B. SURMONTER LES OBSTACLES À L'AFFIRMATION STRATÉGIQUE DE L'UE

1. L'exigence hongroise d'une aide réciproque attribuée à l'Azerbaïdjan

Si cette mesure est désormais approuvée par tous les États membres, les réticences de certains États ayant été progressivement vaincues par l'assurance du caractère exclusivement non létal de l'aide, l'accord définitif en Comité politique et de sécurité n'a pour l'heure pas pu être obtenu du fait de l'exigence, par la Hongrie, qu'une aide quelconque soit en retour attribuée à l'Azerbaïdjan. Le gouvernement de Viktor Orban se dit soucieux que l'Union européenne préserve sa neutralité dans ce conflit, et fait valoir que l'Azerbaïdjan a des besoins d'aide au déminage dans le Haut-Karabagh. D'après les informations du rapporteur, l'Azerbaïdjan a bien fait une telle demande de soutien au titre de la FEP, le 19 avril dernier, auprès du service européen pour l'action extérieure.

Cette position ne peut s'expliquer sans faire mention du souhait de la Hongrie de Viktor Orban de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie et de faire transiter les importations européennes de gaz de la Caspienne par son territoire. Son ministre des affaires étrangères a conclu un accord en ce sens avec son homologue azerbaïdjanais le 24 août 2023, lequel fait suite à un accord signé en juin entre le conglomérat azerbaïdjanais SOCAR et la société hongroise MVM CEEnergy pour la livraison de 100 millions de mètres cubes de gaz d'ici à la fin de l'année 2023. Soucieuse de jouer un rôle dans la région, la Hongrie a rejoint en 2018, comme État observateur, l'organisation des États turciques, fondée en octobre 2009 à Nakhitchevan.

États membres de l'Organisation des États turciques

Lecture : en bleu foncé, les États membres de l'organisation des États turciques (depuis 2009) : Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan ; en bleu clair, les États observateurs : Hongrie (2018), Turkménistan (2021), auxquels s'est ajoutée la partie nord de Chypre (2022).

2. Un chemin diplomatique encore long vers la conclusion d'un éventuel traité de paix

Le renforcement du soutien à l'Arménie pour assurer la défense de son intégrité territoriale n'est bien sûr pas exclusif de l'encouragement à la poursuite des efforts diplomatiques en faveur d'un futur traité de paix.

Ceux-ci bénéficient de premières avancées dans la reconnaissance mutuelle de la frontière interétatique. Le 19 avril dernier, un protocole d'accord a en effet été finalisé par la commission conjointe des frontières entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, créée après la guerre du Haut-Karabakh de 2020, visant à faire aboutir une première phase de travaux de délimitation du tracé, sur la base de mesures géodésiques, d'ici au 15 mai 2024.

La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a adopté, sur la proposition de son rapporteur, un amendement visant à compléter les visas de la proposition de résolution européenne par la référence aux sources de droit international relatives à l'intangibilité des frontières.

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