II. LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D'OUTRE-MER
A. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE : LA MARCHE VERS L'AUTONOMIE ÉCONOMIQUE
1. Un statut d'autonomie renforcé et élargi
La Polynésie française est depuis un peu plus d'un an dotée d'un statut d'autonomie élargie. La loi organique du 12 avril 1996 portant statut d'autonomie de la Polynésie française et la loi du 12 avril 1996 complétant le statut du territoire ont renforcé son autonomie, élargi les compétences des autorités territoriales et modernisé le fonctionnement des institutions.
a) La loi du 5 février 1994 d'orientation pour le développement économique, social et culturel de la Polynésie française
La loi du 5 février 1994 d'orientation pour le
développement économique, social et culturel de la
Polynésie française a traduit dans les textes le pacte de
progrès issu de la large concertation entreprise par le Gouvernement
français avec les autorités élues du territoire, le
conseil économique, social et culturel de la Polynésie
française et les forces vives du territoire.
Cette loi prévoit pour dix ans les conditions d'aide financière
de la France à la Polynésie. Le comité de suivi de
l'application de cette loi s'est réuni pour la troisième fois le
12 août 1997 et a pu établir le bilan suivant :
- au 31 décembre 1996, le montant global des engagements
était de 42 % des montants contractualisés du contrat de
développement ce qui constitue un niveau satisfaisant après deux
ans et demi d'exécution du contrat. Il en est à peu près
de même pour le contrat de ville qui concerne cinq des six communes de la
zone urbaine de Papeete.
En 1996, les transferts financiers de l'Etat se sont élevés
à 6,81 milliards de francs, en légère diminution par
rapport à 1995 (- 1,02 %). L'évolution du taux de
couverture des ressources extérieures globales propres au territoire
s'établit pour la même année à 33 % alors qu'il
était de 32 % en 1995.
Le 12 août 1997, le représentant de l'Etat et le président
du Gouvernement de la Polynésie française ont signé un
quatrième avenant au contrat de développement, pour prendre en
compte des redéploiements de crédits au profit
d'opérations nouvelles dans les domaines suivants : agriculture,
ressources de la mer (perlicutlure, pêche et aquaculture), tourisme,
aides aux entreprises, insertion et formation professionnelle, infrastructures
de communication, assainissement et traitement des déchets,
équipements scolaires, compte-tenu des résultats du recensement
général de la population réalisé en 1996.
Ce avenant précise enfin les conditions de l'étalement sur une
année supplémentaire de l'exécution de la totalité
des engagements pluriannuels de l'Etat décidée, comme pour les
contrats de plan Etat-région, dans la loi de finances pour 1997.
b) Convention relative au renforcement de l'autonomie économique de la Polynésie française
La convention relative au renforcement de l'autonomie
économique de la Polynésie française, signée le
25 juillet 1996, après l'annonce de la cessation
définitive des activités du centre d'expérimentation du
Pacifique, prolonge et confirme la volonté de l'Etat de maintenir son
soutien pour permettre de réussir la nouvelle étape dans laquelle
la Polynésie française est engagée pour son
développement économique, social et culturel.
Ce texte fixe à 990 millions de francs le montant des flux
financiers de référence à maintenir pendant dix ans.
Le fonds pour la reconversion de l'autonomie économique de la
Polynésie française, géré conjointement par l'Etat
et le territoire se met en place. Les modalités de gestion de ce fonds
ont été approuvées par une convention signée le
14 juillet 1997. Les communes, les partenaires privés, les
représentants des salariés, les chefs d'entreprises pourront
ainsi être associés à cette démarche.
La destination de ce fonds est définie, pour l'essentiel, dans le
" programme stratégique " élaboré par le
Territoire. Celui-ci donne la priorité à l'amélioration du
taux de couverture des importations et, plus particulièrement, à
la croissance des recettes du tourisme et au développement des
exportations de perles et de produits de la mer. Le premier secteur,
considéré comme le principal " moteur " de la
reconversion économique, doit procurer à la Polynésie,
à l'horizon 2015, plus de 40 % de ses recettes extérieures,
prenant la place aujourd'hui assurée par les transferts publics.
2. Une activité économique en nette progression
a) Les principaux indicateurs socio-économiques
En glissement annuel sur douze mois,
l'indice
général des prix
a augmenté de 1996 de 1,5 %
contre 1,1 % en 1995. Cette légère hausse des prix provient
essentiellement de l'augmentation du prix des produits alimentaires et des
services.
D'après l'enquête sur l'emploi en 1994,
le taux de
chômage
s'établirait à
11,8 % sur l'ensemble du
Territoire
, soit un effectif de 9.320 personnes. Ce taux est
sensiblement inférieur à celui que l'on observe dans les autres
départements et territoires d'outre-mer (de 19 à 34 %), mais
ce différentiel est largement imputable à l'absence d'un
système d'indemnisation du chômage et d'un revenu minimum
d'insertion, ainsi qu'à la place toujours importante occupée par
le secteur primaire et l'économie traditionnelle, pourvoyeurs de
nombreux emplois non ou peu qualifiés.
Le taux de chômage des moins de 25 ans s'établit à
29 % sur l'ensemble du Territoire. Par ailleurs, la proportion de
chômeurs parmi l'ensemble des actifs est deux fois plus
élevée chez les femmes (16,7 %) que chez les hommes
(8,3 %).La moitié environ des personnes à la recherche d'un
emploi sont au chômage depuis plus d'un an.
Après une dégradation en 1995, la balance commerciale s'est
légèrement redressée en 1996, présentant un solde
négatif de 71 milliards de francs CFP contre 74 milliards en
1995. Le taux de couverture des importations par les exportations
s'élève à près de 25 %, peu inférieur
au record établi en 1994.
Par contre, hors réexportations, le déficit commercial
s'établirait à plus de 79 milliards de francs CFP et le taux
de couverture ne serait que de 16,3 %, ce qui représenterait
néanmoins une amélioration par rapport à l'année
précédente.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs CFP)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variations 1994/1995
|
|
Importations |
86 021 |
86 905 |
87 827 |
91 383 |
94 551 |
+ 3, 5 |
Exportations |
10 240 |
15 183 |
22 287 |
17 548 |
23 433 |
+ 33,5 |
dont réexportations |
5 180 |
6 535 |
9 282 |
7 104 |
7 981 |
+ 12,3 |
Solde commercial |
- 75 781 |
- 71 722 |
- 65 540 |
- 73 835 |
- 71 118 |
- 3,7 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
11,9 % |
17,5 % |
25,4 % |
19,2 % |
24,8 % |
Source : ITSTAT
b) La situation de quelques secteurs d'activité
En ce qui concerne la fréquentation touristique, le
Territoire avait été affecté par une lente érosion
commencée en 1987 (142.820 touristes) et qui avait conduit à
un niveau plancher en 1991 avec 120.938 touristes.
Une remontée de la fréquentation touristique a commencé en
1992 avec notamment l'ouverture de la desserte à la compagnie Corsair en
1993, qui avait permis une baisse importante des prix du transport
aérien.
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1995/1996
|
|
Nombre de touristes |
135.873 |
139.705 |
132.361 |
120.938 |
123.619 |
147.847 |
166.086 |
178.222 |
163.774 |
- 8 |
En 1996, on observe néanmoins une chute de plus de
50 % du nombre des touristes japonais et de 25 % du nombre des
touristes allemands, en raison des péripéties qui ont
marqué la reprise, puis l'arrêt des essais nucléaires dans
le Pacifique.
On devrait assister à un retour de la fréquentation touristique
en Polynésie à un niveau se situant dans la tendance
observée depuis 1993, si la tendance observée depuis septembre
1996 se confirme en 1997.
La production traditionnelle de la Polynésie est le coprah et elle est
essentielle au maintien de ressources pour les populations rurales des
îles, notamment aux Tuamotu et sur les atolls où la perliculture
n'existe pas.
En 1995, la production de coprah avait augmenté de 4 % et
s'élevait à près de 11.000 tonnes, mais elle a,
à nouveau, baissé de 7 % en 1996.
La production de l'huilerie de Tahiti est évaluée ainsi :
(Tonnes)
PRODUCTION |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variation 1996/1995
|
Coprah trituré |
10 954 |
9 883 |
10 341 |
9 311 |
11 181 |
10 387 |
- 7 |
Huile brute |
6 743 |
5 707 |
6 036 |
5 380 |
6 620 |
6 260 |
- 5 |
Huile raffinée |
173 |
284 |
224 |
356 |
342 |
187 |
- 45 |
Les
exportations d'huile brute
ont augmenté de
52 % en valeur (404 millions de francs CFP contre 266 millions
de francs CFP en 1995) grâce à une augmentation du tonnage
exporté (+ 23,5 %) et à une amélioration du prix.
La
perliculture
a pris son essor à partir de 1983 et s'est
développée depuis, en transformant le nord de l'archipel des
Tuamotu et des Gambier, dont la population a augmenté de 24 % entre
1988 et 1996 contre + 16 % pour l'ensemble de la Polynésie
française.
Une trentaine d'îles et environ 2.000 personnes tirent aujourd'hui
leurs revenus de cette activité.
La quantité de perles exportées n'a cessé d'augmenter
depuis dix ans et la perle est devenue de loin le premier poste
d'exportation en valeur du Territoire :
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Poids (kg) |
833 |
1 157 |
2 187 |
2 902 |
4 387 |
6 122 |
Valeur (MF CFP) |
4 424 |
4 251 |
7 772 |
11 967 |
9 611 |
14 448 |
En 1996, les exportations de perles ont progressé
à la fois en quantités (+ 25 %) et en valeur
(+ 50 %). Cette forte augmentation est liée, en grande partie,
à une pénurie de perles japonaises dont la production a
été affectée par une forte mortalité des
huîtres perlières consécutive à la pollution. Une
telle situation devrait perdurer pendant deux ou trois ans, ce qui -joint
à l'expansion de nouveaux marchés comme les Etats-Unis ou les
Nouveaux pays industrialisés de l'Asie du sud-est- augure d'une
période très favorable pour la production de perles noires de la
Polynésie au cours des prochaines années.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics représente quelque
5 % du produit intérieur brut et 7 % de la valeur
ajoutée des branches marchandes. Ce secteur occupe environ
6.200 personnes, soit 11,7 % des emplois déclarés.
Une amélioration sensible de l'activité des entreprises du
bâtiment en 1996, particulièrement au second semestre, a pu
être constatée. Des programmes privés de promotion
immobilière ont été encouragés par les mesures
d'incitation fiscale prises par le Territoire dès 1995. Cet effet
s'amplifie en 1997, avec la mise en chantier de plusieurs projets
hôteliers de grande envergure bénéficiant également
de montages financiers en défiscalisation.