3. Un impératif déjà largement pris en compte
Les
politiques conduites par l'Etat et les collectivités locales ont
largement pris en compte la nécessité de faire de la culture et
des loisirs des vecteurs de lutte contre l'exclusion.
Si votre rapporteur se félicite de la réaffirmation de cette
évidence dans le projet de loi d'orientation, il souligne qu'il ne
s'agit pas là -loin s'en faut- d'une nouveauté.
Les actions menées en ce domaine ont poursuivi deux objectifs principaux.
Le premier a consisté à ouvrir les institutions culturelles ou
les équipements sportifs au plus grand nombre, notamment grâce
à des politiques tarifaires adaptées.
De nombreuses structures culturelles, y compris les grands
établissements publics, ont fait des efforts significatifs de baisse
tarifaire à l'égard des jeunes ou des personnes en
difficulté sociale. Ainsi, près d'un tiers des visiteurs ont
librement accès aux collections permanentes des musées nationaux.
Les jeunes de moins de 18 ans bénéficient d'une
exonération du droit d'entrée, les jeunes de 18 à 25 ans
d'un tarif réduit. Par ailleurs, les cas d'exonération
fondés sur des critères sociaux (chômeurs, titulaires du
RMI ou du minimum vieillesse) ont été multipliés. De
nombreuses activités proposées au sein des musées sont
gratuites, permettant ainsi à un large public d'y avoir accès.
Des opérations similaires sont conduites par des institutions
théâtrales ou musicales. Au cinéma, l'instauration à
Paris d'un tarif réduit unique pour tous un jour par semaine
relève de la même démarche.
En ce qui concerne la pratique sportive, des actions ont été
également menées en ce sens. Ainsi, le ticket-sport, qui doit
faire l'objet d'une extension dans le cadre des mesures accompagnant le projet
de loi d'orientation, permet l'ouverture des installations sportives afin
d'offrir des activités gratuites et encadrées aux jeunes qui ne
partent pas en vacances et rencontre d'ores et déjà un large
succès.
Le second objectif poursuivi a visé à faire de l'action
culturelle, au sens large du terme, un instrument d'insertion, notamment
à l'égard des jeunes.
La pratique sportive est appelée à jouer un rôle
déterminant en ce domaine et de nombreuses initiatives ont
été prises, en particulier dans le cadre de la politique de la
ville, afin de faciliter l'accès aux équipements sportifs et de
promouvoir des animations à vocation socio-éducative.
Elles font l'objet d'actions ciblées, comme les opérations
" ville vie vacances " permettant aux jeunes les moins
favorisés de partir en vacances, ou s'inscrivent dans un cadre plus
général comme celles conduites dans les centres de loisirs et de
vacances qui accueillent chaque année environ 4.500.000 enfants.
Le rôle de la culture ou de la création artistique comme vecteur
d'insertion sociale a également été pris en compte.
Les projets de quartier mis en place à partir de 1996 dans le cadre du
pacte de relance pour la ville ont connu un succès manifeste. Ils
s'inscrivaient dans une politique volontariste de développement culturel
fondée sur un partenariat entre l'Etat, les collectivités
territoriales, les institutions culturelles et les artistes. Fondés sur
la rencontre d'un artiste ou d'une institution culturelle et d'un public, ils
ont été l'occasion d'échanges fructueux et valorisants, en
suscitant des vocations professionnelles et en créant de nouveaux
emplois. On ne pourra, à ce titre, que regretter que le gouvernement
n'ait pas jugé opportun de poursuivre leur mise en oeuvre. Au
delà du fait qu'il est difficile de cerner ce qui les distinguait des
nouveaux " programmes d'action concertés " annoncés par
le gouvernement, on soulignera l'effet néfaste que peut avoir en
matière de lutte contre l'exclusion la succession de dispositifs
ponctuels n'ayant pas vocation à la permanence.
Si l'Etat et les collectivités locales sont appelés à
jouer dans ces domaines un rôle important, il faut souligner l'appui
irremplaçable apporté par le monde associatif. En effet, les
associations apparaissent comme le moyen privilégié pour
répondre aux préoccupations des populations concernées,
ceci valant tant pour les actions culturelles que pour celles conduites en
matière de sport ou de loisirs. Certaines de leurs actions sont
exemplaires. On évoquera, par exemple, les médiateurs du livre
créés par ATD-Quart Monde.