B. UN INTÉRÊT CERTAIN À DÉVELOPPER LA RECHERCHE

1. Dans le domaine de la santé

Des solutions thérapeutiques utilisant les propriétés de l'ARN ont déjà été mises sur le marché. Il s'agit d'ARN de synthèse produits en laboratoire. C'est le cas du vaccin à ARNm développé contre la COVID-19. Celui-ci contient une molécule d'ARNm qui vise à faire produire une protéine de l'agent infectieux par des cellules de la personne vaccinée. Le système immunitaire reconnaît alors cette protéine comme si elle était portée par le virus lui-même et déclenche une réponse immunitaire qui sera mémorisée.

Des traitements utilisant les fonctions de l'ARNex et des vésicules extracellulaires sont en cours de développement notamment en oncologie, avec une vaccination destinée à stimuler le système immunitaire ou des thérapies ciblées visant les mécanismes dérégulés dans les tumeurs. De même, la société EVerZom développe un traitement s'appuyant sur les VE pour lutter contre la maladie de Crohn.

Dans le domaine de l'infectiologie, des études se concentrent sur les ARN sécrétés par le virus de l'hépatite C et qui visent à affaiblir le système immunitaire de l'organisme hôte. En outre, les vésicules extracellulaires pourraient permettre de nouvelles avancées dans la lutte contre l'antibiorésistance. En effet, les cellules des bactéries tout comme celles du corps infecté produisent des ARNex et des vésicules extracellulaires qui vont entraîner une répression de l'action immunitaire et favoriser l'infection. L'objectif de la recherche est d'identifier et d'arrêter le mécanisme qui limite la réaction immunitaire.

Enfin, l'ARNex peut également servir de biomarqueur non invasif pour permettre des diagnostics précoces.

L'ANSM a indiqué aux rapporteurs qu'il y avait un intérêt certain à développer ces technologies notamment dans le domaine de l'antibiorésistance.

2. Dans le domaine agricole

Dans le domaine agricole, des pesticides à base d'ARNi pourraient se substituer aux pesticides chimiques utilisés aujourd'hui et qui restent nocifs pour la santé humaine et l'environnement. Un premier produit a été mis sur le marché aux États-Unis : il s'agit du Calantha, qui protège les cultures de pommes de terre du doryphore. Ce produit contient un ARNi qui va s'arrimer à un ARNm ciblé et bloquer la production d'une protéine nécessaire à la survie du doryphore.

De nouvelles avancées sont attendues dans la lutte contre les pathogènes filamenteux, notamment certains champignons, qui utilisent l'ARNex pour réduire les capacités de défense immunitaire des plantes.

Pour Patrick du Jardin, ingénieur agronome que les rapporteurs ont auditionné, cette technologie est riche de promesses.

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