur financement.