3. Promouvoir la recherche technologique
Développer les énergies renouvelables suppose
que des
moyens importants en recherche et développement soient donnés
à ce secteur. A titre de comparaison, il convient de noter que les
Etats-Unis ont consacré en 1995 un budget deux fois plus
élevé aux énergies renouvelables que celui consacré
au nucléaire.
De nombreuses pistes peuvent, en effet, être explorées :
- l'amélioration de la filière bois par des systèmes
de postcombustion et de catalyse (qui détruisent une bonne part des gaz
imbrûlés mais qui sont encore coûteux et fragiles) ;
l'adjonction aux chaudières d'un système d'alimentation
forcée en air, le " turbo ", actuellement limitée par
des problèmes de corrosion ; l'association des appareils de
combustion du bois à un système de stockage de chaleur (principe
de l'hydro-accumulation) ;
- les recherches dans le domaine de la
géothermie
RCS
(roches chaudes sèches) ;
- les progrès des éoliennes : amélioration du
profil et du revêtement des pales, diminution du bruit
aérodynamique, possibilité de tourner à une vitesse
variable, et surtout
développement des techniques d'installation des
éoliennes off-shore
;
- le renforcement de la résistance des capteurs solaires aux hautes
températures et hautes pressions (actuellement expérimenté
dans la centrale solaire de Rehovot, en Israël) ;
- la combinaison des énergies renouvelables et des énergies
fossiles ;
- l'énergie marémotrice ;
- en ce qui concerne la biomasse :
le développement de l'épuration du biogaz permettant de le mettre
aux normes du gaz naturel ;
la combinaison de la cogénération et du recours à la
biomasse ; l'amélioration des techniques de
gazéification ;
l'amélioration de la rentabilité des biocarburants et la
recherche de solutions permettant de cultiver les produits agricoles
d'où sont issus les biocarburants avec un respect accru de
l'environnement (recherche à mener notamment au sein de
l'AGRICE)
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*
)
.
Il apparaît donc qu'en France
les
énergies renouvelables
peuvent constituer des énergies d'appoint mais aussi permettre, dans
certaines zones rurales isolées, une production
décentralisée de chaleur et d'électricité, plus
rentable qu'un raccordement au réseau national.
En Corse et, plus
encore, dans les départements d'outre-mer, elles peuvent trouver de
véritables niches de rentabilité.
Il est indéniable que
l'existence d'une entreprise monopolistique a
été jusqu'à présent peu favorable au
développement de petits projets locaux
. Force est de constater que
dans les communes
où l'électricité est
distribuée par des régies locales, de petites unités ont
vu le jour qui se sont avérées parfaitement
compétitives
.
Votre commission souhaite que ces
expériences se développent, car elles répondent aux
aspirations légitimes des collectivités locales d'intervention
dans le domaine énergétique
. Elle estime que la
décentralisation dans ce domaine permet de rechercher la meilleure
utilisation des énergies primaires, ce qui n'est pas le cas actuellement
dès lors que l'aspect commercial prend le pas sur l'aspect service
public (chaleur issue de la cogénération ou issue de
l'incinération des déchets ménagers concurrencée
par le gaz, production de chalaur et d'électricité à
partir du gaz freinée par la concurrence avec
l'électricité fournie par EDF ....).
Par ailleurs, les technologies d'exploitation des énergies
renouvelables, qui sont en constante amélioration et que les industries
françaises maîtrisent assez bien, peuvent donner lieu à
d'importantes exportations. Il convient, dans cette optique, que la France
offre une " vitrine " des produits qu'elle propose.
Votre commission d'enquête souhaite donc que l'effort soit
poursuivi.
Elle se félicite à cet égard de la
décision prise par le Gouvernement d'assurer un financement
pérenne à l'ADEME
en vue de stimuler l'innovation et la
recherche dans ce domaine. Elle considère que le
rôle de
conseil
de cet établissement
devra être
renforcé
, notamment auprès des collectivités locales
et estime indispensable que ses missions soient clairement redéfinies.
Votre commission d'enquête estime cependant qu'il faut demeurer
réaliste. Ne rêvons pas ! Quels que soient les progrès
accomplis, il
est clair que les énergies renouvelables ne pourront
représenter qu'une part très limitée du bilan
énergétique
et qu'elles ne sauraient, en France,
constituer une alternative à l'utilisation de l'énergie
nucléaire, comme certains le préconisent.