C. UN RECOURS INJUSTIFIÉ À LA PROCÉDURE D'URGENCE

Votre commission des Lois souscrit pleinement à l'initiative de M. René Monory, Président du Sénat, qui a récemment écrit au Premier ministre afin d'élever une protestation solennelle contre la déclaration d'urgence sur ce projet de loi.

Au cours de l'audition de Mme Elisabeth Guigou, Garde des sceaux, ministre de la justice, le président Jacques Larché a fait valoir que, d'une manière générale, le recours à la procédure d'urgence réduisait gravement le débat parlementaire.

Or, la question de la nationalité comporte des enjeux fondamentaux pour l'avenir de la Nation. Aussi, un tel sujet appelle-t-il une réflexion parlementaire approfondie incompatible avec la procédure d'urgence, singulièrement depuis la révision constitutionnelle emportant session unique.

Il convient à cet égard de rappeler que la réforme du droit de la nationalité de 1993 n'avait pas donné lieu à déclaration d'urgence, pas davantage d'ailleurs que la dernière loi relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France présentée par M. Jean-Louis Debré, alors ministre de l'intérieur.

Peut-on d'ailleurs raisonnablement envisager de réformer une loi dont un bilan définitif ne peut même pas encore être établi pour une génération de jeunes étrangers nés en France, puisque ceux-ci disposent de cinq années pour manifester leur volonté de devenir Français ?

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