ARTICLE 31
Réforme de la dotation globale de fonctionnement des
départements
Commentaire : le présent article a pour objet de
simplifier l'architecture de la dotation globale de fonctionnement des
départements (DGF) et d'y intégrer la dotation de compensation de
la suppression progressive de la part salaire de la taxe professionnelle ainsi
qu'une partie de l'actuelle dotation générale de
décentralisation (DGD).
I. LE DROIT EXISTANT
A. LA DOTATION GLOBALE DE FONCTIONNEMENT DES DÉPARTEMENTS
La dotation globale de fonctionnement (DGF) des départements a
été créée par l'article 31 de la loi du
29 novembre 1985 (loi n° 85-1268).
La dernière modification importante remonte à 1999, avec la
création de la couverture maladie universelle, qui constitue un
second concours particulier
au côté de la dotation de
fonctionnement minimale (DFM). Depuis 2000, en effet, les contingents communaux
d'aide sociale (CCAS) que les communes versaient aux départements ont
été supprimés, et il est procédé à un
prélèvement effectué de la DGF des communes en direction
de la DGF des départements. Ce concours particulier évolue depuis
2003 suivant le rythme de progression de la DGF.
En 2003, la DGF des départements à répartir, donc,
après les prélèvements, représente
2.923 millions d'euros et 15,5 % de la DGF totale à
répartir.
Dotation globale de fonctionnement 2003
Masses réparties (en euros)
Concours particulier
«
CCAS
»
2.050.262.724
Dotation forfaitaire
RIF
31.216.357
OM 44.386.977
Métropole hors RIF 1.233.623.352
Garantie
4.989.147
DGF à répartir
2.909.392.636
Contribution
67.119.992
DFM
117.955.871
DFM
métropole
110.070.023
Outre-mer
7.885.848
Dotation de péréquation
OM 106.977.856
Métropole hors RIF
Impôts ménages 895.912.856
Potentiel fiscal 597.275.237
Majoration DFM
CM 2.856.557
Métropole
39.871.591
Départements
5.174.819.785
41.519.490 24.391.843
Prélèvement RIF
164.644.938
48.783.686
1. Le
prélèvement des sommes affectées
La DGF des départements supporte un certain nombre de
prélèvements avant d'être mise en répartition :
-
la dotation de fonctionnement minimale (DFM)
, un concours particulier
destiné à certains départements défavorisés
et dont le montant est fixé chaque année par le comité des
finances locales. La dotation est de plus abondée par un
prélèvement effectué sur la DGF de certains
départements ;
-
la garantie de progression minimale
, destinée à garantir
aux départements une progression minimale de leur dotation d'une
année sur l'autre ;
-
le prélèvement effectué en faveur de la DGF de la
région Ile-de-France
, qui est appelé à
disparaître en 2005. La région Ile-de-France est en effet la seule
actuellement à percevoir un DGF par prélèvement des sommes
affectées à la DGF des départements.
On pourrait ajouter à ces prélèvements
le second
concours particulier
que constituent depuis la loi du 27 juillet 1999 les
contingents communaux d'aide sociale (article L. 3334-7-1 du code
général des collectivités territoriales).
Le solde constitue la DGF des départements à répartir. Il
est divisé en deux parties distinctes : une dotation forfaitaire et
une dotation de péréquation.
2. La dotation forfaitaire des départements
La dotation forfaitaire des départements métropolitains est
proportionnelle à celle de l'année précédente et
représente chaque année 45 % de l'enveloppe de la DGF
à répartir. Son taux d'évolution est fixé par
l'article L. 3343-3 du code général des collectivités
territoriales. Au sein de cette dotation, il convient d'isoler la dotation de
la région Ile-de-France (31 millions d'euros), et la fraction
réservée à l'outre-mer (44,3 millions d'euros). Elle
s'élève donc à 1.233,6 millions d'euros en 2003.
Pour chaque département, la somme à recevoir l'année
« n » est égale à la dotation
reçue en « n-1 », multiplié par le rapport
entre la dotation totale des départements l'année
« n » et la dotation totale des départements
l'année « n-1 ».
3. La dotation de péréquation
a) Une quote-part pour les départements d'outre-mer
Les départements d'outre-mer, la collectivité
départementale de Mayotte et la collectivité territoriale de
Saint-Pierre-et-Miquelon se voient affecter une fraction de la dotation mise en
péréquation. Leur quote-part est égale au double du
rapport entre la population recensée de chaque département ou
collectivité d'outre-mer et de la population nationale, majoré de
10 %. Cette règle particulière est en fait le
« droit commun » en ce qui concerne le versement des
dotations à l'outre-mer et elle permet notamment de prendre en compte la
difficulté d'estimer la population.
Cette quote-part s'élève à 106,9 millions d'euros en
2003, dont 97,26 millions d'euros pour les quatre départements
d'outre-mer.
b) La métropole
La dotation de péréquation est composée du solde entre la
dotation globale de fonctionnement et la dotation forfaitaire, soustraction
faite des sommes affectées à la garantie de progression minimale.
Elle évolue chaque année suivant un taux de progression
fixé à 55 % de celui de la DGF.
Elle est divisée en deux enveloppes, selon l'article L. 3334-4 du code
général des collectivités territoriales :
- la première,
pour 40 % du montant total
, est
répartie en fonction de
l'écart relatif entre le potentiel
fiscal moyen par habitant de chaque département concerné
. Les
départements dont le potentiel fiscal moyen est égal ou
supérieur au triple du potentiel fiscal moyen par habitant de l'ensemble
des départements ne sont pas éligibles à cette enveloppe.
De plus, depuis 2000, le potentiel fiscal est majoré, comme pour les
autres collectivités locales, du produit de la dernière
année connue de la compensation perçue au titre de la suppression
de la part salaire de la taxe professionnelle.
Cette dotation représente 597,28 millions d'euros en 2003, à
répartir entre les départements de métropole ;
- la seconde,
pour 60 % du montant total
est fonction des
«
impôts sur les ménages
», en
application de l'article L. 3334-5 du code général des
collectivités territoriales. Elle est proportionnelle aux impôts
levés l'année précédente au profit du
département : taxe foncière sur les propriétés
bâties, taxe foncière sur les propriétés non
bâties, à concurrence de 30 % de son produit et taxe
d'habitation.
Cette enveloppe représente 895,91 millions d'euros en 2003,
à répartir entre les départements de métropole.
DGF des départements de 2001 à 2003
(en millions d'euros)
|
DGF 2001 |
DGF 2002 |
DGF 2003 |
Evolution
|
DGF totale |
2.933,90 |
3.053,91 |
3.124,55 |
2,31 |
Taux de progression DGF totale théorique |
3,42 % |
4,07 % |
2,29 % |
|
Taux de progression minimale |
1,88 % |
2,24 % |
1,26 % |
|
|
|
|
|
|
Garantie de progression minimale |
4,19 |
3,33 |
4,98 |
49,66 |
|
|
|
|
|
DGF de la région Ile-de-France avant prélèvement |
84,01 |
67,18 |
49,51 |
- 26,31 |
Taux de progression |
1,88 % |
2,24% |
1,26 % |
|
Prélèvement |
18,29 |
18,29 |
18,29 |
0,00 |
DGF RIF après prélèvement |
65,71 |
48,89 |
31,21 |
- 36,15 |
Taux de progression |
- 34,77 % |
- 25,60 % |
- 36,15 % |
|
Prélèvement sur RIF des années antérieures |
109,76 |
128,05 |
146,35 |
14,29 |
|
|
|
|
|
Dotation de fonctionnement minimale - Recettes |
102,49 |
112,2 |
117,95 |
5,08 |
Prélèvement sur la DGF des départements |
41,51 |
41,51 |
41,51 |
0,00 |
Prélèvement sur la DGF de la région Ile-de-France |
36,58 |
42,68 |
48,78 |
14,29 |
Mécanisme de solidarité financière entre les départements I |
24,39 |
24,39 |
24,39 |
0,00 |
Abondement en provenance de la provision de garantie |
0 € |
3,65 |
3,26 |
- 10,88 |
Dotation de fonctionnement minimale - Dépenses |
102,49 |
112,25 |
117,95 |
5,08 |
Quote-part métropole |
95,75 |
104,86 |
110,07 |
4,96 |
Quote-part départements d'Outre-Mer |
6,23 |
6,82 |
7,16 |
5,03 |
Quote-part Mayotte |
0,49 |
0,53 |
0,68 |
28,18 |
Quote-part Saint-Pierre-et-Miquelon |
0,023 |
0,025 |
0,027 |
5,03 |
Majoration de la DFM - Recettes (solidarité II) |
42,20 |
41,01 |
42,72 |
4,18 |
Majoration de la DFM - Dépenses |
42,20 |
41,01 |
42,72 |
4,18 |
Quote-part Métropole |
39,42 |
38,31 |
39,87 |
4,07 |
Quote-part départements d'Outre-Mer |
2,77 |
2,69 |
2,85 |
5,80 |
|
|
|
|
|
Dotation à répartir Métropole + Outre-Mer |
2.753,65 |
2.857,04 |
2.909,39 |
1,83 |
Dotation forfaitaire Métropole + Outre-Mer |
1.239,14 |
1.285,67 |
1.309,22 |
1,83 |
Dotation de péréquation Métropole + Outre-Mer |
1.514,51 |
1.571,37 |
1.600,16 |
1,83 |
|
|
|
|
|
Dotation à répartir Métropole |
2.613,24 |
2.711,36 |
2.758,02 |
1,72 |
Dotation forfaitaire Métropole |
1.198,43 |
1.243,43 |
1.264,83 |
1,72 |
Dotation forfaitaire de la région Ile-de-France |
65,71 |
48,89 |
31,21 |
-36,15 |
Dotation forfaitaire Métropole hors RIF |
1.132,72 |
1.194,54 |
1.233,62 |
3,27 |
Dotation de péréquation Métropole |
1.414,81 |
1.467,92 |
1.493,18 |
1,72 |
Dotation impôts ménages |
848,88 |
880,75 |
895,91 |
1,72 |
Dotation impôts - ménages RIF |
0 |
0 |
0 |
|
Dotation impôts - ménages Métropole hors RIF |
848,88 |
880,75 |
895,91 |
1,72 |
Dotation potentiel fiscal |
565,92 |
587,17 |
597,27 |
1,72 |
Dotation potentiel fiscal RIF |
0 |
0 |
0 |
|
Dotation potentiel fiscal Métropole hors RIF |
565,92 |
487,17 |
597,27 |
1,72 |
|
|
|
|
|
Quote-part Outre-Mer |
140,40 |
145,67 |
151,36 |
3,90 |
Dotation forfaitaire Outre-Mer |
40,70 |
42,23 |
44,38 |
5,10 |
Dotation forfaitaire DOM + SPM |
34,77 |
36,07 |
36,73 |
1,83 |
Dotation forfaitaire Mayotte |
5,93 |
6,15 |
7,64 |
24,22 |
Dotation de péréquation |
99,70 |
103,44 |
106,97 |
3,42 |
Quote-part DOM |
92,09 |
95,55 |
97,26 |
1,78 |
Quote-part SPM |
0,34 |
0,36 |
0,36 |
1,78 |
Quote-part Mayotte |
7,25 |
7,52 |
9,34 |
24,22 |
Concours particulier CCAS (hors prélèvement sur la fiscalité des communes) |
1.927,48 |
2.003,90 |
2.050,26 |
2,31 |
Source : ministère de l'intérieur
B. LA COMPENSATION DE LA SUPPRESSION DES CONTINGENTS COMMUNAUX D'AIDE
SOCIALE
En instituant la couverture maladie universelle, la loi n° 99-641 du
27 juillet 1999 a supprimé les contingents d'aide sociale
versés par les communes aux départements. Une compensation au
« franc le franc » a été mise en place, une
mesure particulière de réduction étant créée
au profit des communes les plus défavorisées qui supportaient la
charge la plus importante.
Le montant définitif de ces contingents, prélevés sur la
DGF des communes, a été déterminé en deux
temps : un montant estimatif des contingents de 1999 a été
prélevé en 2000, puis le montant définitif a
été arrêté en 2001.
Les sommes ainsi perçues sont venues majorer la DGF des
départements depuis 2002, et évoluent comme le montant de la
DGF
. A compter de 2003, la dotation forfaitaire de chaque commune est
réduite du montant des contingents, et chaque département
reçoit un concours particulier « CCAS »
indexé sur le taux de la DGF mise en répartition.
Les sommes prélevées sur la DGF des communes, et perçues
par les départements, s'élèvent en 2003 à
2.050,26 millions d'euros soit, en 2003, environ 40 % du montant
total de la DGF des départements.
C. LA DOTATION DE FONCTIONNEMENT MINIMALE ET SA MAJORATION
1. La DFM, dotation de l'Etat en faveur des départements les moins
favorisés
L'article L. 3334-7 du code général des collectivités
locales prévoit une dotation de fonctionnement minimale pour certains
départements défavorisés. Les sommes à
répartir sont prélevées sur la dotation globale de
fonctionnement. Des minima ont été fixés en 1988, et sont
chaque année réévalués en fonction de
l'évolution de la DGF des départements. Pour
bénéficier de l'aide, les départements doivent remplir
l'une
des conditions suivantes :
- leur potentiel fiscal par habitant est inférieur d'au moins
40 % au potentiel fiscal moyen de l'ensemble des départements ;
- leur potentiel fiscal moyen par kilomètre carré est
inférieur d'au moins 60 % au potentiel fiscal moyen par
kilomètre carré de l'ensemble des départements qui
bénéficient de la dotation de fonctionnement minimale.
Un système permet aux départements qui dépasseraient les
seuils de ne pas perdre la dotation en une seule fois, afin d'éviter des
effets de seuils trop prononcés : la dotation sera égale, la
première année suivant la sortie des barèmes à deux
tiers, puis à un tiers la deuxième année, avant de
disparaître la troisième.
En 2003, 24 départements de métropole se sont vus attribuer
une partie de la DFM pour un montant total de 110, 07 millions d'euros.
2. La majoration de la DFM : la solidarité entre les
départements
La loi du 13 mai 1991 a ajouté au mécanisme d'abondement de
la section de fonctionnement du budget des départements les moins
favorisés par l'Etat un système qui opère un
prélèvement afin d'abonder la DFM et de majorer la dotation de
certains départements. Ce système est codifié à
l'article L. 3334-8 du code général des
collectivités territoriales
Les départements bénéficiaires doivent être
éligibles à la DFM (donc, remplir l'une des deux conditions
exposées ci-dessus).
Les départements sont
contributeurs
suivant la répartition
suivante, le montant ne pouvant excéder 5 % des dépenses
réelles de fonctionnement du département :
- 15 % du montant de la DGF reçue si le potentiel fiscal est
compris entre la moyenne nationale et le double de sa valeur ;
- 24 % du montant de la DGF si le potentiel fiscal est
supérieur au double de la moyenne nationale par habitant.
10 départements sont contributeurs en 2003, pour un montant de
67,12 millions d'euros.
Cette enveloppe est elle-même divisée en deux parts :
- la première s'ajoute à la DFM pour 24,39 millions
d'euros ;
- le solde, soit 42,73 millions d'euros (39,87 millions d'euros
pour la métropole et 2,85 millions d'euros pour l'outre-mer),
majore la dotation des départements.
Les mécanismes de péréquation entre départements
sont donc relativement peu développés.
D'une part, seule 40 % de la dotation de péréquation de la
DGF est fonction du potentiel fiscal, le critère pour répartir
les 60 % restant (les impôts supportés par les
ménages) étant peu péréquateur. A l'origine, cette
répartition reposait sur l'idée que les communes les plus pauvres
étaient celles qui connaissaient les prélèvements les plus
élevés. Le critère des impôts ménages s'est
cependant avéré peu adapté à cet objectif de
péréquation, puisqu'il ne prenait pas suffisamment en compte les
différences de richesse entre les communes.
D'autre part, les sommes issues de la DFM et de sa majoration sont d'une faible
importance rapportées à l'ensemble de la DGF des
départements.
Toutefois, on peut observer que la fraction « potentiel
fiscal » de la DGF des départements était,
jusqu'à aujourd'hui, l'un des plus important facteur de
péréquation au sein des concours financiers de l'Etat aux
collectivités territoriales.
Effort financier de l'Etat en faveur de la péréquation en 2003
(en millions d'euros)
Dotation de solidarité urbaine |
614,9 |
Dotation de solidarité rurale |
407,2 |
Dotation de fonctionnement minimale totale |
160,7 |
Part « potentiel fiscal » de la dotation de péréquation de la DGF des départements |
597,3 |
FNP |
568,6 |
DGF des groupements |
1 824 |
Dispositif de compensation des pertes de DCTP |
188 |
TOTAL |
4 360,7 |
Source : ministère de l'intérieur
II.
LE DISPOSITIF PROPOSÉ
Le présent article propose une modification profonde de l'architecture
de la DGF des départements.
Les changements doivent être mis en
parallèle avec ceux introduits par le présent projet de loi de
finances aux articles 30 (création d'une dotation globale de
fonctionnement pour les régions), et 31 (modification de la dotation
globale de fonctionnement pour les communes)
. La logique qui inspire ces
trois articles est en effet la même, et permet d'envisager une
simplification de l'architecture des DGF et un effort particulier en faveur de
la péréquation.
Le
I
du présent article se propose ainsi de réformer les
dotations forfaitaires et de péréquation au sein de la DGF des
départements.
A. LA DOTATION FORFAITAIRE
L'article L. 3334-3 du code général des collectivités
territoriales, qui traite dans sa version actuelle de la dotation forfaitaire,
est totalement remplacé par le
I
du présent article. La
nouvelle dotation forfaitaire rassemble un certain nombre de dotations
actuellement indépendantes :
- l'actuelle
dotation forfaitaire
(article L. 3334-3 du code
général des collectivités territoriales), pour
1.309,23 millions d'euros ;
-
la fraction « impôt ménage » de
l'actuelle dotation de péréquation
, qui représente
60 % de l'enveloppe actuelle de péréquation
(quatrième alinéa de l'article L. 3334-4 du même
code), pour un montant de 955,81 millions d'euros ;
-
les anciens contingents communaux d'aide sociale
(CCAS, article
L. 3334-7-1 du code général des collectivités
territoriales) pour 2.050,26 millions d'euros. Cela signifie que, alors
qu'auparavant ces sommes étaient indexées sur le taux
d'évolution globale de la DGF, elles progresseraient dorénavant
en fonction du taux d'évolution de la seule dotation forfaitaire ;
-
la garantie d'évolution
(article L. 3334-9 du
même code), pour 4,99 millions d'euros.
A ces dotations existantes, le présent article propose d'ajouter un
certain nombre d'abondements :
- la
dotation de compensation de la part salaire de la taxe
professionnelle
(I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999),
pour un montant de 2.443,14 millions d'euros ;
-
95 % du montant de la dotation générale de
décentralisation,
après avoir déduit les fonds
destinés aux ports maritimes de commerce ou de pêche (article
L. 1614-8 du code général des collectivités
territoriales) et aux bibliothèques (article L. 1614-14 du
même code), pour 3.652,88 millions d'euros.
En ce qui concerne la dotation générale de
décentralisation, il reste donc une
fraction
« résiduelle »
après la réforme
qui continuera à s'appliquer suivant les règles en vigueur. En
2004, la dotation générale de décentralisation
correspondra à la base réduite 2003 actualisée du taux de
progression de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour 2004,
conformément à l'article L. 1614-1 du code
général des collectivités territoriales, soit
1,93051 %, et corrigée de différentes mesures d'ajustement
et mesures nouvelles. Il reste donc 121.313.031 euros inscrits au chapitre
41-56 aux crédits du ministère de l'intérieur.
Viennent en déduction de ce montant les mécanismes de
solidarité financière
institués entre les
départements, prévus à l'article L. 3334-8 du code
général des collectivités territoriales, et qui servent
à abonder la DFM. Cette disposition ne concerne donc que les dix
départements contributeurs à ce mécanisme.
Le prélèvement sur la région Ile-de-France au titre de la
dotation de solidarité rurale et de la dotation de solidarité
urbaine est toujours effectué,
mais il est appelé à
disparaître en 2005 selon un mécanisme dégressif
.
Afin de calculer le montant de la dotation forfaitaire, les sommes acquises
en 2003 sont « gelées » pour chaque
département afin de constituer une DGF
« reconstituée ».
Ce montant servirait de base
de calcul pour l'évolution de la DGF les années suivantes.
Le montant de la dotation forfaitaire est donc très sensiblement
augmenté
, passant de 1.309 millions d'euros à
10.349 millions d'euros. Cette hausse est sans conséquence pour le
budget de l'Etat, puisqu'elle est obtenue en regroupant des dotations
existantes.
L'évolution de la dotation forfaitaire est fixée chaque
année, en deux étapes.
Dans un premier temps
, le taux d'indexation de la dotation globale de
fonctionnement est déterminé par le gouvernement, selon les
mêmes modalités que pour les communes et les régions.
Dans un second temps,
le comité des finances locales fixe un taux
de progression qui varie entre 60 % et 80 % de ce taux d'indexation.
Un problème est susceptible de se poser à la marge en ce qui
concerne l'intégration de la DGD à la DGF. En effet, la dotation
globale de fonctionnement est utilisée pour financer les transferts de
compétence qui ne pouvaient pas l'être via un transfert de
fiscalité. Dès lors, la DGD est en proportion plus importante
dans les départements dont les ressources fiscales sont moindres. Or les
modalités d'évolution de la DGD une fois intégrée
à la DGF sont moins favorables (entre 60 % et 80 % de
l'évolution de la DGF). Dès lors, les départements les
moins favorisés pourraient être pénalisés
Cependant, les nouveaux moyens dégagés pour la
péréquation devraient permettre de limiter ce risque, qu'il sera
cependant nécessaire de prendre en considération.
B. LA DOTATION DE PÉRÉQUATION ET LA DFM
Le différentiel d'indexation entre la DGF des départements et la
dotation forfaitaire permet de dégager des ressources,
ce solde
étant plus ou moins important selon que le comité des finances
locales décide de fixer le taux d'évolution de la dotation
forfaitaire à plutôt 60 % ou plutôt 80 % de
l'évolution totale de la DGF
.
Ce solde est réparti par le comité des finances locales entre la
dotation de péréquation et la DFM.
En ce qui concerne
la dotation de péréquation
proprement
dite, son montant « reconstitué » pour 2003
s'élève à 644,36 millions d'euros,
soit la
fraction « potentiel fiscal » de l'actuelle dotation de
péréquation
(métropole et outre-mer). Ses
critères de répartition sont identiques à ceux de l'actuel
deuxième et troisième alinéa de l'article L. 3334-4
du code général des collectivités territoriales, soit en
fonction de l'écart relatif entre le potentiel fiscal moyen par habitant
de chaque département concerné.
Les départements dont le potentiel fiscal moyen est égal ou
supérieur au triple du potentiel fiscal moyen par habitant de l'ensemble
des départements ne sont pas éligibles à cette enveloppe.
Le comité des finances locales a donc, en fixant à la fois le
taux de progression de l'enveloppe forfaitaire et la répartition du
solde entre dotation de péréquation et dotation forfaitaire,
la possibilité de moduler le niveau de péréquation et
sa composition.
Ainsi, le total « péréquation et DFM »
progresserait en 2004 entre 6 % et 11 %. Par rapport à ce qui
est envisagé pour la dotation de péréquation des
régions, avec des taux de progression entre 10 et 40 %,
cette
évolution peut paraître modeste
.
Il faut cependant relever
que la proportion de la dotation de péréquation est, actuellement
pour les régions, très inférieure à celle des
départements, avec 1,75 % de l'enveloppe globale contre 7,7 %
pour les départements.
La nouvelle architecture de la DGF des départements
DGF des départements en 2003 DGF des départements en 2004
95 %
DGD
Compensation de la suppression de la part salaires de la taxe professionnelle
Concours particulier visant à compenser la suppression des CCAS
DFM
DFM
Dotation de péréquation
Dotation forfaitaire
Garantie de progression
minimale
Dotation forfaitaire
Part
impôt ménage de la
dotation de péréquation
Part potentiel fiscal de la
dotation de péréquation
DGF des départements en 2004
(en millions d'euros)
|
2003 reconstitué |
2004 |
|
Hypothèse basse 60 % |
Hypothèse haute 80 % |
||
Total DGF des départements |
11.270,84 |
11.488,37 |
11.488,37 |
|
|
|
|
Prélèvements RIF pour DSU-DSR |
115,86 |
128,06 |
128,06 |
|
|
|
|
Dotation forfaitaire élargie |
10.349,18 |
10.469,02 (a) |
10.509,97 (b) |
Ancienne dotation forfaitaire |
1.309,23 |
|
|
Ancien concours CCAS |
2.050,26 |
|
|
Compensation part salaires départements |
2.243,14 |
|
|
Ancienne part impôts ménages |
955,81 |
|
|
Garantie |
4,99 |
|
|
95 % DGD |
.652,88 |
|
|
Déduction du prélèvement au titre DFM |
- 67,12 |
|
|
|
|
|
|
Dotation de péréquation |
44,36 |
|
|
Ancienne part potentiel fiscal |
44,36 |
|
|
DFM |
60,68 (c) |
|
|
Total péréquations et DFM |
805,04 |
891,29 |
850,34 |
Evolution péréquation et DFM |
|
11 % |
6 % |
(a)
10.349,18 x [1 + 60 % x 1,93 %] = 10.469,02.
(b) 10.349,18 x [1 + 80 % x 1,93 %] = 10.509,97
(c) Ce montant de 160,68 inclut les 67,12 millions d'euros de
prélèvement opéré au titre de mécanisme de
solidarité financière.
Source : ministère de l'intérieur
C. LES MESURES DE COORDINATION
Le présent article nécessite un certain nombre de mesures de
coordination.
Le
1°) du I
du présent article vise à supprimer la
mention faite à la garantie d'évolution au sein de la DGF
à l'article L. 3334-1 du code général des
collectivités territoriales, la garantie se trouvant
intégrée à la DGF.
Le
4°) du I
a pour objet de supprimer la référence
à l'article L. 3334-4 au premier alinéa de l'article L. 3334-5,
qui définit les « impôts ménages »
nécessaires pour calculer l'actuelle dotation « impôt
ménages » de la péréquation.
Le
II
modifie le troisième alinéa du III de l'article L.
2334-7-2 du même code. Cet article permettait de préciser que les
communes qui étaient prélevées sur leur fiscalité
locale au titre du CCAS (c'est à dire les communes dont la dotation
forfaitaire était inférieure au montant du
prélèvement) pourront abonder la dotation globale de
fonctionnement dans sa nouvelle architecture.
Le
III
du présent article a pour objet de permettre au
prélèvement actuel sur la DGF des départements au profit
de la région Ile-de-France d'être intégré à
la nouvelle DGF des départements, et ce jusqu'en 2005, année de
sa disparition.
L'Assemblée nationale, à l'initiative de notre collègue
député Gilles Carrez, rapporteur général du budget,
a adopté un amendement de coordination qui vise à supprimer trois
références devenues inutiles aux articles L. 3413-2, L. 1612-12
et L. 3563-7 du code général des collectivités
territoriales.
Le
IV
du présent article permet d'abroger les dispositions
devenues sans objet, à savoir l'article L. 334-7 sur les contingents
communaux d'aide sociale, les dispositions du I du D de l'article 44 de la loi
de finances pour 1999 (compensation de la suppression de la part salaire
versée aux départements), l'article L. 3334-9 du code
général des collectivités territoriales relatif à
la garantie d'évolution minimale.
Par ailleurs, la dernière phrase du IV du présent article
réduit le montant de la dotation générale de
décentralisation d'un montant égal à celui
intégré à la DGF.
III. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES
Le présent article s'inscrit dans une
réforme
cohérente
des dotations de l'Etat aux collectivités locales,
réforme que le présent projet de loi de finances entame en ses
articles 30, 31 et 32.
La dotation globale de fonctionnement, qui se
caractérisait jusqu'à présent par une grande
hétérogénéité entre les différents
niveaux de collectivités y gagne en lisibilité et en
clarté.
En ce qui concerne plus précisément les départements, le
système actuel était devenu au fil des années
difficilement compréhensible, avec les « garanties de
fonctionnement minimal » et autre « abondement de la
DFM ».
La réforme a le mérite de poser un
schéma relativement simple
: une dotation forfaitaire, une
dotation de fonctionnement minimale, une dotation de péréquation.
L'architecture retenue permettra donc de distinguer avec précision
à l'avenir les moyens consacrés à la
péréquation et à la solidarité entre les
départements.
Le choix a été fait d'une réforme qui ne bouleverse pas
pour 2004 l'équilibre financier des départements. En effet, les
dotations perçues en 2003 sont « gelées » et
serviront de base de calcul l'établissement des dotations les
années suivantes. La nouvelle DGF ouvre de larges perspectives de
progression à la péréquation, ce qui est conforme à
l'article 72-2 de la Constitution tel qu'issu de la réforme
constitutionnelle du 28 mars 2003.
Il faut cependant souligner que cette péréquation sera le
résultat des décisions du comité des finances locales, qui
est un organe au sein duquel les différents niveaux de
collectivités territoriales sont étroitement associés. Ce
sont donc les acteurs de la vie locale qui devront déterminer à
quel niveau ils estiment opportun de fixer la solidarité, sans que cette
décision ne se traduise pas un surcroît de charges pour l'Etat.
Il faut cependant souhaiter que ce dernier interfère le moins possible
dans les débats du comité des finances locales, respectant la
logique de la décentralisation. Si tel est le cas, les deux objectifs de
la réforme des dotations de l'Etat, qui sont de
clarifier le
système
et de
dégager des marges de manoeuvre pour la
péréquation
seront atteints dans le respect de l'autonomie
des collectivités locales.
Décision de la commission : votre commission a
décidé de réserver sa position sur cet article.