B. LE POIDS DES CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES
Les
contraintes sur la qualité des produits vont rester le facteur
déterminant dans la politique d'investissements des compagnies de
raffinage européennes. Pour satisfaire la teneur maximale
autorisée en soufre de 500 parties par million (ppm) dans le gazole, la
capacité totale d'hydrotraitement et d'hydrodésulfuration en
Europe a augmenté d'environ 15 % sur les trois dernières
années.
Or, les directives européennes fixant les nouvelles normes 2000 sur
les émissions des véhicules automobiles et les
caractéristiques des carburants devraient être beaucoup plus
sévères
110(
*
)
.
Le raffinage français va donc devoir accroître son effort
d'investissement à l'horizon 2000-2005 pour se mettre en
conformité avec ces nouvelles réglementations
. Sur la base
des efforts déjà prévus à l'échelle de
l'Europe, la part des investissements incombant au raffinage français
est évaluée à :
- 13 milliards de francs de 1997 à 2010 pour l'amélioration
de la qualité de l'air dans les villes (après 19 milliards entre
1991 et 1997), soit l'équivalent de 1 milliard de francs par
raffinerie ;
- la même somme
111(
*
)
pour la protection accrue des
écosystèmes sensibles (contre les pluies acides) par de nouvelles
réductions des émissions de soufre et d'oxydes d'azote (soit 1
milliard de francs par raffinerie).
Le coût de la maîtrise des émissions de dioxyde de carbone
(CO
2
), faisant suite aux engagements européens pris à
la Conférence de Kyoto n'a pas été estimé, mais il
risque d'être élevé pour le raffinage.
La mise en oeuvre de l'ensemble de ces contraintes sur le soufre demandera une
restructuration complète de l'outil de raffinage avec la construction
d'unités de conversion profonde et de nouvelles unités de
raffinage à l'hydrogène (hydrocraquage ou
hydrodésulfuration poussée). Cela induira nécessairement
une reconfiguration du raffinage français avec vraisemblablement des
stratégies d'alliance, la définition de sites de taille
internationale, notamment par le biais d'accords locaux de coopération
commerciale.
Il faut espérer que l'industrie du raffinage mette à profit cette
restructuration pour développer ses capacités de production en
essences " reformulées ". Enrichies en composants
oxygénés inoffensifs, les carburants reformulés
permettraient en effet de réduire les émissions de monoxyde de
carbone (CO), d'hydrocarbures imbrûlés (HC), de composés
organiques volatils (COV) et de benzène.
Largement utilisés aux Etats-Unis et dans les pays nordiques
112(
*
)
, ces carburants présentent,
en outre, l'avantage d'avoir un impact immédiat sur les émissions
de l'intégralité du parc automobile, alors qu'il faudrait
attendre au moins dix ans pour voir les effets d'une substitution de
véhicules plus propres au parc automobile actuel.