2. Sur le plan économique
Les
énergies renouvelables sont coûteuses car elles supposent d'une
part, des investissements de base importants (ainsi, pour l'énergie
solaire le coût global se répartit entre 90 % pour
l'investissement et 10 % pour le fonctionnement alors que pour un
système diesel le ratio est plus proche de 50 %-50 %), et,
d'autre part, des efforts de recherche indispensables pour améliorer les
technologies actuelles et accroître leur rentabilité future.
Cependant, les avantages économiques que l'on peut escompter ne sont pas
négligeables pour valoriser nos ressources, en termes de
créations d'emplois ou en vue de l'exportation de
technologies.
a) Elles permettent de valoriser les ressources nationales
Si l'on
considère la
filière bois,
on constate que le prix du bois
est inférieur aux 17 centimes environ du fioul ou du gaz : en
France, le bois est un combustible abondant et peu cher voire, parfois, presque
gratuit. En effet, l'origine du bois-énergie est la suivante :
- 62 % : forêts (rondins de bois, mais aussi
résidus de l'exploitation forestière : houppiers et
branchages) ;
- 20 % : déchets de l'industrie du bois et de la
pâte à papier ;
- 11 % : bois de rebut (palettes, cageots, caisses, bois de
démolition) ;
- 7 % : déchets de bois de l'agriculture (piquets,
poteaux...)
29(
*
)
.
De même, les
expériences géothermiques
menées
en 1997 dans le Bas-Rhin, dont les résultats sont jugés
encourageants, se fondent sur les caractéristiques des roches de cette
région et profitent d'une caractéristique locale très
particulière, qualifiée d'" anomalie thermique " (la
température souterraine y augmente de 6°C tous les
100 mètres au lieu de 3°C).
On peut enfin remarquer que, si la France dispose d'une
énergie
hydraulique
non négligeable,
c'est le fruit d'une politique délibérée de construction
de nombreux barrages sur les fleuves et rivières français,
menée jusqu'en 1960.
b) Elles peuvent être créatrices d'emplois
Le Livre
blanc que la Commission des Communautés européennes a
consacré à ce sujet indique que l'énergie éolienne
a déjà créé plus de 30 000 emplois en
Europe, que la biomasse a la particularité de créer de nombreux
emplois dans la production de matières premières et que
l'énergie photovoltaïque est à l'origine de nombreux emplois
d'exploitation et d'entretien (puisque les installations photovoltaïques
sont petites et dispersées).
La Commission fait également référence à
l'étude TERES II qui a dégagé des estimations
détaillées concernant l'emploi net, c'est-à-dire tenant
compte des pertes d'emplois dans d'autres secteurs
énergétiques : pour 2010 les prévisions
s'établissent à 500 000 emplois directement
créés dans le secteur des énergies renouvelables et
indirectement dans les secteurs qui approvisionnent celui-ci. Certaines
études sectorielles font état de chiffres beaucoup plus
élevés (900 000) mais il convient de faire preuve de
prudence.
En France, on évalue à environ un millier le nombre d'emplois qui
pourraient être créés chez les fabricants, les
équipementiers et les exploitants dans le cadre du programme Eole
2005.
c) Elles offrent des opportunités à l'exportation
Les
énergies renouvelables permettent de développer des
technologies aisément exportables
. Les experts affirment en effet
que les pays en voie de développement ne pourront adopter les
mêmes stratégies énergétiques que celles que nous
avons suivies, sauf à envisager des désastres écologiques
dont nous serions tous les victimes.
Notre expertise économique et technique va donc être
sollicitée pour leur apporter une aide sous forme de transferts de
technologies en vue de leur épargner les étapes les plus
polluantes du développement industriel.
Les énergies renouvelables répondent particulièrement bien
à cette nouvelle exigence.
Ainsi l'énergie solaire est-elle adaptée aux besoins
d'électrification des pays en voie de développement dont la
population est souvent dispersée dans un milieu rural de faible
densité et offre, par conséquent, des opportunités
d'exportation très intéressantes.
À titre d'exemple, on peut citer le chiffre d'affaires
(12,5 millions de francs) réalisé en 1997 par un seul
établissement du groupe d'énergie finlandais Neste, produisant
des modules solaires destinés au Tiers Monde.
On peut aussi rappeler que la Tunisie installera 1 million de
mètres carrés de capteurs solaires sur son territoire d'ici 2010
et que Total Énergie prospecte les marchés africains et
brésiliens tandis que son bureau d'études Trans-Énergie va
répondre à un appel d'offres pour un projet de concession de
fourniture d'électricité en Argentine.
QUELQUES PROGRAMMES D'ÉLECTRIFICATION RURALE
DÉCENTRALISÉE
PHOTOVOLTAÏQUE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
30(
*
)
Inde :
programme 1 000 systèmes de pompage de l'Indian Renewable Development
Agency.
Inde : projet APAS de 741 systèmes de pompage, 317 petites centrales
photovoltaïques, 11 430 systèmes pour l'éclairage
et la TV, 28 900 systèmes de fourniture
d'électricité domestique, 2 920 systèmes
d'éclairage public.
Indonésie : projet BANPRES de 3 000 systèmes
d'éclairage domestique.
Indonésie : projet OVERVIEW de la Banque Mondiale en cours de
préparation, objectif de 100 à 150 000 systèmes
vendus en quatre ans sur une base commerciale.
Kenya : 30 000 systèmes photovoltaïques
d'éclairage installés sur une base purement commerciale.
Maroc : programme pilote PPER de 200 centres ruraux (centrales pour
recharge de batteries, kits individuels et mini réseaux locaux).
Mexique : programme PRONASOL de 24 000 systèmes
d'éclairage individuels.
Pays sahéliens : programme PRS de 830 pompes solaires et
540 systèmes communautaires.
Zimbabwe : programme de 90 000 systèmes d'éclairage.
L'intérêt économique des énergies renouvelables est
donc indéniable.
Sans parler de rentabilité des
énergies renouvelables, qui restent globalement coûteuses pour la
collectivité, il semble que l'on puisse aujourd'hui fonder quelques
espoirs sur le développement de certaines d'entre elles
, sous
certaines conditions.
Ainsi de 1993 à 1997, le chiffre d'affaires réalisé en
France par les entreprises des secteurs éolien, photovoltaïque et
solaire thermique est passé de 200 à plus de 600 millions de
francs
31(
*
)
. Certaines
entreprises françaises sont très bien placées dans ce
secteur : Total Énergie est le premier ensemblier international de
modules voltaïques et, selon son président, " le
photovoltaïque est une activité désormais mature, une source
d'énergie viable dans de nombreux cas et économiquement
justifiée " ; Vergnet est le leader mondial de l'éolien
de petite et moyenne puissance ; Giordano a contribué aux
progrès technologiques majeurs du solaire thermique et estime à
20 % la progression annuelle de son marché.
On peut également apprécier la rentabilité actuelle ou
future de ce secteur économique en observant
l'intérêt
qu'y portent certains grands groupes
: Royal Dutch Shell a
décidé de consacrer à leur développement
3 milliards de francs en cinq ans afin de prendre 10 % du
marché mondial de l'énergie solaire, estimé à
1 milliard de dollars. Selon la SIR (Shell International Renewables)
créée en octobre 1997 et regroupant le solaire, la biomasse et
les plantations forestières, les énergies renouvelables
pourraient représenter, en 2020, 15 % du marché mondial de
l'énergie. British Petroleum, par le biais de BP Solar vise un chiffre
d'affaires de 1 milliard de dollars dans le solaire en 2007, en comptant
notamment sur le fait que, selon la loi néerlandaise, toute construction
neuve doit présenter une variante solaire.
Le tableau ci-après illustre le développement de ces
énergies.
Énergie solaire thermique |
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Énergie éolienne |
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Énergie photovoltaïque |
Puissance totale
installée :
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Puissance totale installée
dans le monde :
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Puissance totale installée
dans le monde :
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Coût
d'installation :
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Coût
d'installation :
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Coût
d'installation :
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Coût de
production :
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Coût de
production :
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Encombrement au sol :
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Encombrement au sol :
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Rendement : 35 à 40 % |
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Rendement : 15 à 35 % |
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Rendement : 5 à 15 % |
Source : L'Usine nouvelle - N° 2638. Avril 1998 |