II. LES PRÊTS AUX ETATS ÉTRANGERS
Il existe deux comptes de prêts aux Etats
étrangers :
le compte n° 903-07 "Prêts du Trésor à la Caisse
française du développement et aux Etats étrangers"
le compte n° 903-17 "Prêts aux Etats étrangers pour la
consolidation de leur dette".
Evolution des opérations des comptes de prêts aux Etats
étrangers
1996 |
1997 (1) |
1998 (1) |
Ecart 1998/1997 |
|
Compte n° 903-07 |
||||
Recettes |
1.123,8 |
1.260,4 |
1.611 |
+ 350,6 |
Dépenses |
5.269,5 |
2.982,5 |
2.000 |
- 982,5 |
Charge nette |
4.145,7 |
1.722,1 |
389 |
- 1.333,1 |
Compte n° 903-17 |
||||
Recettes : |
2.914,2 |
1.600 |
2.400 |
+ 800 |
Dépenses : |
3.506,9 |
1.000 |
4.000 |
+ 3.000 |
Charge nette |
592,7 |
-600 |
1.600 |
+ 2.200 |
Totaux : |
||||
Recettes |
4.038 |
2.860,4 |
4.011 |
+ 1.150,6 |
Dépenses |
8.776,4 |
3.982,5 |
6.000 |
+ 2.017,5 |
Charge nette |
4.738,4 |
1.122,1 |
1.989 |
+ 866,9 |
Dans un contexte de gonflement des opérations résultant de la progression des flux du compte de consolidation de dettes, la charge nette des comptes de prêts à l'étranger s'alourdirait de 866,9 millions de francs pour atteindre près de 2 milliards.
A. LE COMPTE N° 903-07 "PRÊTS DU TRÉSOR À DES ETATS ÉTRANGERS ET À LA CAISSE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT" (CFD)
Aucune dépense n'ayant été
réalisée au profit de la CFD depuis 1995, les crédits
ouverts ne concernent que des opérations de prêts du Trésor
à des Etats étrangers correspondant à la politique
protocolaire de la France.
Le niveau des crédits prévus à ce titre est en constante
réduction. En 1995, ils atteignaient 5.925 millions de francs ; ils
ont été réduits à 3.717 millions en 1996 puis
à 2.982,5 millions en 1997 et, enfin, à 2.000 millions
pour 1998. Les crédits inscrits en loi de finances dépendent pour
l'essentiel, des besoins résultant des protocoles conclus dans le
passé. Le délai moyen d'exécution des protocoles varie en
effet entre 4 et 5 ans si bien que les crédits d'une année ne
sont que pour 20 à 25 % d'entre eux nécessités par
les protocoles de l'année courante. Quelques exceptions interviennent
parfois comme le montre l'exemple du prêt du 2 milliards de francs
consenti en 1996 à la Russie dont le paiement a été
réalisé intégralement l'année de l'engagement.
Mais, c'est bien à la réduction des volumes des protocoles
signés dans le passé que correspond celle des crédits
ouverts.
Hors prêt à la Russie, les protocoles conclus par la France avec
les Etats étrangers sont en diminution constante : de
3.311 millions en 1995, ils sont passés à
2.583 millions en 1996 tandis qu'au 1er semestre 1997 seul un protocole de
60 millions avait été conclu en faveur de la Bolivie
15(
*
)
Cette baisse du niveau de l'intervention protocolaire de la France ne
résulte pas seulement d'orientations librement choisies.
Elle
provient également des "règles de consensus" de l'OCDE qui
imposent des contraintes renforcées à l'intervention
économique en faveur des pays en développement.
Celles-ci se traduisent par le renforcement de l'obligation de réserver
une fraction de l'intervention à des dons purs et simples -la part de
l'élément "don" devant être de 35 % dans les cas
ordinaires et de 50 % lorsque sont concernés les pays les moins
avancés- et par l'exclusion du champ des interventions de secteurs
considérés comme justiciables de financements privés tels
que les télécommunications.
Mais la baisse des crédits consacrés aux protocoles
résulte aussi des contraintes financières, l'enveloppe retenue
pour 1998 s'élevant avec 1.800 millions de francs à moins
des 2/3 de celle envisagée pour 1997.
En l'absence d'un bilan complet de ce qui constitue l'un des instruments
essentiels de notre intervention économique extérieure, il n'est
pas possible de porter un jugement sur la baisse des moyens consacrés
à cet instrument. Toutefois, elle ne devrait pas favoriser
l'implantation de nos entreprises à l'étranger.
L'encours des prêts sur protocole s'élevait fin 1996 à
58,8 milliards de francs, les plus gros débiteurs étant le
Maroc (7,4 milliards), l'Indonésie (6,4 milliards), la Chine
(5,6 milliards) et l'Inde (4,9 milliards). La structure de l'encours
vient un peu tempérer l'inquiétude provoquée par la baisse
des flux en ce sens qu'elle démontre qu'
on ne peut toujours
établir un lien entre le niveau de nos engagements financiers publics,
à l'égard d'un pays, qui est parfois au premier rang mondial, et
la place occupée par les entreprises françaises dans ce pays
.
En toute hypothèse, compte tenu des annulations de dettes
observées dans le passé -208,83 millions ont encore
été annulés en 1996- les perspectives de remboursements
des prêts du Trésor s'améliorent, l'assainissement des
encours se combinant avec les perspectives d'amélioration de la
situation économique des débiteurs.
Les recettes prévues pour 1997 et 1998 se redressant de 12,1 et
43,3 % par rapport aux recettes perçues en 1996. Ce dernier
phénomène allié à la baisse des crédits
provoque une réduction considérable de la charge nette du compte
qui baisse de 3.756,7 millions par rapport à 1996 et de
1.331,1 millions par rapport à 1997. Il reste toutefois à
mesurer l'impact sur les recettes effectives de 1998 des perturbations
économiques et financières subies dans les pays d'Asie du Sud.
Elles pourraient se traduire par la constatation d'une charge effective plus
importante que celle initialement prévue.
S'agissant du chapitre retraçant les prêts à la Caisse
française de développement, le projet de loi de finances pour
1998 ne lui consacre comme en 1997 aucune dotation spécifique. La
dotation prévue en 1996 s'élevait à 790 millions de
francs. La sous-consommation des crédits disponibles permettrait de
poursuivre les interventions financées par le compte sans ouverture de
dotations nouvelles.
Il est vrai que le déroulement des projets soutenus par la CFD prend du
temps. Les projets s'étalent sur plusieurs années et sont soumis
à des conditions suspensives qu'il s'agisse des projets publics ou
parapublics pour lesquels la Caisse consent des prêts à conditions
concessionnelles ou des projets du secteur privé soutenus à des
conditions de marché raisonnables.
L'absence de dotation en 1998 qui s'accompagne d'une croissance des recettes
correspondant au remboursement des prêts de longue durée
-30 ans en général- accordés dans le passé
(elle passe de 105,4 à 239 millions de francs) ne devrait pas se
reproduire en 1999. Il est en effet prévu de développer à
l'avenir les interventions de la CFD soutenues par le compte ici examiné.