DEUXIÈME PARTIE
LES SOCIÉTÉS DU SECTEUR PUBLIC DE
L'AUDIOVISUEL
En
dépit de performances remarquables dans un environnement très
compétitif, les chaînes publiques apparaissent plus fragiles que
leurs concurrentes du secteur privé :
• sensibilité à une opinion, d'abord, curieusement
plus exigeante, lorsqu'il s'agit de l'audiovisuel public, et encline à
faire de chaque incident une " affaire ", indépendamment de sa
gravité intrinsèque ;
• vulnérabilité particulière,
également, au niveau des relations sociales, où la grève
devient un mode d'expression presque naturel ;
• fragilité financière du fait des restrictions de
crédits publics et maintenant de la perspective de restriction dans
l'accès aux ressources publicitaires ; on ne peut être que
frappé par le nombre d'organismes ayant dû exécuter des
budgets en déséquilibre par suite des injonctions contradictoires
et imprévisibles des pouvoirs publics ;
• incertitudes, enfin sur leur statut et les personnalités
qui vont les diriger : brièveté des mandats des responsables
des chaînes qui ont à peine le temps de se familiariser avec les
commandes qu'ils doivent se préparer à céder leur
siège , surtout si, entre temps, la majorité politique a
changé. La valse des P.D.G. a laissé la place au ballet des
candidats, suscitant une évidente nervosité chez les titulaires
et donc une certaine crispation dans la gestion des organismes. La
période " électorale " de cet automne confirme tout
à fait cet effet pervers d'un système que les nominations par le
Conseil supérieur de l'audiovisuel n'ont guère
amélioré.
I. FRANCE TÉLÉVISION
Le navire amiral du service public garde le cap comme en témoignent des exécutions budgétaires globalement satisfaisantes. Mais en scrutant l'horizon on voit poindre un certain nombre de problèmes structurels, technologiques et surtout sociaux.
A. LES QUESTIONS COMMUNES
L'application des 35 heures ou l'adaptation de la
convention
collective sont des questions qui concernent toutes les sociétés
du secteur public mais affectent naturellement plus les structures lourdes.
Le lien, apparemment lointain, entre ces questions sociales et les nouvelles
technologies s'est révélé étroit, comme l'a
montré la grève de France 3 de décembre dernier, dont le
prédécesseur du titulaire du présent rapport a largement
rendu compte dans son rapport intitulé, " L'audiovisuel à
l'ère du numérique ".
1. Le rapprochement entre France 2 et France 3
Lors de
la grève de France 3 en décembre 1997, l'une des revendications
fortes des personnels a porté sur l'harmonisation des
rémunérations entre France 2 et France 3. Le protocole d'accord,
signé à l'issue de la grève avec les organisations
syndicales précise qu'un plan pluriannuel de trois ans minimum de
rapprochement salarial sera élaboré avant la fin de
l'année 1998. Il prévoit également qu'une première
enveloppe de 10 millions de francs est allouée pour 1997 et 1998.
Mais le coût réel pourrait être sensiblement
supérieur.
Conformément aux engagements pris dans le protocole, la direction de
France 3 a engagé, dès le mois de janvier, des discussions avec
les partenaires sociaux pour définir une méthode d'allocation de
la première enveloppe de 10 millions de francs. Les
négociations sont aujourd'hui largement avancées, notamment en ce
qui concerne les journalistes.
Parallèlement, une réflexion associant les deux chaînes, a
été ouverte dans le cadre du groupe pour analyser les emplois et
les niveaux de qualifications et rémunérations, et définir
le contenu et les objectifs du plan de rapprochement des
rémunérations, tant pour les journalistes que pour les personnels
techniques et administratifs. Sur cette base, le plan pluriannuel, dont les
premiers éléments ont déjà été
transmis à la tutelle, est en cours d'élaboration; comme le
prévoit le protocole, il sera finalisé et présenté
à la tutelle avant la fin de l'année 1998. Ce rapprochement est
une des conséquences attendues du regroupement des deux entreprises au
nouveau siège de France Télévision, opération, qui
s'est semble-t-il déroulée dans de bonnes conditions.