B. UNE MÉMOIRE À PRÉSERVER PARALLÈLEMENT AUX TRAVAUX HISTORIQUES

Portée par la Fondation des Femmes et plusieurs personnalités issues notamment du monde de la recherche et de l'histoire, la tribune demandant la réhabilitation des femmes condamnées pour avortement, qui a donné l'impulsion à la proposition de loi, entend se fonder sur la mémoire pour « changer l'histoire des femmes ». Un exemple des interactions fécondes entre la mémoire et les travaux historiques est le travail de recueil de témoignages conduit par l'Institut national de l'audiovisuel à partir de 2022. Ce projet intitulé « Il suffit d'écouter les femmes » permet de « documenter et transmettre le ve'cu ordinaire de l'avortement avant l'instauration de la loi Veil » au travers de 79 témoignages choisis pour montrer la diversité des expériences parmi les plus de 400 propositions de témoignage reçues.

Le nombre de personnes souhaitant témoigner, pour la quasi-totalité d'entre elles de manière inédite, montre l'ampleur du travail susceptible d'être accompli, cinquante ans après la dépénalisation de l'avortement.

Le rapporteur a également été sensible à l'analyse mise en avant par Bibia Pavard, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, et Isabelle Foucrier, productrice à la direction éditoriale de l'INA, selon laquelle c'est la possibilité de s'exprimer devant un organisme public qui a amené les personnes, et particulièrement les femmes ayant subi des avortements clandestins, à témoigner.

La reconnaissance publique de la souffrance des femmes du fait de l'interdiction de l'avortement est ainsi susceptible de libérer la parole et de fournir des témoignages sur lesquels les historiens pourront fonder leurs travaux.

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