V. PRÉJUDICIABLE AUX ENTREPRISES ET DIFFICILEMENT COMPATIBLE AVEC L'EURO ET LE MARCHÉ UNIQUE
A. UN PROJET PRÉJUDICIABLE AUX ENTREPRISES
1. Les entrepreneurs sont vigoureusement opposés au texte
La France est le seul pays industriel important à
vouloir abaisser la durée du travail à 35 heures par semaine par
la voie législative.
L'annonce de cette décision à l'issue de la conférence du
10 octobre 1997 sur les salaires, l'emploi et le temps de travail n'a pas
été sans provoquer la stupeur de l'ensemble de nos partenaires,
notamment européens, qui ne partagent ni cet objectif, ni le goût
des méthodes autoritaires dans le domaine du social.
Pour donner une idée de l'étonnement suscité, on peut
rappeler qu'un membre influent du gouvernement allemand a
considéré qu'il s'agissait là d'une excellente nouvelle
pour les entreprises de son pays. En des termes plus explicites, M.
François Michelin a résumé l'opinion des entrepreneurs
français en considérant que l'instauration des 35 heures
était " suicidaire ", il a estimé que les causes du
chômage en France étaient parfaitement connues mais qu'on ne
voulait pas les aborder parce qu'elles remettaient en cause un certain nombre
de " pensées uniques ". Plus généralement, on
peut rappeler que les représentants des chefs d'entreprises se sont
prononcés contre le projet de loi dans leur quasi-totalité et que
les syndicats ont fait preuve de prudence tout en soulignant leur accord de
principe.
Comité de Liaison des Décideurs
Économiques (CLIDE)
CGPME - CNPF - FNSEA - UNAPL -
UPA
DÉCLARATION COMMUNE
Les présidents des cinq organisations membres du CLIDE,
qui représentent plus de 3 millions d'entrepreneurs et comptent 17
millions d'actifs, se sont réunis pour examiner les conséquences
qu'aurait le projet de loi dit des 35 heures s'il devait être
adopté.
Ils constatent que l'immense majorité de leurs membres quels que soient
leur secteur, la taille de leur entreprise ou leur forme juridique, sont
opposés à ce projet qui :
-
· ignore la réalité des entreprises et leur
diversité et va à l'encontre de leurs efforts quotidiens pour
s'adapter aux réalités du monde dans lequel ils vivent ;
· stérilise par avance le dialogue social et risque de tendre inutilement le climat ;
· impose de nouvelles contraintes réglementaires et des augmentations de coûts aux seules entreprises françaises, à l'heure de l'euro et de la mondialisation ;
· détruira des emplois au lieu d'en créer en pesant sur la compétitivité des entreprises françaises ;
· cassera l'élan de tous ceux qui entreprennent alors même que l'économie donne des signes de reprise ;
· incitera au travail au noir et au départ des emplois hors de France.
· Pour ces raisons, les cinq organisations regroupées au sein du CLIDE demandent solennellement au Gouvernement et au Parlement de renoncer à imposer aux entreprises françaises des contraintes nouvelles radicalement contraires à leurs objectifs de croissance et d'emploi.
Pour chacune des mesures suivantes prises par le Gouvernement, pouvez-vous me dire si vous la jugez plutôt positive ou plutôt négative pour l'économie française ? |
||||
(En %) |
Plutôt positive |
Plutôt négative |
NSP |
Total |
L'abaissement du taux de l'impôt sur les sociétés pour les PME qui incorporent leurs bénéfices au capital de l'entreprise |
83 |
12 |
5 |
100 |
L'octroi d'un crédit d'impôt pour la création d'emplois |
70 |
25 |
5 |
100 |
L'accroissement de la fiscalité sur différents produits d'épargne (assurance-vie, bons de capita-lisation) |
24 |
69 |
7 |
100 |
La hausse temporaire de 15 % de l'impôt sur les sociétés |
|
|
|
|
Les Echos - 12 janvier 1998
Pour chacun des éléments suivants, pouvez-vous me dire s'il pourrait vous conduire à envisager de délocaliser tout ou partie de votre activité ? |
||||
(En %) |
Plutôt positive |
Plutôt négative |
NSP |
Total |
Le niveau des charges sociales |
48 |
48 |
4 |
100 |
Le niveau de la fiscalité |
44 |
51 |
5 |
100 |
Le projet de loi sur les 35 heures |
35 |
59 |
6 |
100 |
Les Echos - 12 janvier 1998
Des réactions sous la forme de délocalisations d'entreprises et d'emplois ou des décisions d'investissements de la part des entreprises étrangères qui excluraient la France ne peuvent plus être exclues, notamment dans le contexte du marché unique et de l'euro.