B. - Autres mesures
ARTICLE 24
Réaffectation des recettes du Fonds de financement
de la réforme des cotisations patronales de sécurité
sociale (FOREC)
Commentaire : le présent article vise à
réaffecter les recettes du FOREC, dont l'article 18 du présent
projet de loi prévoit la suppression.
Le commentaire de l'article 18 du présent projet de loi de finances, qui
décide de la suppression du FOREC, détaille l'historique des
ressources et des charges actuelles du FOREC.
I. LES IMPOTS AFFECTÉS AU FOREC
Il est rappelé que le FOREC est financé une stratification de
huit impôts qui lui sont affectés intégralement ou pour
partie :
-
-
-
-
• recettes affectées depuis l'exercice 2000 :
-
droits de consommation sur les tabacs : 84,4 % en 2003 ;
droits de consommation sur les alcools et boissons : intégralité depuis 2001 ;
contribution sociale sur les bénéfices des sociétés (CSB) : intégralité ;
taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) : intégralité.
-
taxe sur les véhicules des sociétés (TVS) :
intégralité ;
taxe spéciale sur les conventions d'assurance (TCA) : 44,07 % à compter du 1 er janvier 2003 ;
-
prélèvements sur les véhicules terrestres à moteur
(TVM) : intégralité ;
taxe sur les contributions des employeurs au bénéfice des salariés pour le financement des prestations sociales de prévoyance (« taxe prévoyance ») : intégralité.
Le tableau suivant donne pour 2003 les parts respectives de ces différentes ressources du FOREC dans son financement.
Importance relative des différentes ressources du FOREC en 2003
Recettes du FOREC |
2003 |
Droits de consommation sur le tabac |
47% |
Droits de
consommation
|
16% |
CSB |
5% |
TGAP |
3% |
Taxe sur les véhicules des sociétés |
5% |
Taxe spéciale sur les conventions d'assurance |
14% |
Taxe sur les véhicules terrestres à moteur |
6% |
Taxe prévoyance |
3% |
Total |
100% |
Source : rapport de la commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 2003
II. LE DISPOSITIF PROPOSÉ
A. LES RECETTES AFFECTÉES AU FOREC SONT ATTRIBUÉES À
L'ETAT...
A l'exception des droits sur les tabacs,
le I du présent article
dispose que l'intégralité des taxes affectées au FOREC est
attribuée à l'Etat. Il s'agit :
• de la fraction de la taxe spéciale sur les conventions
d'assurance précédemment attribuée au FOREC (
a du I
du présent article) ;
• de la contribution sociale sur le bénéfice des
sociétés (
b du I
du présent article) ;
• de la taxe sur les véhicules de société (
c du
I
) ;
• de la taxe générale sur les activités polluantes
(
d du I
) ;
• des droits sur les alcools et sur les autres boissons (
e du
I
) ;
• de la taxe sur les contributions aux bénéfices des
salariés pour le financement des prestations complémentaires de
prévoyance (
f du I
) ;
• de la contribution assise sur les contrats d'assurance en matière
de circulation terrestre à moteur, dite taxe sur les primes d'assurance
automobile (
g du I
).
B. ... À L'EXCEPTION DES DROITS SUR LES TABACS, DONT LA
RÉAFFECTATION PARTIELLE À L'ETAT EST CEPENDANT COMPENSÉE
À DUE CONCURRENCE
1. La réaffectation partielle à l'Etat des droits sur les tabacs
perçus par le FOREC...
Pour 2003, la taxe sur les tabacs était affectée à hauteur
de 84,45 % au FOREC, de 15,20 % à la Caisse nationale d'assurance
maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et de 0,35 % au fonds de
cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante
(FCAATA).
Selon cette clé de répartition, le montant attribué au
FOREC doit s'établir à 7.432 millions d'euros en 2003.
Pour 2004
, le présent article prévoit de
porter
à 22,27 % la part de la taxe sur les tabacs affectée à la
CNAMTS
, et d'en
attribuer 50,16 % au budget annexe des prestations
sociales agricoles (BAPSA)
.
L'augmentation de 15,20 % à 22,27 % de la part attribuée
à la CNAMTS n'est pas fortuite
. Il a en effet été
souhaité que le produit supplémentaire de la taxe sur les tabacs
à percevoir en 2004 revienne à la CNAMTS. Or le produit attendu
de cette taxe passe de 8,8 milliards d'euros en 2003 à 9,6
milliards d'euros pour 2004, et la part attribuée à la CNAMTS en
2003, qui représente 15,20 % de 8,8 milliards d'euros,
s'élève à 1,338 milliards d'euros. Afin de tendre, en
2004, vers un versement supplémentaire de 800.000 euros à la
CNAMTS, ce qui conduit à un versement total de 2,138 milliards d'euros,
il faut affecter précisément 22,27 % des 9,6 milliards
d'euros de produit attendu en 2004 de la taxe sur les tabacs.
La part affectée au budget général ressort à
26,94 %, proportion très sensiblement inférieure à celle
précédemment attribuée au FOREC (84,45 %)
. Pour
maintenir au profit de l'Etat, en valeur, le montant perçu par le FOREC
en 2003, la part affectée au budget général aurait du
ressortir à 77,42 % compte tenu de l'augmentation du produit des
droits sur les tabacs.
Enfin, la part du produit de la taxe sur les tabacs revenant au FCAATA est
ramenée à 0,32 %, tandis que le nouveau fonds de financement
des prestations sociales des non-salariés agricoles (FIPSA) s'en voit
attribuer 0,31 %.
La volonté de maintenir un lien entre la taxe sur les tabacs et la
protection sociale justifie ces redéploiements vers la CNAMTS et le
BAPSA.
2. ... est quasiment compensée à due concurrence
Pour 2004, le gouvernement a décidé du maintien des ressources de
l'Etat au niveau des droits sur les tabacs devant être perçus par
le FOREC en 2003, qui s'élèvent à 7,432 milliards
d'euros.
Or, la part affectée, soit 26,94 % de
9,6 milliards d'euros, ne représente que 2,586 milliards
d'euros. En conséquence, il est prévu des mesures
destinées à compenser auprès de l'Etat, à due
concurrence, ce manque à gagner. Ces mesures se trouvent fort
logiquement concerner le BAPSA, nouvellement bénéficiaire,
à compter de 2004, de plus de la moitié du produit de la taxe sur
les tabacs.
Ainsi se trouvent réaffectés au budget de l'Etat :
• la part de la TVA attribuée au BAPSA
• les droits sur la consommation finale d'alcool affectée au BAPSA
En outre, il est prévu que disparaisse, à compter de 2004, la
subvention budgétaire au BAPSA.
Ainsi, la différence entre les droits sur les tabacs qui doivent
être perçus par l'Etat en 2004 (2,586 milliards d'euros) et ceux
reçus par le FOREC en 2003 (7,432 milliards d'euros), qui ressort
à 4,846 milliards d'euros, doit se trouver quasiment comblée par
la part de la TVA réaffectée à l'Etat (4.646 millions
d'euros de recettes attendues en 2004), par les droits sur la consommation
finale d'alcools retournant également à l'Etat (19 millions
d'euros), et par la suppression de la subvention budgétaire au BAPSA
(montant évalué à 150 millions d'euros pour 2004
toutes choses restant égales par ailleurs).
D'après les informations communiquées par le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, les 30 millions manquants
correspondent à la subvention au FIPSA, ce qui ne constitue ni une
justification, ni même une explication pour quiconque ne s'accommode pas
de l'acception extensive du terme de compensation ayant
généralement cours dans le domaine des finances sociales.
Autant énoncer clairement que la compensation auprès de l'Etat de
la diminution des droits perçus sur les tabacs par rapport à ceux
perçus par le FOREC en 2003 n'est pas intégrale, mais
quasi-intégrale.
Il a été dressé le tableau suivant afin de rendre compte
de ces évolutions :
Evolution des ressources destinées à la compensation des allègements de charges supportées par le FOREC entre 2001 et 2003, et transfert de ces ressources à l'Etat en 2004 (prévisions) (en millions d'euros) |
|||||||||
2001 |
2002 |
2003 |
2004
|
||||||
montant |
proportion affectée au FOREC |
montant |
proportion affectée au FOREC |
montant |
proportion affectée au FOREC |
montant |
proportion nouvellement affectée à l'Etat |
||
Droit sur les alcools et sur les autres boissons |
2.851 |
100 % |
2.627 |
100 % |
2.510 |
100 % |
2.535 |
100 % |
|
Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) |
522 |
100 % |
640 |
100 % |
500 |
100 % |
510 |
100 % |
|
Contribution sociale sur les bénéfices des sociétés (CSB) |
1.056 |
100 % |
785 |
100 % |
740 |
100 % |
740 |
100 % |
|
Taxe sur les conventions d'assurance |
1.054 |
24,7 % |
1.504 |
30,56 % |
2.260 |
44,07 % |
2.375 |
44,07 % (1) |
|
Taxe sur les véhicules de société (TVS) |
701 |
100 % |
756 |
100 % |
770 |
100 % |
780 |
100 % |
|
Taxe sur les contributions patronales au financement de la prévoyance complémentaire |
- |
- |
579 |
100 % |
490 |
100 % |
505 |
100 % |
|
Taxe sur les primes d'assurance automobile |
- |
- |
947 |
100 % |
965 |
100 % |
965 |
100 % |
|
Droits sur les tabacs |
8.497 |
97 % |
7.798 |
90,77 % |
7.432 |
84,45 % |
2.586 (A) |
26,94 % |
|
Part de la TVA attribuée au BAPSA jusqu'en 2003 (article 1609 septdecies du CGI) |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
4.646 (B) |
100 % |
|
Droit sur la consommation finale d'alcool affectée au BAPSA jusqu'en 2003 |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
19 (C) |
100 % |
|
TOTAL DES RECETTES |
14.681 |
|
15.639 |
|
15.667 |
|
15.692 |
- |
|
Disparition de la subvention budgétaire au BAPSA à compter de 2004 |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
150 (D) |
- |
|
TOTAL DES RECETTES ET DES BAISSES DE CHARGES |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
15.842 |
- |
|
Total
des droits sur les tabacs et des gains en provenance du BAPSA
|
- |
- |
- |
- |
- |
- |
7.402 |
- |
|
(1) Compte tenu du fait que l'Etat perçoit déjà 55,93 % de la TVS, cette taxe se trouve désormais lui être intégralement affectée. |
|||||||||
Source : d'après les informations communiquées par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie |
|
|
|
|
III.
LA POSITION DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES
Les clarifications attendues des mesures que comporte cet article sont
appréciables. Il en résulte une
rationalisation bienvenue de
l'affectation des taxes concernées.
Les huit taxes antérieurement attribuées au FOREC sont
désormais inscrites au budget de l'Etat. La taxe sur les tabacs, dont le
lien avec la protection sociale méritait d'être maintenu, est
principalement affectée à la CNAMTS et surtout au BAPSA.
En retour, les taxes antérieurement affectées au BAPSA retrouvent
une place plus naturelle dans le budget général.
En outre, les recettes fiscales attribuées à l'Etat en
contrepartie de la diminution de sa part du produit des droits sur les tabacs
constituent des ressources plus stables dans le temps, notamment pour ce qui
concerne la part de la TVA antérieurement affectée au BAPSA.
Evidemment, la contrepartie de cette stabilité est la fragilisation des
ressources du BAPSA, qui reposent désormais sur les droits sur les
tabacs
162(
*
)
.
D'une façon plus générale, votre rapporteur
général se réjouit de la réintégration du
FOREC dans le budget de l'Etat, après avoir formulé de nombreuses
critiques à l'encontre de ce « budget de nulle
part », situé entre celui de l'Etat et celui de la
sécurité sociale, de manière à atténuer le
poids apparent de la politique des 35 heures sur les finances publiques.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.